Groupe de défense des droits des détenus de Québec (GDDDQ)

Groupe de défense des droits des détenus de Québec (GDDDQ)

Groupe de défense des droits des détenus de Québec (GDDDQ)

Le Groupe de défense des droits des détenus de Québec (GDDDQ) est un organisme à but non lucratif fondé en 1977 par des personnes préoccupées par les conditions de détention. Situé à Québec, le Groupe intervient auprès des personnes incarcérées de l'ensemble des établissements correctionnels du Québec, de même que leurs proches.

Regroupant des membres qui estiment que le système correctionnel doit s'ajuster à des valeurs plus humaines visant la réparation, la réhabilitation et la réinsertion sociale, le GDDDQ croit en une meilleure utilisation des mesures alternatives à l'incarcération et prône le respect des droits des personnes incarcérées.

Les grands mandats du GDDDQ sont la promotion et le respect des droits des personnes incarcérées ainsi que la sensibilisation de la population aux réalités entourant le milieu carcéral. Ses actions contribuent à la reconnaissance de la personne incarcérée comme citoyenne à part entière.


Sommaire

Actions de l'organisme

Service d'information et d'intervention téléphonique

Le GDDDQ offre un service d'information et d'intervention téléphonique qui s'adresse aux personnes incarcérées, à leurs proches ainsi qu'à toutes personnes qui se questionnent sur la détention ou sur les lois et les règlements qui régissent le milieu correctionnel québécois. Le GDDDQ informe les personnes détenues de leurs droits, des recours mis à leur disposition, tout en les soutenants dans leurs démarches afin de les faire valoir.


Rencontres en milieu carcéral

Le GDDDQ anime des rencontres de groupe au sein de la population carcérale de l'Établissement de détention de Québec. Le but premier de ces rencontres est d'informer les personnes incarcérées de leurs droits et obligations ainsi que des organismes et des recours leur permettant de faire valoir leurs droits.


Activités de sensibilisation

En partant du principe qu'une population mieux informée est une population plus ouverte, le GDDDQ organise des activités de sensibilisation auprès de la population.


Conditions de vie des personnes incarcérées

Le GDDDQ travaille, seul ou en concertation avec d'autres organismes du milieu, sur certains dossiers tels la surpopulation en milieu carcéral, la privatisation d'établissements correctionnels, la pauvreté et les soins de santé offerts aux personnes incarcérées. Le GDDDQ effectue diverses recherches reliées à l'incarcération et assure un suivi rigoureux de l'actualité et des activités législatives.

Valeurs

La reconnaissance et le respect des droits des personnes incarcérées

Le GDDDQ prône le respect des droits reconnus aux personnes incarcérées tant par les lois et règlements du Québec et du Canada que par les chartes et traités internationaux. Pour l'organisme, la question des droits des personnes incarcérées n'entre pas en opposition avec les droits des victimes. Il s'agit de droits fondamentaux reconnus qui, dans l'optique d'une réinsertion sociale et d'une société moderne, se doivent d'être respectés. L'incarcération n'enlève à une personne que son droit de liberté[1].


La réinsertion sociale

Le GDDDQ considère que le système correctionnel doit remplir pleinement son rôle de réinsertion sociale en offrant aux personnes contrevenantes les outils et programmes nécessaires à leurs démarches de réinsertion sociale.


La prévention de la criminalité

Le GDDDQ estime que la lutte à criminalité doit passer par la prévention en s’attaquant à ses causes, notamment la pauvreté, le décrochage scolaire et la toxicomanie.


Les alternatives à l’incarcération

Le GDDDQ considère que l'incarcération ne devrait être utilisée qu'en dernier recours, lorsque la sécurité du public le requiert. Il soutient donc les alternatives à l'incarcération et appuie fortement leur développement. Ces sanction intermédiaires peuvent prendre diverses formes, telles que l'emprisonnement avec sursis, les travaux communautaires et compensatoires, l'amende, la probation ou encore la surveillance électronique.

