Relations entre la Russie et la Serbie

Relations entre la Russie et la Serbie

L'amitié serbo-russe est l'une des plus importants amitiés en Europe[1].

C'est au nom de l'amitié serbo-russe que la Russie a déclaré la guerre à l'Autriche-Hongrie en 1914 ou plus récemment que le parlement de Serbie a voté en 1999 une loi d'unité autorisant le gouvernement serbe à s'unir avec la Russie dans un seul État ! Loi sans suite, mais qui montre à quel point les Serbes et les Russes se voient comme des peuples frères[2].

Sommaire

Les aspects Culture, Politique et économique au cours de l'Histoire

Des origines, la langue, le sang et l'Église

Les Russes et les Serbes sont deux peuples slaves, parlant deux langues issues du même idiome, le slave commun, chaque langue ayant cependant ses propres variations[3]. De plus, les deux nations pratiquent le christianisme orthodoxe et utilisent la même langue religieuse, le slavon d'église[3]. Tous ces paramètres amènent à une proximité culturelle des deux peuples. La Serbie a d'ailleurs donne à la Russie un Tsar, Ivan le Terrible avait une descendance serbe[4].

Après la chute de Constantinople en 1453, puis de Smederevo en 1459, les églises serbe et grecque ont élu Moscou comme troisième Rome, Moscou restant la seule grande ville orthodoxe du monde à cette date. Des militaires, des religieux et des savants partirent alors pour Moscou[5]. On peut dire que leur l'objectif de sauver l'Orthodoxie fut couronné de succès car c'est autour de Moscou que s'est construite la Russie moderne. Aujourd'hui encore, les églises serbe et russe partagent encore le messianisme orthodoxe : par exemple, à partir de 1990, après la chute du bloc soviétique, un nombre important de moines orthodoxes partirent de Serbie pour re-christianiser la Russie post-soviétique[5]</ref>, ce qui rapprocha encore plus les deux Églises orthodoxes.

La Russie protectrice des serbes sous l'occupation ottomane

Dès les XVIIe et XVIIIe siècles, après l'occupation de la Serbie par l'Empire ottoman et une fois que la Moscovie fut elle-même totalement libérée de l'occupation mongole, la Russie subventionna largement la Serbie et le Monténégro, derniers berceau de la culture serbe avec la diaspora d'Autriche-Hongrie. En 1806, le tsar va jusqu'à occuper la région de Kotor[5], le port de Budva, les îles de Hrvar et de Brac et l'Herzegovine serbe, avec laquelle il chercha ensuite à reprendre la ville du Dubrovnik qui était sous le contrôle de Napoléon Bonaparte, le tout dans le but de créer un État serbe auquel était prévu d'annexer également une partie de la Dalmatie[5]. À la suite du traité de Tilsitt, Paul Ier est finalement obligé d'évacuer la région.

Cependant, 20 ans plus tard, le prince-évêque Petar II Petrović-Njegoš, le fameux prince poète, considéré aujourd'hui encore comme le plus grand écrivain de la littérature serbe[6], entreprend un voyage en Russie, au cours duquel il est décide de procéder à des échanges d'ambassadeurs. L'ambassadeur nommé est un serbe de Dubrovnik, Jeremij Gagic[6]. L'objectif de la Russie est l'établissement d'un port au Monténégro, le contrôle d'un port en Méditerranée étant un objectif russe de longue date[6]. Les Serbes d'Autriche et les serbes restés sous administration ottomane, étaient en train de fomenter le premier soulèvement serbe, demandent à la Russie son soutien par le biais de Georges Karadordevic. La encore, en raison du traité de Tilsitt, les Russes ne peuvent intervenir comme ils le désireraient et se contentent d'envoyer des conseillers militaires. On voit là les limites de la politique pro-serbe russe, qui en raison de facteurs politiques internationaux de court terme ou de la situation de faiblesse de la Russie, ne peut venir en aide à ses frères serbes (ce qui est également le cas concernant la Bulgarie)[6].

Lors de la seconde révolte serbe contre les Turcs, la Russie, ayant davantage de marge de manœuvre, pesa de tous son poids diplomatique et devint officiellement le protecteur de la Serbie[7], la détachant ainsi de l'emprise totale des Turcs. Lorsque, en 1878, le sort de la Bosnie est décidé (après la Guerre russo-turque de 1877-1878), la Russie fait faux bond et ne peut envoyer que 5 000 volontaires russes engagés avec la Serbie[7]. Cette situation conduira à la crise bosniaque de 1908 et, en 1914, l'alliance Serbie-Russie déclenchera le mécanisme des alliances et donc la Première Guerre mondiale.

