Sophie de Gandersheim

Sophie de Gandersheim

Sophie de Gandersheim (née à l'été ou à l'automne 978[1]; † 30 janvier 1039 à Gandersheim) était la fille de l'empereur Otton II et de l'impératrice Théophane et l'une des sœurs de l'empereur Otton III. Elle fut abbesse de Gandersheim de 1001 à sa mort, et également abbesse d'Essen à partir de 1012.

Sommaire

Biographie

On sait par un acte de donation d'Otton II daté de 979, et qui sur une proposition de l'impératrice Théophane attribuait un fief à l'abbaye de Gandersheim, qu'on confia l'éducation de la princesse Sophie cette même année à l'abbaye. L'abbesse était à cette époque Gerberga, sœur et alliée d'Henri le Querelleur.

Sophie reçut l'habit de moniale en 987, mais un premier conflit de préséance éclata précisément à l'occasion de cette cérémonie entre l'évêque d'Hildesheim Osdag et l'archevêque de Mayence et chancelier d'empire Willigis. Sophie refusait l'idée de recevoir le voile des mains de l'évêque Osdag, mais celui-ci entendait faire valoir ses prérogatives et fit ostensiblement installer sa chaire épiscopale à côté de l'autel. Selon la Vita Bernwardi, un éloge de Bernard d'Hildesheim qui, dans cette première querelle de Ganderseim, prend clairement parti pour Osdag, les deux évêques se seraient déjà affrontés devant l'impératrice, le jeune Otton III et toute la cour. On mit un terme au conflit essentiellement en convenant que les deux évêques tiendraient l'habit pour la princesse, cependant que toutes les autres novices ne recevraient l'habit que de l'évêque Osdag.

Sophie demeura jusqu'en 997 auprès de son frère Otton, qui la désigne dans un décret royal comme « sa sœur préférée » (dilectissima soror[2]) et la couvre de bienfaits, mais disparaît ensuite complètement de l'entourage de l'empereur. Le caractère de Sophie de Gandersheim est décrit par ses contemporains comme intéressé, vénal, fier et autoritaire. Même en faisant la part de la malveillance des sources proches de l'évêque d'Hildesheim après la première querelle de Gandersheim, dans laquelle elle était pleinement impliquée, il reste qu'une indélicatesse survenue plus tard dans son exercice d'abbesse d'Essen reflète certaines faiblesses.

Sophie devint en 1002 abbesse de Gandersheim, comme cela avait certainement été convenu lors de la donation de 979. Sa sœur Mathilde de Germanie, initialement destinée à diriger l'abbaye d'Essen, ayant finalement été mariée au comte palatin Ezzo de Lotharingie pour des raisons politiques vers 990, c'est également Sophie qui succéda à l'abbesse Mathilde II d'Essen, fille de Ludolphe de Souabe morte le 6 novembre 1011. Elle conserva la direction des deux couvents jusqu'à sa mort, survenue le 30 janvier (d'autres sources donnent le 27 ou le 31 janvier) 1039 à Gandersheim. Elle fut inhumée dans la chapelle de cette abbaye.

Abbatiat à Essen

Ce crucifix en émail cloisonné conservé au trésor de la cathédrale d'Essen a probablement été confectionné à la demande de l'abbesse Sophie de Gandersheim.

Depuis la thèse de l'historien allemand Humann, c'est devenu un lieu commun de l'histoire locale de la ville d'Essen que Sophie a négligé ses devoirs à Essen, puisque plusieurs projets initiés par l'abbesse Mathilde comme la fabrication du reliquaire de Saint Marsus, d'un crucifix (le jünger Mathildenkreuz) et peut-être aussi l'érection de l'aile occidentale de la cathédrale d'Essen ne furent achevés que sous l'abbatiat de sa successeur et nièce, Théophane. Sophie aurait préféré le séjour de Gandersheim et n'aurait rien entrepris à Essen, mais les recherches actuelles remettent en cause ce point de vue. En ce qui concerne le reliquaire de Marsus, Humann a montré que les sources écrites étaient fausses. Ensuite, contrairement à son appellation, le « crucifix de Mathilde » n'aurait pas été commandé par l'abbesse Mathilde, mais par l'abbesse Théophane. Il est possible que la soi-disant incurie de Sophie à Essen ne repose que sur des témoignages incomplets. Elle convoqua un synode régional en 1029, auquel assistaient l'archevêque de Cologne et les évêques de Münster et Paderborn, afin de redéfinir l'assiette de la dîme dans la région d'Essen. Dans un décret qu'on a retrouvé par hasard à Nottuln, elle accepte le legs offert par un homme libre et sa famille au diocèse d'Essen. Beuckers [3] révèle d'ailleurs à propos de la croix aux émaux cloisonnés du trésor de la cathédrale d'Essen, que cet objet a été fabriqué vers l'an 1000 par plusieurs ateliers du sud de l'Allemagne, sous le règne de l'empereur Henri II, ce qui implique que seule Sophie de Gandersheim a pu en ordonner la fabrication. Ainsi la réputation traditionnelle d'incurie de la sœur d'Otton III ne résiste-t-elle pas à un examen des faits.

Il est possible que les maigres informations laissées sur les réalisations de Sophie de Gandersheim à Essen tiennent à d'autres causes que sa prétendue indolence : sa prédécesseur Mathilde était en conflit avec l'empereur Henri II. Le vidame d'Essen, le comte palatin Ezzo, qui était également le fiancé d'une sœur de Sophie, avait pris la tête d'une rébellion des barons contre l'empereur, à laquelle l'abbesse Mathilde souscrivait également. En nommant Sophie abbesse d'Essen contre l'avis des moniales, Henri reprenait le contrôle du diocèse avec à sa tête une personne de confiance puisqu'élevée par sa propre tante. L'abbesse qui succéda à Sophie, Théophane, était non seulement sa nièce, mais surtout la fille d'Ezzo, et il ne fait pas de doute qu'elle poursuivit la tradition initiée par l'abbesse Mathilde : aussi les réalisations de Sophie de Gandersheim ont-elles pu être passées sous silence.

Notes et références

  1. D'après un article paru en 1994 dans la revue Archiv für Diplomatik, la seule date qui entre en ligne de compte pour la naissance de Sophie est 977. On peut en déduire que la princesse Adélaïde Ière de Quedlinbourg est sa sœur aînée, ce qui est attesté par la transmission du nom. Un enfant a dû naître en 975, mais n'a pas survécu.
  2. MGH Dipl. Otton III n°255 du 1er oct. 997.
  3. Cf. Farbiges Gold, p. 10 sq.

Sources

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Sophia (Gandersheim) » (voir la liste des auteurs)
  • Thangmar (trad. Georg Heinrich Pertz et al.), Vita Bernwardi episcopi Hildesheimensis, vol. 4 : Annales, chronica et historiæ ævi Carolini et Saxonici, Hanovre, Monumenta Germaniae Historica Scriptores, 1841, in-folio [lire en ligne], p. 754–782 
  • Klaus Gereon Beuckers, Ulrich Knapp: Farbiges Gold - Die ottonischen Kreuze in der Domschatzkammer Essen und ihre Emails. Domschatzkammer Essen 2006, ISBN 3-00-020039-8.
  • Katrinette Bodarwé: Sophia von Essen und die Urkunde von Nottuln. in: Münster am Hellweg. Mitteilungsblatt d. Vereins für die Erhaltung des Essener Münsters. Essen 2003, S. 29ff.

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