Fondation – Contexte historique

La naissance, en 1977, du Groupe de défense des droits des détenuEs de Québec s’inscrit dans la foulée de la montée du mouvement communautaire des années 1960-70. Durant ces années, plusieurs individus constatent que "l'émergence de l'État moderne n'entraîne pas automatiquement la disparition de la pauvreté, de la discrimination, de l'exploitation [et] que si notre modèle de développement économique produit un accroissement de la richesse collective, il produit du même souffle l'accroissement des inégalités, des exclusions."[2]

La question des droits des citoyens incarcérés n’est peut-être pas nouvelle, mais c’est vers la fin des années 1970 qu’elle prend de l’ampleur alors que certains criminologues s’intéressent au système carcéral et à l’utilisation de la détention. Durant ces années, le rapport du Comité canadien de la réforme pénale et correctionnelle (rapport Ouimet) de 1969 critique sévèrement la prison. Ce comité révèle que la prison crée la récidive et ne favorise nullement la réhabilitation sociale.[3]

Par ailleurs, la commission d’enquête sur l’administration de la justice en matière criminelle et pénale au Québec (le rapport Prévost 1968-1970) scrute le système de justice pénale sur une période de deux ans. À cette époque, la critique la plus virulente à l’endroit du système carcéral est que la prison est l’école du crime. Le Québec était d’ailleurs, dans les années 1960, la province qui incarcérait le plus au Canada.[4]

Campagnes et actions

Dès 1977, le Groupe de défense des droits des détenuEs de Québec réclame des autorités carcérales le droit à la justice, à l’information et le respect de l’intégrité individuelle. Il exige de faire connaître aux personnes incarcérées les règlements touchant la détention, élément fondamental puisque la violation de ces règles entraînait des mesures disciplinaires. Le Groupe demande également que les personnes convoquées devant le comité de discipline puissent préparer leur défense et bénéficier de la présence d’une personne de leur choix lors de leur comparution.

Lors de l'élection générale québécoise de 1981, le GDDDQ dénonce le refus d’accorder le droit de vote aux personnes incarcérées dans les pénitenciers fédéraux, droit pourtant accordé lors du référendum de l’année précédente au Québec.[5] Pour le Groupe, ce droit représente une façon de responsabiliser les citoyens incarcérés. Il faudra attendre jusqu'en 2002 pour que le droit de vote soit finalement accordé à l'ensemble des détenus au Canada.[6]

En juin 1986, le GDDDQ se joint à la coalition contre le retour de la peine de mort au Canada et dirige le mouvement dans la région de Québec. Il met sur pied une vaste campagne de sensibilisation et fait circuler une pétition contre le rétablissement de la peine capitale. Finalement, le 30 juin 1987, les députés de la Chambre des communes votent massivement contre le rétablissement de la peine capitale, rejetant la motion par 148 voix contre 127.[7]

En 1996, le GDDDQ en partenariat avec CKIA Radio Basse-Ville se lance dans un projet de radio mettant en vedette des personnes incarcérées du Centre de détention de Québec. Cette émission baptisée « Les Souverains d’Orsainville » se veut une façon de créer des ponts entre la communauté et les personnes incarcérées.[8]

En janvier 1999, le Groupe de défense des droits des détenuEs de Québec participe aux consultations faites par le Protecteur du citoyen dans le cadre de son enquête sur les Services correctionnels du Québec. Dans son rapport, le Protecteur du citoyen constate que la situation certes changé depuis son premier rapport sur les services correctionnels en 1985, mais qu’elle s’est aussi détériorée sous plusieurs aspects. Le Protecteur note également la détérioration des conditions de vie des personnes incarcérées.[9]

