Prise de la Grande Mosquée de la Mecque

Prise de la Grande Mosquée de la Mecque

Prise de la Grande Mosquée de La Mecque

La prise de la Grande Mosquée est la prise d'otages par des fondamentalistes islamiques et opposants à la famille royale saoudienne, de la mosquée Al-Masjid al-Haram, à La Mecque (Arabie saoudite), le 20 novembre 1979. Ce coup de force ébranla le Monde musulman puisqu'il se déroulait dans le lieu le plus saint de l'Islam et que des pèlerins, présents pour le hadj (pèlerinage), furent pris en otage. Par la suite, un nombre important de membres des forces de sécurité saoudiennes et d'islamistes furent tués dans la bataille qu'ils se livrèrent pour récupérer le contrôle du site.

Sommaire

Événements

Le 20 novembre 1979, un groupe d'environ 200 fondamentalistes islamiques, composé de Saoudiens et d'Égyptiens étudiant à l'Université islamique de Médine, lourdement armés, prit par la force le contrôle de la mosquée Al-Masjid al-Haram à La Mecque. À la tête de cette prise d'otage, qui impliqua aussi bien des hommes que des femmes, se trouvait Juhaiman ibn Muhammad ibn Saif al Utaibi, qui appartenait à une puissante famille sunnite du Najd. Il souhaite, en premier lieu la reconnaissance de Mohammed Ben Abdallah Al Qahtani, présent avec eux, comme le Mahdi censé apporter la justice sur terre. Il justifia ses actions par le fait que la dynastie des Al-Saoud avait perdu sa légitimité, puisqu'elle était corrompue, qu'elle vivait dans le luxe et qu'elle avait détruit la culture saoudienne par sa politique d'ouverture à l'Occident.[1]

Malgré la planification minutieuse de Juhaiman, les choses ne débutèrent pas de la meilleure des manières pour les opposants, lorsqu'un garde fut abattu par un dissident nerveux, ce qui constitue un sacrilège dans la loi islamique: les effusions de sang sont interdites dans la ville de La Mecque.

Cette attaque laissa le gouvernement saoudien complètement paralysé, dans un premier temps. Avant d'entreprendre quoi que ce soit dans le lieu sacré, le gouvernement dut demander la permission d'agir aux autorités religieuses ; jusqu'à ce que les ouléma accordent une dispense pour permettre le port d'armes dans la Grande Mosquée. Mais la Garde nationale saoudienne se révéla inefficace pour débloquer la situation, 127 de ses hommes furent tués dans des tentatives pour récupérer le contrôle de la mosquée.

Après l'échec des Saoudiens, les forces de sécurité françaises furent appelées en renfort. Aujourd'hui encore, on ignore le rôle de chacun dans la sortie de la crise. L'interdiction d'entrer dans la Grande Mosquée autour de la Kaaba pour les non-musulmans et le fait que les Saoudiens, soucieux de leur légitimité dans le monde musulman, ne mentionnent pas les Français dans les rapports officiels, participent à laisser planer la confusion quant au rôle de chacun. Certaines sources non-officielles allèrent jusqu'à affirmer que les hommes du GIGN, présents sur les lieux, avaient été convertis à l'islam par des dignitaires religieux saoudiens, avant d'entrer dans la mosquée. D'autres versions des faits soutiennent que ce sont en réalité les Forces spéciales égyptiennes qui furent utilisées dans l'opération.

Deux semaines après le début du siège, les forces françaises et saoudiennes reprirent le contrôle du lieu saint, après une bataille qui fit environ 250 morts, et 600 blessés. Les récits de l'assaut varient grandement, même entre les différents rapports officiels. Certains rapportent que les troupes d'élite françaises inondèrent la Grande Mosquée et firent parcourir un fort courant électrique, électrocutant la plupart des rebelles. D'autres parlent de l'utilisation de gaz paralysants. Enfin, certains parlent d'une action des commandos anti-terroristes du GIGN, après que les membres de ces commandos ont été convertis. Il apparaît clair que le rôle joué par les Français fut plus qu'un rôle de conseil, comme le laissaient entendre les responsables saoudiens de l'époque ; le nombre de gendarmes du GIGN impliqués varient cependant de 3 à 140[réf. nécessaire] selon les sources.

On apprit plus tard qu'Al Utaibi était un membre de la GNS et que des gardes s'étaient ralliés aux rebelles. Ce fut particulièrement choquant pour la famille royale saoudienne puisque les officiers de la GNS, contrairement à l'Armée saoudienne régulière, étaient une garde d'élite composée de membres des classes supérieures de la société saoudienne. La GNS fut créée à l'origine comme l'"armée personnelle" du prince, avec pour but de le protéger d'un éventuel coup d'État par les généraux de l'armée. Pour s'assurer de leur loyauté, les membres de la GNS sont principalement recrutés dans les tribus qui se sont toujours montrées fidèles à la famille royale.

