- Technique Alexander
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La technique Alexander est une forme d'éducation qui s'applique à reconnaître et surmonter les limitations réactives et habituelles dans le mouvement et la pensée.
La technique Alexander est enseignée habituellement lors de leçons individuelles avec un enseignant utilisant de façon spécialisée le contact des mains et les instructions verbales. La technique est aussi enseignée à des groupes, pouvant s’ouvrir sur des leçons individuelles courtes afin de servir d’exemple au reste de la classe[1]. La technique prend son nom de Frederick Matthias Alexander, qui est le premier à avoir observé et formulé ses principes entre 1890 et 1900[2].
Sommaire
Histoire
Frederick Matthias Alexander (1869–1955) était un orateur Shakespearien qui a développé des problèmes d’extinction de voix. Après que les médecins l'informèrent qu’il n'y avait pas de cause physique, il s'est soigneusement observé à l’aide de miroirs multiples. Ceci lui a permis de découvrir qu'il raidissait inutilement son corps dans son ensemble lorsqu'il se préparait à réciter ou parler. Après avoir découvert l'existence d'une certaine unité entre la tête, le cou et le dos rendant possible un meilleur accomplissement de l‘être humain, il prit huit années pour appliquer avec succès ses observations empiriques afin de résoudre ses propres problèmes de voix.
Alexander a pris en considération la méthode scientifique empirique comme fondement à son travail. Il a utilisé l’auto-observation et le raisonnement pour rendre l'exécution physique de n'importe quel mouvement plus facile : s'asseoir, se tenir debout, marcher, utiliser ses mains et parler. Il a conçu ses méthodes afin que l’on puisse refaire l'expérimentation et s’entraîner de façon autonome, et apprendre d’une façon qui permettrait de continuer à s'améliorer à partir de n'importe quel point de départ. Jusqu’en 1930, année où Alexander crée une école de formation de professeurs de cette discipline seuls certains proches avaient été formés par lui de manière informelle. A sa mort, Walter Carrington, son directeur de l’école de formation prit la relève en son nom propre. La seule école qui existait déjà depuis 1950 était celle du Docteur Barlow et de son épouse Marjorie, nièce d’Alexander, tous deux formés par Frederick Mathias Alexander.F M. Alexander a entraîné des éducateurs à sa technique principalement lorsqu'il vivait à Londres, au Royaume-Uni de 1931 jusqu'à sa mort en 1955, excepté durant la période de guerre entre 1941 à 1943 durant laquelle il a dispensé son enseignement avec son frère Albert Redden Alexander (1874–1947) dans le Massachusetts, aux États-Unis. Largement implantée en Angleterre, aux États-Unis, en Australie et au Canada, la Technique Alexander connaît aujourd’hui un succès grandissant en France et en Belgique.
La technique
La technique Alexander enseigne la capacité à faire un nouveau choix en dépit des modèles habituels établis, en étudiant l’évidence kinesthésique* (sensation interne du mouvement des parties du corps assurée par le sens musculaire – sensibilité profonde des muscles- et les excitations de l’oreille interne-cf.dict) sur la façon dont la pensée est exprimée au travers du mouvement. Les valeurs d'efficacité et de facilité pendant l'exécution d'un mouvement sont les critères de prédilection utilisés pour évaluer les résultats du progrès gagné par l'expérimentation dirigée. Parmi les méthodes enseignées, nous y trouvons des formes d'anatomie structurale, les caractéristiques de la proprioception, la manière dont les habitudes pourraient être formées et raffinées, l’auto-observation pratique et enfin l'usage stratégique du raisonnement empirique. Cette étude exige une réévaluation des suppositions et des conclusions auto-restrictives qui auraient pu entraîner selon les enseignants de la Technique à un mauvais usage général de l’étudiant.
Possibilités de cette technique
- Soulager les diverses douleurs associées à une mauvaise utilisation du corps.
- Éviter et relâcher le stress et les tensions excessives.
- Améliorer la santé physique et psychique.
- Devenir plus calme.
- Améliorer la coordination.
- Améliorer les performances vocales, joueur de tennis, acteur, musicien etc.
- Apprendre à "garder les pieds sur terre".
- Choisir consciemment comment répondre à un stimulus plutôt que de réagir trop rapidement et de façon non appropriée.
Les applications sont subjectives par nature ; beaucoup de témoignages existent sur Internet. La technique Alexander est considérée comme une pratique complémentaire aux régimes de traitements médicaux traditionnels et non son substitut.
