Roquebrunasque

Roquebrunasque

Le Roquebrunasque ou roquebrunois est le parler du canton de Roquebrune-Cap-Martin, dans les Alpes-Maritimes.

Présentation

La population prélatine est ligure, population installée sur la côté méditerranéenne jusqu'à l'actuelle Catalogne. Lors de la latinisation des populations alpines (cf. Trophée des Alpes), les traits caractéristiques de la langue d'Oc commencent à apparaitre. La variante alpine de l'occitan se précise déjà. Cette variante alpine est commune de Menton à La Turbie jusqu'à Briançon (Alpes-de-Haute-Provence) et Valence (Drôme) et des montagnes du Piémont à l'est du Velay (Auvergne). Elle comporte des traits communs aux langues alpines : chute de T et D entre les voyelles, FETA (la brebis en latin) > la fea (contre feda en occitan provençal), la première personne des conjugaisons est en -ou "manjou" (je mange contre manji en occitan niçois ou provençal). Cependant, les traits communs avec les autres dialectes d'oc sont plus forts : évolution des sons du latin à la langue d'Oc P devient B : CAPRA (chèvre) > cabra (cabro en occitan provençal ou chabro en auvergnat contre crava en génois), conjugaisons, dérivations au pluriel, qu'avec les autres langues alpines (génois alpin, piémontais de la plaine, francoprovençal, rhétoromanche...). Fait intéressant, le roquebrunois ou roucabrunasc est plus proche de l'occitan médiéval que le mentounasc: -l finaux conservés : sal, mal, coutel, capel ; articles féminin pluriel "(r)ai, (r)as" alors que Menton rend les -l finaux muets : ou sà, ou mà et, l'article pluriel aux deux genres est "(r)e". Le roquebrunois est une variante de l'alpin maritime parlé dans la haute Bévéra du Moulinet à Sospel, dans les hauts Paillons, la Vésubie, la Tinée et le haut Var). Il a la spécificité de faire partie des parlers gris, zone parlant occitan alpin oriental (proche de la frontière linguistique qui coïncide avec la frontière politique au niveau de Menton) avec des influences de surface du ligure occidental (ou génois vintimillouz). A l'inverse du monégasque qui est du ligure occidental avec des influences de surface occitane. Par exemple, les dérivations des noms pour les pluriels (ou pan, i pans ; r'amiga > 'as amigas), les conjugaisons (manjou, manjes, manja, manjam, manjàs, mànjoun) et le "système moteur" de la langue est clairement occitan mais le lexique peut comprendre des mots génois.

Par la suite, si des Ligures se sont installés sur la Côte d'Azur — comme dans d'autres régions dominées politiquement par Gênes en Méditerranée— dès le Xe siècle, en général en se plaçant sur la protection de Gênes ou du comté de Vintimille, souvent dans des zones dépeuplées par les razzias sarrasines ou dans des zones stratégiques (le port de Monaco), leur présence laisse relativement peu de traces linguistiques sur les territoires de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur actuels, en dehors toutefois de la côte où des mots de vocabulaire marin sont communs.

L'histoire linguistique de Roquebrune est assez semblable à celle du Comté de Nice voisin. Le fait que la république de Gênes, autant dire la Ligurie actuelle, ne fut que tardivement (1815) annexée par la maison de Savoie alors que le Comté de Nice le fut en 1388, n'a aucune conséquence sur les langues parlées dans ces territoires. Il faut différencier l'histoire politique des territoires avec leur histoire linguistique qui ne sont pas toujours concordantes. Dès le XVIe siècle en effet, la maison de Savoie impose l'italien (toscan) comme langue écrite et notariale unique dans le comté de Nice. L' abbé Grégoire dans son enquête de terrain sur les patois parlés en France pendant la Révolution française considère à tort que les habitants du Comté de Nice et de l'ancienne principauté de Monaco parlent italien alors qu'ils parlent en fait occitan, soit le nissart, soit l'alpin (maritime). La noblesse et la bourgeoise parlaient toutefois toscan et souvent le français - ou plutôt le lisaient et le comprenaient - on estime alors le nombre de locuteurs actifs d'italien (en incluant ceux qui se limitaient à une connaissance relativement passive) à moins de 15 000 Niçois dans tout le Comté).

En 1860, après l' Annexion du comté de Nice à la France et jusqu'à nos jours, de nombreux Italiens sont venus travailler et s'installer sur la Côte d'Azur et pouvaient tout naturellement venir de la Ligurie voisine — et donc parler de ce fait parler un dialecte ligure.

Sources

  • Jean-Philippe Dalbera, Les parlers des Alpes-Maritimes, Etude comparative, essai de reconstruction, Thèse de Doctorat d'Etat, Nice, 1984.
  • Stéphane Vilarem Lexique français-roquebrunois publié en 1998 par la Société d'art et d'histoire du Mentonnais

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Roquebrunasque de Wikipédia en français (auteurs)

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