- Quota laitier au Canada
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Les Quotas laitiers au Canada datent des années 1970. Les producteurs de lait doivent posséder un permis pour chaque litre de lait qu'ils vendent aux usines. C'est un moyen pour eux d'éviter les surplus et les pénuries. Grâce à ces quotas, la quantité totale de lait produit au pays correspond à ce qui est consommé par les Canadiens.
Sommaire
Gestion de l'offre
La gestion de l'offre représente environ 20% de l'agriculture canadienne (plus dans certains provinces, par exemple environ 37% au Québec). Elle concerne les secteurs agricoles suivants :
- Production laitière ;
- Oeufs de consommation et à couver ;
- Poulets de chair ;
- Dindes.
Elle repose sur trois piliers essentiels[1] :
- le contrôle sur les importations de produits et de plusieurs sous-produits ;
- une politique des prix administrée selon les coûts de production ;
- la gestion de la production.
Ses objectifs : « En faisant correspondre l’approvisionnement du produit disponible au Canada à la demande du marché, les systèmes de gestion de l’offre visent à procurer aux producteurs des rendements équitables et aux consommateurs un approvisionnement approprié à des prix raisonnables »
Histoire des quotas de lait
Les producteurs agricoles ont toujours été soumis aux aléas de l'offre et de la demande. Les associations qui les représentent au Canada, dont la Coop fédérée au Québec, ont graduellement fait des accords avec les laiteries pour réguler le marché. Ils ont également fait des pressions sur les gouvernements provinciaux et fédéral pour obtenir un système de quotas pour ajuster la production à la demande en échange d'un prix stable et raisonnable pour les consommateurs.
Des plans de mise en marché ont été graduellement mis sur pied dans les différentes provinces mais ces dernières ne pouvaient pas réglementer le commerce inter-provincial. En 1966, la Commission canadienne du lait fut créée. Les producteurs ont finalement obtenu des quotas nationaux au début des années 1970 pour le lait. Ces quotas sont accompagnés d'un prix rémunérateur pour le producteur. Plus généralement, les quotas laitiers font partie des productions agricoles canadiennes soumises au système de gestion de l'offre.
Depuis les années 1990, les discussions sur la libéralisation des échanges de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et celles qui ont mené à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ont menacé le système de gestion de l'offre. Plusieurs actions auprès de l'OMC ont été menées par les États-Unis d'Amérique et la Nouvelle-Zélande, qui ont conduit à certaines révisions du système[2] (sur les classes de lait pour l'exportation en particulier) mais jusqu'à présent, le Canada a réussi à conserver son système de gestion de l'offre (et donc ses quotas laitiers), qui protège efficacement ses producteurs de la concurrence américaine.
Fonctionnement
Au Canada, le règlement sur la mise en marché des produits laitiers, selon la Loi sur la Commission canadienne du lait, attribue au fédéral la juridiction sur la mise en marché du lait de transformation et des produits laitiers pour le commerce inter-provincial et les exportations. Les pouvoirs fédéraux de réglementation de la mise en marché du lait de consommation (utilisé pour le lait et la crème) en vue du commerce inter-provincial et de l'exportation sont délégués aux provinces. Chaque province voit donc à l'attribution des quotas et à l'application quotidienne du contrôle de l'offre.
Production canadienne de lait
En 2010, les chiffres de production étaient de:
- 8,6 millions de tonnes de lait produites (soit 83.56 millions d'hectolitres environ)
- 981 000 vaches laitières au 1er janvier
Toute la production est concernée par le système de gestion de l'offre. Cette production est localisée à 81 % au Québec et en Ontario.
Lait de consommation et lait de transformation
La gestion considère deux marchés distincts:
- Le marché du lait de consommation (lait et crème) qui compte pour 40% de la production laitière
- Le marché du lait de transformation (produits laitiers transformés tels que le beurre, le fromage, le yogurt et la crème glacée) qui compte pour les 60% restants.
La Commission canadienne du lait n'intervient que pour ce dernier marché en établissant en particulier le QMM (quota de mise en marché), cible nationale de production du lait de transformation, révisée tous les deux mois.
Au niveau du producteur, ces marchés se traduisent en quotas. Le lait de consommation correspond aux classes de lait 1A (laits et boissons), 1B (crèmes) et 1C. Pour des raisons historiques et économiques, ces quotas sont gérés sur une base de matière grasse laitière. Dans le jargon, on dit des kilos-jours.
Le lait de transformation correspond aux classes suivantes:
- classe 2: lait servant à la fabrication de crème glacée, des yogurts et de la crème sûre
- classes 3: lait servant à la fabrication de fromage (majeure partie du lait de transformation)
- classes 4: lait servant à fabriquer le beurre, le lait concentré, le lait en poudre et autres produits
- classes 5: lait servant à fabriquer des ingrédients laitiers et les exportations.
Le lait est payé suivant ses composants(matière grasse, protéine, autres solides) suivant une grille publiée chaque année. Globalement le prix payé par hectolitre pour les classes 2, 3 et 4 est proche du prix cible, le prix pour la classe 5 étant très inférieur.
Importation et exportations
Les exportations sont limitées à 4,27% de la production du fait d'un engagement auprès de l'OMC. Il faut noter que les exportations ne sont pas subventionnées.
Les importations sont lourdement taxées, la plupart des produits laitiers subissent des droits de douanes supérieurs à 200% qui rendent l'accès au marché impossible. Il existe un quota d'importation de fromages de 25 000 tonnes sous le titre "engagement d'accès minimum", et un quota d'importation de beurre de 3 274 tonnes.
