Race Et Histoire

Race Et Histoire

Race et Histoire

Race et histoire
Auteur Claude Lévi-Strauss
Genre Essai, Brochures
Pays d'origine France
Éditeur Unesco
Collection Folio essais
Date de parution 1952
Nombre de pages 85
ISBN 978-2-07-032413-2

Race et Histoire est un livre de l'anthropologue, ethnologue et philosophe Claude Lévi-Strauss (né à Bruxelles le 28 novembre 1908). Lorsqu'il l'écrit, il n'est connu que par quelques spécialistes de la sociologie, pas encore du grand public, comme il le sera lors de la parution de Tristes Tropiques.

Ce livre porte sur les comparaisons entre les différentes cultures.

En 1952, l'Unesco publie une série de brochures consacrées au problème du racisme. Claude Lévi-Strauss écrit pour l'occasion Race et Histoire. Il critique la thèse de Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882), auteur dont la récupération des thèses racialistes selon lesquelles il y aurait trois races (la noire, la blanche et la jaune) fera l'un des pères du racisme. D'après Gobineau ces races n'auraient pas les mêmes capacités et le métissage ne conduirait qu'à la dégénérescence.

Le livre part, afin de la réfuter, de la théorie de Gobineau. Lévi-Strauss constate que « pour lui les grandes races primitives qui formaient l’humanité à ses débuts - blanche, jaune, noire - n’étaient pas tellement inégales en valeur absolue que diverses dans leurs aptitudes particulières. La tare de la dégénérescence s’attachait pour lui au phénomène du métissage. »

Au sujet de la diversité des cultures, Lévi-Stauss écrit : « Une première constatation s’impose : la diversité des cultures humaines est, en fait dans le présent, en fait et aussi en droit dans le passé, beaucoup plus grande et plus riche que tout ce que nous sommes destinés à en connaître jamais […] La notion de la diversité des cultures humaines ne doit pas être conçue d’une manière statique. »

« Beaucoup de coutumes sont nées, non de quelque nécessité interne ou accident favorable, mais de la seule volonté de ne pas demeurer en reste par rapport à un groupe voisin qui soumettait à un usage précis un domaine où l’on n’avait pas songé soi-même à édicter des règles. » La pente naturelle d'un individu tend vers l’ethnocentrisme, c'est-à-dire qu'il tend à considérer sa culture comme la Culture. Cela consiste à « répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. »

On sait que les romains considéraient comme barbare tout ce qui n’était pas romain ou grec, élargissant la définition grecque qui désignait par barbare tout ce qui n'était pas grec. De nos jours encore, pour de nombreux individus, l’humanité cesse d’exister aux frontières de la tribu voire du village. Cette attitude est paradoxale car « en refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus sauvages ou barbares de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. »

Le développement des cultures se fait-il par étape ? On croit souvent à l'existence d'une sorte d’évolutionnisme des cultures. Celles-ci avanceraient par étape. L’Afrique en est « encore au moyen-âge » entendons nous parfois. En réalité cette théorie n’est qu'une « tentative pour supprimer la diversité des cultures tout en feignant de la reconnaître pleinement. » C’est une façon masquée de nier leur diversité. De fait, il existe plusieurs cultures possédant des modes de développement différents. La découverte du nouveau monde nous montre ainsi que la civilisation précolombienne mêlait d’étonnantes réussites technologiques à des lacunes. Elle était extrêmement avancée en matière d’agriculture tandis que sa maîtrise de la domestication restait faible, se distinguant de la période néolithique européenne durant laquelle agriculture et domestication allaient de pair.

En réalité chaque culture possède une histoire, sans que l'on puisse affirmer dans l'absolu qu'une culture soit plus ou moins avancée qu'une autre. « En vérité, il n’existe pas de peuples enfants ; tous sont adultes, même ceux qui n’ont pas tenu le journal de leur enfance et de leur adolescence. »

Il y a donc une pluralité de cultures. Mais comment les jugeons-nous ? Nous cataloguons les cultures selon deux critères : stationnaires ou cumulatives. Nous considérons comme cumulative toute culture allant dans le même sens que la nôtre, tandis que nous considérons les autres comme stationnaires « non pas nécessairement parce qu’elles le sont, mais parce que leur ligne de développement ne signifie rien pour nous, n’est pas mesurable dans les termes du système de référence que nous utilisons. »

Lévi-Strauss ajoute que le progrès n’est ni nécessaire ni continu. Il procède par bonds, par mutations. Ces bonds ne consistent pas à aller toujours plus loin dans la même direction. « L’humanité en progrès ne ressemble guère à un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements une marche nouvelle à toutes celles dont la conquête lui est acquise. » Une culture momentanément stationnaire nous paraît dépourvue d’intérêt simplement parce qu’elle ne nous ressemble pas.

Les inventions marquant un progrès ne sont certes pas le fruit du hasard, néanmoins chacune d’elles, prise de façon isolée, ne signifie rien. C’est leur combinaison qui permet la réussite. Chaque génération n’a besoin pour progresser que d’ajouter une épargne au capital légué par les générations antérieures. Il est possible d'interroger notre propre ethnocentrisme en formulant la question suivante : la civilisation occidentale s’est elle montrée plus cumulative que d’autres ?

« Deux fois dans son histoire, l’humanité a su accumuler une multiplicité d’inventions orientées dans le même sens […] et qui ont entraîné des changements significatifs dans le rapport que l’homme entretient avec la nature. » La révolution industrielle a été entamée par les occidentaux puis mise en place partout à travers le monde. On inclinerait donc à penser que c’est le génie de l’occident qui a permis cela. Mais il y a 2000 ans, la révolution néolithique s’est déclenchée simultanément à plusieurs endroits de la planète tant et si bien que Lévi-Strauss constate que « la simultanéité d’apparition des mêmes bouleversements technologiques, sur des territoires aussi vastes et dans des régions écartées, montre bien qu’elle n’a pas dépendu du génie d’une race ou d’une culture, mais de conditions si générales qu’elles se situent en dehors de la conscience des hommes. »

Enfin, au sujet des relations entre les cultures constatons qu'« Aucune culture n’est seule ; elle est toujours donnée en coalition avec d’autres cultures, et c’est cela qui lui permet d’édifier des série cumulatives. » Par exemple la Renaissance se caractérise par la rencontre des cultures grecque arabe romaine et chinoise avec la culture européenne. Finalement « Tout progrès culturel est fonction d’une coalition entre les cultures. »

Éditions

  • Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, brochures éditées par l'Unesco, 1952 ; réédition en volume en 1961, puis (suivi de Jean Pouillon, « L'oeuvre de Claude Lévi-Strauss »), Paris, Denoël Gonthier, 1975 ; aujourd'hui réédité chez Gallimard, « Folio essais ».[1] [2]
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