- Quinquina jaune
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Quinquina jaune Cinchona calisaya Classification classique Règne Plantae Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Ordre Rubiales Famille Rubiaceae Genre Cinchona Nom binominal Cinchona calisaya
Wedd., 1848Synonymes * Cinchona ledgeriana Moens ex Trimen Classification phylogénétique Ordre Gentianales Famille Rubiaceae Fleurs et fruits
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sont disponibles sur CommonsLe quinquina jaune ou quinquina calisaya (Cinchona calisaya) est un arbre sempervirent de la famille des Rubiacées. Originaire du Pérou et de la Bolivie, il est réputé pour son écorce riche en quinine (avec d'autres Cinchona).
Noms vernaculaires :
En Bolivie, la plante est connue sous les noms de calisaya, calisaya morada, quina morada, quina verde.
Synonymes :
- (=) Cinchona calisaya var. ledgeriana Howard
- (=) Cinchona carabayensis Wedd.
- (=) Cinchona ledgeriana (Howard) Bern. Moens ex Trimen, cultivé à Java, à partir de graines venant du Rio Mamoré (Bolivie)
- (=) Cinchona officinalis auct. mult.
Sommaire
Histoire de la nomenclature
Au milieu du XVIIIe siècle, Linné créa le genre Cinchona sur la base des informations de Joseph de Jussieu et de la Condamine[1]. Il distingua d'abord deux puis trois espèces. Un siècle plus tard, le botaniste, Hugh Algernon Weddell, d'origine anglaise mais ayant étudié et travaillé en France (au Muséum national d'histoire naturelle), effectua durant plus de cinq ans une mission d'étude des quinquinas en Amérique du Sud (de 1843 à 1848). Il tenta de mettre un peu d'ordre dans la classification léguée par les Espagnols[2] et distingua 19 espèces dont le fameux Cinchona calisaya, le plus riche en quinine qui allait être cultivé à grande échelle en Asie.
Il fut le premier à ramener avec succès des quinquinas en Europe. Ses graines, obtenues de C. calisaya, germèrent au Jardin des Plantes de Paris en 1848-1849. Un jeune plant fut donné au gouvernement néerlandais qui l'envoya à Java pour être cultivé.
Description
Le quinquina jaune est un arbuste parfois lianescent, ou un arbre pouvant atteindre 15 mètres de hauteur[3].
Les feuilles décussées sont chartacées à l'état sec, de 6-19 x 2-9 cm, elliptiques ou oblongues à obovales ou ovales, à base cunée ou atténuée, au dessus mat et glabre. Les domaties sont plus développées dans la partie distale du limbe.
Les inflorescences sont des cymes. Le calice de 1-2 mm a des lobes triangulaires, à l'extérieur pubérulant et glabre à l'intérieur. La corolle est blanche à rose ou pourpre, avec un tube de 8-13 mm; les étamines ont des filets longs dans les fleurs à style court et inversement courts dans les fleurs à style long.
Le fruit est une capsule de 5-25 x 3-8 mm, avec un endocarpe fin, chartacé.
Distribution et écologie
Le quinquina jaune pousse à l'état naturel sur les contreforts et les versants orientaux de la Cordillère des Andes[3], du centre du Pérou (Junin) au centre de la Bolivie (Santa Cruz). Il se rencontre entre 200 m et 3300 m d'altitude, dans les forêts humides aussi bien que dans la végétation ouverte des pajonales.
Cinchona calisaya a été très cultivé (avec C. pubescens) à la fin du XIXe siècle pour son écorce riche en quinine, à Java, en Afrique et en Amérique tropicale.
Composition
Une trentaine d'alcaloïdes ont été trouvés dans l'écorce de quinquina. Les alcaloïdes quinoléiques, majoritaires, sont des stéréoisomères[4], la quinine et la quinidine et leur homologues déméthoxylés en C-6' : (-)-quinine, et (-)-cinchonidine (8S, 9R), (+)-quinidine et (+)-cinchonine (8R, 9S). Une analyse de Hodge[5](1948) a donné :
Alcaloïdes d'écorce de C. calisaya de Bolivie (en % de mat. sèche) Cinchonine Cinchonidine Quinine Quinidine Alcaloïdes totaux 0,55 0,83 3,35 0,07 4,80 Alcaloïdes quinoléiques de C. calisaya R Nom R Nom OCH3 (-)-quinine (8S, 9R) OCH3 (+)-quinidine(8R, 9S) H (-)-cinchonidine (8S, 9R) H (+)-cinchonine (8R, 9S) La teneur en quinine de l'écorce de C. calisaya est la plus forte de tous les Cinchona analysés[5] :
Teneur moyenne des écorces de quinquina en quinine
(% de mat. sèche) d'après Hodge (1948)C. calisaya C. micrantha C. officinalis C. pubescens Bolivie nord du Pérou sud de l'Equateur nord de l'Equateur 3,35 0 0,41 1,48 Outre ces alcaloïdes quinoléiques, on trouve des alcaloïdes indoliques comme la cinchonamine. Ces dérivés indoliques sont largement majoritaires dans les feuilles de quinquina.
Les écorces contiennent aussi des composés phénoliques[4], des acides organiques (acide quinique), des saponosides à génine triterpénique dicarboxylique et de l'huile essentielle (alpha-terpinéol, linalol, limonène).
