Assur (Qal'at Charqat)

Assur (Qal'at Charqat)

Assur (ville)

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Assur est une ancienne ville, capitale de l'Assyrie jusqu'en 879 av. J.-C., située sur la rive droite du Tigre. Ses ruines se trouvent actuellement à Qalaat Shergat. En 2003, l'UNESCO a inscrit Assur au patrimoine mondial de l’humanité. Le site est actuellement menacé d'être englouti sous les eaux du fait d'un projet de construction d'un barrage en aval sur le fleuve.

Sommaire

Le site

Assur et les principaux sites assyriens

Assur est divisée en deux grands ensembles. La « Vieille Ville » (en assyrien libbi āli, « intérieur de la ville »), est la zone qui a été habitée en premier. Elle est située sur un éperon rocheux surplombant le Tigre, selon la tradition des villes de Haute Mésopotamie, dont le centre se trouve généralement sur une hauteur. C'est elle qui abrite les monuments principaux de la cité, palais royaux et temples, ainsi que les demeures les plus riches.

La ville s'était par la suite étendue vers le sud, en contrebas au-delà des remparts. C'est la « Ville Nouvelle » (ālu eššu). Au sud-est, le long du Tigre, se trouvait le quai (kāru), le port de la cité, qui est aussi le lieu où se regroupent les marchands, et est donc le quartier des échanges.

Histoire

Le site fut occupé dès la période Obeid. Elle est située sur le Tigre, sur une position idéale, au croisement de plusieurs routes commerciales importantes (ce qui explique que sa population ait vite eu le goût du commerce). Elle est la capitale religieuse principale de l'Assyrie, et, en tant que l'une des plus anciennes cités du pays, elle a une grande valeur aux yeux du peuple assyrien, qu'elle a accompagné tout au long de son histoire. Alors que celui-ci n'était encore principalement nomade, hormis quelques villes dont elle et Ninive plus au nord, cela jusqu'aux alentours du début du IIe millénaire. Son statut de capitale lui vient du fait qu'elle est la ville tutélaire du grand dieu de ces peuplades, Assur, seigneur des montagnes d'Assyrie. Au départ Assur n'est qu'une Cité-État, assez puissante toutefois. Elle est dirigée par un conseil d'Anciens, un magistrat ayant en charge l'administration de la cité (le limmu), ainsi que le roi (appelé iššiakku, « vicaire », car il n'est que le vicaire du dieu Assur qui est le vrai roi des Assyriens), qui a probablement un rôle surtout religieux au départ.

Faible puissance politique face aux grands royaumes qui se mettent en place dans le sud de la Mésopotamie, elle est soumise successivement par les souverains d'Akkad et d'Ur III aux XXIVe et XXIe siècles. Mais la ville retrouve vite son autonomie, et montre sa puissance commerciale en mettant en place un important commerce avec l'Anatolie aux XIXe et XVIIIe siècles.

Assur reste cependant une faible puissance politique, et elle est maintes fois envahie. D'abord par dont Samsi-Addu d'Ekallatum et son fils Ishme-Dagan au début du XVIIIe siècle, puis Hammurabi de Babylone juste après. Elle retrouve son indépendance aussitôt après la mort de ce dernier. Mais au début du XVIe siècle, elle est soumise par les rois du Mitanni.

Quand Assur-uballit Ier se libère de la domination du Mitanni au début du XIVe siècle, et entreprend d'importantes conquêtes, Assur prend une autre dimension en devenant la capitale d'une grande puissance politique. Sous les rois médio-assyriens, elle connaît une grande période de prospérité et est embellie.

Elle restera capitale de l'Assyrie jusqu'au début de la période néo-assyrienne. Vers 860, le souverain Assurnasirpal (883-859), qui redonne un nouvel élan à l'Assyrie, transfère sa capitale à Kalkhu, en amont sur le Tigre. Une des raisons à cela peut résider dans le fait qu'Assur ait été trop exposée à d'éventuelles attaques araméennes venant de la Jazirah, à l'ouest. Elle restera néanmoins capitale religieuse du pays, et les rois viendront toujours s'y faire couronner et enterrer. Ses monuments seront restaurés, mais on n'en bâtira plus de nouveaux, les nouvelles capitales (après Kakhu, se fut Dur-Sharrukin puis Ninive) ayant les faveurs des souverains. Sennacherib (705-681), voulant donner plus de grandeur au dieu Assur, procédera à de nombreux amménagements dans cette cité, comme l'on fait d'une manière générale tous les souverains néo-assyriens, qui n'abandonnent jamais cette cité sacrée.

