Sommet des amériques de québec

Sommet des amériques de québec

Sommet des Amériques de Québec

Le Sommet des Amériques qui eut lieu dans la ville de Québec, au Canada les 20, 21 et 22 avril 2001 était le lieu des pourparlers concernant la proposition de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA). La rencontre est probablement mieux connue pour l'ensemble de dispositifs de sécurité mis en place pour l'événement et pour les nombreuses manifestations civiles qui entourèrent les négociations.

Sommaire

Progrès des négociations

Cette rencontre était la troisième entourant le processus de négociation de la ZLÉA après ceux de Miami, aux États-Unis en 1994 et de Santiago du Chili, au Chili en 1998. Tous les chefs de gouvernements des Amériques étaient présents, excepté Cuba. Le motif officiel de l'exclusion de Cuba est sa non-conformité au critère selon lequel seuls les chefs d'États démocratiquement élus pourront participer aux négociations. Cependant, beaucoup de critiques soutiennent qu'il s'agit d'un prétexte pour écarter Cuba de la Zone de libre-échange, puisque son inclusion rendrait l'embargo américain désuet. En partie grâce à la résistance de certains dirigeants[Qui ?] de pays plus pauvres, aucun accord ne fut entériné lors du Sommet de Québec.

Mesures de sécurité et réponse civile

Préparatifs

Depuis le début, les autorités avaient indiqué leur intention d'utiliser des mesures de sécurité très contraignantes afin de restreindre l'accès au site de la rencontre par les manifestants des différents mouvements altermondialistes, en réaction aux rencontres de Seattle (30 novembre 1999), Prague (26 septembre 2000) et Montréal (20 novembre 2000).

L'érection d'une clotûre de sécurité de près de trois mètres de haut, et de près de quatre kilomètres de long, entourant une partie du centre-ville, incluant la zone des négociations et plusieurs résidences, fut probablement la mesure la plus controversée et décriée de la rencontre.[réf. nécessaire] Seuls les résidents de la zone, les délégués au sommet et certains journalistes accrédités s'étaient vu accorder le droit d'entrée à l'intérieur du périmètre. Les églises et magasins s'étaient vus interdire le droit d'ouvrir leurs portes.

Les forces de sécurité furent fournies par la Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), en collaboration avec les Forces armées canadiennes et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

Événements

Les mouvements de protestation du Sommet de Québec (aussi appelés A20) figurent parmi les plus importantes manifestations altermondialistes à ce jour, rassemblant plus de 20 000 manifestants provenant de partout en Amérique. Les groupes représentés aux manifestations furent nombreux, dont entre autres l'organisation environnementale Greenpeace, le Conseil des Canadiens, les caucus du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Parti québécois, et de nombreux groupes universitaires et de collégiaux provenant de l'ensemble de l'hémisphère.

21 avril -- Marche dans la "zone verte" sur l'autoroute Laurentienne, en direction d'un rassemblement civil près du Colisée de Québec
21 avril -- Manifestation dans la "zone jaune" à l'intersection de l'autoroute Dufferin-Montmorency et de la Côte d'Abraham. La fumée provenant des gaz lacrymogènes et la barrière de sécurité peuvent être aperçus sur cette image.

En plus des visées politiques du mouvement altermondialiste, plusieurs portèrent leur attention sur la division de la ville avec la barrière de sécurité et la répression policière qui entoura les manifestations.

Les manifestants commencèrent à arriver à partir du vendredi 20 avril. Plusieurs de ceux-ci étaient accueillis à l'Université Laval, sur les campus des CÉGEPs de la région ou dans les églises. Quelques affrontements avec la police eurent lieu dans l'après-midi du vendredi, tout comme plusieurs autres rassemblements pacifiques, tels un concert et un dîner végétarien sous l'autoroute Dufferin-Montmorency

Le premier jour de protestations eut lieu le samedi 21 avril. La journée débuta avec l'ouverture du second Sommet des Peuples, un rassemblement éducatif et politique près de la Gare du Palais, dans la Basse-Ville à l'est du site du sommet. Depuis cet endroit, les manifestants marchèrent sur le boulevard Charest en direction nord-ouest, vers la rue de la Couronne. Le nombre de participants à cette grande marche fut évalué entre 50 000 et 150 000 personnes.

Les protestations furent divisés en trois zones:

  • La "zone verte", caractérisant un lieu de manifestation légal avec aucun risque d'arrestation;
  • La "zone jaune", manifestation pacifique et non sanctionnée mais comportant certains risques d'arrestation ou d'affrontements avec la police;
  • La "zone rouge", lieux de désobéissance civile comportant un haut risque d'arrestation.

Ce système fut développé après les manifestations qui eurent lieu à Montréal en novembre 2000. Quoique se voulant pacifique avec un faible taux d'arrestation, celles-ci furent violemment réprimées par la police anti-émeute, à dos de cheval. Ce système de zones fut prévu afin de protéger ceux qui ne souhaitent pas se retrouver en état d'arrestation ou dans un lieu d'affrontements avec la police.