L’union Soviétique et la Yougoslavie royaliste et socialiste ou les guerres idéologiques

Après la révolution bolchevique de 1917, la Yougoslavie royaliste devient l'État à abattre pour l'URSS. En effet, plus de 100 000 Russes blancs sont réfugiés auprès de la monarchie serbe des Karadordevic, qui gouverne la Yougoslavie de 1918 à 1941[7]. La politique anti-serbe de l'URSS est si forte quelle encourage l'indépendance de la Croatie, de la Slovénie et de la Macédoine. Accusant la Yougoslavie d'être une prison des peuples et les serbes d'être des « bourgeois grand-serbes », l'URSS a même subventionné le Parti paysan croate, premier parti ayant des revendications indépendantistes[7].

Avec la Seconde Guerre mondiale, Moscou change de stratégie : plus question de « diviser pour affaiblir », l'union de la Yougoslavie est nécessaire pour combattre les nazis. Courte période d'amitié entre Yougoslavie et URSS : très vite après la fin de la guerre, dès 1947, Tito quittera le Bloc de l'Est pour rejoindre le camp des non-alignés.

La Russie et la Serbie aujourd'hui

Malgré les nombreux changements de régime en Russie comme en Serbie, sauf lors de la période de l'entre-deux-guerres, la proximité culturelle entre les deux peuples leur a permis de conserver des liens forts.

Après la chute de Milosevic, la Serbie du président Zoran Đinđić s'est tournée vers les États-Unis et l'Union européenne. En 2003, par exemple, Jovica Stanišić, chef de la Sûreté d’État de Serbie (DB), a fourni aux forces américaines les plans du réseau de bunkers de Bagdad, construit et mis en place au cours des années 1970 par la Yougoslavie de Tito[8]. Cela ouvrit une ère nouvelle de relations américano-serbes.

Mais la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo par les États-Unis et leur politique pro-kosovare ont affaibli les partis pro-américains de Serbie. La Russie a profité des erreurs de Georges W. Bush pour regagner en importance sur l'échiquier balkanique[9]. Grâce à une politique de soutien vis-à-vis du Kosovo ainsi qu'un fort soutien économique (près de 1 milliard de dollars), ainsi que le projet South Stream qui offre un double intérêt géostratégique, elle fit de la Serbie la « nouvelle Ukraine » du gaz européen, lui assurant au passage une indépendance énergétique et lui offrant une importante manne financière sous forme de droits de passage[10] , [11]. Cette politique a permis à la Russie de reprendre sa place prépondérante en Serbie. En novembre 2011, plus de 20.000 serbes du kosovo, on même demande la nationalité russe, afin de garantir leur sécuriter[12].

Notes et références

  1. Serbia hails union with Russia and Belarus, BBC News, article publié le 12 avril 1999. Consultation du 5 octobre 2008.
  2. (en) Serbia hails union with Russia and Belarus, BBC News, article publié le 12 avril 1999. Consultation du 5 octobre 2008
  3. a et b Alexis Troude "Géopolitique de la Serbie", éditions Ellipses (ISBN 2729827498), page 161
  4. http://www.russkiymir.ru/russkiymir/en/publications/articles/article0140.html
  5. a, b, c et d Alexis Troude "Géopolitique de la Serbie", éditions Ellipses (ISBN 2729827498), page 162
  6. a, b, c et d Alexis Troude "Géopolitique de la Serbie", éditions Ellipses (ISBN 2729827498), page 163
  7. a, b, c et d Alexis Troude "Géopolitique de la Serbie", éditions Ellipses (ISBN 2729827498), page 164
  8. presse : 2 mars 2009 Mise en ligne : mardi 3 mars 2009 journal et site internet de BLIC
  9. http://glassrbije.org/F/index.php?option=com_content&task=view&id=8976&Itemid=26
  10. http://fr.euronews.net/2009/10/20/liens-historiques-et-strategiques-entre-la-russie-et-la-serbie/
  11. http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hNkJjPT_FBg9E72oy_hEvQeWyCcg
  12. http://www.casafree.com/modules/news/article.php?storyid=67050

Voir aussi


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Relations entre la Russie et la Serbie de Wikipédia en français (auteurs)

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