Plan du temple d'Assur à l'époque parthe.

En 614, la ville tombe avec l'Assyrie : elle est rasée par les Mèdes et les Babyloniens, et tombe comme tout le pays dans l'ombre. Vers l'époque Parthe, la ville semble connaître un renouveau, et le dieu Assor (forme hellénisée d'Assur), y est vénéré, dans la nouvelle province d'Adiabène (l'Assyrie).

Les palais royaux

Article détaillé : Palais assyriens.

La plus ancien monument important d'Assur est le « Vieux Palais », déjà debout du temps de Samsi-Addu au XVIIIe siècle, qu'Arad-Nirari Ier et qu'Assurnasirpal II reconstruirent plus tard. Il couvre 1,2 hectares, et est organisé autour de cours centrales.

Le « Nouveau Palais » fut bâti plus tard au nord-ouest de la citadelle par Tukulti-Ninurta Ier (1244-1207), et restauré par Sennacherib. C'est sous cet édifice qu'ont été retrouvées les tombes pillées de plusieurs rois assyriens : Assur-bel-kala Ier (1074-1056), Assurnasirpal II (883-859), Shamshi-Adad V (824-811), et peut-être même Sennacherib (705-681). Lorsque ce dernier réaménaga la ville, il fait construire un palais secondaire pour l'un de ses fils plus au sud. On a aussi retrouvé de riches demeures de notables importants de la cité, ainsi que des tombes de particuliers aisés.

La capitale religieuse de l'Assyrie

Si Assur ne fut plus la capitale politique de l'Assyrie après le IXe siècle, elle demeura toujours sa capitale religieuse même après la fin de l'Empire, car c'était là où leur dieu et souverain Assur avait son domicile terrestre. Ainsi, la cité a toujours eu une grande importance pour les rois assyriens, dont le pouvoir était légitimé par Assur, leur maître. Les souverains résident d'ailleurs toujours une partie de l'année à Assur pour accomplir les lourdes tâches que leur fonction religieuse de grand prêtre du dieu leur imposait.

Pour les Assyriens, Assur était donc la ville de leur dieu national, Assur. Elle devint par la suite sous l'influence mésopotamienne et celle de l'Enuma Elish le "centre du Monde", pour les croyants de ce pays, comme l'était Babylone pour le sud. Le règne de Sennacherib est particulièrement important dans l'histoire religieuse d'Assur. Désireux de magnifier son dieu Assur, il embellit les temples de la cité sainte, pour en faire un lieu de culte splendide en l'honneur de ses dieux, à l'égal de plus grandes cités saintes de Mésopotamie.

Le temple principal d'Assur était l'Esharra, ou Ekur, dédié au dieu tutélaire de la cité. Il est bâti sur l'extrémité de l'éperon rocheux de la Vieille Ville. Sa fondation remonte probablement à celle de la cité, et il est plusieurs fois reconstruit au cours de sa longue histoire. À l'époque néo-assyrienne, il est protégé par une enceinte de forme triangulaire dont il occupe le côté nord. Une ziggurat de forme carrée et de 60 mètres de côté jouxte le côté ouest du complexe. Sennacherib rénova l'ensemble des bâtiments dédiés à Assur, et ajouta un édifice destiné à être intégré dans le culte du dieu, le Bīt Akītu, situé à l'extérieur des murailles de la Vieille Ville, au nord-ouest ; il repren ainsi le modèle déjà présent à Babylone, servant pour le culte du Nouvel An (Akītu).

Les autres temples sont situés dans le quartier sacré, au nord de la Ville Ville, surplombant le Tigre. On y trouvait un temple double dédié à Sîn et à Shamash. Il a été bâti vers le milieu du IIè millénaire. À côté de cet édifice, il y avait un ancien temple dédié à Ishtar, reconstruit par Tukulti-Ninurta Ier, puis par Salmanazar III et enfin Sin-shar-ishkun, qui en fit un temple double dédié à Ishtar et à Nabû. Plus imposant était le temple double dédié à Anu et à Adad, situé le long du rempart nord entre le Vieux Palais et le Nouveau Palais. Il fut bâti par Teglath-Phalasar Ier. Il était organisé autour d'une grande cour, menant au nord à deux cella situées l'une à côté de l'autre (celle d'Anu à droite, celle d'Adad à gauche), et menant chacune à une ziggurat (celle d'Anu avait pour dimensions 39 x 36 mètres, et celle d'Adad 24 x 24 mètres). Un bâtiment, le bīt mummē, était réservé aux artisans produisant des biens destinés au service des dieux.

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