Règne du mal

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Antéchrist

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L'Antéchrist manifesté sous la forme d'un roi.
Hortus Deliciarum (XIIe siècle).

L'Antéchrist est une figure de l'eschatologie chrétienne qui apparait dans les épîtres de Jean mais qui puise ses origines dans la notion d'anti-messie déjà présente dans le judaïsme[1]. Il désigne parfois un individu - souvent monstrueux - parfois un groupe. Cette figure d'imposteur maléfique qui tente, peu avant la fin du monde, de se substituer à Jésus-Christ va nourrir de nombreuses spéculations et interprétations dès les premiers développements du christianisme à travers la littérature patristique qui s'enrichiront encore au Moyen-Âge. Ainsi de nombreux personnages et personnalités seront assimilés à l'Antéchrist au cours des siècles.

Sommaire

Étymologie

Le mot antéchrist vient du grec αντιχριστος (antikhristos), qui donnera en latin ecclésiastique antichristus. Une altération datant du XIIe siècle a transformé le préfixe anti-(contre) en ante-(avant)[2], le mot passant du sens adversaire du Christ à celui de précurseur du Christ. On trouve encore la forme antichrist chez Rabelais[2].

Le mot antikhristos est utilisé au pluriel dans les Épîtres de Jean, désignant les judéo-chrétiens qui se détachent de la communauté par leur refus de la reconnaissance de la pleine divinité du Christ ou de son incarnation. Par la suite, différentes représentations de personnages mythiques d'antéchrists seront modelés tant par l'eschatologie juive que par les pères de l'Église[2].

En français, dès le XIIe siècle, le mot a désigné tout à la fois, dans une acception populaire péjorative, un méchant homme et, dans des acceptions didactiques, un esprit du mal devant apparaître à la fin des temps ou encore un adversaire du Christ, un apostat[2].

Apparition du mot dans le Nouveau Testament

Contrairement à une idée fausse répandue, le terme même d'« Antéchrist » (au singulier ou au pluriel) n'apparaît pas une seule fois dans tout le texte de l’Apocalypse, ni dans le Livre de Daniel, ni dans les passages de Paul de Tarse sur « l'Homme de Péché » dans le deuxième épître aux Thessaloniciens. Le mot « Antéchrist » n'est pas employé une seule fois par Jésus pendant son ministère, y compris sa discussion sur les signes « de la Fin des Temps » dans le vingt-quatrième chapitre de l'évangile selon Matthieu et ses parallèles.

Les mots « Antéchrist » et « Antéchrists » n’apparaissent que cinq fois dans la Bible, dans deux des trois épîtres de l'apôtre Jean dans le Nouveau Testament :

« Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l'antéchrist, qui nie le Père et le Fils. »

— Première épître de Jean, 2:22

« Petits enfants, c'est la dernière heure, et comme vous avez appris qu'un antéchrist vient, il y a maintenant plusieurs antéchrists : par là nous connaissons que c'est la dernière heure. »

— Première épître de Jean, 2:18

« ... et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu, c'est celui de l'antéchrist, dont vous avez appris la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde. »

— Première épître de Jean, 4:3

Cependant, une autre version de ce passage est conservée dans la Vulgate[3], chez Irénée de Lyon[4] et Origène :

« et tout esprit qui divise Jésus-Christ, n’est point de Dieu; et c’est là l’Antechrist, dont vous avez entendu dire qu’il doit venir; et il est déjà maintenant dans le monde. »

— Première épître de Jean, 4:3

« Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde, qui ne confessent point que Jésus-Christ est venu en chair. Celui qui est tel, c’est le séducteur et l’antéchrist. »

— Deuxième épître de Jean, 1:7

Le terme semble ici décrire n'importe quel faux docteur, faux prophète ou corrupteur de la foi chrétienne, mais il semble quelquefois indiquer une personne précise ou un simple esprit trompeur qui suscite un faux enseignement, et dont la présence est un signe de la fin des temps. Cependant, dans la compréhension populaire, beaucoup de chrétiens identifient cet Antéchrist particulier avec l'« homme du péché, le fils de la perdition » mentionné dans la deuxième épître aux Thessaloniciens (2:2) et avec différentes figures de l’Apocalypse, y compris le Dragon, la Bête, le Faux Prophète et la Prostituée de Babylone. L'Antéchrist est compris de diverses façons, soit comme un groupe ou une organisation, soit comme un système de gouvernement fondamentalement mauvais ou une religion fausse ; ou, plus généralement, comme un individu, comme le chef d’un gouvernement mauvais, un chef religieux qui remplace l'adoration du Christ par une fausse adoration, l'incarnation de Satan, un fils de Satan, ou un être humain placé sous la domination de Satan.

L’idée que l'Antéchrist est une personne semble se combiner dans la première épître de Jean avec celle qui en fait une catégorie de personnes. Jean y parle de « plusieurs Antéchrists » qui incarnent l'« esprit de l'Antéchrist », qui auraient vécu dès le premier siècle (« et qui maintenant est déjà dans le monde », 4:3) et continueraient encore à exister jusqu’à maintenant. Comme Jean l’écrit, un tel Antéchrist (l'adversaire du Christ) est quiconque qui « nie que Jésus est Christ », « nie le Père et le Fils; » « ne reconnaît pas Jésus » et « ne reconnaît pas sa venue ».

