- Suite française (Irène Némirovsky)
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Suite française (roman)
Suite française Auteur Irène Némirovsky Genre Roman Pays d'origine France Éditeur Éditions Denoël Date de parution 30 septembre 2004 Nombre de pages 434 ISBN 978-2207256459 Suite française est le titre d'une série projetée de cinq romans d'Irène Némirovsky, écrivain française, juive, d'origine russe, morte en déportation en 1942. Œuvre posthume publiée aux éditions Denoël, Suite française a reçu le prix Renaudot en 2004.
Sommaire
Résumé
En juillet 1942, ayant tout juste écrit le texte des deux premiers romans de la série, l'auteur est arrêtée parce que juive; elle est détenue à Pithiviers, puis déportée à Auschwitz où elle meurt du typhus. Le cahier dans lequel elle a écrit cette œuvre est sauvegardé par ses filles qui ne le lisent qu'en 1998. Les deux romans sont publiés ensemble sous le titre de Suite française, en 2004.
La série, qui commence en juin 1940, dépeint la vie française à cette époque. Au début du mois, l'armée allemande a envahi le nord de la France, mis l'armée française en déroute et rapidement avancé sur Paris où elle entre le 14 juin. Le premier roman, Tempête en juin, représente la fuite de nombreux habitants de Paris dans les heures qui précèdent l'entrée de l'armée allemande dans la capitale et dans les jours qui suivent. Le deuxième, Dolce, peint la vie étrangement calme d'une petite ville de campagne, Bussy, dans les premiers mois de l'occupation. Le troisième, Captivité, dont l'auteur a imaginé les grandes lignes, devait montrer les origines d'une résistance: quelques personnages déjà connus devaient dès lors se trouver prisonniers à Paris. Aux quatrième et cinquième romans, Irène Némirovsky a donné les titres de Batailles et La Paix, et y a ajouté des points d'interrogation (p. 530) - nécessairement, parce qu'en 1942 on n'avait aucune idée des batailles à venir, ni de l'éventuelle paix qui mettrait fin à la Deuxième Guerre mondiale.
Tempête en Juin
Dans Tempête en juin, on suit, tour à tour, quelques petits groupes de personnages qui fuient Paris vers le sud pour échapper au pillage anticipé. Les groupes se rencontrent rarement ou pas du tout. Dans les jours qui suivent, alors que l'administration, les transports, la distribution cessent de fonctionner sous les effets des bombardements et que les soldats, dont de nombreux blessés, tentent de se rétablir ou de fuir, tous les personnages doivent modifier ou abandonner leurs premières intentions; presque tous perdent leur vernis de civilisation.
Les Péricand se dirigent vers Nîmes où ils ont des propriétés et des parents. Ils y arrivent, mais, au cours du voyage, Charlotte Péricand perd - en réalité, oublie son beau-père, pendant que son fils cadet, Hubert, s'échappe pour rejoindre l'armée. L'aîné des Péricand, Philippe, est prêtre: il conduit vers le sud un groupe d'orphelins. Gabriel Corte, écrivain bien connu, fuit avec sa maîtresse en titre; il arrive, sans elle, à Vichy où il espère trouver de l'emploi. L'esthète Charles Langelet part seul en voiture vers la Loire. En panne d'essence, il vole celle d'un jeune couple avec lequel il a sympathisé et bientôt regagne Paris.
Maurice et Jeanne Michaud, employés de banque, doivent rejoindre Tours où la direction de la banque veut se réfugier pour sauver le fonctionnement de l'établissement. Leur directeur, qui avait promis de les y conduire, change d'avis au moment de partir. Les Michaud doivent alors envisager leur voyage en train, mais les trains cessent de rouler et, dans l'impossibilité de gagner Tours, ils reviennent à Paris, sans emploi, presque sans argent et sans nouvelles de leur fils Jean-Marie qui était au front. Gravement blessé, ce dernier a été laissé aux soins de paysans près de Bussy. Après quelques mois, il peut finalement écrire à ses parents et retourner à Paris. Les Michaud, sont parmi les rares entre les personnages de ce roman qui maintiennent leur intégrité dans le chaos de la défaite et de l'occupation.
