- Théorie des contrats implicites
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Publiée par Azaradis en 1975, la théorie des contrats implicites est d'inspiration de la Nouvelle économie keynésienne et cherche à montrer les imperfections qui existent sur le marché du travail expliquant une rigidité des prix sur ce marché.
Sommaire
Bases de la théorie
Cette théorie part du constat que les fluctuations des salaires sont beaucoup plus faibles que les variations de l’emploi et de la production. L’explication tient au fait que les salariés ont une aversion pour le risque, ils craignent une baisse de leur revenu (salaire). Dans le même temps, les entrepreneurs acceptent la prise de risque, donc ils vont proposer aux salariés un contrat d’assurance implicite en offrant un salaire peu lié aux fluctuations conjoncturelles. En période de forte croissance, les salaires n’augmentent pas ou pas assez. En période de récession, les salaires ne baissent pas, c’est comme si les entreprises payaient une indemnité : les salaires ne baissent pas. Pour les entreprises, le coût est nul : le salaire est le même. L’avantage pour le salarié est qu’il peut réguler sa consommation, l’entreprise peut quant à elle fidéliser ses salariés.
D'une façon plus concrète, les agents économiques sont confrontés à une situation d'incertitude devant l'activité économique et ses fluctuations, un contrat avec un salaire fixe permet à un salarié de ne pas voir son salaire ajusté selon l'activité économique: lors d'une récession par exemple, le salaire d'un agent ne va pas diminuer en vertu d'un contrat signé avec l'employeur, cela permet de garantir un revenu fixe aux salariés.
D'une façon inverse, une période de forte croissance de l'activité économique ne se traduira pas forcément par une hausse des salaires, l'employeur gagnera donc une plus-value.
Cette théorie remet donc totalement l'hypothèse néo-classique de la rémunération des facteurs de production à leur valeur marginale, notamment la valeur travail: l'ajustement de l'activité économique par les prix n'existe donc pas.
Asymétrie d'information
L’analyse repose aussi sur une asymétrie des agents par rapport au risque qui est résolue sous la forme d’un contrat d’assurance implicite. Implicite parce que le contrat n’est pas nécessairement écrit (pas de caractère juridique formalisé). Taylor en 1980 va modéliser un marché du travail qui ne s’équilibre pas en raison de contrats spécifiant à l’avance le salaire nominal.
Une théorie dans la controverse contemporaine
Multiplicateurs
Suite aux critiques de Friedman concernant les politiques discrétionnaires qui sont inefficaces parce que trop longues à mettre en place et à en voir les effets, et suite à la critique de Lucas, les nouveaux keynésiens répondent via cette théorie des contrats implicites qui montrent la rigidités des salaires à court terme. Ce qui prouve l'efficacité des politiques budgétaires de relance, et les politiques monétaires expansionnistes.
Politiques budgétaires
Les rigidités, liées à cette théorie, suscitent une baisse de la production et de l’emploi suite à une baisse de la demande. On reste dans l’idée que l’économie subi des chocs de demande. Cette baisse peut être durable car les prix ne s’ajustent pas. La meilleure politique pour les keynésiens consiste à une relance de la demande. Les thérapies classiques de baisse du salaire réel sont remises en cause, notamment par la théorie du salaire d’efficience: une baisse des salaires réduit la productivité, ce qui déplace le point d’équilibre vers le bas. Les nouveaux keynésiens montrent en outre que la flexibilité des prix amplifient les fluctuations économiques. Par exemple la rigidité des salaires a un rôle stabilisant par rapport aux fluctuations de la demande. L’idée est que plus les salaires sont instables, plus on aura une stimulation de la consommation. Ce que préconisent les classiques c’est une baisse des salaires, ça diminue la demande, plus ça augmentera la fluctuation et l’incertitude.
Politiques monétaires
Dans l’analyse Keynésienne la monnaie n’est pas neutre car il existe une myopie des agents (ils ne réagissent pas à une hausse de prix). Si les agents ne réagissent pas, le cout du travail diminue ce qui crée des emplois. Cette illusion monétaire sur laquelle repose toute l’analyse keynésienne n’est pas très convaincante. On ne voit pas très bien pourquoi les agents ne réagissent pas à la baisse de leur pouvoir d’achat. Avec la théorie des contrats implicites, les autorités monétaires peuvent agir à tout instant, alors que les agents ne peuvent pas car ils sont liés par leurs contrats. La conséquence est que la politique est efficace même si les agents sont rationnels. On peut très bien supposer que les agents anticipent la politique monétaire (ils anticipent la réaction des autorités), mais la politique monétaire reste efficace car elle se base sur des informations qui ne sont disponibles qu’après la négociation du contrat.
Conditions de Travail
Plus généralement, cette notion de contrat implicite peut inclure toutes les conditions du contrat de travail non nécessairement écrite, mais parfaitement comprises et admises par les deux partis. Par exemple les avantages annexes (grands bureaux ? Cantine ? Transports ?) : Ce sont les perspectives d’évolution, comme les procédures de contrôle des performances, etc. Cette approche permet de comprendre la complexité des conflits sociaux, qui mettent en jeu le salaire nominal, mais également tout ce non dit du contrat implicite. Ces contrats finalement sont assez individualisés, ils résultent de négociations bilatérales. Par conséquent, ces contrats sont difficiles à caractériser par un modèle. Opposition des keynésiens au système walrasien, ou les salaires sont fixés par enchères. Tout ça explique que le salaire n’est pas la seule variable d’ajustement.
Notes et références
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