Arrivé à la rue de la Couronne, la marche se divisa, emportant une majorité de protestants vers la "zone verte" au nord, vers le rassemblement prévu devant le Colisée de Québec. Plusieurs autres décidèrent de se rendre dans les zones jaunes et rouges au sud. Parmi les premiers, nombre d'entre eux se disséminèrent à travers l'aire Saint-Jean Baptiste; d'autres marchèrent en suivant la Côte d'Abraham vers l'intersection avec l'autoroute Dufferin-Montmorency, à travers laquelle la clôture passait. Un grand nombre de manifestants pacifiques se rendirent à cet endroit au cours de l'après-midi.

Ceux qui décidèrent de se rendre aux zones jaunes et rouges confrontèrent la clôture de sécurité. Près de quinze minutes après l'arrivée des manifestants aux abords de la zone fermée, joignant le boulevard René-Lévesque, la clôture fut mise à terre. Plusieurs manifestants entrèrent ainsi la zone, appuyés notamment par une catapulte lançant des oursons en peluche, tandis que d'autres s'en prirent immédiatement au cordon policier. Ce dernier finit par céder sous la pression des manifestants et céda sa place à une deuxième ligne de policiers, tous équipés de masques à gas. Sans avertissement, une pluie de bombes lacrymogènes s'abattit sur les manifestants, y compris ceux n'ayant pas franchi la clôture de sécurité.

Même si initialement justifiable, la répression policière devint bientôt sans limites. Les gas lacrymogènes et la confrontation furent utilisés sur les rassemblements pacifiques et sur des citoyens de la ville non impliqués dans les mouvements de protestation. En effet, des bombes lacrymogènes furent larguées si près de la zone verte que des gens occupés à magasiner furent forcés à quitter, étouffant dans les fumées. Une bombe fut même larguée à l'intérieur d'une résidence, où son occupant dût rapidement mettre son enfant de six mois à l'abri des gas.

La répression policière prit plusieurs formes: en plus des bombes lacrymogènes largement utilisées, la police utilisa à plusieurs reprises un canon à eau et des fusils à balles en plastique pour disperser les manifestants violents tout comme pacifiques, incluant les équipes médicales affairées à aider les blessés.

Parmi les autres formes d'interventions tactiques de la part des forces policières, on dénombre notamment les arrestations ciblées de figures connues des mouvements d'opposition et l'expulsion du centre des médias alternatifs du Québec (CMAQ). Le gas lacrymogène fut à ce point utilisé que les délégués à l'intérieur même des lieux de la réunion furent incommodés par la fumée. Le mur de sécurité fut mise à bas en plusieurs occasions par les manifestants, même si les incursions à l'intérieur de l'enceinte protégée furent relativement réduites.

Les protestations continuèrent durant la nuit. En plus des manifestations pacifiques et des nombreux actes de désobéissance civile, quelques manifestants s'en prirent aux devantures de magasins et aux panneaux publicitaires. Le largage de bombes lacrymogènes continua, même en des endroits où aucune protestation n'avait lieu, tout comme les affrontements directs avec les manifestants.

Les manifestations prirent fin le dimanche 22 avril, avec la fin de la rencontre.

Réponse aux événements

21 avril -- La police anti-émeute larguant des bombes lacrymogènes aux manifestants

La police se justifia en disant que ses actions visaient à protéger les délégués des tentatives d'infiltration de manifestants en "zone rouge" à travers la barrière de sécurité et à prévenir certains manifestants violents de s'en prendre à la propriété d'autrui, à la police, aux médias ou même aux autres manifestants. Entre 12 et 40 policiers auraient été blessés.[1],[2]

Plusieurs manifestants[Qui ?] accusent la police d'avoir utilisé une force excessive, disant que l'usage de gaz lacrymogènes et de balles de caoutchouc était complètement disproportionné au niveau de violence rencontré sur place et que souvent, ceux-ci furent utilisés contre des manifestants pacifiques. Plusieurs personnes furent blessées par les balles de caoutchouc et de plus, disent-ils, les bombes lacrymogènes furent souvent larguées directement sur des manifestants, en violation des protocoles régissant leur utilisation. Plusieurs[Qui ?] critiquent également les actions des autorités des centres de détention. Globalement, le mouvement altermondialiste décrit les actions de la police durant le Sommet de Québec comme une tentative de suppression de la dissidence et du droit d'opinion.

Les opérations des services secrets furent également très critiqués: par exemple, Joan Russow, alors le chef du Parti vert du Canada, fut arrêté en tentant de photographier la prison où les manifestants seront détenus par la suite. Certains[Qui ?] disent également que des manifestants de renom, tels Jaggi Singh furent arrêtés par des agents en civil alors qu'ils participaient à des actions légales loin des affrontements avec la police.

Une plainte officielle envers la GRC fut formulée par le député néo-démocrate Svend Robinson. Le 13 novembre 2003, la présidente de la Commission des plaintes publiques à la GRC, Shirley Heafey, déclara:

« [...] les membres de la GRC utilisèrent une force excessive et injustifiée dans leur usage de gaz lacrymogène pour déplacer les manifestants quand une réponse plus appropriée aurait pu être mise à l'épreuve en premier. »

La commission recommanda notamment une amélioration des techniques de contrôle des foules, une action disciplinaire contre certains agents et des excuses formelles aux manifestants.


Annexes

Notes et références

  1. "Nouvelle nuit d'émeute à Québec", 22 avril 2001, LCN
  2. "Les principales manifestations altermondialistes depuis 1999", Le Nouvel Observateur


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