Progrès théorique

Progrès théorique

Progrès

Le terme de progrès vient du latin progressus qui renvoie à l'action d'avancer. Ainsi le progrès désigne un passage à un degré plus important, à un état meilleur.

Le concept de progrès est utilisé et discuté dans différentes disciplines telles que la philosophie, l'histoire, la politique ou l'économie.

Wiktprintable without text.svg

Voir « progrès » sur le Wiktionnaire.

Sommaire

Histoire de la notion

La notion de progrès, qui semblait évidente voire « naturelle » aux hommes de la fin du XIXe siècle, est en fait une notion historiquement acquise et diversement comprise selon les temps, les lieux et les civilisations. C'est une notion plurielle et historiquement située. Aujourd'hui encore, le "progrès" n'est pas compris, appréhendé, recherché de la même manière en Europe, en Chine, en Afrique ou au Japon, pour ne citer que quelques pays[réf. nécessaire]. La relation au "progrès" n'est pas un invariant anthropologique. Les anthropologues au contraire, relèvent la difficulté qu'ont les sociétés "premières" à appréhender cette idée. Jacqueline de Romilly, à propos des Grecs, montre bien que s'ils ont connu la notion de progrès, et s'ils l'ont utilisé, ce fut de manière fugace et très limitée. Dans Les Idées romaines sur le progrès d’après les écrivains de la République, Antoinette Novara met en lumière le développement de la philosophie du progrès (résumée dans le mot humanitas), notamment chez Lucrèce, Cicéron, Varron, Salluste, Virgile, et Horace[1].

En Europe, ce n'est que tardivement - c'est-à-dire au XIXe siècle - que le "progrès" est devenue une notion économique, puis scientifique. C'est plus tardivement encore qu'elle a rejoint la notion d'innovation, au point d'y être confondue. En termes d'archéologie du savoir, la culture technique pré-industrielle (le système eau/bois/vent) apprit lentement à théoriser la capacité des sociétés à progresser, et découvrit, non sans débats et désaccords, que le progrès pouvait être pensé comme une potentialité. La culture technique de la première industrialisation (système fer/charbon/vapeur) au contraire, s'est fondée sur la notion de progrès, basculant de la potentialité à la puissance, et assimilant le progrès à la science. La culture technique de la seconde industrialisation (système pétrole/électricité/alliages), qui s'est élaborée à partir des années 1880, franchit un pas supplémentaire en assimilant le progrès à l'innovation, à la capacité d'innover, ce qu'aucune société n'avait encore théorisé. L'intérêt de la période dans laquelle nous vivons actuellement, tient à ce que nous nous trouvons dans le même système technique, mais à des niveaux de développement différents, selon les lieux et les pays : post-industrialisation galopante dans le monde occidental et au Japon, industrialisation accélérée dans les pays neufs : Inde, Chine, Brésil..., stagnation dans une situation "pré-industrielle" en Afrique, par exemple.

Ce n'est pas le moindre des paradoxes de voir la culture technique des pays occidentaux, plaçant le progrès, notion pourtant fondatrice de l'état actuel, pour ne pas dire notion unificatrice, structurante socialement et sémantiquement, en point aveugle, voire le déniant, prétendre conjuguer l'innovation -fatalement pensée en termes de rupture, de radicalement neuf - avec le concept neuf de "développement durable". D'où il ressort qu'historiquement, la notion de progrès ne peut être appréhendée sans que soit appréhendée conjointement les notions d'invention, d'innovation, de routine, de développement.

Francis Bacon et l'invention du progrès (F.B)

En Europe, les premières théorisations de l'aptitude humaine à progresser, apparurent au XVIe siècle, au moment où précisément, s'affirmaient conjointement les capacités techniques de l'homme, c'est-à-dire ses capacités à modifier son environnement, et ses capacités à inscrire matériellement, concrètement, par le biais du livre et de l'imprimerie, les modalités de progression.

Progresser ou non ? La Querelle des Anciens et des Modernes

Diderot : la descente dans l'atelier

Condorcet : du progrès à la perfectibilité

Domaines concernés

La conceptualisation du progrès s'est faite historiquement des techniques vers le reste de la société.

Progrès technique et scientifique

Articles détaillés : Progrès scientifique et Progrès technique.

Progrès moral

Article connexe : Morale.

Progrès social

Article détaillé : progrès social.

Approche philosophique

Pierre-André Taguieff dresse dans deux essais récents[2] un vaste panorama des analyses philosophiques, mais aussi sociologiques, de la notion de progrès, depuis Francis Bacon jusqu'aux auteurs contemporains[3].

