- Succession d'Espagne (1680-1701)
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Cet article couvre la période 1680 - 1701, de la spéculation des puissances européennes pendant le règne de Charles II au début de la Guerre de Succession d'Espagne.
La succession d'Espagne est la grande préoccupation des cours européennes à la fin du XVIIe siècle et la cause d'une guerre de 14 années en Europe : la Guerre de Succession d'Espagne.
Sommaire
Les différents prétendants
Malgré deux mariages successifs le roi d'Espagne Charles II n'a pas d'héritiers directs. Né en 1661, il est de santé très fragile. Deux familles souveraines, apparentées aux souverains espagnols, prétendent avoir des droits à l'héritage espagnol :
- les Bourbons de France: Louis XIV est le fils d'une princesse espagnole Anne d'Autriche, née en 1601, sœur du roi Philippe IV et tante de Charles II. De plus Louis XIV a épousé une princesse espagnole, sa cousine, Marie-Thérèse d'Autriche, née en 1638, fille du premier mariage de Philippe IV. Louis XIV est donc le cousin germain et le beau-frère de Charles II, qui est le demi-frère de la reine de France. Louis XIV a eu un garçon : Louis dit le Grand Dauphin, qui a eu plusieurs enfants :
- Louis, duc de Bourgogne, destiné un jour à devenir roi de France
- Philippe, duc d'Anjou qui peut hériter de la couronne espagnole (petit-neveu de Charles II)
- Charles, duc de Berry
- Les Habsbourgs d'Autriche : L'empereur Léopold Ier est le fils d'une princesse espagnole, Marie-Anne d'Espagne sœur de Philippe IV et tante de Charles II. Léopold est donc le cousin germain de Charles II. D'un premier mariage avec sa nièce Marguerite d'Espagne, il a eu une fille, Antoinette d'Espagne, qui mariée à Maximilien-Emmanuel de Bavière a un fils, Joseph-Ferdinand de Bavière (petit-neveu de Charles II). D'un second mariage avec une princesse allemande, Eléonore de Neubourg, Léopold a deux enfants mâles :
- Joseph Ier, destiné à lui succéder en Autriche et en Allemagne
- Charles qui peut hériter de la couronne espagnole (arrière cousin de Charles II)
L'héritage espagnol – l’enjeu
Les possessions du roi d'Espagne sont considérables, elles comprennent :
- les royaumes de Castille et d’Aragon ;
- les autres royaumes ibériques (bien que le Portugal eût obtenu son indépendance en 1640) ;
- les provinces catholiques des Pays-Bas (correspondant à l'actuelle Belgique) ;
- le Milanais (duché de Milan), la Toscane, le royaume des Deux-Siciles (soit Naples et la Sicile) et la Sardaigne ;
- l'Amérique du Sud (sauf le Brésil portugais) ;
- l'Amérique centrale ;
- les Philippines ;
- des territoires en Afrique.
La refonte éventuelle de ces suzerainetés, soit dans le royaume de France, soit au sein des possessions héréditaires autrichiennes, aurait bouleversé le fragile équilibre des rapports de force en Europe, tel qu'il avait été institué en 1648 par les traités de Westphalie.
Les Français, les Anglais et les Provinces-Unies souhaitent le démembrement de l'empire espagnol. Les Habsbourg veulent le maintien de l'unité. Charles II veut le maintien de l'unité mais ne veut pas d'un successeur français ou autrichien. En 1698 il choisit le prince Joseph-Ferdinand de Bavière.
De laborieuses tractations
Le moment de la succession semblant imminent, les grandes puissances européennes (sauf l'Espagne) entrent en négociations.
- en 1698, la France et l'Angleterre se mettent d'accord pour un démembrement:
- L'archiduc Charles de Habsbourg recevrait le Milanais;
- Monseigneur, le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, aurait Naples, la Sicile, la Toscane et la Sardaigne;
- Joseph-Ferdinand de Bavière hériterait de l'Espagne, des Pays-Bas espagnols et de son empire colonial.
Le but des Français est de pouvoir échanger les terres italiennes contre la Savoie afin de renforcer la France dans les Alpes. Le but de l'Angleterre est d'empêcher que la France puisse récupérer les territoires des Pays-Bas. Mais le prince de Bavière meurt en 1699.
