Singe-écureuil

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Saïmiri

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Saïmiris
 Saïmiri commun (Saimiri sciureus)
Saïmiri commun (Saimiri sciureus)
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Primates
Famille Cebidae
Sous-famille Cebinae
Genre
Saimiri
Voigt, 1831
Références
ITIS : tsn 180094 (en)

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Les Saïmiris sont les 5 espèces de petits singes du genre Saimiri.

Sommaire

Vie sociale

Quelques espèces de primates, comme le Gélada dÉthiopie et le Mandrill du Gabon, affectionnent la vie en vaste communauté. Un tel comportement se retrouve aussi chez le saïmiri (genre Saimiri), le plus grégaire des singes du Nouveau Monde. Il évolue en troupes de 30 à 70 membres, certaines incluant parfois plusieurs centaines individus. Ce gabarit léger de moins dun kilo illustre bien les avantages alimentaires et sécuritaires liés au grégarisme. De nombreux éclaireurs facilitent le repérage des aliments. Les guetteurs détectent la présence des prédateurs (rapaces) et poussent des cris aigus en cas de danger imminent. Ces cris dalarme servent également pour signaler lintrusion dune bande rivale sur le site dalimentation.

Description

Le saïmiri a une fourrure grise à olivacée avec des teintes noires et dorées. Sa petite tête ronde caractéristique présente un masque oculaire blanc et un museau noir. Cest pour cette raison que les Allemands le surnomment le « petit singe à tête de mort ». La longue queue verdâtre est noire sur sa moitié terminale et plus touffue à son extrémité : elle est préhensile chez les enfants mais ne lest plus à lâge adulte. Le mâle diffère peu de la femelle sauf au niveau des dents, le mâle ayant des canines supérieures longues, effilées et sillonnées, séparées par un large diastème alors que celles des femelles sont plus courtes et séparées par un diastème étroit (le dimorphisme sexuel affecte aussi les canines inférieures et les prémolaires inférieures). Svelte et gracile, actif et curieux, agile et malin, le saïmiri possède le plus gros cerveau pour un être vivant, proportionnellement à sa taille, et sa boîte crânienne est allongée (dolichocéphalie). À la naissance, du fait dune période de gestation étendue, le petit pèse 17% de son poids adulte et son développement cérébral est déjà bien avancé.

Déplacements et alimentation

Cette pile électrique ne sarrête presque jamais et mérite bien son surnom de singe-écureuil. Cest un régal pour lobservateurmais pas pour le scientifique qui veut létudier, surtout lors des longues migrations saisonnières ! Il marche, court, saute à tous les niveaux de la forêt en ordre dispersé et les membre sactivent de façon désynchronisé. Le saïmiri se déplace sur quatre pattes dans la canopée et se déplace par bonds dans les strates inférieures. Il urine sur ses pieds et ses mains à la fois pour améliorer son « grip » (pouvoir accrochant) et pour déposer son odeur.

Le groupe largement déployé inspecte feuille par feuille chaque arbre en quête darthropodes. Le saïmiri capture ses proies à la vitesse de léclair et rate rarement sa cible. Lors de la saison humide, ce maître insectivore est suivi à la trace par divers oiseaux, comme lopportuniste milan bidenté (Harpagus bidentatus) et les grimpars (famille des dendrocolaptidés), qui profitent du dérangement occasionné par la troupe pour gober les insectes qui senvolent. Les dents fines du saïmiri et son intestin court sont faits pour croquer et digérer les insectes et les petits fruits mûrs (figues). Le nectar constitue une nourriture dappoint importante chez ces primates.

Habitat

Le saïmiri habite essentiellement dans la forêt pluviale de plaine, secondaire plutôt que primaire, mais il fréquente aussi les forêts-galeries le long des cours deau, les mangroves et les villages. Daprès Boinski, les saïmiris sont les singes néotropicaux les plus « flexibles » eu égard à lhabitat. Ils peuvent abonder tout le long de lannée dans la várzea, envahissant saisonnièrement la terra firme, à la différence de leurs rivaux capucins et sapajous qui occupent de façon inverse ces deux types forestiers.