Outre la présentation de sa propre analyse, critiquée[réf. nécessaire] pour son approche trop unilatérale et "dans l'air du temps", Taguieff revient en particulier sur la critique moderne de cette notion de progrès, aujourd'hui remise en cause dans le cadre des principes de développement durable, à la suite notamment des travaux du philosophe Hans Jonas (Le Principe responsabilité, en 1979), dont le propos visait en particulier à mettre en évidence les dangers associés au progrès technique.

Cette critique du progrès, nous rappelle Taguieff, ne se résume pas à une dénonciation des dangers écologiques du progrès technique. Est également visée la disparition d'un but assigné au progrès, qui n'aurait alors plus pour horizon que son propre déploiement. C'est ce que Taguieff appelle le "bougisme", également dénoncé par Jean Baudrillard et avant lui par Jacques Ellul, et qui renvoie à la notion de "présentisme" développée par François Hartog.

Est ainsi questionnée par ces différents auteurs la capacité du progrès, sous toutes ses formes, à prendre en compte l'intégralité des variables naturelles, matérielles, culturelles, économiques, qui contribuent à la structuration, au développement, voire à la régression des sociétés.

En religion

Le pape Paul VI a consacré son encyclique Populorum Progressio sur la notion chrétienne de progrès. Il encouragea le développement d'un humanisme intégral à l'exemple de celui proposé par le philosophe Jacques Maritain.

La question sociale avait initialement été abordée par Léon XIII dans Rerum Novarum. À l'époque du deuxième concile du Vatican, Jean XXIII avait écrit Mater et Magistra sur le même thème.

Au niveau du culte lui-même, le progrès liturgique est conçu comme allant de pair avec le développement du dogme selon la formule lex orandi lex credenti.

Notes

  1. article
  2. Du progrès. Biographie d'une utopie moderne, Librio, 2001; Le Sens du progrès. Une approche historique et philosophique, Flammarion, 2004;
  3. "Le sens du progrès" est en particulier accompagnée d'une très riche bibliographie ordonnée

Bibliographie

Voir aussi

  • Portail de la philosophie Portail de la philosophie
  • Portail de l’histoire Portail de l’histoire
Ce document provient de « Progr%C3%A8s ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Progrès théorique de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • PROGRÈS (IDÉE DE) — Notion complexe indéfiniment différenciable, le progrès a été le plus souvent traité comme s’il était global et simple, univoque et linéaire. Ainsi réduite à un schéma grossier, l’idée de progrès s’est trouvée dérivée en une idéologie qui a connu …   Encyclopédie Universelle

  • Progrès de la science — Science Pour les articles homonymes, voir Science (homonymie). Prométhée apportant le feu a …   Wikipédia en Français

  • Progrès démocratique — Démocratie Types de gouvernements Cette série fait partie des séries sur la politique Liste de formes de gouvernements Aristocratie Autocratie Anarchie Bureaucratie Démocratie Despotisme Dictature …   Wikipédia en Français

  • Progrès de la religion — Religion Une religion est un ensemble de rites, croyances généralement théistes[Note 1], composé de règles (éthiques ou pratiques), de récits, de symboles ou de dogmes adoptés comme conviction par une société, un groupe ou une personne. Par… …   Wikipédia en Français

  • Progrès au Québec — Politique du Québec Québec Cet article fait partie de la série sur la politique du Québec, sous série sur la politique. Lieutenant gou …   Wikipédia en Français

  • CHIMIE THÉORIQUE — La chimie théorique est une discipline neuve, apparue vers 1930. Se développant lentement jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, puis plus rapidement dans les années cinquante, elle a connu un essor important depuis 1960 grâce au progrès des… …   Encyclopédie Universelle

  • Chimie théorique — La chimie théorique est l étude de la chimie à travers un raisonnement théorique fondamental (habituellement à l aide des mathématiques et de la physique). En particulier, l application de la mécanique quantique à la chimie a donné naissance à la …   Wikipédia en Français

  • Chimie Théorique — La chimie théorique est l étude de la chimie à travers un raisonnement théorique fondamental (habituellement à l aide des mathématiques et de la physique). En particulier, l application de la mécanique quantique à la chimie a donné naissance à la …   Wikipédia en Français

  • Chimie theorique — Chimie théorique La chimie théorique est l étude de la chimie à travers un raisonnement théorique fondamental (habituellement à l aide des mathématiques et de la physique). En particulier, l application de la mécanique quantique à la chimie a… …   Wikipédia en Français

  • Dimensionnement Théorique Des Structures De Chaussées — La structure d’une chaussée doit résister à diverses sollicitations, notamment celles dues au trafic et elle doit assurer la diffusion des efforts induits par ce même trafic dans le sol de fondation. L’application d’une charge roulante induit… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”