- Quatrième mur
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En théâtre, le quatrième mur est une notion inventée par André Antoine[réf. nécessaire] qui voulait recréer sur scène la vraisemblance.
Bien avant lui, Denis Diderot, dans le Discours sur la poésie dramatique (1758), avait formulé l'idée qu'un mur virtuel devait séparer les acteurs des spectateurs : « Imaginez sur le bord du théâtre un grand mur qui vous sépare du parterre ; jouez comme si la toile ne se levait pas. » (chap. 11, De l'intérêt.)
Autre explication de l'esthétique du quatrième mur, par Stendhal cette fois : « L’action se passe dans une salle dont un des murs a été enlevé par la baguette magique de Melpomène, et remplacé par le parterre. Les personnages ne savent pas qu’il y a un public. » Stendhal, Racine et Shakespeare.
Le quatrième mur est un écran imaginaire qui sépare l'acteur du spectateur. Parallèle au mur de fond de scène, il se situe entre le plateau et la salle, au niveau de la rampe. Avec ce système, les acteurs ont commencé à avoir des déplacements plus naturalistes et quotidiens, ils pouvaient par exemple jouer dos au public.
Le public voit alors une action qui est censée se dérouler indépendamment de lui. Il se trouve en position de voyeur : rien ne lui échappe mais il ne peut pas intervenir. Le personnage peut briser cette illusion en faisant un commentaire directement au public, ou bien en aparté.
Autres usages
Dans les séries télévisées (ou les films, les bandes dessinées, les jeux vidéo, etc.), supprimer le quatrième mur représente soit un moment où le personnage s'adresse au public, soit lorsqu'il énonce un fait hors du cadre de la série et qu'il lui est impossible de connaître. Par exemple, s'il parle du public ou de sa propre condition, un personnage brise le quatrième mur. Ce procédé a été systématiquement utilisé au début de chaque épisode de la série télévisée Le Saint, dans sa partie noir et blanc, avec les confidences de Roger Moore en début de film, créant ainsi une connivence avec le spectateur.
Les récits réalistes ne doivent pas transgresser le quatrième mur sous peine de briser l’illusion réaliste. Le personnage qui s’adresse directement au public (par un aparté) ou parle de sa propre condition (de personnage dans un film, par exemple) dans les comédies risque de rompre le contrat narratif réaliste et de le faire basculer vers l’absurde ou le fantastique. C'est ce qui se produit dans le film de Jean-Luc Godard avec Jean-Paul Belmondo (« Si vous n'aimez pas la campagne… »), la série télévisée Clair de lune, dans le film québécois Nuit de Noces (2001), dans le film français le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2002) ou dans High Fidelity (2000) avec John Cusack.
Le contrat narratif est cet « ensemble de clauses implicitement (im)posées qui contribuent à (pré)déterminer le comportement logique d'un récit »[1]. Le contrat narratif réaliste se définit comme : ce qui arrive dans le récit est possible et pourrait arriver ; les personnages qui habitent l’univers du récit, les événements qui s’y produisent et les sociétés qui y sont présentées sont réalistes, soit des reflets de la réalité, naturalistes et vraisemblables. Il s’agit du contrat narratif le plus fréquent dans les fictions et les docufictions cinématographiques et télévisuelles. Parmi les autres contrats narratifs, on retrouve : le fantastique et l'horreur, la science-fiction, l'absurde, l'historique et le musical.
Notes
- Gabrielle Gourdeau, Analyse du discours narratif, Boucherville, Gaëtan Morin éditeur, 1993, p. 2
Voir aussi
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