Schuar

Schuar

Shuars

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne le peuple shuar. Pour la langue shuar, voir Shuar (langue).

Les Shuars sont l'un des peuples amérindiens faisant partie d'un groupe ethnolinguistique habitants des forêts de la Haute Amazone qui ont été désigné par les premiers envahisseurs espagnols sous le nom de Jivaros (Xibaros), terme dont la signification est sauvage ou barbare. Cette appellation péjorative est rejetée et considérée comme insultante par les intéressés, qui lont à leur tour utilisée pour désigner les groupes dindiens acculturés partis peupler les banlieues urbaines. Leurs territoires sont actuellement coupés en deux, depuis la guerre de 1941, par la frontière entre l'Équateur et le Pérou.


Quatre peuples sont regroupés sous le terme de Jivaros (chiffres de population approximatifs:

  • Majoritairement en Équateur : les Shuars, (40 000), les Achuars, (5 000) et les Shiwiars (700)
  • Majoritairement au Pérou: les Aguarunas, (45 000) et les Huambisas, (5 500)
Pwanchir Pitu, Shaman et chef spirituel Achuar

Sommaire

Données historiques

Les populations amazoniennes ne disposant pas décriture, leur culture est basée sur la transmission orale de leur Histoire (mythes, légendes et rites shamaniques apparaissent par exemple, de manière symbolique, les premiers rapports avec les européens). Les rares données historiques sont fournies par les peuples qui les ont côtoyés.

Leur réputation ancienne de guerriers farouches et redoutés, jaloux de leur indépendance, est attestée dans les annales de lempire Inca par la défaite quils font subir aux armées de l'Inca Huayna Capac, mettant ainsi fin à son extension vers le nord-est.

Les Espagnols sont attirés dès 1550 vers les terres orientales par la rumeur d'abondants gisements dor. Les « Xibaros » réussissent avant la fin du siècle à les repousser en masse vers les hautes terres, et à interdire l'accès à leur territoire à toutes les expéditions montées à partir des Andes par les autorités de Quito pour tenter détablir le contrôle de la monarchie sur les zones aurifères.

Ces succès, obtenus au prix de nombreuses vies indiennes, et sans doute pour une bonne part grâce au milieu hostile de la forêt amazonienne que les indiens connaissent parfaitement, ainsi que la découverte par les Espagnols de la pratique shamanique des « têtes réduites » (tsantzas) produit limage caricaturale qui a encore cours aujourdhui du sauvage jivaro coupeur de têtes.

À partir de 1640, les missionnaires jésuites, essaient à leur tour d'entrer en haute Amazonie, n'ont pas plus de succès et ne parviennent jamais à établir au sein de l'immense territoire une mission durable. L'échec répété de ces coûteuses expéditions, tant civiles que missionnaires, amène finalement la Couronne à les interdire au début du XVIIIe siècle.

La période suivante, jusquà la fin du XIXe siècle, permet aux Jivaros la reprise démographique et territoriale face à larrêt de la ligne de colonisation, matérialisée par une poignée de hameaux isolés habités par de petits groupes de colons laissés à eux-mêmes. C'est ainsi lun des rares groupes indigènes de la région à survivre sans dommages au grand boom du caoutchouc dans les années 1880-1910.

Mode de vie

Rites et coutumes

Malgré la forte pénétration des religions chrétiennes (qui véhicule une conception du monde totalement différente de celle des amérindiens), lanimisme shamanique est encore très présent et il est courant dintégrer un « Notre père » à un rite de guérison.

Lorganisation clanique de la société est basée sur la famille élargie vivant suivant les groupes dans différents types de maisons communautaires qui peuvent regrouper plusieurs familles apparentées, avec ou sans séparation des sexes dans des parties déterminées. La polygamie autrefois courante, à la seule condition pour lhomme dêtre capable de subvenir aux besoins de la famille, nest plus rencontrée que chez les anciennes générations.