À quelques égards, la technique Alexander est considérée comme une expérience allant directement à la source de cette réalité portant sur l'unité de corps/esprit. Les partisans croient que sa pratique a pour résultat une conscience et une capacité descriptive améliorées, de même qu’une aisance nouvelle dans l’exécution d’un mouvement, un meilleur équilibre, plus de résistance physique et moins de tension musculaire. De plus, ceux qui la pratiquent rapportent souvent que cette technique Alexander leur donne une plus grande capacité à clarifier leur pensée, à gagner d’objectivité sur eux-mêmes et à se libérer de limitations qu’ils s’imposaient involontairement. Aussi, les partisans perçoivent la technique Alexander comme une façon d’utiliser moins d'effort pour générer un mouvement, et ainsi une possibilité pour en exécuter davantage, tout en ayant la sensation d’être plus jeune et de se déplacer plus gracieusement.
La technique Alexander fait partie intégrante des programmes de certaines écoles de danse, de théâtre, de cirque, de musique, de chant et de quelques sports olympiques. Pouvant convenir à n'importe quel niveau de pratique, elle est aussi utilisée en termes de ré-éducation du mouvement dans le but de compléter un rétablissement et de gérer une douleur particulière.
Bien que la technique Alexander soit considérée dans son champ de pratique essentiellement à titre éducatif — enseignée dans une relation d'étudiant/enseignant, comme en comparaison à un régime de traitement entre le client et le praticien — elle est considérée par le département de Santé du Royaume-Uni comme une pratique offrant une alternative et une complémentarité à beaucoup d’autres traitements médicaux. Une liste partielle comprend : les maux de dos, les maux de tête, les douleurs musculo-squelettiques, l’insomnie, le bégaiement, l’entraînement de la parole ou de la voix, les problèmes de posture ou d’équilibre, les difficultés de motricité rencontrées au cours d’une grossesse, le rétablissement d’une blessure en complémentarité avec un traitement suivi en physiothérapie, l’amélioration de son ergonomie au regard d’une fonction ou d’un objet (un musicien avec son violon, une personne assise travaillant sur un ordinateur), faire face à la perte d’une certaine mobilité coordonnée entraînée par la maladie de Parkinson.
La technique Alexander est aussi connue pour aider les interprètes à se défaire du trac ou appréhension de la scène, de l'anxiété d'exécution, au delà d'un présumé « manque de talent », et d’aiguiser le discernement et la capacité descriptive. Elle aide aussi des gens à contrôler des réactions indésirables, des phobies et la dépression.
Désavantages
La technique Alexander ne peut pas être efficace pour tout le monde. La plupart des enseignants considèrent que vingt à quarante leçons sont requises. L'apprentissage exige de la part de l'étudiant de travailler sur un objectif un peu paradoxal qui est, au début, basé sur la perception de réussite qu’a l'enseignant (ou les camarades) sur ses avancées. À certaines occasions, le fait de défaire de vieilles habitudes peut déclencher des émotions désagréables « non résolues » qui, à l’origine, ont justifié des façons habituelles de remédier à des situations particulières, exigeant peut-être une aide professionnelle supplémentaire. Quelques modèles imprégnés d'habitudes semblent avoir un sens d'auto-préservation.
Le fait de pratiquer la technique Alexander ne peut pas résoudre des difformités structurales, (causées par l'arthrite ou d’autres problèmes d'os) ou d’autres maladies (maladie de Parkinson, etc.). Dans ces cas, la technique Alexander peut seulement adoucir la façon dont la personne compense ces difficultés, ce qui peut être très significatif selon ces dernières.
Effets rapportés
La preuve des changements recherchés est visible par des signaux de régulation extérieurs et vérifiables (contre-réactions ou feed-back); au travers d’un miroir ; en notant, comparant, ou décrivant des différences observées sur l'emplacement relatif au regard de la personne, un changement d'équilibre ou de poids ; un changement dans le son de la voix ou les effets sur les objectifs de quelqu’un, ses accessoires ou son environnement de vie.
Les étudiants décrivent souvent l'effet immédiat d'une leçon en Alexander par une sensation étrange. Pendant les leçons, la plupart des élèves rapportent un résultat immédiat concernant la sensation d’être moins lourd, malgré leur incapacité d'évoquer ou de soutenir cet état. Les autres expériences rapportées incluent la perception modifiée de leur voix ou de leur environnement, remarquant un changement dans l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, ou ayant des désorientations temporaires concernant la localisation de leur corps dans l’espace.