Des idées liées et des références apparaissent en beaucoup d'autres endroits dans la Bible et divers apocryphes, si bien qu’un portrait biblique plus complet de l'Antéchrist a été créé peu à peu par les théologiens chrétiens et la religiosité populaire. L'Évangile selon Matthieu met en garde contre « les faux Christs » en plusieurs endroits et contre les trompeurs qui prétendraient être le Christ revenu. (Mat. 24:5, 24)

Dans la « Petite Apocalypse » de saint Paul (deuxième épître aux Thessaloniciens, 2:1-12), on s’attend à ce que « l’homme du péché », « le fils de la perdition » s’installe dans le temple de Dieu, sous le faux prétexte qu’il est Dieu lui-même. Cette représentation de l’Antéchrist conserve le souvenir des actions du roi séleucide Antiochos Épiphane, qui vers 170 av. J.-C. commanda aux Juifs de sacrifier des porcs sur l’autel, quatre fois par an le jour du Shabbat, pour lui rendre hommage comme au dieu suprême du royaume. Paul semble avertir ses lecteurs, par cette allusion à des événements passés, qu’ils doivent s’attendre à des malheurs semblables dans l’avenir. Si quelques chrétiens estiment que les événements annoncés dans ce passage se sont produits peu après, et donc ont déjà eu lieu, beaucoup d’autres croient au contraire que l’Antéchrist n’est pas encore paru.

Dans la théologie luthérienne

Martin Luther, à la suite de son conflit avec la papauté, vint à considérer que le Pape était l'Antéchrist. Cette affirmation a beaucoup influencé les relations entre protestants et catholiques, rendant tout dialogue difficile, sinon impossible. Toutefois, cette affirmation n'est plus défendue que par une minorité de luthériens aujourd'hui[5].

Dans l'islam

Bien qu'il n'apparaisse pas dans le Coran, la tradition musulmane fait mention d'une figure eschatologique appelée al-Dajjâl (le Trompeur ou l'Imposteur) ou al-Masîh al-Daajjâl (le Faux Messie)[6] correspondant à l'Antéchrist. C'est un faux-prophète qui apparait à la fin des temps et est identifié par la tradition sunnite à la Bête (dabbâ)[7] qui sort de terre parmi d'autres signes annonciateurs. L'Antéchrist, borgne, doit ainsi apparaître juché sur un âne blanc à la tête de l'armée d'« ennemis des Imams » pour répandre l'iniquité et la tyrannie sur le monde durant quarante jours (ou quarante ans) avant d'être combattu pour l'établissement de la justice eschatologique par al-Mahdi - le « Bien Guidé » -, correspondant au dernier imam selon la tradition chiite qui l'accompagne d'Îsâ - Jésus - dans ce combat. Pour la tradition sunnite, c'est parfois Îsâ lui-même qui combat l'Antéchrist[8]..

Chez les sunnites et les chiites

Les deux courants s'accordent sur la même description du personnage de l'Antéchrist[réf. souhaitée]. Les nombreuses histoires circulant sur l'Antéchrist ne concordent que sur certains points dont le principal est qu'il apparaît avant la fin des temps[9] pour tenter et tromper[10] l'humanité et lui demander de croire en lui, accomplissant miracles et prodiges puis se prétendant Dieu lui-même.

Son aspect physique est assez vague et diverge selon les commentateurs : il est décrit physiquement tantôt comme un jeune homme, tantôt comme un « un homme rouge, de forte corpulence »[11], borgne d'un œil[12] tandis que l'autre est parfois présenté comme vêtu d'une « membrane épaisse », aux cheveux tantôt « crépus »[11], tantôt « lisses »[13] ou encore « touffus »[14]. Selon certains, il porte l'inscription « kafir » (« incroyant ») entre les deux yeux[15].

Notes et références

  1. Hervé Savon, article Antéchrist in Encyclopædia Universalis, édition 2006
  2. a , b , c  et d Alain Rey (dir.), Dictionaire historique de la langue française, éd. Le Robert, 1998, p. 750
  3. La vulgate lit : 4:3 et omnis spiritus qui solvit Iesum ex Deo non est et hoc est antichristi quod audistis quoniam venit et nunc iam in mundo est
  4. Contre les hérésies, livre 3, chapître 12 traduction anglaise
  5. (en)Inter-Church Relations - Statement on the Antichrist
  6. tiré du mot dajl, ce qui signifie mensonge ou imposture
  7. Coran, sourate 27,82
  8. Khashayar Azmoudeh, articles Eschatologie et Heure (L') in M.A. Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, pp. 270, 389
  9. Khashayar Azmoudeh, op. cit.
  10. cf. par ex. Abou Hourayra, « Il apportera avec lui une image du paradis et une image de l'enfer. Celle qu'il prétendra être le paradis sera en réalité l'enfer », in Riyad As-Salihin, n° 1819, passage en ligne.
  11. a  et b cf. par ex. Abdoullah Ibn Omar, in Al-Boukhari, n°6508
  12. cf. par exemple Ibn'Omar in Riyad As-Salihin, n° 1819, passage en ligne
  13. cf. par ex. Aimawàs Ibn Sam'àn, in Riyad As-Salihin, n° 1818, passage en ligne
  14. cf. Houdhayfa, in Mouslim n°5222
  15. cf. Anasin, in Mouslim n°5223

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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