Dans le cadre du Sommet des Amériques de 2001 à Québec, le ministère de la Sécurité publique du Québec a annoncé que l’ensemble des places au Centre de détention de Québec seraient libérées afin d’accueillir d’éventuels manifestants. Le GDDDQ obtient l’engagement du ministre que les revenus des personnes incarcérées travaillant aux ateliers soient maintenus advenant un transfert et que les soins de santé soient assurés par la transmission d’une fiche de santé et d’une liste de médicaments à l’établissement d’accueil. Aussi, une carte d’appel sera fournie aux personnes incarcérées afin de limiter les coûts d’interurbains pour leurs familles et l’accès au processus d’évaluation d’absence temporaire sera maintenu pour tous.[10]

En 2004, le GDDDQ se joint à un comité d’experts, formé par l'Association des Services de Réhabilitation sociale du Québec, chargé d’étudier la question de la privatisation des prisons au Québec.[11] Après analyse, le comité s'oppose non seulement à la privatisation des établissements correctionnels, mais également à la construction de nouvelles prisons.[12]

En 2005, à la suite de la mort d’un détenu à la prison de Québec en raison d’une erreur de médication, le GDDDQ réclame une enquête publique sur l’administration des soins de santé offerts dans les prisons du Québec.[13] Le GDDDQ dénonce vivement le manque de ressources médicales dans les centres de détention.[14]

Lors de son trentième anniversaire de fondation, en 2007, l'organisme organise un concours d'écriture auprès des personnes incarcérées à l'Établissement de détention de Québec. Les détenuEs sont invités à exposer leur vision de l'avenir des services correctionnels au Québec. Les trente meilleures idées sont présentées dans le cahier souvenir du GDDDQ ainsi que sur son site Internet.[15]

Publications

Le GDDDQ publie un bulletin d’information trimestriel destiné à toute personne qui désire être informé sur la réalité du milieu carcérale, la criminalité et la justice. Ce bulletin est disponible pour les membres et les abonnés. Certains dossiers et documents de recherches sont également accessibles via son site Internet.

Notes et références

  1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Prison
  2. BÉLANGER, Lucie et al. Le mouvement communautaire autonome n’est pas né d’hier (bref rappel historique). Le Secrétariat d’État à l’action communautaire autonome, 1995, p. 1
  3. LALANDE, Pierre. Évolution des politiques pénales et du discours à propos de l'emprisonnement au Canada et au Québec : de 1969 à 1999, Direction générale des services correctionnels, Ministère de la Sécurité publique du Québec, 2000, p. 6
  4. Lalande, Pierre. Op.cit., p. 27
  5. BERNHEIM, Jean-Claude et Renée Millette. "Le droit de vote des détenu-e-s", dans Criminologie, vol. 24, n° 1, 1991, p. 33-48. sur http://www.erudit.org/revue/crimino/1991/v24/n1/017301ar.pdf
  6. Radio Canada. La Voix des détenus, sur http://archives.radio-canada.ca/politique/elections/dossiers/1443-9443/
  7. Radio-Canada. La peine de mort au Canada, sur http://www.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/peinedemort/
  8. http://www.souverains.qc.ca/aroradio.html
  9. LANGLOIS, Denis. Rapport du Protecteur du citoyen sur les services correctionnels du Québec, Le Protecteur du citoyen, 1999, p. 1-11
  10. Radio Canada. Opposition au déplacement des détenus de Québec, 1 février 2001, sur http://www.radio-canada.ca/regions/quebec/nouvelles/2002/archives/index.asp?val=14199
  11. http://asrsq.ca/fr/salle/communiques/salle_com_041027.php
  12. http://asrsq.ca/fr/pdf/dos_pri_pos_pri.pdf
  13. RACINE, Jean-François. "Le décès de Steeve Germain : Le GDDDQ demande une enquête", dans Le journal de Québec, 16 décembre 2004, p. 20
  14. GAUDREAU, Valérie. "Prisonnier décédé : Pénurie de ressources", dans Le Soleil, 9 décembre 2004
  15. 30 idées d'avenir : la prison de 2037, sur http://gdddq.org/concours_idees.htm

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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