- en 1699, il y a de nouvelles négociations franco-anglaises, toujours pour un démembrement:
- L'archiduc Charles de Habsbourg aurait l'Espagne, les Pays-Bas espagnols et les colonies
- Monseigneur Louis, le Grand Dauphin recevrait la Lorraine et la Savoie
- le duc de Lorraine, Léopold pour dédommagement aurait le Milanais
- le duc de Savoie, Victor-Amédée pour dédommagement recevrait Naples et la Sicile
L'empereur Léopold IerI exige toute l'Italie pour son fils l'archiduc Charles, les Français recevant alors l'Amérique. Cela ne peut convenir aux Anglais et n'arrange pas Louis XIV. C'est l'échec.
- en 1700, il y a deux nouveaux accords entre la France, l'Angleterre et les Provinces-Unies:
- l'archiduc Charles recevrait l'Espagne, les colonies et les Pays-Bas espagnols;
- le duc de Lorraine recevrait le Milanais;
- Le Grand Dauphin aurait Naples, la Sicile, la Toscane, Guipuzcoa et la Lorraine.
Les règles de succession
Les règles de succession en Espagne étaient déterminées par les lois II, III et V du titre XV de la Partida II de 1263, les lois XL et XLV du Toro de 1505, la loi VI du titre I du Livre II et les lois IV, V et VIII du titre VII du livre V de la Recopilaciòn de 1567. En vertu de ces textes, la Couronne des Royaumes d'Espagne et des Indes se transmettait selon la primogéniture, les femmes étant exclues de la succession tant qu'il restait des héritiers mâles.
Le testament de Charles II
Charles II n'ayant pas de descendance, sa succession posait problème : la généalogie désignait en effet comme héritier le Dauphin, fils de sa défunte sœur aînée Marie-Thérèse, épouse du Roi de France Louis XIV. Prévoyant l'inquiétude que ne manquerait pas de susciter un accroissement de la puissance française, cela dans le contexte d'une détérioration des relations franco-espagnoles au cours des années 1690, Charles envisagea d'abord une solution qui ne favorisait ni la France ni l'Autriche, probables candidates au Trône, et désigna un héritier plus jeune à sa succession : il s'agissait du Duc Joseph-Ferdinand de Bavière (1692-1699), dernier petit-fils de la plus jeune sœur de son défunt père, l'Infante Marguerite ; il fut désigné héritier et élevé au rang de Prince des Asturies. Toutefois, Joseph-Ferdinand mourut avant son grand-oncle et sans descendance : la crise de succession devenait inévitable. Charles II s'était entre temps rangé à l'avis que la Couronne devait être transmise en concordance avec les lois séculaires régissant la succession.
Charles II d'Espagne, dans son Testament du 2 octobre 1700 affirmait : « Considérant, en accord avec les divers avis proférés par Nos Ministres d’État et Nos Magistrats jugeant que les Renonciations à leurs droits respectifs sur nos Royaumes, consenties par les Dames Anne et Marie-Thérèse, toutes deux Reines de France, Notre tante et Notre sœur, n’avaient d’autre motif que leur crainte des conséquences pour l’Espagne d’une réunion avec le Royaume de France ; et considérant que bien que cette inquiétude n’ait plus de fondement, le droit du collatéral le plus proche à succéder au trône demeure en vigueur selon les lois de ces Royaumes ; et considérant que ce droit peut-être revendiqué à présent par le second fils du Dauphin ; par la présente, et en concordance avec ces lois, Nous désignons comme Notre successeur (si Dieu devait Nous rappeler à Lui tel que Nous sommes, sans descendance) le duc d’Anjou, second fils du Dauphin, et Nous le nommons héritier de tous nos Royaumes et Domaines sans exception aucune (…). Soucieux de préserver la paix de la Chrétienté et de toute l’Europe, soucieux du bien-être de Nos Royaumes, Notre intention est que cette Couronne qui est Nôtre et celle de France demeurent à jamais séparées, et à cette fin Nous déclarons solennellement, en Nous référant aux stipulations susdites, que si le dit duc d’Anjou venait à mourir avant que Nous fussions Nous-mêmes rappelé à Dieu, ou s’il devait accéder au Trône de France et préférer cette Couronne à la Nôtre, lors ladite Couronne passerait au duc de Berry, Son frère, et troisième fils dudit Dauphin, et que dans cette éventualité les conditions susdites demeureraient en vigueur. Et que, si le duc de Berry venait à mourir avant que Nous fussions Nous-mêmes appelé, ou s’Il devait accéder au trône de France, Nous déclarons que Notre volonté est de voir passer la Couronne à l’Archiduc, second fils de Notre oncle l’Empereur, par préférence, pour les mêmes raisons que Nous avons données plus haut—et en vertu du même souci que Nous avons exprimé plus haut pour le bien commun—au premier-né de l’Empereur Notre oncle. Et si l’Archiduc venait à mourir avant que Nous fussions appelé à la Vie Eternelle, Nous déclarons que Notre volonté est de voir passer la Couronne au Duc de Savoie et à ses héritiers. »
Ce testament passait manifestement sous silence les droits évidents de la branche Orléans. Le duc d'Orléans en conçut une certaine rancœur : il l’exprima en faisant promulguer le Décret Pragmatique de 1703, au moyen duquel il réaffirmait ses droits. Charles II mourut le 1er novembre 1700. Le testament est connu à Madrid le 2 novembre 1700. Il inquiète les Anglais, mécontente les Autrichiens et embarrasse Louis XIV. Le testament parvint à Fontainebleau le 9 novembre.
