Surprise d'Octobre

Surprise d'Octobre

Surprise d'octobre

La Surprise d'Octobre fait référence à l'existence hypothétique d'un complot en rapport avec la libération des 66 otages américains détenus à l'ambassade de Téhéran. La prise d'otages a en effet commencée le 4 novembre 1979. Un an plus tard, jour pour jour, Ronald Reagan était élu président des États-Unis. Enfin, le 20 janvier 1981, jour de son adresse inaugurale, l'ensemble des otages est libéré, douze minutes après le premier discours du nouveau président Reagan. L'accord passé entre l'ayatollah Khomeiny et Reagan aurait porté sur une reprise de la livraison d'armements à l'Iran en échange d'une libération tardive des otages, afin de désavantager Jimmy Carter, qui avait essuyé un revers cuisant lors de l'opération commando pour les délivrer. Quelques années plus tard, le scandale Irangate, lié aux Contras du Nicaragua, éclatait.

Sommaire

Introduction

Aussi, plusieurs sources, dont Bani Sadr, ex-président de la République islamique d'Iran, ou Gary Sick, ancien membre du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, principal conseiller du président sur les affaires concernant le Golfe persique, ont affirmé que Ronald Reagan s'était arrangé pour faire en sorte que les otages ne soient pas libérés avant son élection, afin de ne pas créer une « surprise d'octobre » qui aurait profité à son concurrent et président sortant, Jimmy Carter (qui doit sa défaite électorale en partie à cette affaire des otages).

Selon cette théorie, des représentants de Reagan auraient conspiré avec la République Islamique d'Iran pour retarder la libération des 66 otages jusqu'après les élections. En échange, les Américains fourniraient des armes à l'Iran et débloqueraient les fonds financiers gelés par le gouvernement américain.

Ceux qui soutiennent une telle théorie, qualifiée par ses opposants de « théorie du complot », affirment que des Républicains de l'entourage de Reagan, ayant des connexions avec la CIA, parmi lesquels George H.W. Bush (un temps directeur de la CIA), ont négocié avec le régime hostile de Khomeiny afin de retarder la libération des otages.

Détails des négociations

Au printemps 1980, l'ayatollah Khomeiny discute avec les deux candidats présidentiels, Carter et Reagan [1]. Les pourparlers ont fait appel aux protagonistes de l'Irangate, ainsi qu'aux deux pays liés à l'Iran par des accords nucléaires, la France (via Eurodif) et l'Allemagne (contrat pour la centrale de Bushehr, devant être construite par Kraftwerk Union) [1].

Mais au début d'avril 1980, Khomeiny publie un communiqué, affirmant que « les otages resteraient aux mains des étudiants islamiques jusqu'à la réunion du Parlement. » [2]. Selon l'ex-président de la République islamique, Bani Sadr, « Cette démarche était pour moi synonyme de blocage définitif. (...) Ce communiqué de Khomeiny était l'aboutissement des contacts (avec les proches de Ronald Reagan) et qui n'avaient qu'un seul but: empêcher la libération des otages avant les élections américaines de novembre 1980 pour handicaper Carter dans sa réélection. »[3].

Le lendemain du communiqué, 7 avril 1980, Carter rompt les relations diplomatiques avec l'Iran [4]. Deux semaines plus tard, il lance l'Opération Eagle Claw, pour essayer de libérer les otages par un commando. Celle-ci échoue. « Par une troublante conjonction de malchance » (Dominique Lorentz, 2002), trois hélicoptères sur huit tombent en panne, et un quatrième s'écrase [4].

En juillet 1980, Zbigniew Brzezinski, secrétaire d'Etat américain, rencontre Saddam Hussein à Amman, en Jordanie, étudiant « la manière dont les Etats-Unis et l'Irak pourraient coordonner leurs activités » pour s'opposer à l'Iran [5].

Au même moment, le président Bani Sadr rencontre un émissaire français à Téhéran [4]. Il se plaint des politiques françaises et européennes envers l'Iran. Son interlocuteur lui répond que Washington mettait la pression sur Valéry Giscard d'Estaing [4].

Le 22 septembre 1980, Saddam Hussein, après avoir dénoncé les accords d'Alger (1975), lança son offensive contre l'Iran, démarrant la guerre Iran-Irak. Pendant quelques jours, l'ayatollah Khomeiny poursuit ses contacts avec les deux candidats américains à la présidentielle [6]. Mais deux mois avant l'élection présidentielle, il passa un accord avec Reagan [7].

Selon Bani Sadr [8], les négociations ont eu lieu à Paris et à Washington. L'accord portait sur une libération tardive des otages, en échange d'une reprise de l'armement à l'Iran [8]. Dès juillet 1981, affirme-t-il, les Etats-Unis ont livré des armes à l'Iran [9].

Rapports officiels

Après plus de douze ans d'enquêtes journalistiques, et l'explosion du scandale Iran-Contra, les deux chambres du Congrès ont effectué des enquêtes à ce sujet, en concluant à l'absence de telles négociations. Ils disposaient néanmoins de certains dossiers tendant à accréditer la thèse des négociations : ainsi, le journaliste d'investigation Robert Parry affirme que le 11 janvier 1993, en réponse à une requête du président de la commission, Lee Hamilton, le gouvernement russe envoya à une commission parlementaire un rapport de renseignement (enterré par la suite par les Américains) affirmant que Robert Gates, alors haut responsable de la CIA, ainsi que George H. W. Bush, avaient participé à de telles tractations [10] [11].

Révélations d'Ernest Backes en 2001

Néanmoins, en 2001, l'ancien banquier Ernest Backes, qui travaillait dans la chambre de compensation Clearstream, affirmait dans Révélation$, un livre écrit par le journaliste Denis Robert, qu'il avait été en charge du transfert de sept millions de dollars de la Chase Manhattan Bank à la Citibank le 16 janvier 1980, transfert qui aurait servi à payer la libération des otages. Il a donné des copies de ce fichier à l'Assemblée nationale.

Références

  1. a  et b Dominique Lorentz, Secrets atomiques. La véritable histoire des otages du Liban, Les Arènes, mars 2002, p.88
  2. D. Lorentz, 2002, p.88, cite Chapour Haghighat, Iran, la Révolution islamique
  3. D. Lorentz, 2002, p.88, cite Bani Sadr, Le Complot des ayatollahs, La Découverte, 1989.
  4. a , b , c  et d D. Lorentz, 2002, p.89
  5. Kenneth Timmerman, Le lobby de la mort, Calmann-Lévy, 1991, cité par D. Lorentz, 2002, p.89
  6. Dominique Lorentz, Secrets atomiques. La véritable histoire des otages du Liban, Les Arènes, mars 2002, p.90. Lorentz cite Bani Sadr (ancien président de la République islamique d'Iran), Le Complot des ayatollahs, La Découverte, 1989).
  7. Dominique Lorentz, 2002, p.90. Elle cite Bani Sadr, op.cit., ainsi que Gary Sick, ancien conseiller de la Maison Blanche, dans son livre October Surprise, in Le Monde, 5 décembre 1991 (Alain Frâchon, Téhéran, point de départ et d'arrivée, Le Monde, 5 décembre 1991); et Les hommes de la Maison Blanche, documentaire de William Karel, volet n°2, diffusé par Arte le 15 novembre 2000
  8. a  et b Cité par Dominique Lorentz, op.cit.
  9. D. Lorentz, 2002, p.94
  10. Robert Parry, The Russian Report
  11. Robert Parry, The Secret World of Robert Gates, Consortium News, 9 novembre 2006

Bibliographie

Voir aussi

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