Taxonomie

On connaît une seule espèce fossile (Neosaimiri fieldsi) du miocène moyen, clairement rattachable aux saïmiris modernes. Le primatologue Philip Hershkovitz a réparti les saïmiris en deux groupes en fonction de la forme de larc créé par la zone de poils blancs et de peau dépigmentée autour des yeux : dans le type Roman (saïmiri de Bolivie), le masque pâle est continûment arrondi et des poils sombres reviennent vers le dessous des yeux, tandis que dans le type Gothique (les autres espèces), une triangle allongé de poils noirs issu de front partage le masque clair juste au-dessus des yeux. Toutefois, cette distinction ne reflète pas la réalité évolutionnaire et les taxonomistes distinguent aujourdhui 5 espèces : le saïmiri commun (S. sciureus), le saïmiri à dos doré (S. ustus), le saïmiri noir (S. vanzolinii), la saïmiri de Bolivie (S. boliviensis) et le saïmiri dAmérique centrale (S. oerstedii). Certains nen reconnaissent que 4 (Boinski) voire seulement 2 (Costello).

Une pipelette qui aime la conversation

Le saïmiri a des contacts tactiles de courte durée (épouillage mutuel, salut en se reniflant, pelotonnage) quil compense par une communication vocale élaborée. Très bruyant, il passe pour le plus bavard des singes sud-américains. 26 appels ont été répertoriés, répartis en 6 classes : gazouillis et caquètements en guise de cris de contact ; pépiements et couinements pour réclamer le contact ou pour exprimer la soumission et la frustration ; jappements, gloussements et piaulements comme cri dalarme ; ronflements, grondements et crachements de menace ; gémissements, croassements et cris perçants en guise de protestation ; ronronnements et cris rauques durant laccouplement.

Il nexiste pas dappel territorial longue-distance et la fréquence des cris sétablit généralement autour de 12kHz. Lappel principal (chuck call) consiste en une séquence bien ordonnée ressemblant à un piaulement initial suivi dun jappement et terminé par une sorte de caquètement, il en existe plusieurs types et sous-types, il convoie des informations sur lidentitié de lémetteur et sur lenvironnement lors de la recherche alimentaire.

Ces primates réalisent de véritables dialogues coordonnés et certaines femelles amies entretiennent des conversations privées. Au sein dune même espèce, les vocalisations diffèrent dune région à une autre et chaque population possède quelques appels « personnels ».

Démonstration génitale

Pour réaffirmer sa supériorité, le saïmiri entrouvre la cuisse pour mettre en évidence son appareil génital. Cette démonstration génitale typique (ouverture latérale de la jambe, forte supination du pied avec abduction du gros orteil et érection pénienne ou clitoridienne), pratiquée par les deux sexes, fut utilisée dabord dans un contexte sexuel, avant de devenir un signal social ritualisé intervenant dans diverses situations agonistiques et de dominance. En exposant son pénis, le mâle supérieur impressionne visuellement un congénère. Sil se trouve près de lui, il peut poser la main sur le dos du dominé. Parfois, le dominant rapproche son pénis du subordonné et va jusquà uriner sur lui. En captivité, le saïmiri adopte une posture dapaisement similaire à celle du chien, allongé sur le dos et cuisses ouvertes, les organes génitaux étant totalement exposés.

Selon la terminologie de Philip Hershkovitz, le saïmiri commun (S. sciureus) procède à une démonstration « ouverte » tandis que le saïmiri de Bolivie (S. boliviensis) sadonne à une démonstration dite « fermée » dans laquelle il referme sa jambe autour de la tête de lanimal visé.

Chez le saïmiri de Bolivie, cette démonstration est assez souvent effectuée par un seul individu mâle, soit à ladresse dun mâle subordonné qui se soumet en se recroquevillant et en produisant parfois un gazouillis soit à ladresse dune femelle comme préliminaire à linspection des parties génitales (reniflement de la vulve afin de tester la réceptivité) mais elle peut aussi bien être réalisée par une femelle (qui dévoilera ainsi son clitoris érigé) ou par plusieurs individus à lencontre de rivaux ou détrangers.

Ô lieux, ô mœurs

Bien malin qui pourrait distinguer au premier coup dœil les diverses espèces de saïmiris. Des analyses génétiques (ADN) révèlent lexistence dau moins trois espèces certaines : le saïmiri commun, le saïmiri de Bolivie et le saïmiri dAmérique centrale. Létude de leurs mœurs dans la nature, comme celle effectuée par Sue Boinski de lUniversité floridienne de Gainesville, vient appuyer cette différentiation.

