Plébiscite de 1978 (Chili)

Plébiscite de 1978 (Chili)
Chili
Coat of arms of Chile.svg
Cet article fait partie de la série sur la
politique du Chili,
sous-série sur la politique.


v · référendum organisé au Chili le 4 janvier 1978 par le général Augusto Pinochet pour légitimer et obtenir un soutien populaire au gouvernement militaire qui gouvernait le pays depuis 1973.

Sommaire

Question soumise à référendum

« Face à l'agression internationale lancée contre le gouvernement de notre patrie, j'appuie le général Pinochet dans sa défense de la dignité du Chili, et je réaffirme la légitimité du gouvernement de la République à diriger souverainement le processus d'institutionnalisation du pays » [1].

Contexte

Après la condamnation en décembre 1977 par l'assemblée générale des Nations Unies, par 95 voix contre 14 et 12 abstentions, du « régime militaire pour ses abus en matière de droit de l'homme »[2] Pinochet avait décidé d'organiser un plébiscite, mettant ainsi les autres membres de la junte devant le fait accompli[3], le général Gustavo Leigh dénonçant le « caractère plébiscitaire de la consultation » et le risque de nuire au prestige de l'armée[4].

Deux membres de la junte ratifièrent la consultation, l'opposition soulignant de ce fait le caractère illégitime de celle-ci alors que les partis de gauche (interdits), la presse et l'épiscopat émettaient des réserves ou condamnaient le projet[3]. Un sondage Gallup « réalisé dans des conditions scientifiques normales » effectués le 29 décembre 1977 annonce un pourcentage de 70% favorables à Pinochet[5].

La question soumise au plébiscite ne fut publiée que 24 heures à l'avance, en raison notamment de problèmes constitutionnels et juridiques soulevées par le contrôleur général (sur le départ), Héctor Humeres, mais vite ignoré par son successeur, Sergio Fernández. Si une seule réponse était possible, la question biscornue était composée de deux propositions que le peuple chilien devait accepter ou rejeter en bloc. La première proposition concernait le « soutien au chef de l'état dans sa défense sur la dignité du Chili » alors que la seconde voulait faire reconnaitre une « légitimité du gouvernement militaire »[3].

Organisation du plébiscite

Le vote fut obligatoire.

Le bulletin présentait un drapeau chilien uniquement en face de la case Si. Le gouvernement affirma avoir reçu 75 % des voix en sa faveur contre 20% auxquels s'ajoutaient un peu plus de 4% de bulletins nuls. L'abstention atteignit 8,5% en dépit de l'absence de registre électoral pour la contrôler.

Proposition (alternative) Voix  %
« Sí » 4.012.023 75%
« No » 1.092.226 20,41%
Bulletins nuls ou blancs 244.923 4,59%
Total 5.349.172 100%

Réactions de la presse étrangère

Ces résultats furent dénoncés comme une « cynique mascarade », une « parodie dérisoire de démocratie »[6] ou une « farce électorale » par la presse étrangère, notamment européenne et française[7]. Des journalistes reprochent même avec ironie le score attribué à Pinochet, lequel ne saurait pas bourrer les urnes « comme tout dictateur qui connait son métier »[8]. Néanmoins quelques journaux étrangers fustigent le comportement des exilés chiliens pour avoir fait le jeu de Pinochet[9] alors que certains journalistes comme Jacques Richard dans L'Aurore estiment que pendant 15 jours, le pays avait connu une intense campagne électorale et que la presse avait retrouvé pendant ce laps de temps sa liberté d'opinion[10].