La chasse, la pêche et la cueillette, sont dévolues aux hommes, les femmes se chargent de la culture du jardin, plantes potagères et médicinales, et de lélevage. En dehors de cette séparation des rôles, pas de division du travail ni de rapports hiérarchiques. La réciprocité est au centre de la vie sociale : réciprocité entre familles, entre clan, entre les hommes et la nature. Si une famille manque de nourriture, elle sera aidée par une autre.

Le rôle du shaman (Uwishin) est toujours très important pour la cohésion du groupe. Il est chargé de la transmission des savoirs et de la guérison des maladies qui pour les indiens sont beaucoup plus quun dérèglement fonctionnel du corps. La maladie est perçue comme un déséquilibre entre lhomme et la nature dont il fait partie. Elle peut survenir lorsque les actions de lindividu sont en désaccord avec lui-même, les autres ou le monde. Lacte de guérison est donc de rétablir léquilibre avec entre autres laide des plantes (dont lAyahuasca, boisson hallucinogène) dont le rôle nest pas comme dans la médecine occidentale davoir une action chimique sur la maladie, mais de refaire le lien entre lhomme et lenvironnement.

Tsantzas

Article détaillé : Tête réduite.

La coutume des Tsantzas, têtes réduites, est sans doute celle qui a le plus marqué l'imagination des occidentaux et le plus contribué à la réputation des jivaros.

Les conflits fréquents entre les différents groupes ou tribus n'avaient pas pour but de s'approprier des richesses ou des territoires, mais plutôt de s'emparer des forces et de l'esprit de l'ennemi ainsi que de se venger sur lui des exactions et meurtres passés, dans un cycle de « vendetta » sans fin. Ramenées comme trophées, les têtes des ennemis tués étaient transformées au cours dun rituel long et complexe destiné à incorporer la force de lâme de la victime et à obtenir une protection contre la vengeance du camp adverse. Comme lennemi fraîchement tué produit également une âme vengeresse, il faut absolument maintenir cette dernière prisonnière dans la tête de son propriétaire. Une fois vidée et désossée, la tête était desséchée à laide de cendres et de pierres chaudes, remplie de sable, cousue et remodelée. Elle servait ensuite pendue au cou de son propriétaire dans une cérémonie destinée à montrer aux ancêtres que la vengeance avait bien été accomplie.

Certains des premiers explorateurs européens, dont des missionnaires, firent les frais de cette pratique. Dès le début du XXe siècle, des collectionneurs et amateurs de curiosités occidentaux cherchèrent à se procurer des tsantzas. Cette demande ainsi que lapparition darmes à feu changea dangereusement les habitudes des indiens qui se mirent à produire des trophées uniquement destinés au troc. Ce nest que dans les années soixante que les autorités équatoriennes et péruviennes interdirent cette pratique. Depuis, des trafics de tsantzas dimitation ont été constatés. Soit fabriquées avec de la peau de chèvres ou de singes, soit avec des corps humains par des taxidermistes à partir de cadavres récupérés dans des morgues loin de tout contexte amérindien.

Histoire récente

Au début du XXe siècle, les groupes les plus occidentaux, et notamment les Shuars de l'Équateur, doivent céder peu à peu du terrain face à une nouvelle colonisation soutenue tant par l'Etat équatorien que par les municipalités andines, aux prises avec une population paysanne expulsée de ses terres pour la constitution de grandes propriétés, en voie de modernisation. Les richesses du sous-sol et le besoin de terres cultivables attirent de plus en plus de monde. Pour justifier leurs exactions sur la population, les colons réinventent le mythe du « Jivaro sauvage et sanguinaire ».

Dans le même temps, les missions religieuses, tant catholiques que protestantes, s'emploient à nouveau avec énergie à sédentariser et regrouper les Indiens, et à leur inculquer les principes de la civilisation en raflant leurs enfants pour les scolariser dans leurs internats, ce qui eut pour effet de créer une coupure culturelle entre les générations. [1]

Les conflits entre l'Équateur et le Pérou, qui finit par annexer une part importante de lAmazonie équatorienne, détruisirent et chassèrent de nombreuses communautés indiennes et en séparèrent dautres par des frontières gardées.