Dolce
La scène de Dolce est la petite ville de Bussy avec son paysage. L'occupation allemande paraît paisible, mais les envahisseurs tiennent le pouvoir: on leur donne tout ce qu'ils demandent, et leurs affiches menacent toute infraction de la peine de mort.
Le personnage principal est celui de Lucile Angellier, dont le mari infidèle est absent. Lucile vit avec sa belle-mère dans une des plus belles maisons bourgeoises de la ville. Dès l'arrivée des Allemands, le jeune commandant Bruno von Falk, homme de culture et musicien, y est logé. Petit à petit, Lucile se trouve attirée vers lui. Dans cette partie du roman, l'auteur souligne les différences profondes et sympathies, peut-être superficielles, entre des militaires allemands et des Français de la campagne.
A côté de cette histoire vient celle de la famille de Benoît, jeune paysan, prisonnier de guerre échappé, qui rentre chez lui, pas loin de Bussy, et se marie à sa fiancée Madeleine. Il ressent qu'elle a encore une tendresse pour Jean-Marie Michaud qu'elle a soigné pendant des mois; jaloux de nature, il croit qu'elle risque aussi d'être séduite par l'interprète allemand, Bonnet, qui loge chez eux. En braconnant près du château de Montmort, il se fait interpeller, puis arrêter comme possesseur d'un fusil. Il réussit à s'échapper et utilise son arme pour tuer Bonnet. À la demande de Madeleine, Lucile accepte de le cacher chez elle: la présence de Bruno dans la maison la protègera des fouilles allemandes. La nécessité de cacher Benoît rapproche Lucile et sa belle-mère.
Dans une scène étonnante, les Allemands fêtent l'anniversaire de leur arrivée à Paris. La fin de Dolce correspond à l'époque de l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne, le 22 juin 1941. Les soldats allemands jusque là cantonnés à Bussy se trouvent soudainement envoyés au Front de l'Est. Au moment de leurs adieux, Lucile persuade Bruno de lui obtenir l'autorisation de circuler qui lui permettra de conduire Benoît à Paris.
Le titre de Dolce rappelle la terminologie musicale: "doux", "doucement". Ce titre est ironique; des émotions amères restent cachées et le roman suivant devrait les mettre à découvert.
Captivité
Benoît avait des "amis" (la Résistance Communiste) à Paris. Lucile allait le conduire jusqu'à l'appartement des Michaud. Là, éventuellement, Benoît et Jean-Marie seraient arrêtés. En prison, ils rencontreraient Hubert; Benoît et ses amis organiseraient leur libération, mais Benoît serait finalement tué. Pendant ce temps, Corte, personnage peu sympathique dans Tempête en juin, allait renaître dans Captivité comme propagandiste et homme politique, collaborationniste en premier lieu, plus indépendant ensuite. Jean-Marie et Lucile allaient se rencontrer et tomber amoureux. Dans ce roman ou dans le prochain, Bruno allait mourir au Front de l'Est.
Les deux premiers romans de la série, lus séparément, paraissent de construction et de finition assez parfaites. Les liens entre les deux sont minimes. Némirovsky note que "tout ce qui relie tous ces êtres entre eux c'est l'époque, uniquement l'époque. Est-ce bien assez?" (p. 530) Elle avait l'intention de revenir à Tempête en juin et de refaire la rencontre entre les Michaud et les Angellier. En revenant à Dolce elle allait sauver la vie de Bonnet, dont elle avait besoin plus tard. En relisant son œuvre, Némirovsky se montre critique sévère; elle décide que la mort de Philippe Péricand est "mélo" (mélodramatique).
On ne peut rien dire sur le déroulement éventuel. Au sujet du ton des trois romans qui devaient suivre, Némirovsky dit: "Captivité? quelque chose de sourd, d'étouffé, d'aussi méchant que possible. Après je ne sais pas." (p. 532)
Éditions
Suite française est publié par les éditions Denoël en 2004 (ISBN 2-207-25645-6; édition Folio, ISBN 2-07-033676-X) avec une préface de Myriam Anissimov, des notes d'Irène Némirovsky, et la correspondance 1936-45 entre elle, ses éditeurs et autres.
Liens externes
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