Notes et références

  1. Marie-Noëlle Sarget, Histoire du Chili, L'Harmattan, 1996, p. 261.
  2. Pierre Vayssière, professeur émérite des universités, spécialiste d'histoire latino-américaine et d'historiographie, le Chili d'Allende et de Pinochet dans la presse française, passions politiques, informations et désinformations, collection Recherches Amériques Latines, L'Harmattan, 2005, p 75
  3. a, b et c Pierre Vayssière, ibid, p 76
  4. Le Monde, 4 janvier 1978, cité par Vayssière, p 76
  5. L'Aurore, cité par Pierre Vayssière, p78. Le journaliste Philippe de Dieuleveult, présent sur place pour Antenne 2, fait une estimation similaire.
  6. Le quotidien de Paris, 4 janvier 1978, cité par Pierre Vayssière
  7. Pierre Vayssière, ibid, p 77
  8. Anne Valier dans Politique hebdo, 9 janvier 1978, cité par Pierre Vayssière.
  9. La Croix, cité par Pierre Vayssière, p 77
  10. L'Aurore, cité par Pierre Vayssière, p 78

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Nazer A., Ricardo y Rosemblit B., Jaime (2000). «Electores, sufragio y democracia en Chile: una mirada histórica». Revista de Humanidades y Ciencias Sociales (48).
  • Silva Bascuñán, Alejandro (1997). Tratado de Derecho Constitucional. Tomo III: La Constitución de 1980. Antecedentes y génesis. Santiago de Chile: Editorial Jurídica de Chile. ISBN 956-10-1178-6.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Plébiscite de 1978 (Chili) de Wikipédia en français (auteurs)

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Chili de Pinochet — Régime militaire d Augusto Pinochet Le régime militaire d Augusto Pinochet gouverna le Chili pendant 17 ans, du coup d État du 11 septembre 1973 jusqu’au 11 mars 1990. Cette période de dictature commença quand les commandants des forces armées et …   Wikipédia en Français

  • Chili sous Pinochet — Régime militaire d Augusto Pinochet Le régime militaire d Augusto Pinochet gouverna le Chili pendant 17 ans, du coup d État du 11 septembre 1973 jusqu’au 11 mars 1990. Cette période de dictature commença quand les commandants des forces armées et …   Wikipédia en Français

  • Au Chili de 1977 à 1988 — Régime militaire d Augusto Pinochet Le régime militaire d Augusto Pinochet gouverna le Chili pendant 17 ans, du coup d État du 11 septembre 1973 jusqu’au 11 mars 1990. Cette période de dictature commença quand les commandants des forces armées et …   Wikipédia en Français

  • Histoire du Chili (1973-1990) — Régime militaire d Augusto Pinochet Le régime militaire d Augusto Pinochet gouverna le Chili pendant 17 ans, du coup d État du 11 septembre 1973 jusqu’au 11 mars 1990. Cette période de dictature commença quand les commandants des forces armées et …   Wikipédia en Français

  • Histoire du Chili de 1973 à 1990 — Régime militaire d Augusto Pinochet Le régime militaire d Augusto Pinochet gouverna le Chili pendant 17 ans, du coup d État du 11 septembre 1973 jusqu’au 11 mars 1990. Cette période de dictature commença quand les commandants des forces armées et …   Wikipédia en Français

  • Le Chili sous Pinochet — Régime militaire d Augusto Pinochet Le régime militaire d Augusto Pinochet gouverna le Chili pendant 17 ans, du coup d État du 11 septembre 1973 jusqu’au 11 mars 1990. Cette période de dictature commença quand les commandants des forces armées et …   Wikipédia en Français

  • Régime militaire (Chili) — Régime militaire d Augusto Pinochet Le régime militaire d Augusto Pinochet gouverna le Chili pendant 17 ans, du coup d État du 11 septembre 1973 jusqu’au 11 mars 1990. Cette période de dictature commença quand les commandants des forces armées et …   Wikipédia en Français

  • CHILI — Étonnant par son étroitesse et sa longueur (4 200 kilomètres de côtes et de cordillères), le Chili compte 756 626 kilomètres carrés, outre les 1 250 000 kilomètres carrés du territoire antarctique. Ses forts contrastes régionaux présentent une… …   Encyclopédie Universelle

  • Chili — Pour les articles homonymes, voir Chili (homonymie).  Pour l’article homophone, voir Chilly …   Wikipédia en Français

  • Vie politique au Chili — Chili Cet article fait partie de la série sur la politique du Chili, sous série sur la politique …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”