L'implication de la famille Ben Laden

La famille Ben Laden et ses entreprises furent impliquées dans cette opération. Le Docteur Daly, un professeur au Middle East Institute de Washington, et auteur pour la revue de renseignement Jane's, écrivit : « Il a été dit qu'un des demi-frères d'Oussama fut arrêté en tant que sympathisant à la prise mais il fut blanchi par la suite ».

Selon le Cooperative Research :

« Dans les années 1960, le frère d'Oussama Ben Laden, Mahrous Ben Laden rejoint un groupe rebelle opposé au gouvernement saoudien. C'est avec son aide, en 1979, que les rebelles introduisirent des armes à La Mecque, utilisant des camions appartenant à la famille Ben Laden. Cinq cent rebelles prirent alors la Grande Mosquée à la Mecque (sic), le lieu le plus saint de l'Islam dans sa ville la plus sainte. Ils essayèrent, mais échouèrent, de renverser la famille royale saoudienne. Tous les hommes impliqués furent décapités par la suite, sauf Mahrous. Il est même libéré de prison en raison des liens étroits unissant les Ben Laden et la famille royale des Saoud. Mahrous abandonna apparemment la cause rebelle et rejoignit les affaires familiales. Il fut nommé à la tête de la branche de Medine et membre du bureau de direction. Il remplissait toujours ces fonctions lors du 11 septembre. mais un journal rapporte que "son passé n'a pas été pardonné et les plus importantes décisions, au sein de la famille Ben Laden, sont prises sans consulter Mahrous."[2],[3],[4],[5] »

Une autre explication de l'implication de Mahrous, est qu'il était un agent double.

Dans Ghost Wars, Steve Coll mentionne que les armes ayant été transportées dans la Mosquée avant l'attaque, on probablement été introduites par les camions de l'entreprise Ben Laden qui, en 1973 avait remporté un contrat pour rénover et moderniser la Mosquée. Les Ben Laden aidèrent le régime pendant la prise, en fournissant aux forces de sécurité saoudiennes les plans du site.

Conséquences

En Iran, l'Ayatollah Khomeini affirma lors d'une émission radiodiffusée que les États-Unis étaient à l'origine de la prise d'otage[6]. Cette rumeur se propagea très rapidement dans la région du Golfe Persique. À Islamabad (Pakistan), le 21 novembre 1979, le jour suivant l'attaque, une foule en colère pris d'assaut l'ambassade américaine et la brûla complètement. Une semaine plus tard, la même chose se déroula dans les rues de Tripoli (Libye) et l'ambassade américaine brûla le 2 décembre 1979.

Les rebelles survivants furent arrêtés et le gouvernement saoudien du Roi Khaled les fit exécuter sans jugement. Soixante-trois rebelles furent décapités sur les places publiques de quatre villes saoudiennes, et leurs exécutions furent retransmises en direct sur la télévision saoudienne. La rébellion fut donc réprimée par le régime saoudien, mais elle permit aux autorités religieuses de renforcer leur pouvoir.

Par ailleurs, la Force spéciale d'urgence fut créée comme force spéciale saoudienne en réponse à l'inefficacité de la Garde nationale pendant cette opération.

Références

  1. (en)le coup de 1979, sur globalsecurity.org
  2. Sunday Herald (Glasgow), 10/7/2001
  3. Ha'aretz, 12/18/2002
  4. New Yorker, 11/5/2001
  5. Texte original : « In the 1960s Osama bin Laden's brother Mahrous Bin Laden joined a rebel group opposed to the Saudi government. With his assistance, in 1979 the rebels smuggle weapons into Mecca, Saudi Arabia, using trucks belonging to the bin Laden family company. 500 rebels then seize the Grand Mosque in Mecca (sic), Islam's holiest mosque in its holiest city. They try, but fail, to overthrow the Saudi royal family. All the men who took part are later beheaded except Mahrous. Eventually he is released from prison because of the close ties between the bin Ladens and the Saudi royal family. Mahrous apparently abandons the rebel cause and joins the family business. He is eventually made a head of the Medina branch and a member of the board. He will still hold these positions on 9/11. But a newspaper reports that "his past [is] not forgiven and most important decisions in the [bin Laden family business] are made without Mahrous' input." »
  6. On This Day, November 21, BBC

Voir aussi

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