L'exemple de l'Équateur

Cest dans ce contexte quen 1964 un groupe de missionnaires progressistes salésiens initie la Fédération des Communauté Shuar, organisation créée pour la défense des terres et de la culture des Shuars. Devenue La FICSH (Fédération Interprovinciale des Centres Shuar) se développe durant les décennies suivantes et joue un rôle pilote dans lessor du mouvement indigène en Équateur.

Aujourdhui, force politique notable, elle gère des programmes daide économique, de scolarisation en langue , dinfrastructure sanitaire, de transport, détat civil, ainsi quune station de radio qui permet aujourd'hui de dispenser l'enseignement en langues Chicham (shuar chicham, achuar chicham et shiwar chicham) aux populations de villages les plus reculés, permettant ainsi aux enfants d'être scolarisés au sein de leur communauté.

En 1986, toutes les organisations indigènes se sont fédérées pour fonder la Confédération des Nationalités Indigènes de lÉquateur qui, en 1990 a organisé la plus grande manifestation que lÉquateur ait connue, pour exiger la reconnaissance des langues et des cultures autochtones.et avec son pere

En 1998, la nouvelle constitution équatorienne précise dans son article 1 :

  • 1) L'Équateur est un État social de droit, souverain, unitaire, indépendant, démocratique, pluri-culturel et multi-ethnique. Son gouvernement est républicain, présidentiel, électif, représentatif, responsable, alternatif, participant et d'administration décentralisée. [...]
  • 3) L'État respecte et stimule le développement de toutes les langues équatoriennes. Le castillan est la langue officielle. Le quechua, le shuar et les autres langues ancestrales sont d'usage officiel pour les peuples indigènes, selon les termes fixés par la loi. [...]

En juin 1999, le mouvement des autochtones pour la reconnaissance de leurs droits sur la terre paralysa la vie du pays par une grève pacifique. Malgré lopposition de larmée et de la plupart des partis politiques, le président Borja accorda à la confédération des Shuars la propriété de 11 000 km² en Amazonie.

La lutte pour la reconnaissance des droits de peuples autochtones est loin dêtre terminée. La répression violente est souvent la réponse aux manifestations et le partage des richesses est loin dêtre une réalité.

Les peuples dAmazonie ont aussi à combattre les multinationales qui se disputent les richesses de leur sous-sol, particulièrement les compagnies minières et pétrolières.

En Équateur, les peuples indigènes de l'Amazonie se sont unis au sein de la CONFENIAE - Confédération des Nationalités Indigènes de lAmazonie Équatorienne (Confederación de Nacionalidades Indígenas de la Amazonía Ecuatoriana), et au niveau national avec les autres Nationalités indigènes au sein de la CONAIE - Confédération des nationalités indigènes de lÉquateur (Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador).

La nouvelle constitution approuvée par l'Assemblée nationale constituante d'Équateur le 25 juin 2008, octroie à la langue shuars le statut de langue officielle[2].

Livres traitant des Jivaros

  • Jean-Patrick Costa, "Indiens Jivaros" Ed. du Rocher.
  • Philippe Descola, "Les Lances du crépuscule. Relations Jivaros, haute Amazonie" (1993), Ed. Pocket.
  • Luis Sepulveda, "Le vieux qui lisait des romans d'amour", beau roman pour découvrir l'Amazonie et les shuars.

Sources principales

  1. Anne-Christine Taylor (chercheuse au CNRS) « L'oubli des morts et la mémoire des meurtres » dans : Terrain revue d'ethnologie de l'Europe, Numéro 29, Vivre le temps, septembre 1997, pp. 83-96
  2. La nueva Constitución de Ecuador refuerza los poderes de Correa El Pais 26 juillet 2008
  • Pablo Paredes, Misérable conflit entre le Pérou et lEquateur dans : Le Monde Diplomatique, mars 1995.
  • Jean-Patrick Costa, "Indiens Jivaros" Ed. du Rocher
  • José Marin, Une éducation appropriée aux peuples dAmérique Latine, Courrier de lUNESCO.
  • CONFENIAE (Confederación de Nacionalidades Indígenas de la Amazonía Ecuatoriana).

Liens internes

Liens externes

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