Preuves scientifiques
Les résultats sur la technique Alexander en neurosciences et d’autres recherches en laboratoire menées actuellement sur les effets et la fonction de mouvement du corps ont réussi pour l’instant à obtenir des fonds d’aide (voir la recherche actuelle supplémentaire sur le site web britannique de l’organisation professionnelle de la technique Alexander basée au Royaume-Uni, STAT). Pendant que les communautés médicales du Royaume-Uni sont convaincues de son efficacité, la Technique Alexander reste toujours classée comme une pratique pseudoscientifique dans d’autres pays.
Les articles de Frank Pierce Jones détaillant sa recherche a été recueillie lors d’une édition datant de 1997 et détaillée dans les références ci-dessous.
En 2002, Stalibrass et al. ont publié les résultats d'une étude contrôlée significative dans l'efficacité de la technique dans le traitement de la maladie de Parkinson. Quatre mesures différentes ont été utilisées pour évaluer le changement dans la progression de la maladie. Selon les quatre mesures, la Technique Alexander était plus efficace qu'aucun traitement, à un degré statistiquement significatif (les deux P-ESTIME <0,04). Cependant, en comparant avec un groupe de contrôle où des séances de massage étaient données, la Technique Alexander n’était significativement meilleure que sur deux des quatre mesures. Les deux mesures ont donné statistiquement des améliorations non significatives(les P-VALEURS d'approximativement 0,1 et 0,6). Ceci semble prêter un certain poids à l'efficacité de la technique, mais plus d'études et de données sont exigées[3].
En 2004, Maher a conclu que « les traitements physiques, tels que (la liste avec beaucoup d'autres) ... La technique Alexander... sont de valeur inconnue ou inefficace et ne devrait pas être si considérés » dans le traitement de la diminution du mal de dos en comparaison avec une approche déjà approuvée (médicalement)[4].
En 2005, Cacciatore et al. ont trouvé que la technique avait amélioré la posture d’un malade en réduisant la douleur située dans le bas de son dos[5].
L'efficacité de la technique Alexander a été vérifiée au travers d'une étude comparative publiée en août 2008 dans le British Medical journal. Cette étude compare l'efficacité des massages et de la technique Alexander sur des personnes souffrant de douleurs lombaires chroniques. La technique Alexander s'est avérée être la plus efficace pour soulager les douleurs sur le long terme. L'étude a également montré qu'une amélioration était constatable à partir de 6 séances. L'étude complète est accessible ci-dessous.
Notes
- Arnold, Joan, Hope Gillerman (1997), Frequently Asked Questions. American Society for the Alexander Technique. Retrieved on 2007-05-02.
- Rootberg, Ruth (Sep 2007), "Voice and Gender and other contemporary issues in professional voice and speech training". Voice and Speech Review, Voice and Speech Trainers Association, Inc, Cincinnati, OH: 164-170. Retrieved on 2007-09-01.
- Stallibrass, C; P Sissons, C Chalmers (July 2002). "Randomized Controlled Trial of the Alexander Technique for Idiopathic Parkinson's Disease". Clinical Rehabilitiation 16 (7): 695-708. Retrieved on 2007-05-01.
- Maher, CG (January 2004). "Effective physical treatment for chronic low back pain". The Orthopedic clinics of North America 35 (1): 57-64. ISSN 0030-5898. Retrieved on 2007-05-01.
- Cacciatore, TW; FB Horak, SM Henry (June 2005). "Improvement in automatic postural coordination following Alexander Technique lessons in a person with low back pain". Physical Therapy 85 (6): 565-78. Retrieved on 2005-05-01.
Bibliographie
- Frederick Matthias Alexander, The Use of Self, Londres, Orion Books Limited, 1932 ; 1985 (ISBN 0752843915).
- Frank Pierce Jones, Freedom to Change. The Development and Science of the Alexander Technique, Londres, Mouritz, 1997 (ISBN 0-9525574-7-9).
- Frank Pierce Jones, Collected Writings on the Alexander Technique, Massachusetts, Alexander Technique Archives, 1999 (ISBN ATBOOKS058).
Voir aussi
Liens et documents externes
- STAT The Society of Teachers of the Alexander Technique. Société professionnelle initiale et la plus importante de professeurs de la Technique Alexander, établie en 1958.
- CANSTAT Société canadienne des professeurs de la Technique Alexander. Organisation professionnelle canadienne affiliée à STAT.
- AEFMAT Association Belge des Professeurs de Technique Alexander. Cette association fait partie du réseau des associations affiliées à la STAT: Alexander Technique Affiliated Societies [1]
- APTA Association Français des Professeurs de la Technique Alexander. Association fait partie du réseau des associations affiliées à la STAT.
- British Medical Journal. Dernière publication médicale sur la technique Alexander.
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