- Roman d'Alexandre
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Le Roman d’Alexandre est un recueil de légendes concernant les exploits d'Alexandre le Grand. Source des différents miroirs des princes, il fut, malgré la diversité des versions, l’un des livres les plus répandus au Moyen Âge, objet des premières traductions dans les langues vernaculaires d'Europe. Pour la littérature française, le poème d'Alexandre de Paris, Li romans d’Alixandre, marque l’apparition du vers de douze syllabes, nommé pour cette raison alexandrin depuis.
Sommaire
Composition
Les premiers essais littéraires sur la vie d’Alexandre le Grand parurent peu après sa mort. En marge des écrits des biographes d'Alexandre, des hagiographies romancées commencèrent bientôt à se répandre, qui en peu de temps connurent une grande popularité. Elles présentaient Alexandre comme le conquérant et le maître du monde et furent faussement attribuées au biographe officiel d'Alexandre, Callisthène (lequel fut néanmoins exécuté sur ordre du roi de Macédoine) : pour cette raison, on parle aujourd'hui du Pseudo-Callisthène pour désigner le (ou les) auteur(s). Ces contes faisaient peu de distinction entre la réalité historique et la légende. D'abord essentiellement transmis par tradition orale, ils furent couchés par écrit ensuite.
Il existe quatre grandes traditions des vies d'Alexandre dans l'Antiquité : on les désigne par les lettres grecques α, β, γ et ε. La philologie suggère l'existence d'une cinquième tradition, δ, dont il ne subsiste aucun témoin mais dont l'existence justifierait les variantes de la version syriaque du VIe siècle. C'est d'abord en Orient (et surtout dans la littérature syriaque) que la geste d'Alexandre connaît une large diffusion romanesque. On en retrouve même des reflets dans la littérature arabe et des pays d'Islam : ainsi la vie d'Alexandre forme la trame du roman perse intitulé Iskandarnamah, œuvre d'un écrivain anonyme du XIIe siècle. Certaines traditions le présentent de manière plus négative (colérique, hubris) comme les Histoires contre les païens de Paul Orose
La plus ancienne version en latin, celle de Julius Valerius Polemius, remonte au IVe siècle et définit la tradition α. L’autre témoin latin important, élaboré à partir de sources grecques, est celui de Léon de Naples qui date du Xe siècle et fournit la matière de plusieurs versions postérieures. Il existe enfin une tradition λ, apparue vers 700 à partir d’interpolations des textes de la tradition β. En marge de ces différentes versions, on dispose de plusieurs fragments manuscrits sur papyrus et d’une inscription sur de la pierre, qui permettent de dater ces différentes traditions.
Au XIIe siècle, les premières versions du roman d'Alexandre en langue vernaculaire apparaissent en Europe, parmi lesquelles il faut mentionner d'abord les trois versions françaises, qui dans l'histoire de la littérature sont restées comme le Roman d’Alexandre : la première est l'œuve d’Albéric de Pisançon, dont on n'a plus que quelques fragments épars (105 vers octosyllabes) et remonte à 1120 environ. C'est d'elle que fut traduite vers 1130 l’Alexanderlied du Père Lamprecht en langue tudesque. Une autre version en français, dont seuls des fragments consistant en 785 décasyllabes nous sont parvenus, a été composée par un auteur anonyme vers 1150. La troisième version a été composée vers 1180 par Alexandre de Paris en dialecte français (XIIe siècle) ; elle comporte quatre branches en 16 000 vers dodécasyllabes (« alexandrins »). Augmenté ultérieurement par plusieurs auteurs anonymes puis mis en prose, le Roman d’Alexandre est l'un des premiers textes imprimés en France et connaît une grande vogue jusqu'en 1500. Dès 1240, Rodolphe d'Ems compose un Alexanderroman,, où il évoque en quelque 21 000 vers l’éducation et les batailles d’Alexandre le Grand ; puis vers 1285, Ulrich von Etzenbach, trouvère à la cour praguoise du roi Venceslas, compose une version en haut-allemand en 30 000 vers du roman d’Alexandre. Ainsi le roman d’Alexandre, dans ses différentes versions (y compris anglaise, slaves, norroises), est avec la Bible le livre le plus connu et le plus répandu au Moyen-Âge en Europe.
Notes et références
Éditions
- Pseudo-Callisthène (trad. Gilles Bounoure et Blandine Serret), Le Roman d'Alexandre, Paris, Les Belles lettres, 1992
- Pseudo-Callisthène (trad. Aline Taller-Bonvalot), Le Roman d'Alexandre, Paris, Garnier-Flammarion, 1994
- Health, Michael Zink, Le roman d'Alexandre, Le Livre de Poche, coll. « Lettres Gothiques », 1994, 863 p. (ISBN 2253066559)
Bibliographie
- Geneviève Hasenohr, Michel Zink, Dictionnaire des lettres françaises: Le Moyen Age, Paris, Fayard, coll. « La Pochothèque », 1992 (ISBN 2-2530-5662-6)
- M. Stanesco, Michel Zink, Histoire européenne du roman médiéval. Esquisse et perspectives, Paris, PUF, coll. « « Écriture » », 1992
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Alexanderroman » (voir la liste des auteurs)
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