Le Conseil d'en haut, consulté, est partagé :
- deux d'entre eux préfereraient accepter le testament : Pontchartrain et le Dauphin;
- deux autres conseillent de refuser : le Marquis de Torcy et Beauvilliers.
Madame de Maintenon, consultée en dernier lieu, est d'avis d'accepter.
Le 16 novembre, Louis XIV accepte le testament de Charles II et fait de son petit-fils le futur roi d'Espagne Phillipe V. Soyez bon Espagnol, c'est présentement votre premier devoir. Mais souvenez-vous que vous êtes né Français pour entretenir l'union entre les deux nations; c'est le moyen de les rendre heureuses et de conserver la paix de l'Europe conseille Louis XIV à son petit-fils. Torcy, Ministre des Affaires Étrangères, fit immédiatement parvenir aux Ambassadeurs des Pays-Bas et d'Angleterre une note stipulant que si le Roi approuvait le Testament, les monarchies de France et d'Espagne demeureraient distinctes.
Mais le 1er février 1701, le Parlement de Paris conserve les droits à la couronne de France de Philippe V, ce qui inquiète les Anglais et les Autrichiens. Au début février Louis XIV fait occuper par l'armée française des places fortes en Belgique ce qui rend furieux les Hollandais.
L'Empereur Léopold Ier (1640-1705), qui contesta immédiatement les droits du duc d’Anjou à la succession, était le dernier fils survivant de l'Infante Marie-Anne, la plus jeune sœur de Philippe IV et d'Anne, Reine de France. Il refusa de reconnaître la validité du testament de Charles II, exigeant qu'on prît acte de la Renonciation des Infantes Marie-Thérèse et Anne à leurs droits sur la Couronne d'Espagne, renonciations qui faisaient de lui le premier dans l'ordre de la succession. Il fut ainsi à l'origine d'un conflit long de quatorze ans, la Guerre de Succession d'Espagne.
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Article détaillé : Guerre de Succession d'Espagne.
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Article détaillé : Succession d'Espagne (1701-1883).
Voir aussi
Bibliographie
- François Bluche: Louis XIV Librairie Arthème Fayard, 1986
Liens internes
- Guerre de Succession d'Espagne (Histoire militaire)
- Renaissance espagnole (Histoire de l'art)
- Maison d'Autriche (des Habsbourg)
- Maison capétienne de Bourbon en Espagne
- Austrophile (partisan de la Maison Habsbourg)
Catégories :- Histoire moderne de l'Espagne
- Guerre de Louis XIV
- Monarchie espagnole
- les Bourbons de France: Louis XIV est le fils d'une princesse espagnole Anne d'Autriche, née en 1601, sœur du roi Philippe IV et tante de Charles II. De plus Louis XIV a épousé une princesse espagnole, sa cousine, Marie-Thérèse d'Autriche, née en 1638, fille du premier mariage de Philippe IV. Louis XIV est donc le cousin germain et le beau-frère de Charles II, qui est le demi-frère de la reine de France. Louis XIV a eu un garçon : Louis dit le Grand Dauphin, qui a eu plusieurs enfants :
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