La culture de cal de C. calisaya a révélé la présence de 15 anthraquinones[6].
De la cueillette à la culture
Article détaillé : Cinchona.Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les marchés européens étaient approvisionnés en écorces du Pérou, à partir des forêts de Loja (actuellement dans l'Equateur). Puis lorsque les chimistes eurent mis en évidence les fortes teneurs en quinine du quinquina calisaya, les forêts de Bolivie où cet arbre croît en abondance furent aussi exploitées. « ...l'affluence des cascarilleros [écorcheurs], dans les forêts, devint si considérable, qu'en peu de temps il resta à peine un arbre à quinquina dans le voisinage des lieux habités, et les exportations de la drogue devinrent si considérables qu'elle tomba à vil prix. » observait le botaniste Hughes Weddell en 1853[7], « Il est de toute évidence que le quinquina calisaya, si on continue à l'exploiter de la sorte, finira tôt ou tard par disparaître plus ou moins complètement de nos marché.... ». Le maximum du prélèvement sera atteint en 1882 avec 10 000 tonnes d'écorce sauvage produite, ce qui est beaucoup compte tenu des méthodes prédatrices d'exploitation et très peu compte tenu des besoins considérables en quinine de la population mondiale impaludée. D'après l'évaluation de B. Etemad[8] cette production couvrait les besoins de 3% de la population impaludée.
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la production du quinquina sauvage se trouvera uniquement dans le domaine colonial espagnol (Pérou, Bolivie, Équateur et Colombie). Pour répondre au besoin grandissant en quinine, les puissances européennes vont chercher à "acclimater" la plante dans leurs colonies. Les Britanniques introduisirent le quinquina rouge (Cinchona succiruba) avec succès à Ceylan. Puis les Hollandais réussirent à supplanter la production anglaise grâce à la culture commerciale du quinquina jaune (connu à l'époque sous le nom de Cinchona ledgeriana) dont l'écorce est très riche en quinine et qu'ils choisirent de produire à Java[8].
C'est ainsi que jusqu'aux années 1880, l'essentiel de la production d'écorce fut assurée par l'Amérique du Sud. Il y eu ensuite une éphémère domination de Ceylan vers 1885, vite supplantée par les Indes néerlandaises. Dans les années de l'entre-deux-guerres, ces dernières assureront environ 90% de la production mondiale d'écorce de quinquina. Mais l'invasion japonaise de l'Indonésie, en détruisant les quelque 20 000 hectares de plantations de quinquina, sonnera le glas de cet épisode de l'histoire de la quinine.
L'écorce de quinquina et la quinine qui en était extraite ont, pour certains historiens, joué un rôle déterminant dans l'expansion coloniale des puissances européennes. « Grâce à cette drogue tirée d'une plante originaire des Andes, cultivée sur de riches terres asiatiques louées à bas prix et par une main d'œuvre soumise à un quasi-esclavage, l'homme blanc aurait pénétré et colonisé le continent noir », nous dit Bouda Etemad[8]. « Ce qui est séduisant dans l'histoire de la quinine, c'est qu'elle réunit l'Europe, l'Amérique, l'Asie et l'Afrique, et apparaît ainsi comme un condensé de la colonisation. »
Dans les années 1950-1960, un produit de synthèse, la chloroquine (nivaquine), au coût de fabrication très faible, remplacera la quinine d'extraction dans les pays développés.
La culture s'est cependant poursuivie en Indonésie et s'est considérablement développée dans certains pays d'Afrique (République démocratique du Congo, Cameroun, Côte d'Ivoir).
Ethnopharmacologie
Actuellement, l'écorce de quinquina continue à être utilisée dans de nombreux pays, sous forme de décoction ou d'infusion[5]. Son usage en phytothérapie antipaludique est attesté en Équateur, au Pérou, En Bolivie, Guyane, Colombie, Nicaragua ainsi qu'à Madagascar et aux Philippines. Au Brésil, elle est considérée comme tonifiante et antipyrétique. Elle est utilisée en cas d'anémie, de désordres gastro-intestinaux, de fatigue, fièvre et paludisme.
Galerie
Références
- Cinchona voir la section histoire de
- Jose Celestino Mutis, Hipolito Ruiz et Jose Pavon des botanistes espagnols ayant travaillé en Amérique du Sud à la fin du XVIIIe siècle sont
- (en) Lennart Andersson, A Revision of the Genus Cinchona (Rubiaceae - Cinchoneae), Memoirs of the New York Botanical Garden, Vol 80, 1998
- Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes médicinales, 4e éd., revue et augmentée, Paris, Tec & Doc - Éditions médicales internationales, 2009, 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8)
- (en) R. Wijnsma, Verpoorte, Mulder-Krieger, Svendsen, « Anthraquinones in callus cultures of Cinchona ledgeriana », dans Phytochemistry, vol. 23, no 10, 1984, p. 2307-2311
- Hughes Algernon Weddell, Voyage dans le nord de la Bolivie et dans les parties voisines du Pérou, Bertrand, 1853
- Bouda Etemad, La Possession du monde, Editions complexe, 2000
Liens internes
- Cinchona pubescens quinquina rouge
- Cinchona officinalis quinquina gris
Liens externes
- GRIN 10557
- Référence ITIS : TSN 506064 (fr) ( (en))
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