Ententes inter-provinciales
Il existe une entente nationale de mise en commun des revenus pour le lait des classes de surtransformation et d'exportation. Un accord appelé "P5" rassemble le Québec, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse. Il permet le partage des marchés et la mise en commun des revenus de toutes les classes de lait et comprend des dispositions permettant d'équilibrer les surproductions sur une base inter-provinciale. Il existe un accord similaire dans l'Ouest canadien qui rassemble la Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba.
Au Québec
Les producteurs délèguent à la Fédération des producteurs de lait du Québec[3] (office de commercialisation) la responsabilité de commercialiser tout le lait qu’ils produisent et d’en négocier toutes les conditions de vente avec les industriels laitiers. Les usines paient à la Fédération le lait reçu au cours d’un mois au prix négocié en fonction du type de produit fabriqué, sur la base de chaque kilogramme de composants que contient le lait utilisé: matières grasses, protéines et autres solides du lait. Les producteurs reçoivent leur paiement pour les composants livrés au cours du mois, au prix moyen pondéré en fonction de l'utilisation.
À la suite de l'évaluation des quotas par la Commission nationale du lait, chaque producteur voit son quota de production ajusté en proportion de la variation du marché total. Ils ne sont pas limités par leur quota mais le lait livré au-delà du quota doit être écoulé au prix le plus bas du marché, prix bien inférieur à celui reçu pour la production planifiée.
Prix de soutien
La Commission canadienne du lait[4] mène une étude annuelle sur le coût de production et consulte les divers partenaires pour établir les prix de soutien du beurre et de la poudre de lait écrémé et par conséquent, le prix cible du lait[Note 1]. Celui-ci est annoncé en fin d'année et entre en vigueur le 1er février de l'année suivante[5]. Le prix cible est basé sur le coût de production (coûts variables, coûts fixes, rendement du travail et du capital)et d'autres facteurs économiques. Le coûts de production est mesuré grâce à une enquête nationale auprès des producteurs.
Prix des quotas
Quand le système a été mis en place, les quotas ont été attribués gratuitement aux producteurs laitiers de l'époque. Ces quotas peuvent être vendus et une bourse des quotas s'est organisée entre producteurs. Au Québec, cela se fait une fois par mois par un encan téléphonique centralisé. Les producteurs qui veulent vendre ou acheter du quota doivent communiquer avec une firme spécialisée qui reçoit toutes les offres d'achat et de vente de quotas de la province.
Le prix sera le même pour tout le monde lors de cet encan fermé. Les administrateurs cherchent celui pour lequel il y aurait autant de kg à vendre que de kg à acheter; une sorte d'équilibre entre l'offre et la demande[6]. Avec le temps, les prix ont atteint des niveaux très élevés et plusieurs observateurs remarquent que cela traduit un déséquilibre du système. D'un côté, la productivité des vaches augmente plus vite que la consommation de produits laitiers et par conséquent, un éleveur doit augmenter son quota s'il veut garder le même nombre de vaches. De l'autre côté, la valeur des quotas en tant qu'actifs de l'entreprise dépasse la valeur des autres actifs (y compris les bâtiments et les vaches), signe que le système est exagérément rémunérateur. On cherche aussi la légitimité d'une telle création de valeur monétaire pour les éleveurs.
Le prix du quota avait atteint un sommet en janvier 2003 de 31 000 dollars canadiens le kilo-jour, et oscillait entre 25 000 et 30 000 $Can depuis ce temps. En mai 2006 il atteignait le sommet historique de 32 101 $Can[7]. De plus, à ces prix, il est beaucoup plus avantageux, économiquement, de vendre sa ferme à son voisin qu'à ses enfants ou il est très difficile pour un jeune exploitant de partir en affaire.
Pour donner une idée plus claire aux profanes, on a besoin d'environ 1 kg de quota de MG par vache, cela donne une idée des sommes en jeu.
Les prix atteints par les quotas sont sujet de débat permanent dans les organisations syndicales de producteurs. Faire baisser le prix du quota pose plusieurs problèmes. Au Québec et en Ontario le quota est plafonné actuellement à 25,000 $, et une réserve est prélevée sur chaque transaction au Québec. Cependant, si on ne vend plus les quotas aux plus offrants, à qui les vendra-t-on? Selon quels critères? Et puis comment réagiront ceux qui viennent d'en acheter au gros prix et qui devront le payer pendant encore 10 ans?
Notes
- On utilise des coefficients multiplicateurs, par exemple au 1er février 2011: (7.1922 $ * 4.3793) + (6.2721 $ * 8.9121) = 87.39 $ moins la marge des transformateurs soit 11.56 $, le prix visé étant donc de 75.83 $, auquel on soustrait 0.07 $ pour couvrir les frais d'entreposage.
Références
- Document de réflexion des Producteurs Laitiers du Canada
- Mémorandum de l'OMC sur ce différend
- Site de la Fédération des Producteurs de Lait du Québec
- Site de la Commission Canadienne du Lait
- Prix au 1er février 2011
- Page statistiques sur le lait au Québec, possibilité d'obtenir le rapport des transactions de quotas par mois
- Prix du quota: sommet historique sur le site LaTerre.ca
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Centre canadien d'information laitière
- Commission canadienne du lait
- Fédération des producteurs de lait du Québec
- (en)Dairy Farmers of Ontario (DFO)
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