- Sîn
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Nanna ou Sîn sont les noms les plus courants du dieu mésopotamien de la Lune. Il s'agit d'une des plus importantes divinités des panthéons du Proche-orient ancien. Les Sumériens le nommaient entre autres Nanna ou Zu-en, les Akkadiens, les Babyloniens et les Assyriens plus volontiers Sîn. Son culte est réputé très ancien dans la ville d'Ur mais aussi à Harran. Sous ses différents noms, il fut très tôt adoré dans la plupart des grands centres urbains mésopotamiens. Dans la période où le pays de Sumer et toute la vallée de l'Euphrate furent sous la domination de la cité d'Ur, entre - 2600 et -2400 environ, Nanna en vint à être considéré comme le chef du panthéon sumérien. On le vénérait alors comme le « Père des dieux » ou le « Créateur de toute chose ».
Le roi Nabonide (-556/-539), dernier monarque babylonien, était fils d'une prêtresse de Sîn ; il avait une profonde foi en ce dieu et s'allia à son clergé face aux prêtres de Mardouk.
Sommaire
Les noms du dieu-Lune
L'écriture sumérienne ne semble pas avoir d'autre façon de désigner la Lune que par le nom de son dieu, les deux étant confondus.
Nanna, le dieu d'Ur
A Ur, le nom du dieu qui était lu Nanna s'écrivait en fait avec des sumérogrammes signifiant « dieu du Lieu du Frère », la ville d'Ur étant quant à elle appelée la « Maison du Frère ». Vers -2150, les Sumériens eux-mêmes n'étaient plus certains de la véritable origine du nom de Nanna, bien qu'ils se soient expliqués son étymologie en le décomposant en NA.AN.NA, « pierre du ciel » ou « homme du ciel ». Plus tard, les populations de langue akkadienne le prononcèrent Nannaru, signifiant « brillant » dans ces anciennes langues sémitiques.
Le dieu « Luminaire »
Partout ailleurs au pays de Sumer, jusqu'aux environs de -2600, le nom du dieu-Lune s'écrivait initialement avec les signes cunéiformes dingirUD.
dingir est le signe déterminatif pour la catégorie des noms de divinités, tandis que UD (sumérogramme) désignait à l'origine tout autant la lune que le soleil. On s'accorde à le traduire simplement par « luminaire ». Vers -2600 une légère modification du signe UD permit de créer le signe ID pour désigner plus proprement la pleine lune et le mois.
Le dieu « Trente »
Vers -2000, ID fut remplacé par le signe « trente », car tel est le nombre du dieu-Lune, comme le nombre moyen de jours d'un mois lunaire.
Sîn
Vers -2150 Gudea de Lagash louait aussi le dieu Lune sous le nom de Zu-en, étrangement écrit dingirEN.ZU, littéralement « Seigneur du Savoir », sur le modèle de Enki et de Enlil. Dans un de ces jeux de mots purement graphiques courants dans l'écriture cunéiforme, il lui accolait aussi l'épithète Enzi, EN.ZI : « Seigneur de la Vie ».
Les peuples de langue akkadienne (Babyloniens et Assyriens principalement), prononçaient ce nom Sîn.
Ascendance, parèdre et descendance
On dit de lui qu'il est le fils d'Enlil et de Ninlil.
Il était l'époux de Ningal (la « Grande Dame »), et on attribue à leur couple la descendance du dieu Utu, le « Soleil » et de la déesse Inanna (associée à la planète Vénus). Dans la hiérarchie divine, le dieu de la Lune (nombre « trente ») est plus important que celui du Soleil (nombre « vingt ») et que la déesse de Vénus (nombre « quinze »). Avec ses deux enfants Utu-Shamash et Inanna-Ishtar, Nanna-Sîn forme l'une des deux grandes triades divines du panthéon mésopotamien.
Certains textes lui attribuent aussi la paternité d'Ishkur, le dieu de l'orage.
Iconographie et symboles
Sur les images des sceaux-cylindres, le dieu Lune est representé comme un vieil homme pourvu d'une longue barbe. Il pouvait être ailleurs montré chevauchant un taureau ailé, ou naviguant sur une barque céleste. Ses symboles sont le croissant de lune, le taureau et le trépied (peut-être un support de lampe).
Le croissant
Les sceaux-cylindres, les reliefs akkadiens, les bornes de l'époque kassite, les stèles assyriennes représentent fréquemment le dieu-Lune par le croissant orienté vers le haut, évoquant tout à la fois la nouvelle lune, des cornes de taureau ainsi qu'une embarcation.
Le taureau
Comme tous les grands dieux mésopotamiens, le dieu-Lune est comparé à un taureau, symbole de force, de fécondité, mais surtout, en tant que « porteur des cornes puissantes », du croissant lunaire.
La barque
Le dieu-Lune voyage sur sa barque-magur, le « navire céleste », créée pour Nanna par An, Enlil et Enki.
Le dieu-Lune et le découpage du temps
Certains expliquent l'importance du dieu-Lune en Mésopotamie par l'influence des populations nomades, notamment sémitiques.
Toutefois les Sumériens, cultivateurs et urbanisés, le considéraient également comme l'une de leur plus grandes divinités, voire comme le patron de leur cité. On se serait attendu de la part d'une civilisation agraire qu'elle privilégie plutôt le culte du soleil. Ce paradoxe est d'évidence lié à l'étonnante pérennité de l'ancien calendrier basé sur la lune, comme le sont aujourd'hui encore les calendriers juif et musulman.
Pourtant la nécessité d'accorder la vie économique avec le rythme solaire (notamment pour la collecte des impôts en nature) contraignit les anciens Mésopotamiens à mettre en correspondance le calendrier lunaire traditionnel, sur un cycle de douze mois de trente jours, avec le rythme des révolutions solaires. Le fait est que ce « conservatisme » peut-être d'ordre religieux, associé au pragmatisme des Mésopotamiens, a vraisemblablement favorisé l'observation astronomique rigoureuse et le développement de mathématiques sophistiquées.
Sanctuaires
Le sanctuaire principal de Nanna à Ur s'appelait É-giš-šir-gal : la « Maison de la Grande Lumière ». Son sanctuaire de Harran était nommé É-hul-hul : la « Maison des Joies ».
Bibliographie
- Maurice Lambert, « La lune chez les Sumériens », La Lune. Mythes et rites, collection « Sources orientales » n°5 , Éditions du Seuil, 1962.
- Marcel Leibovici, « La lune en Babylonie », La Lune. Mythes et rites, collection « Sources orientales » n°5 , Éditions du Seuil, 1962.
Théâtre
- La Compagnie théâtrale Sîn doit son nom à cette divinité : Dieu lunaire jugeant les rois coupables ! Tout le travail de cette compagnie se résume dans un défrichage des sentiers reliant Art et Société. Elle a notamment créé en 2004 une adaptation de "l'Epopée de Gilgamesh" fanco-palestinienne intitulée : "Gilgamesh, le Tyran qui ne voulait pas mourir". Consultez leur Site sur : http://www.sin-net.org
Littérature
- Sîn est le nom de la trilogie romanesque de fantasy écrite par Noureddine Séoudi. Cette trilogie est basée sur les mythes et les légendes d'orient. Le tome 1, Le dernier poète est paru en 2009 et le tome 2, Les Gardiens de l'Arbre en 2010. Consultez le site de l'auteur www.sin-lemonde.com
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