- Tetuana'e nui
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Tetuana'e nui
Sommaire
Identité
Le règne de Tetuana'e nui
Tetuana'e nui épousa Heumaitera'i i Vaiotaha, la fille aînée de Teriimarotea, roi de Vavau, ce qui renforça encore les liens entres les trois dynasties de Havai'i (Raiatea), Vavau (Bora-Bora) et Hitinui (Tahiti). En fait, il s'agit d'une seule et même famille.
Durant le gouvernement des chefs guerriers, les conquérants venus de Havai'i, avaient conquis l'île entière ; par conséquent Tetuana'e nui régna sur toute l'île de Hitinui à laquelle il donna ses lois. On peut donc parler d'un royaume unifié du vivant Tetuana'e, mais cette situation devait se modifier après sa mort, puisqu'il institua le principe des apanages pour ses petits enfants.
A partir de ce moment, des cadets de famille royale reçurent des principautés où ils devinrent pratiquement indépendants tout en reconnaissant la suzeraineté de Vaiari. C'est le début du "Hau Matatia", c'est-à-dire une organisation du type féodal ou seigneurial, comparable à celle qui existait en Europe au Moyen Age.
Tetuana'e, surnommé le législateur, doit sa renommée notamment à la promulgation d'un code de lois, qui devait demeurer en vigueur jusqu'à l'arrivée des Européens. Nous soumettons au lecteur quelques extraits de ces lois afin qu'il puisse juger de leur simplicité et de leur profonde sagesse.
- Version en tahitien
Ia tura i te taata te ai'a, te metua i fanau ia outou. Ia hi'o te taato'a i tona mou'a o te hanahana te reira o te ai'a.
Ia tauturu te tahi i te tahi i te hamaniraa i to outou mau fare. Ia raraa ho'i te mau vahine i te mau rauoro no te fare. Ia rave taato'a i te ohipa. Tei ore i na reira ra, ua riro ia ei hapa ino nona iho.
Eiaha outou e hi'o mata noa i te taata e haere na to outou pae fare, mai te pii ore atu e : a tapae mai i te fare nei e tamaa.
Eiaha te mata e tapo i te hapahapa a te fetii, e auahi aama te reira i roto i te utuafare.
Eiaha na te tari'a, na te mata ra E hi'o i te ohipa a te feia afa'i parau ino. Ia faaroo te tari'a e haapô aera te mata ona iho te pepe.
Ofati na i te mana'o iria vave noa, o te riro ei faaotu'itu'i i te tino e o te haapouri i te mata i te mea ti'a. E tahu'a maita'i te ferura'a mana'o !
Eiaha te tari'a e horo'a i te parau a te taata ori haere noa, e ata taata noa oia, e hotu painu haere noa, aore e tauraa.
- Traduction française
Au pays qui vous fit naître, vous devez le respect, il est votre père. Tous doivent regarder leur montagne, c'est l'honneur de votre lieu de naissance.
Aidez-vous mutuellement dans toutes vos entreprises. Entraidez-vous pour construire vos maisons. Les femmes doivent apporter leur contribution pour faire les nattes et préparer les pandanus. Tout le monde doit y donner du sien ; ne pas le faire serait négliger son devoir.
Ne détournez pas vos yeux de celui qui passe devant votre maison sans l'inviter à entrer pour partager votre repas.
Ne fermez pas les yeux sur les errements de vos proches, cela est un brasier dans votre maison.
Ne prêtez pas l'oreille aux dires des médisants, Ne croyez que ce que vos yeux voient qui y prête l'oreille et ferme les yeux, est victime de son imprudence.
Refrénez les pensées de colère qui agitent votre corps et dissimulent le bien à vos regards. La réflexion est bonne conseillère.
N'écoutez pas les conseils du passant, il n'est qu'une ombre, qu'un fruit sec errant sans fin au gré des flots !
Les lois concernant le travail et l'hospitalité sont probablement celles qui revêtent le plus d'importance. Tetuana'e encouragea son peuple à travailler, ce qui permit à Tahiti d'être à la tête des îles de la Société. Quant à la loi de l'hospitalité, basée sur un grand esprit de fraternité, elle a été et sera toujours la marque distinctive des Polynésiens.
C'est aussi du temps de Tetuana'e nui que les "Hiva" furent institués ; ils étaient composés de iatoai, cadets de la famille royale, qui avaient reçu une grande instruction et une formation guerrière très poussée. Les "Hiva" jouaient un rôle politique important dans l'ancienne société tahitienne, puisque la guerre, la justice, la police entraient dans leurs attributions. L'autorité des "Hiva" était telle qu'ils pouvaient en accord avec le grand prêtre, déposer et exiler le roi, lui donner un successeur ou rapporter la sentence d'exil. L'ordre des "Hiva" remplissait aussi la fonction de messager du roi, nous dirons aujourd'hui, d'ambassadeur.
