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Rite de passage
Un rite de passage (ou rite initiatique) est un rituel marquant le changement de statut social ou sexuel d'un individu, le plus généralement la puberté mais aussi pour d'autres évènements comme la naissance ou la ménopause. Le rituel se matérialise le plus souvent par une cérémonie ou des épreuves diverses.
Les rites de passage permettent de lier l'individu au groupe, mais aussi de structurer la vie de l'individu en étapes précises qui permettent une perception apaisante de l'individu par rapport à sa temporalité et à sa mortalité.
Ce phénomène a donc un enjeu important pour l'individu, pour la relation entre l'individu et le groupe, et pour la cohésion du groupe dans son ensemble.
Sommaire
Etude
Le premier à étudier le phénomène est l'ethnologue-folkloriste Arnold van Gennep (Les Rites de Passage, 1909). D'autres théories furent développées dans les années 1960 par Mary Douglas et Victor Turner.
Selon Arnold van Gennep, le rite de passage se déroule le plus souvent en trois étapes :
- la séparation (l'individu est isolé du groupe),
- la marge ou liminalité (moment où s'effectue l'efficacité du rituel, à l'écart du groupe),
- l'agrégation (retour dans le groupe).
Turner mettra pour sa part l'accent sur le fonctionnalisme des rites de passage en matière de cohésion sociale. En transformant les statuts sociaux de façon prédéfinie, les rites de passages permettent d'éviter les conflits (d'influence).
Les auteurs Geoffrey Miller, Ian Steward et Jack Cohen, indiquent aussi que les rites initiatiques servent également à détecter ceux qui ne sont pas suffisamment soumis au groupe pour les subir. Ces derniers sont alors conduits à chercher la protection d'un autre groupe (qui ne les pratique pas, ou sous une forme moins contraignante), épurant ainsi le groupe initial de ses éléments jugés peu sûrs. La circoncision est considérée par eux comme une forme socialement très importante de rite, car elle teste et met en exergue la soumission des parents plus encore que celle des enfants.
Exemples de rites
- La Grèce ancienne se caractérise par l'importance des rites de passage à l'adolescence, notamment la cryptie à Sparte, le rapt de l'éromène par l'éraste dans les cités crétoises, ou l'éphébie à Athènes.
- Dans beaucoup de sociétés traditionnelles la circoncision, qui s'effectue à la puberté ou juste avant, marque le passage du statut de garçon à celui d'homme (comme dans la société musulmane). Dans certaines sociétés où la vie communautaire est la règle, le jeune déménage par la même occasion du quartier des femmes dans lequel il vivait depuis sa naissance vers le quartier des hommes.
- Chez les chrétiens les principaux rites sont le baptême, la communion et le mariage.
- Chez les juifs, pour les garçons c'est la Brith milah (circoncision) puis la Bar Mitsva à l'âge de la puberté, pour les filles le Zeved habat, la Bat Mitsva puis le mariage.
- Chez les amish il y a un rite de transition appelé Rumspringa par lequel le jeune amish est amené à quitter sa communauté pendant quelques mois et à aller vivre de façon moderne. A l'issue de cette période, le jeune doit choisir entre rester dans le monde moderne ou revenir vivre dans sa communauté (seul un léger pourcentage décide de ne pas revenir parmi les siens)
- Chez les hindous la première cérémonie est l'Upanayanam (ou cérémonie du cordon) par laquelle l'enfant de 7 à 8 ans est investi par le cordon brahmanique qu'il doit porter et par laquelle il est initié au mantra.
- Au Japon il y a le Genpuku pour les adolescents de 12 à 16 ans et le Seijin shiki, cérémonie qui a lieu à 20 ans.
- Chez les amérindiens le rite était la Quête de vision, généralement précédée d'un jeûne et par l'absorption d'enthéogènes.
- Dans certaines sociétés primitives, l'adolescent doit accomplir certaines épreuves telles que courir nu a travers un troupeau, participer à des combats de groupe ou sauter de la cime d'un arbre. Dans d'autres sociétés traditionnelles, le rite est effectué par un marquage corporel, des tatouages ou des scarifications.
- En Basse-Casamance (Sénégal), le boukout n'a lieu que tous les vingt ans environ, voire davantage, comme à Baïla où la cérémonie de 2007 était la première depuis 1971.
Dans le monde occidental il existe un grand nombre de rites plus ou moins solennels et codifiés comme les remises de diplômes, le service militaire, le bizutage, la totémisation scoute... La différence entre ces rites et les rites de passage se situe dans la systématicité du rite dans la société donnée. De manière générale, on observe une diminution des rites de passage solennels (de type religieux notamment) et l'apparition de ces rites moins codifiés en remplacement.
Les comportements ordaliques peuvent aussi être considérés comme des rites de passage de remplacement.Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Ouvrages
- Arnold van Gennep, Les Rites de passage, 1909
- Victor W. Turner, Le phénomène rituel
- Michèle Fellous, À la recherche de nouveaux rites : rites de passage et modernité avancée, L'Harmattan, 2001.
Articles
- Pierre Bourdieu, « Les rites comme actes d'institution », Actes de la recherche en sciences sociales, 1982, n° 43, p. 58-63. [lire en ligne]
- Pierre Clastres, « De la Torture dans les sociétés primitives », L'Homme, 1973, n° 3, p. 114-120. [lire en ligne]
Liens externes
- Encyclopaideia initiations masculines (www.boyhoodstudies.com)
- Puellarium initiations féminines (www.boyhoodstudies.com)
- Initiations en Océanie (www.oceanie.org)
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