Le saïmiri commun, présent dans tout le nord de lAmérique du Sud, se comporte dans les forêts du Surinam en individualiste opportuniste. Le mâle alpha sarroge le meilleur bouquet de fruits dans un arbre, sempiffrant jusquà plus faim. À ses trousses, un gang désuni dune douzaine de mâles subordonnés se partagent les restes quand ils ne se bagarrent pas. Les cicatrices aux mains, les bouts de queue et doreilles manquants ainsi que les boiteries attestent de cette féroce compétition. Ces voyous nhésitent pas à venir voler la nourriture dans la bouche des femelles et les contraignent parfois à des interactions sexuelles. Curieusement, les femelles, qui émigrent, ne forment pas dalliances fortes pour contrecarrer les mâles (on ignore exactement pourquoi), recherchant seules les fruits et insectes dont elles se nourrissent. Ici, la stratégie du chacun-pour-soi leur suffit pour élever convenablement leurs enfants, en dépit du climat agressif.

À linverse, le sexe faible a pris le pouvoir chez le saïmiri de Bolivie, les femelles dominant les mâles. Au sud-est du Pérou, elles évoluent dans un environnement leurs fruits préférés sépanouisent sur des bouquets forestiers assez étendus pour être défendus. Aussi, les femelles choisissent-elles de sunir en sociétés matrilinéaires pour les défendre contre les autres groupes. Les mâles, non apparentés et très hiérarchisés, forment de petites alliances durables pour améliorer leur statut intra et intergroupe.

Le saïmiri dAmérique centrale offre une troisième voie : au Costa Rica, sa nourriture préférée étant disséminée de façon éparse sur des petits lopins quil serait vain dessayer de défendre (tous), les femelles nont aucun intérêt à sentraider et cest au contraire les mâles qui vivent en patrilignées pour mieux rassembler et saccaparer ces ressources sexuelles éparpillées. Pour cette raison, le système social de cette espèce apparaît relativement égalitaire et pacifique.

Ainsi, lécologie, à travers la saisonnalité de lhabitat et la compétition pour laccès aux ressources, influence-t-elle lorganisation sociale des saïmiris, au même titre que les variations locales du taux de prédation, sans pour autant lexpliquer entièrement. Létude de ces primates, toujours extrêmement difficile, dans dautres régions pourrait révéler des surprises.

Grossir pour lamour

Les saïmiris se reproduisent chaque année. Leur rythme reproductif est corrélé aux cycles des pluies, labondance des fruits correspondant souvent à la période des naissances. On pense quil est aussi lié au taux dhumidité et à la luminosité, car on assiste à des modifications comportementales lorsque ces animaux sont transportés dans lhémisphère Nord.

La saison des amours sétale sur trois mois et est suivie, six mois plus tard, par celle des naissances. Durant la période de reproduction, la spermatogenèse saccentue et les mâles grossissent (jusquà 30% de surpoids, stocké dans lavant-train) avec un poids maximal atteint au moment des premières copulations. Le plus gros dentre les gros devient le mâle alpha pour la saison des amours et, chez le saïmiri dAmérique centrale (S. oerstedii), il soctroie jusquà 70% des copulations avec les femelles en chaleur, quasi-monopole acquis grâce à la déférence des mâles subordonnés (qui lui sont apparentés) mais aussi par le choix des femelles elles-mêmes.

Mère indigne ?

Les jeunes saïmiris peuvent passer jusquà 30% de leur temps hors des bras de leur mère durant les six premiers mois de leur existence. Lallomaternage commence dès les deux premières semaines. Dans la nature, ces auxiliaires sont des femelles juvéniles (daprès Dumond). En captivité, daprès Lawrence Williams qui a étudié le saïmiri de Bolivie (S. boliviensis) en laboratoire, la moitié sont des jeunes femelles adultes de 4-6 ans, celles de 7-9 ans ne représentant que 20% environ. Les femelles ayant perdu leur enfant représentent la grande majorité des nurses.

Pourquoi la mère soccupe-t-elle assez peu de sa progéniture ? Du fait dune longue gestation (5 à 6 mois) pour une espèce aussi petite, le saïmiri nouveau- naît déjà bien développé et ce raccourcissement de lenfance correspond à une stratégie antiprédateur. À trois mois, le petit diable peut déjà capturer une proie mobile et à 16 semaines il est déjà sevré. La mère ne fait quaccélérer et encourager son émancipation en limitant ses soins.

Genres et espèces

Bibliographie

"Animaux de tout pays, T.1" par les Services d'Images Artis-Bruxelles

Liens externes

Saimiri Wildlife

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