De l'union de Tetuana'e nui avec Heumaiterai i Vaiotaha, est né un fils, Aumoana-Terii-te-moana-rau i Farepua, lequel épousa Teura-i-te-ra'i i Maraetefano e i Nuurua, fille du roi Terii-marama-i-te-tauo-o-te-ra'i de Aimeo (Moorea).
Les Marama qui régnaient sur Aimeo descendent des lignées royales des îles Sous-le-Vent ; cette antique famille très puissante joua un rôle important dans l'histoire de nos îles.
Aumoana et Teura-i-te-ra'i eurent cinq enfants : l'aîné un fils à qui l'on donna le nom de son grand-père, Tetuana'e ; le cadet fut appelé Terii-e-vao-i-te-ra'i-nui-atea-o-Taaroa et régna à Aimeo (Moorea) ; le troisième enfant, une fille reçut le nom de Tetuanui-i-te-ra'i-o-Taaroa, elle devint la femme de Tu-i-te-ra'i i Taputuarai de Papara, ce sont les ancêtres des arii de Papara.
Le quatrième enfant, une fille, fut appelé Tetuanui-ave-roa-o-Taaroa, elle épousa Teriivaetua i Ahura'i (Faaa), puis le cinquième enfant un garçon, reçut le nom de Hitu-te-ra'i-o-Taaroa.
En l'honneur de Tetuana'e, l'aîné des enfants de Aumoana i Farepu'a, le marae Tahiti fut édifié à Vaiari (Papeari).
Ce prince fut consacré sur le marae Farepu'a puis porté sur le marae Tahiti, ceint du maro ura et du maro tea et reçut le titre de Terii-nui-o-Tahiti, ce qui signifie le grand roi de Tahiti. Il fut le deuxième arii nui-maro-ura de l'île, c'est-à-dire le deuxième grand roi à la ceinture royale de plumes rouges, sommet de la hiérarchie des arii.
Pour commémorer cet évènement, Tetuana'e nui, premier du nom ordonna que l'île ne soit plus appelée "Hitinui" mais "Tahiti". En prévision du sacre de ce petit-fils et de ses successeurs, Tetuana'e nui avait formulé des maximes ou règles de conduites que chacun d'eux devrait connaître, avant d'être officiellement intronisé.
Terii-nui-o-Tahiti épousa sa petite cousine Hinara'i-te-upoo-tinitini-o-Taaroa i Vaiotaha, princesse héritière de Vavau (Bora-Bora), qui fut comparée, en raison de sa beauté éclatante, à la planète "Taurua" (Vénus). De leur union, sont nés quatre enfants : Tetuanui-i-te-ra'i-atea-o-Taaroa dite Nu'utea ; Teriimarotea i Vaiotaha qui régna à Vavau (Bora-Bora). Teriimaroura i Farepu'a et l'illustre Hotutu.
L'aînée plus connue sous de nom de Nu'utea-te-tapairu épousa Nu'u, arii de Punaauia et frère de Taaroa-i-Hiti, dit aussi Taaroa manahune. A l'occasion de ce mariage, en l'honneur de Nu'utea, une pierre fut retirée du marae royal de Farepu'a, afin de pouvoir édifier un marae à Punaauia.
Nu'utea et Nu'u furent mariés sur le marae, et reçurent de Tetuana'e nui, qui vivait encore en ce temps là, le nom de Tetua-nui-e-marua-i-te-ra'i. Ce nom est devenu et resté le titre officiel des arii de Punaauia.
Le grand navigateur Ta'ihia[1] ou Tangi'ia[2], un des ancêtres fondateurs de Rarotonga à l'origine de la tribu (vaka) de Takitumu, serait un descendant de Nu'u et Nu'utea. Contemporain de Hiro[3] autre illustre navigateur du XIVè siècle, ancêtre de familles princières des îles sous le Vent, Tangi'ia aurait au cours de sa traversée vers Rarotonga conclu avec lui une alliance, en adoptant son fils Tai te Ariki (ou Ta'i te Ariki), à l'origine de la dynastie des Pa Ariki.
La célèbre princesse Hotutu, dernière fille de Terii-nui-o-Tahiti, épousa son cousin Te-manu-tu-nu'u, fils de Taaroa-i-Hiti, surnommé Taaroa manahune, en souvenir de ses parents, une famille Manahune puissante, alliée aux chefs guerriers venus de Havai'i (Raiatea).
Notes et références
- ↑ En tahitien
- ↑ En Maori des îles Cook
- ↑ Appelé dans la tradition des îles Cook, Iro-Nui-Ma-Ota ou Iro-Nui-Maoata selon les versions ou interprétations étymologiques
Lien externe
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