Schulmeister

Schulmeister

Charles Louis Schulmeister

Charles Louis Schulmeister (Karl Ludwig Schulmeister), né le 5 août 1770 à Neufreistett dans le pays de Bade et mort le 8 mai 1853 à Strasbourg-Meinau, est resté célèbre pour sa carrière d'espion à la solde de Napoléon Ier.

Sommaire

Le contrebandier

Il est fils d'un sous-intendant qui le fit entrer à 15 ans comme cadet dans les hussards de Conflans qu'il quitte presque aussitôt pour terminer ses études. En 1788, il est actuaire (secrétaire chargé de rédiger des actes publics) au bailliage de Kork, sur la rive droite du Rhin. Il n'y reste que peu de temps et se livre ensuite à l'agriculture. En 1792, il se marie à la fille du directeur des mines de Sainte-Marie-aux-Mines.

Profitant des troubles en France, il se livre à la contrebande, activité rentable mais dangereuse. Il la pratique à une grande échelle, fondant ainsi le début de sa fortune. En 1800, il ouvre une manufacture mais ses activités de contrebandier le mènent à des activités d'espionnage sur le Rhin et en Allemagne de manière sporadique. Ce n'est qu'en 1804 qu'il s'y livre de manière exclusive.

L'espion

Schulmeister est présenté à Paris en 1804 par l'aide de camp Jean Rapp, un compatriote, à Napoléon. Il y reçoit un grade dans l'armée et est attaché à Savary. Fin, rusé, et totalement dévoué à Napoléon, Schulmeister devient l'un des plus habiles et discrets agents de la police impériale. Il est ainsi chargé de missions de confiance restées mystérieuses.

Au début de la campagne de 1805, alors que le général autrichien Karl Mack est assiégé dans Ulm, il y pénètre par une poterne sous un déguisement et rencontre Mack à plusieurs reprises en se faisant passer pour un hongrois. Ces rencontres seraient à l'origine de l'inexplicable capitulation de Mack après la bataille d'Ulm. Il amène Mack à croire à un coup d'état pour renverser Napoléon et lui fait croire que les armées de Napoléon seront bientôt parties. Il fait fabriquer un faux exemplaire de journal pour l'en convaincre. Ainsi, Mack peut-il rester dans Ulm en attendant ses alliés, ce qui constitue une faute militaire que Mack paiera cher. Dans une autre mission, il est capturé par les Autrichiens qui envisagent de l'exécuter mais il parvient à s'échapper.

Son audace le pousse à aller jusqu'à participer à un conseil de guerre en présence de l'empereur d'Autriche, après avoir soudoyé un général autrichien...

Après la prise de Vienne, Napoléon le nomme commissaire général de la police de la ville, du 15 novembre 1805 à la mi-janvier 1806, où il assure l'ordre et la tranquillité pendant toute l'occupation avec des effectifs très faibles. Il commet cependant l'erreur de rester à Vienne alors que les troupes françaises s'en vont. Il est ainsi arrêté le 31 mars 1806 et restera emprisonné jusqu'au 31 juillet 1806.

Après le traité de Presbourg en 1805, il achète le domaine de la Canardière à Meinau, au sud de Strasbourg, où il se retire.

L'agent au combat

La campagne de Prusse le rappelle à l'armée où il reçoit le commandement d'un petit corps d'avant-garde composé d'une partie du 1er régiment de hussards et du 7e chasseurs à cheval. Après la bataille de Waren, il reçoit l'ordre de poursuivre le général Usedom puis de s'emparer de Wismar. Escorté de sept hommes, il prend la ville de Wismar dans la nuit du 4 novembre 1806 en faisant prisonniers une quinzaine d'officiers et une centaine d'hommes composant la garnison de la ville. Attaqué par un escadron de hussards, il parvient à les repousser. Le lendemain, Savary, à la tête de cinquante hommes et d'une bonne artillerie, marche contre le corps d’Usedom fort de trois mille hommes qui se rend presque sans combat.

De Wismar, Schulmeister s'empare, avec vingt-cinq hussards, de Rostock où il trouve dix-huit navires dans le port. La ruse, la séduction qu'il déploya dans d'autres cas semblables furent déterminant, plus que la force brute. Il participe au siège de Dantzig et après la capitulation de la ville, il rejoint la Grande Armée pour la seconde campagne de Pologne. Il est sous le commandement de Savary à la bataille de Friedland où il est blessé (14 juin 1807).

Le policier

Au lendemain de l'occupation de Koenigsberg, le 16 juin 1807, "Monsieur Charles", un nom qu'il affectionne même devant l'empereur, est nommé commissaire général, fonction qu'il remplit jusqu'au traité de Tilsit. A l'entrevue d'Erfurt (27 septembre - 14 octobre 1808), il est chargé de la sécurité des deux souverains.

Après la reddition de Vienne, le 15 mai 1809, Andréossy, nouveau gouverneur de la ville, reçoit l'ordre de Napoléon de former « un comité de police, composé de trois membres, un de l'ancienne police, un Français et un autre, qu'on nommera ». Andréossy propose de nommer « M. Schulmeister commissaire général du comité de police ». Ainsi, le 18 mai 1809, la police lui en est une seconde fois confiée, tâche qu'il assume avec modestie, sagesse et talent.

