- Reconstruction en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale
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Le Troisième Reich, durant la Seconde Guerre mondiale, reçut 1 350 000 tonnes de munitions entre 1942 et 1945 lors des bombardements stratégiques des forces alliées, soit, si l'on retranche l'acier, 450 000 tonnes d'explosifs, ce qui représente l'équivalent en puissance de 25 bombardements nucléaires sur Hiroshima. Les combats sur son sol à partir de fin 1944 firent également d'énormes dégâts. Après la capitulation de l'Allemagne, on entreprit de reconstruire le pays.
Le bilan des bombardements sur l'Allemagne
Une quantité proprement fabuleuse de richesses artistiques et architecturales, dûment inventoriées avant guerre et très bien documentées, ont été détruites ou sévèrement endommagées. Presque aussi grave que les palais, églises, monuments, un nombre gigantesque de maisons et d'immeubles en maçonnerie, en pan de bois ou réalisés selon d'autres modes traditionnels de construction, appartenant à toutes les époques, comportant de nombreuses décorations et modénatures de façade et conditionnant l'esthétique générale des villes ont disparu; bref: jamais dans l'histoire une telle quantité de patrimoine inestimable ne fut perdu en si peu de temps. Ce désastre ne peut être considéré que comme l'un des événements architecturaux majeurs du XXe siècle.[non neutre]
Les restaurations d'après-guerre, dans l’urgence
Pour consulter un article plus général, voir : Reconstruction après la Seconde Guerre mondiale.Dès les premières années d'après-guerre, en même temps que la reconstruction purement utilitaire, la remise en état de certains monuments importants les moins abîmés fut entreprise en Allemagne de l'Ouest, ainsi que la restauration, puis la reconstruction pure et simple de plusieurs autres à partir de ruines, les chantiers durant parfois trente ans. Ainsi l'on releva un nombre impressionnant de trésors architecturaux petits et grands, parfois à partir de rien:
- la Residenz à Munich;
- le Château de Charlottenburg à Berlin;
- La résidence épiscopale, l'église St Kilian à Würzburg;
- le « Burg », le Museumsbrücke, le Kaiserburg, la maison de Dürer, l'Egidienkirche, le Tucherschlösschen, l'Hôtel de ville Wollscher à Nuremberg;
- l'église Saint-Michel à Hildesheim ;
- le Kunstvereinsgebäude (salle d'exposition néo-baroque, assez semblable à notre Petit Palais, appelé le “presse citron” à cause de sa coupole), le château, une partie de la vieille ville ;
- le Zwinger et la Frauenkirche à Dresde ;
- les châteaux de Stuttgart, de Karlsruhe, de Würzburg et de Mannheim, avec la vieille ville ;
- le Kronprinzenpalais, la Zeughaus, l'Opéra, le Kronprinzessinenpalais, la Schauspielhaus, les Deutscher et Französischer Dom (cathédrales), l’université Humboldt, le palais Kaiser-Wilhelm, la bibliothèque Royale, l'Hedwigkathedrale, l'académie d'architecture, l'Île des musées à Berlin, etc.
La liste heureusement est inachevée. Des initiatives très contestables (qu'il est toujours temps de réparer), comme l'Église du Souvenir de Berlin (Gedächtniskirche) furent tentées, dans l'idée de mêler "ancien et moderne".
Pour le reste, un effort de reconstruction colossal, qui suscite l'admiration par son dynamisme, mais catastrophique sur le plan patrimonial, fut entrepris : des décombres surgirent des milliers d'immeubles sans caractère, rendant irréversible toute restauration des tissus en ruine, déblayés sans ménagement, alors que de nombreuses façades intactes eussent pu être conservées pour cacher les immeubles reconstruits, pratique courante aujourd'hui. Ce fut la première vague de reconstruction, pressée par une urgence compréhensible, dans un contexte de modernisme dominant et de croissance économique fulgurante, où étaient censés n'être remis en état ou reconstruits que les édifices présentant un intérêt exceptionnel.
Quelques-unes des reconstructions « cadastrales » des années 1950, où l'on releva sur parcelle, en surface et au gabarit d'avant-guerre, des immeubles indemnisés, sans plan urbanistique "table-rase", ne manquent cependant pas d'un certain charme. Il y a des quartiers de Düsseldorf ou de Berlin, voire d'une ville industrielle comme Bochum, qui évoquent Michel Roux-Spitz ou François le Cour, la verdure revenue et l'homogénéité de style achevant de sauver l'ensemble. Jusque dans les années 1960, qui virent déferler, qu'il y ait eu dommages de guerre ou non, le néo-corbuséisme massif ultérieur qui rompait avec les gabarits voyers encore classiques de l'immédiate reconstruction, dominait une certaine continuité avec l'urbanisme traditionnel.
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