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Solidarisme
Le solidarisme[1] est une philosophie de pensée due à Léon Bourgeois au début du XXe siècle. Le terme est issu du mot solidarité. Le solidarisme est la « responsabilité mutuelle qui s'établit entre deux ou plusieurs personnes » ou encore un « lien fraternel qui oblige tous les êtres humains les uns envers les autres, nous faisant un devoir d'assister ceux de nos semblables qui sont dans l'infortune ».
La philosophie de la solidarité selon Bourgeois peut seule favoriser la construction d'une République de la main tendue contre le poing fermé, de la mutualité « règle suprême de la vie commune » contre la charité réduite à « une pitié agissante ». C'est au nom de la solidarité qu'il défendra le principe de l'impôt sur les successions, sur les revenus et la mise en place d'une retraite pour les travailleurs[2].
Sommaire
La philosophie solidariste
Le solidarisme sera la réponse à la fois au libéralisme et au socialisme, mais une réponse aussi moderne que le marxisme. Ces deux théories se proposent l'une comme l’autre de penser le changement contre la tradition incarnée par la pensée monarchiste et contre cette autre transcendance qu’est le libéralisme. Ici ce n’est ni Dieu ni le roi qui organise la relation des hommes entre eux, mais cette autre force occulte qu’est la main invisible du marché[réf. nécessaire]. Mais d’abord pourquoi la bourgeoisie républicaine de cette fin de XIXe siècle a-t-elle besoin d’une doctrine ? Tout d’abord parce que la révolution de 1848 et son effondrement dans le présidentialisme du second Empire, mettent fin à la grande illusion ouverte par la révolution de 1789. Après 1848, et plus encore après la répression sanglante de la Commune de Paris, la république ne peut plus prétendre pouvoir offrir une réponse globale à tous les problèmes rencontrés par la vie en société.
La génération de 1789 avait pu encore laisser derrière elle l’illusion que toutes les virtualités ouvertes par la liberté, l’égalité et la fraternité républicaines, avaient été contrariées par la main de l’ennemi et non par les limites propres à la république. 1848 voit mourir l'illusion selon laquelle il suffirait d’établir la liberté par le suffrage universel masculin, pour établir l’égalité et la fraternité entre les hommes. En 1848 surgit, non pas un spectre qui hantera l’Europe, mais une question laissée sans réponse par les hommes de la IIe République : la question sociale. Dès lors, l’idéal républicain sera combattu par un autre idéal égalitaire : l’idéal socialiste, porté par des hommes comme Barbès, Blanqui ou Raspail.
La question sociale, que le progrès continu des libertés publiques ne suffira pas à éteindre, pose à la démocratie cette équation qu’elle n’a toujours pas résolue aujourd’hui. Comment la conquête de la souveraineté politique, comment une société qui en droit pose les hommes comme étant égaux entre eux, peuvent-elles modifier très concrètement les conditions de vie, réduire les écarts de fortune ou de conditions entre des citoyens également libres ? Autrement dit, pour les hommes de la IIIe République – mais ceux de la Ve semblent encore plus désarmés théoriquement –, la question sociale peut-elle être autre qu’insoluble ? 1848, avec l’instauration du suffrage universel masculin, est en effet une date charnière. Désormais, comme le note Jacques Donzelot dans L’Invention du social: « En se rencontrant pour la première fois, l’idéal républicain d’égalité, de liberté et de fraternité et la forme démocratique dessinée par les contours du suffrage se revendiquant comme universel conduit à l’éclatement du droit comme instrument privilégié de l’organisation républicaine de la société. Le droit rassemblant des citoyens égaux contre les privilèges de quelques-uns ne rassemble plus mais divise et il divisera sur cette question du droit au travail. » Les hommes de la IIIe République vont être alors confrontés à un nouveau problème qui sera de légitimer l’intervention de l’État, comme expression de la volonté générale mais dans le respect de la liberté de chacun.
L'impact du solidarisme sur la Mutualité
La mutualité, rendue à sa liberté par la charte de 1898 et unifiée par la création de la Fédération nationale de la mutualité française en 1902, doit davantage à l'action de la gauche républicaine et maçonne qu’à celle du mouvement ouvrier quand bien même résonne encore dans cette mutualité l'écho des idéaux révolutionnaires poursuivis par Blanqui, Proudhon et quelques autres. Les pères fondateurs, Hippolyte Maze, Jules Arboux, Léopold Mabilleau et Léon Bourgeois, sont tous préoccupés de donner à cette nouvelle république naissante les fondements théoriques qui lui permettront de s’imposer durablement face à ses concurrents libéraux et marxistes.
Le solidarisme d'extrême droite
Sans lien réel ni filiation avec la courant de Léon Bourgeois l'Union solidariste est le nom pris par le groupe de militants solidaristes rassemblés autour de Jean-Pierre Stirbois et Michel Collinot en 1975. Ces militants venaient essentiellement du Groupe action jeunesse (GAJ), du Mouvement solidariste français (MSF) et du Mouvement jeune révolution (MJR). Leur slogan était : « Nationaux, solidaristes, unis, vaincront ! ». En 1977, l'Union solidariste rejoignait le Front national et Jean-Pierre Stirbois en deviendra le secrétaire général en 1981, où il maintiendra une tendance dite « solidariste ».
À partir de 1967, ces idées se forment autour d'un refus du matérialisme et du système des blocs impérialistes américain et soviétique, ainsi que dans l'adhésion à un certain proudhonisme vigoureusement anti-marxiste, dans l'idée d'indépendance nationale[3].
Lien externe
Notes et références
- ↑ Léon Bourgeois : du solidarisme à la Société des Nations par Alexandre Niess, Maurice Vaïsse (dir.), Editions Guéniot, 2006
- ↑ Léon Bourgeois : fonder la solidarité de Serge Audier. Ed. Michalon.
- ↑ Le Mouvement solidariste français
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