A la paix de Vienne, il se retire officiellement à Strasbourg mais continue ses activités secrètes par de fréquents voyages à l'étranger sous le couvert de ses affaires.

Les risques du métier

Sous la Première Restauration, il maintient ses contacts actifs et complote pour le retour de l'Empereur. Après le 20 mars 1815, il effectue encore des missions pour l'Empereur pendant les Cent-Jours. Mais cela lui vaut d'être remarqué par les puissances du Congrès de Vienne qui le mettent sous surveillance.

Au cours d'un de ses voyages, Blücher le fait arrêter par ruse, le 27 juillet 1815. Il est mis en prison pendant quelques mois mais l'instruction judiciaire dont il est l'objet est finalement abandonnée. Libéré en novembre 1815, il rentre à Paris et partage désormais son temps entre Paris, Strasbourg et la campagne.

La retraite

Retiré des affaires publiques, il organise des fêtes somptueuses dans son domaine de Boissy-Saint-Léger. Sa fortune lui permet d'être l'ami des nécessiteux et un commanditaire des Beaux-Arts. Mais sa fortune est dépensée quand il meurt le 8 mai 1853. Il est enterré au cimetière Saint-Urbain de Strasbourg sans avoir reçu la légion d'honneur qui lui faisait tant envie et que Napoléon lui refusa.

Anecdotes

Sa vie a inspiré la trame de la série télévisée Schulmeister, espion de l'empereur, diffusée en France de 1971 à 1974.

Bibliographie

  • Alexandre Elmer, L'Agent secret de Napoléon, Charles-Louis Schulmeister, 1932.
  • Abel Douay, Gérard Hertault, Schulmeister. Dans les coulisses de la Grande Armée, Éditions de la Fondation Napoléon - Nouveau Monde Éditions, série Biographies, 2002, 350 p.
  • Clerc Camredon Schulmeister Les Douze Prophetes D'or Edition speciale coll ORTF, 1971, 272 p.
  • Portail de l’Alsace Portail de l’Alsace
Ce document provient de « Charles Louis Schulmeister ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Schulmeister de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Schulmeister [1] — Schulmeister, 1) jeder Lehrer; 2) sonst der Vorsteher od. erster Lehrer einer Stadt od. Lateinischen Schule, dessen Mitlehrer auch wohl Schulgesellen genannt wurden; 3) der Lehrer an deutschen, bes. an Dorfschulen …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Schulmeister [2] — Schulmeister, Karl, geb. 1770 zu Neufreistedt im Badischen, war erst französischer Husar, dann Amtsactuar in Kork, Kaufmann, Tabaksfabrikant u. Schmuggler, ging darauf, obschon aus Frankreich verwiesen, doch nach Paris u. wurde Spion. In… …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Schulmeister — Schulmeister,der:1.⇨Lehrer–2.⇨Pedant–3.⇨Hausmeister(2) …   Das Wörterbuch der Synonyme

  • Schulmeister — 1. De Schôlmeister on de Schmödt die frête allerwegen möt. (Ostpreuss.) Der Schmied wird in der Regel mit dem Schullehrer gemeinschaftlich eingeladen. Die Bezeichnung Schulmeister drückt sehr oft Mangel an Achtung aus, in welcher die Lehrer… …   Deutsches Sprichwörter-Lexikon

  • Schulmeister — Jobs als Schulmeister, Gemälde von Johann Peter Hasenclever, 1846 Als Schulmeister bezeichnete man früher Lehrer, die kein Hochschulstudium absolviert hatten und an Dorfschulen oder niederen Schulen in den Städten (Volksschulen, Bürgerschulen)… …   Deutsch Wikipedia

  • Schulmeister — der Schulmeister, (Aufbaustufe) jmd., der andere Menschen in arroganter Weise belehrt Synonym: Oberlehrer (ugs.) Beispiel: Er verhält sich immer wie ein Schulmeister …   Extremes Deutsch

  • Schulmeister, espion de l'empereur — Schulmeister, l espion de l empereur Schulmeister, l espion de l empereur Titre original Schulmeister, l espion de l empereur Genre Série d aventures Créateur(s) Jean Pierre Decourt Pays d’origine  France Chaîne d’origine …   Wikipédia en Français

  • Schulmeister, l'espion de l'empereur — Titre original Schulmeister, l espion de l empereur Genre Série d aventures Créateur(s) Jean Pierre Decourt Pays d’origine  France …   Wikipédia en Français

  • Schulmeister (Begriffsklärung) — Schulmeister bezeichnet: einen historischen Beruf, siehe Schulmeister Schulmeister ist der Familienname folgender Personen: Hans Schulmeister (1921–1997), deutscher Schriftsteller Karl Heinz Schulmeister (* 1925), deutscher Politiker Karl Ludwig… …   Deutsch Wikipedia

  • Schulmeister von Eßlingen — Schulmeister von Eßlingen, mittelhochdeutscher Dichter, s. Eßlingen, Schulmeister von …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”