- Scripophilie
-
La scripophilie, appelée aussi scriptophilie (néologisme anglo-saxon), consiste à collectionner les anciens titres boursiers (et tous documents en rapport avec les actions, obligations, emprunts, coupons etc ...) qui ont été cotés, ou non cotés, sur une bourse des valeurs.
Ils n'ont donc plus aucune valeur boursière. Ils sont parfois très décoratifs et sont toujours un témoignage passionnant de l'histoire économique et sociale d'une région, d'un pays, d'une époque ou d'une famille. On peut définir le scripophile , ou collectionneur d'anciens titres, comme un historien économique. En effet, à travers sa collection, il conserve la mémoire et les traces de l'activité économique passée.
Les collectionneurs sont les scripophiles ou scriptophiles. La scripophilie est une passion relativement récente, apparue en France à la fin des années 1970 après avoir vu le jour en Allemagne fédérale quelques années auparavant. Ces collectionneurs seraient quelques dizaines de milliers essentiellement répartis entre l'Allemagne, la Belgique, la France, la Suisse, les Pays-Bas et les États-Unis.
Sommaire
Intérêts de la scripophilie
- Intérêt historique : À travers certains titres (Cie du Canal de Panama, emprunts russes, etc.) on retrouve l'histoire économique et financière du capitalisme.
- Le plus ancien titre connu à ce jour est celui de la Compagnie des Indes, fondée par l'écossais John Law de Lauriston en 1719, célèbre pour sa fracassante banqueroute, mais aussi pour être le premier en France à avoir offert des titres au porteur librement négociables.
- Un des plus recherchés du XVIIIe siècle est le titre « Canal de Richelieu », daté de 1752, entièrement gravé à l'eau forte, comportant sept signatures et illustré par une médaille symbolisant le canal.
- Intérêt artistique : Sur certains titres illustrés, on retrouve souvent une illustration de l'usine, du site de production, d'une scène de travail ou de produits fabriqués, alors même que les bâtiments industriels ou l'activité commerciale de la société n'existent plus aujourd'hui. Elle est comparable à la collection d'anciennes cartes postales et de photographies. Certains titres sont de véritables œuvres d'art. Pour placer les titres plus facilement auprès des particuliers, les émetteurs d'alors n'ont pas hésité à faire appel aux talents de dessinateurs renommés comme Jacques Deveria ou Alfons Mucha.
- Intérêt régional pour les petites sociétés locales.
- Intérêt familial ou généalogique pour ceux qui souhaitent retrouver des traces de leur passé. En effet, beaucoup d'anciens titres sont signés, de manière manuscrite ou fac similé, par les dirigeants ou les principaux administrateurs de la société.
Tous les secteurs d'activité ont été concernés par la création de sociétés par actions. Grâce aux anciens titres, on retrouve parfois la trace d'inventions géniales ou curieuses, à une époque révolutionnaires, mais aujourd'hui désuètes et tombées dans l'oubli. Des titres ont été émis dès le XVIIIe siècle et antérieurement, mais ils sont très rares. La plupart des titres furent émis au XIXe et XXe siècles jusqu'à leur dématérialisation au début des années 1980, surtout pendant les périodes d'expansion économique du capitalisme.
Parmi les grands classiques : Canal interocéanique de Panama (un des plus grands scandales politico-financiers), emprunts russes, Cie des Claridges Hôtels (magnifiquement illustré par un paquebot et une locomotive se faisant face), Omnibus de Paris (très belle gravure représentant les 21 monuments devant lesquels l'omnibus s'arrêtait), Établissement Léon Volterra et Théâtre Marigny (richement illustré et lié au scandale Stavisky), Banque de Cochinchine, Société des truffières de France, etc...
Cotation des titres
Il n'existe pas de cote des anciens titres boursiers. Leur valeur estimée dépend surtout des critères suivants : état général du titre, date d'émission (âge) / nombre d'actions émises (tirage), rareté / secteur d'activité, thème (automobile, aviation, banque, casino, chemin de fer, cinéma, hôtellerie, mine, port, théâtre, usine, viticulture, etc.) / décor, illustrations, etc...
La qualité esthétique reste cependant essentielle. Sur plus de six millions de titres répertoriés dans les collections à travers le monde, à peine 10 % sont décorés. Plus un titre est décoré plus il prend de la valeur, surtout s'il est en couleur. Le nom de l'illustrateur fait aussi monter les prix.
- Le tirage est presque toujours indiqué sur le titre. Les titres les plus recherchés sont ceux qui ont été tirés à moins de dix mille exemplaires. A défaut d'indication, il peut être calculé en divisant le montant du capital social de la société par le nominal de l'action.
- Certains thèmes sont plus recherchés que d'autres comme ceux sur l'aviation, l'automobile, le casino, le cinéma et la vigne.
- La date d'émission des titres est extrêmement importante. Elle est, là encore, presque toujours indiquée sur le titre (ceux des années 1900-1920 peuvent être déterminés en fonction de la valeur de la taxe indiquée sur le tampon fiscal, ceux des années 50 avec leur valeur nominale de plusieurs milliers de francs et ceux des années 60-80 par leur format normalisé 21x27cm). Les titres sont divisés en quatre périodes :
- les titres du XVIIIe siècle (une quarantaine en France) ;
- les titres de 1800 à 1848, période lors de laquelle peu de sociétés font alors appel à l'épargne à l'exception des mines de charbon et des sociétés de chemins de fer ;
- les titres de 1848 à 1929, période lors de laquelle la révolution industrielle joue à plein et de nombreuses sociétés sont créées qui font appel aux particuliers pour se financer. La période s'achève avec la crise de 1929 et sa succession de faillites ;
- après 1929, les titres émis jusqu'aux opérations de dématérialisation, ont peu de valeur aux yeux des collectionneurs.
Valeur financière
En France, pays précurseur en la matière, les titres "papiers" sont sans valeur depuis la fin de la dématérialisation, le 3 novembre 1984, en vertu de l'article 94-II de la loi de finance pour 1982, loi n°81-1160 du 30 décembre 1981, et du décret n° 83-359 du 2 mai 1983. Après cette date, il y a eu quelques émissions d'actions françaises, non négociables en France, concernant des sociétés cotées sur des bourses européennes, comme Euro Disneyland et Eurotunnel.
En Belgique, la dématérialisation est effective depuis 2009.
Pour les autres pays, les titres gardent leur valeur (leur cours de bourse pour ceux qui sont cotés), tant que la société existe, à la condition qu'ils ne soient pas annulés : titre poinçonné, mention ANNULE, SANS VALEUR ou CANCELED ... Et certains figurent en bonne place dans les collections, leur valeur en tant qu'objet de collection dépassant leur valeur boursière.
Associations
- Association des Collectionneurs de Titres Financiers (ACTIF), [1]. Créée en 1997, cette association de collectionneurs et de promotion des titres financiers anciens a succédé à l’Association Française des Collectionneurs de Titres Anciens.
Notes et références
Liens externes
- Scripophilie.com portail d'informations sur la collection des anciennes actions de bourse. Ce site permet de redécouvrir les témoignages et les scandales de l'histoire : les Emprunts russes, la construction du Canal de Panama, les affaires Oustric, Stavisky ...
- Portail des collections et objets d'art
- Intérêt historique : À travers certains titres (Cie du Canal de Panama, emprunts russes, etc.) on retrouve l'histoire économique et financière du capitalisme.
Wikimedia Foundation. 2010.