- Suburitō
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Bokken
Le bokken (木剣? littéralement sabre de bois) ou bokutō (木刀? nom généralement utilisé au Japon) est un sabre japonais en bois reprenant la taille et la forme du katana. Il peut être utilisé avec la garde (tsuba) qui protège les mains, ou sans la garde.
Il sert principalement à l'entraînement dans le cadre des arts martiaux (aïkido, kenjutsu, iaido, kendo, jōdō) comme remplacement à meilleur marché et moins dangereux du sabre. Historiquement, le bokken a également été utilisé dans des situations de combat. Le samouraï Miyamoto Musashi est réputé avoir longtemps utilisé le bokken comme arme de combat, en particulier lors de son duel contre Kojirō Sasaki.
Comme les katana, les bokken ont suivi leur époque, et chaque école traditionnelle historique — Tenshin Shoden Katori Shintō Ryu, Kashima Shinto Ryu, Yagyu Ryu, Yagyu Shinkage Ryu, Hyoho Niten Ichi Ryu, etc — possède des caractéristiques physiques, poids, courbure, longueur, pointe, épaisseur, adaptée à la technique de cette école.
Sommaire
Dénomination
Au Japon, le terme le plus usité pour désigner un sabre de bois est bokutō (木刀?), le terme bokken (木剣?) étant un synonyme plus rare. C'est cependant ce dernier terme qui est le plus utilisé hors du Japon. En japonais, le caractère ken (剣?) s'emploie de préférence au début d'un mot pour les termes ayant un rapport avec l'escrime, comme dans kendō (剣道? Voie du sabre) ou kenjutsu (剣術? Art du sabre). Le caractère katana (刀? se prononce tō dans les associations de plusieurs caractères) est plutôt utilisé comme un suffixe, comme dans shōtō (小刀? sabre court) et daitō (大刀? grand sabre).
Provenance, matériaux et fabrication
La plupart des bokken sont fabriqués en Chine populaire, à Taïwan ou au Japon. Les premiers représentent la majorités des bokken vendus comme jouets ou comme souvenirs, tandis que les bokken taïwanais ou japonais sont plutôt destinés à la pratique des arts martiaux.
Parmi les bokken de fabrication japonaise, 90%[1] sont issus de l'île de Kyushu, en particulier de la ville de Miyakonojō.
Quatre essences sont utilisées dans la fabrications des bokken : le chêne du Japon (blanc, plus dense, ou rouge, plus léger), le néflier (en japonais biwa), le yusu (ou Isu no ki, dont on utilise le cœur, sunuke), et l'ébène[1]. Le chêne fournit un bois dur aux fibres serrées, résistant aux impacts. Le néflier et le sunuke donnent un bois au grain très fin, donc des bokkens à la surface douce. Les bokken en ébène sont plus lourds, très solides et résistants aux chocs. Les chênes servant à la fabrication des bokkens sont âgés d'au moins 70 ou 80 ans, tandis que les autres arbres doivent avoir au moins 200 ans pour disposer de troncs suffisamment importants[1].
Dans la fabrication d'un bokken, le tronc est d'abord coupé en tranches longitudinales, puis mis à sécher à l'air libre pendant un an. Certains fabricants emploient des procédés de séchage mécaniques, qui raccourcissent ce délai à quinze jours, au prix d'une plus grande rétraction des fibres du bois, produisant des bokkens plus sensibles à l'humidité et plus cassants. Un patron permet ensuite de découper mécaniquement la silhouette du bokken dans la tranche de bois, de tailler la pointe et le tranchant (ha). Une fois la forme dégrossie, le bokken est taillé à la main par rabotage successif à l'aide d'une vingtaine de modèles de rabots d'angle et de courbure différents. La finition se fait au papier de verre fin[1].
Les différences entre fabricants se jouent d'abord au niveau de la qualité du bois employé, puis dans le type du cintre des bokken produits, qui diffèrent par l'amplitude de leur courbure et la position du foyer de la courbure (sori, proche de la poignée, au milieu ou proche de la pointe)
À l'origine, les meilleures qualités recherchées pour un bokken se retrouvaient dans les bois « flottés », notamment dans les vieilles rames de bateau en chêne : bois séché très lentement dans ou au contact de l'eau, d'âge respectable et légèrement tordu par l'effort (et non taillé en arc).[réf. nécessaire]
Qualités mécaniques et esthétiques
En tant qu'arme d'entraînement, le type de qualité attendues d'un bokken dépend du type de travail recherché.
Dans le cadre d'un travail de katas seuls ou de travail de coupe, il s'agit de se rapprocher des sensations du sabre. Le bokken employé doit alors avoir un équilibre et un cintre proches de ceux d'un katana. Pour le renforcement musculaire, il existe des bokken (suburito, « sabres pour la coupe ») à la lame épaissie, reproduisant le poids (mais plus l'équilibre) d'un sabre.
Dans le cadre d'un travail à deux partenaires armés (chacun d'un bokken, ou d'un jō dans le cas du jōdō), la résistance aux chocs devient un paramètre important. Le bois du bokken doit se tasser face à un impact, sans produire d'échardes ou d'angles vifs risquant de blesser les deux protagonistes. Pour ce faire, les bokken de qualité sont taillés dans la longueur du tronc, afin que les fibres aillent d'un bout à l'autre du bokken.
La partie du bokken représentant la lame (dite ha) est taillée en fonction de l'usage qui doit en être fait. Dans le cas des arts reposant sur la confrontation armée, la lame est lisse, se terminant en angle aigu, afin de reproduire le même type de contact et de sifflement que les lames en acier des sabres. Dans le cas de l'aïkido, où un des partenaires peut être à mains nues, la lame est arrondie et la pointe aplatie afin de limiter les risques de blessure et de garantir une meilleure résistance aux chocs.
De même, la position du foyer de courbure, qui détermine le centre de gravité de l'arme, est choisi en fonction d'un arbitrage entre maniabilité et puissance de l'arme.
Utilisation
Le bokken est essentiellement utilisé dans certains arts martiaux japonais comme subtitut du katana. Dans le cadre de l'aïkido, il est employé à la fois pour matérialiser des directions de coupe employées dans les techniques à mains nues, dans le cadre de techniques de désarmement et dans le cadre d'exercices où les deux pratiquants sont armés (il s'agit alors de l'aikiken).
Au kendō, le bokken est utilisé pour les katas.
D'après Iwami Toshio Harukatsu, soke de la Hyoho Niten Ichi Ryu, le choix exclusif du bokken par rapport au katana relève d'une optique spirituelle de Miyamoto Musashi qui avait renoncé à tuer[2].
Variantes
Il existe des variantes du bokken, soit destinées à des types de travail technique spécifique, soit représentant des lames de longueur différente de celle du katana. Parmi les plus répandues, on trouve :
- Le suburi bokken ou suburitō. pour reproduire le poids (mais plus alors l'équilibre) du katana dans le cadre d'un travail de la frappe droite (shomen), le suburitō présentent une lame plus épaisse, permettant de développer la musculature, mais pouvant être à l'origine de tendinites.
- Le shoto, un wakizashi en bois.
- En aïkido, on emploie des tantō en bois fabriqués de la même manière que les bokken.
Notes et références
Références
- Jean-Gabriel Brando, « Visite chez Nidome Bokuto Seisakujo : Fabricant traditionnel d'armes en bois au Japon », dans Seseragi, Fédération française d'aïkido et de budo, no 42, février 2008, p. 8-10 (ISSN 1771-2025) [texte intégral (page consultée le 21/10/2008)]
Notes
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