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Automutilation
L’automutilation est le fait pour une personne de s'infliger délibérément des blessures. Elle peut être faite dans plusieurs buts, comme se punir, ou pour se soulager de problèmes personnels ou professionnels.
Sommaire
Définition
Le terme « automutilation » est sujet à débat dans la mesure où il définit une multitude de comportements à la gravité et à la finalité variables, certains impliquant une mutilation irréversible et d’autres une blessure corporelle restant plusieurs dizaines de minutes. Dans tous les cas, les blessures sont infligées seul, sans l’intervention d’un tiers. L’automutilation est listée par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (en anglais : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ou DSM-IV) comme un symptôme du trouble de la personnalité borderline[1] et elle est parfois associée à d’autres troubles psychopathologiques tels que la dépression ou les troubles du comportement alimentaire.
La méthode d’automutilation la plus utilisée est de se couper, mais ce n’est pas la seule et la définition inclut aussi les coups, les brûlures, les éraflures, les morsures, et bien d’autres atteintes corporelles infligées à soi-même.
On ne peut pas parler d’automutilation si la personne qui se blesse le fait dans un but esthétique, sexuel (masochisme), social (rituels d’acceptation dans certaines sociétés, mode), religieux ou spirituel.
Facteurs de risque
Un certain nombre de facteurs sociaux ou psychologiques ont une corrélation avec l’automutilation.
Les diagnostics généralement associés à l’automutilation sont la dépression et le trouble de la personnalité borderline. On remarque également que les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire, de troubles obsessionnels compulsifs, de phobies, de toxicomanie et les personnes ayant des tendances suicidaires sont considérées comme ayant un risque élevé de recourir à l’automutilation. Des formes particulières d'automutilation, souvent plus graves, sont associées à l'autisme et à certaines psychoses.
Les situations de guerre ou d’emprisonnement sont aussi des facteurs de risque majeurs.
Les causes de l’automutilation sont difficiles à déterminer et varient largement d’une personne à l’autre. On note tout de même deux facteurs principaux, mais loin d’être systématiques : les abus sexuels et les invalidations (être critiqué ouvertement, ne pas avoir été encouragé, avoir été souffre-douleur ou tout autre comportement nuisant directement à l’estime de soi).
Les personnes touchées par l’automutilation représentent 0,2 à 2,4% de la population et sont principalement des filles (dans 67 à 97% des cas selon les études), adolescentes ou jeunes adultes. Malgré le nombre relativement élevé de personnes concernées, peu d’informations francophones pertinentes sont disponibles sur ce sujet.
Psychologie
Les personnes qui s’automutilent le font généralement pour mettre fin à des sentiments qui leur sont trop intenses. Il peut s’agir de tristesse, d’angoisse, de colère, de culpabilité, (la blessure est alors souvent infligée comme punition) ou même de sentiments positifs.
La sensation de vide, de perdition et de solitude -parfois conséquence de la dissociation- peut aussi mener à l’automutilation, qui a alors pour but de « ramener à la réalité ».
Ce comportement peut amener à une addiction et la blessure devient alors la réponse immédiate et logique à une situation difficile psychologiquement. L’automutilation a d’ailleurs été classée dans les troubles addictifs en 2006.
Certaines personnes s’infligeant volontairement des blessures ne ressentent que peu voire aucune douleur (couramment dans les cas de dissociation).
Les cicatrices qui peuvent résulter de l’automutilation ne sont que rarement recherchées. Elles finissent le plus souvent par être acceptées comme une preuve de ce qui a été vécu et surmonté, un souvenir.
Traitement
Se blesser volontairement est un comportement qui, loin d’être anodin, est généralement révélateur d’un profond mal être. Dans la mesure où ce comportement aide à surmonter certaines situations ou un quotidien considéré comme trop dur à supporter et permet de retrouver un certain apaisement, un contrôle de soi, il peut devenir une addiction dont il est difficile de sortir ; pour beaucoup de personnes s’installe un phénomène comparable à l’accoutumance, avec une augmentation du nombre, de la fréquence ou de la gravité des blessures.
Assez souvent, on remarque que les personnes qui s’automutilent ont des difficultés à reconnaître, à gérer et à exprimer certains sentiments autrement que par des blessures corporelles. Une première étape peut donc consister à prendre conscience de son mal être et à l’exprimer d’une façon non destructrice, par exemple par l’écrit ou par la parole.
Les proches d’une personne qui s’automutile peuvent agir en étant disponible et à l’écoute, en instaurant une confiance réciproque, en proposant leur aide sans insister mais de manière suivie. Il est essentiel pour les proches d’apporter leur soutien sans juger la personne qui se blesse, sans l’obliger à montrer ses blessures ou la punir en cas de rechute.
Le recours à une aide psychologique est généralement nécessaire. Trouver la thérapie et le psychologue ou le psychiatre qui conviennent peut demander du temps et plusieurs changements. Les traitements médicamenteux sont une aide ponctuelle réduisant le mal être, la fatigue et les tendances suicidaires dans bien des cas mais ne résolvent pas les problèmes à l’origine de l’automutilation. Les personnes qui s'automutilent ne veulent pas se suicider mais bien se punir ou se soulager.
Les rechutes sont fréquentes, les progrès sont souvent lents et effectués « en arrière plan » mais cependant bien réels. Se blesser moins souvent, moins gravement, avoir recours à des méthodes de substitution à l’acte d’automutilation (par exemple dessiner des coupures sur soi ; verser un liquide rouge à l’endroit où l’on a envie de se blesser ; serrer des glaçons dans ses mains) est à considérer comme un progrès significatif. En finir de façon définitive avec l’automutilation demande beaucoup de volonté, or la volonté des personnes qui en souffrent est souvent annihilée par un trouble dépressif. L’automutilation représente l’aspect spectaculaire d’un profond mal-être ; résoudre le problème de l’acte d’automutilation sans comprendre le problème de fond n’est généralement pas suffisant et ne mène alors qu’à le remplacer par d’autres comportements autodestructeurs.
Pour éviter qu'une personne s'automutile, il ne faut pas lui enlever tous les objets qui peuvent être utilisés pour se blesser, sauf en cas de danger vital. En effet, l'automutilation n'est qu'un symptôme, et empêcher les blessures ne résout pas le problème de fond. Sans avoir de substitut pour se soulager ou exprimer son mal-être, être privé brutalement de la possibilité de se faire mal peut aggraver le mal-être, et même provoquer un comportement suicidaire.
Œuvres liées au thème de l'automutilation
- Allein (2004), film de Thomas Durchschlag
- Automutilation (2005), livre de Marion Deville Cavellin
- Ado à fleur de peau (2006), livre de Xavier Pommereau
- Borderline (2008), film basé sur les livres de Marie-Sissi Labrèche
- Crash (1996), film de David Cronenberg
- Dans ma peau (2002), film de Marina de Van
- La peau et la trace (2003), livre de David Le Breton
- La Secrétaire (2003), film de Steven Shainberg
- Le Moi-peau (1995), livre de Didier Anzieu
- Le secret de Dawn (2000), téléfilm de Norma Bailey
- L'ennemi en moi, histoire vraie d'une victime du trouble de la personnalité limite (2008), livre d'Etienne Gervais
- Thirteen (2003), film de Catherine Hardwicke
- Une vie volée (Québec : Jeune fille interrompue) (2000), film de James Mangold
Notes et références
- ↑ DSM-IV, F60.31 [301.83] Personnalité borderline (le critère 5 est la « répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d'auto-mutilations »
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
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