- Sumérien
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Le sumérien, tel qu'il a été parlé dans l'ancien Sumer, est une langue qui a disparu et est tombée dans l'oubli jusqu'au XIXe siècle, se distinguant ainsi des autres langues parlées dans la région, telles l'arabe, l'akkadien (qui s'est scindé en deux dialectes : le babylonien et l'assyrien), l'ancien hébreu, toutes langues sémitiques. Certains chercheurs émettent l'hypothèse que sa structure grammaticale ressemblerait à celle d'autres langues agglutinantes telles que le turc, le japonais, et autres langues altaïques ou finno-ougriennes (telles que le hongrois), sans oublier les langues caucasiennes.
Le sumérien semble être la plus ancienne langue écrite connue. Son écriture, le cunéiforme (ce qui signifie « en forme de coin ou de clou »), a été plus tard reprise pour l'akkadien, l'ougaritique, l'amorrite et l'élamite ainsi que par les rois égyptiens qui voulaient communiquer avec leurs provinces du Proche-Orient et les rois mésopotamiens. L'écriture cunéiforme a même été utilisée par certaines langues indo-européennes, telles le hittite (qui avait en parallèle une écriture hiéroglyphique) et le perse ancien, bien que ces derniers ne se soient pas servi des mêmes instruments de gravure, s'éloignant de la graphie originelle. Ces peuples, pour la plupart, ont repris le système graphique qu'ils ont adapté à leur propre langue. Aussi les signes, s'ils sont les mêmes en sumérien et en akkadien, ou encore en sumérien et en vieux-perse, n'ont cependant pas la même valeur sémantique.
Sommaire
Caractéristiques
Le sumérien est une langue agglutinante, ce qui signifie que chaque mot est formé de multiples morphèmes associés les uns aux autres ; il s'oppose ainsi aux langues isolantes comme le chinois (où chaque mot n'existe que sous une forme fixe) et aux langues flexionnelles, où les mots se déclinent sous des formes différentes formées par l'utilisation d'affixes ne pouvant être séparés de la racine. On retrouve en sumérien une utilisation importante de mots composés : ainsi par exemple le mot lugal signifiant « roi » est formé par l'accolement des mots pour « grand » et « homme ».
C'est aussi une langue ergative, ce qui signifie que le sujet d'un verbe transitif direct est décliné au cas ergatif, ce qui se marque par la postposition -e. Le sujet d'un verbe intransitif et l'objet direct d'un verbe transitif relèvent de l'absolutif, ce qui en sumérien (comme dans la plupart des langues ergatives) est marqué par l'absence de suffixe (ou encore ce qui est appelé « suffixe zéro »), comme dans lugal-e é mu-un-dù « le roi construit une maison / un temple / un palais » ; lugal ba-gen « le roi partit ».
Grammaire
Nom
Le nom sumérien est composé typiquement de une ou deux syllabes, rarement plus sauf dans les mots composés.
Exemple :igi = œil, e = temple, nin = femme/dame.
Beaucoup de mots bisyllabiques sont décomposables :
Exemple :lugal = roi (lu = homme, gal = grand).
En fin de mot, une particule s'ajoute afin de préciser le rôle du mot dans la phrase ainsi que diverses modalités. D'autres particules comme les possessifs se greffent aussi en fin de mot.
Exemple :lugal.ani = son roi (ani étant la marque de la 3e personne).
Deux mots peuvent se suivre afin de fabriquer un génitif, surtout dans le cas de noms propres.
Exemple :ur.Namma = homme de Namma (ur = homme, Namma = dieu local).
Sinon, usuellement, on utilise le marqueur .k pour le génitif.
Exemple :- nin.ani.r = pour sa dame (femme.possessif_3ème_personne.pour)
- nin.ani.k = de sa dame (k = génitif)
- e.r = pour (le) temple (temple.pour)
- e.k = du temple (k = genitif)
- e.0 = le temple (0 = marque du vide, absolutif)
Verbe
Le verbe sumérien a comme le nom, une ou deux syllabes. Il est sujet à deux conjugaisons (transitive et intransitive) et à deux aspects (hamtu et maru comme indiqué dans les grammaires akkadiennes du sumérien).
Les terminaisons usuelles sont :
- 1re personne du singulier, intransitif = -en
- 1re personne du pluriel, intransitif = -en -dè -en
- 2e personne du singulier, intransitif = -en -zè -en
Toutefois, la conjugaison sumérienne est plus complexe que celles de la plupart des langues modernes car le verbe est soumis à un double marquage indiquant non seulement la personne du sujet mais en outre celle du complément d'objet direct et des autres compléments s'il y a lieu..
Exemple : mu.na.n.du.0 = il a construit
- mu = marqueur du définitif ou du très probable
- na = marque du datif (construire pour)
- n = agent 3e personne singulier
- du = radical (construire)
- 0 = absolutif
Bibliographie
- (en) M.-L. Thomsen, The Sumerian language: An introduction to its history and grammatical structure, Akademisk Forlag, 1987
- (en) D.O. Edzard, Sumerian Grammar, Handbuch der Orientalistisk, Brill, 2003
- (fr) Jestin, Abrégé de grammaire sumérienne, Geuthner
Liens externes
- Dictionnaire Freelang Dictionnaire sumérien-français/français-sumérien
- Sumerian lexicon Lexique sumérien-anglais, organisé par types de syllabe
- The Pennsylvania Sumerian Dictionary (PSD) Lexique matriciel, consultable par entrées sumériennes, translittérations, noms de signe, akkadien, anglais
- Cuneiform Digital Library Initiative (cdli) Collections numériques de textes cunéiformes, avec photographie et/ou translittérations
- The Electronic Text Corpus of Sumerian Literature Corpus électronique de l'Université d'Oxford
- Liste des signes cunéiformes sumériens Noms des signes, représentations des cunéiformes, translittérations, valeurs
- Eléments de linguistique sumérienne (par Pascal Attinger, 1993), sur RERO DOC: Parties 1-4, Partie 5.
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