- Pierre Kahn
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Pierre Kahn est un psychanalyste français (1939, Dinan - 2006, Paris).
Biographie
Issu d'une famille française bourgeoise d'origine juive (son père, Edmond, était avocat, lui-même né de parents industriels de la région de Francfort en Allemagne et émigrés en France à la fin du XIXe siècle), Pierre Kahn, alors étudiant à la Sorbonne, a été secrétaire du secteur Lettres de l'Union des étudiants communistes, avant d'être élu secrétaire national de l'UEC, lors du 7e Congrès de cette organisation étudiante, tenu à Palaiseau en 1964. L'UEC était depuis les années de la fin de la guerre d'Algérie, traversée de courants et de tendances, face à la direction du Parti communiste. Pierre Kahn a été le dernier secrétaire de l'UEC à se situer dans une ligne contestataire, dite "des Italiens", en référence aux évolutions du Parti communiste italien qui, à la différence du PCF, rejeta le stalinisme et prit ses distances avec le Parti communiste d'Union Soviétique au tournant des années 1960. Le petit groupe des Italiens de l'UEC comptait, notamment et parmi ses militants les plus actifs, Forner, André Sénik, Henri Vacquin, Bernard Kouchner, Guy Tissier, et d'autres. Avant de devenir Secrétaire national de l'UEC, Pierre Kahn fut l'un des rédacteurs en chef du journal de l'UEC, " Clarté ", où il travailla, notamment, avec Serge July et Jean Schalit. En 1965, son successeur à la tête de l'UEC était un fidèle défenseur de l'"orthodoxie", dont le rôle était de reprendre en main l'UEC. Pierre Kahn fut dans la foulée exclu du Parti communiste, et s'éloigna progressivement de la politique.
Devenu instituteur puis professeur de philosophie en lycée, il prit part aux évènements de Mai 68 à Paris. Suspendu en 1969 pour avoir signé le « Manifeste des 24 » s'opposant à la suspension de son collègue et camarade André Sénik, il fit notamment partie du petit groupe de contestataires qui mit le feu au Palais Brongniart, siège de la Bourse de Paris [Quand ?]. L'aspect politique de son itinéraire est retracé et mis en perspective dans le livre de Hervé Hamon et Patrick Rotman et le documentaire de Daniel Edinger intitulés Génération. Il est également évoqué dans la notice biographique inspirée par ses anciens camarades de l'UEC que le journal Le Monde publia peu après sa mort le 18 juillet 2006.
Pierre Kahn devint psychanalyste au tout début des années 1970. C'est à ce métier - clinique autant qu'intellectuel - qu'il consacra l'essentiel de sa vie professionnelle et publique, dans les villes de Paris et de Troyes (Aube). Il travailla avec Serge Leclaire. Tout au long des années 1980, il anima, au sein d'un groupe de psychanalystes (comme ils se définissaient eux-mêmes), la revue Espaces . Ce groupe était notamment constitué de Nénuka Amigoréna-Rosenberg, Jean-Jacques Blévis, Alice Cherki, René Clément, André-Roland Havas et Hervé Petit. Parmi les contributeurs aux différents numéros de la revue Espaces (dont la fréquence s'établit, en moyenne, à 2 éditions par an), on trouve, notamment: Leopoldo Bleger, Nicole Cerf-Hofstein, Françoise Dolto, Olivier Grignon, Julia Kristeva, Jean-Pierre Vernant, Monique Schneider, Hector Yankelevitch... Dans les années 1990, il se consacra notamment à l'animation d'un collectif réunissant psychanalystes, psychologues, psychiatres et médecins de Troyes et de ses environs. Dans son travail théorique, Pierre Kahn, prit, selon Elisabeth Roudinesco, des positions exigeantes (envers la psychanalyse) et courageuses, notamment sur la question de l'homosexualité.
Ce serait introduire un biais que d'évoquer la vie de Pierre Kahn en se limitant à son itinéraire professionnel. Bon connaisseur de la peinture contemporaine, la poésie colora sa vie de façon importante. La fréquentation de l'œuvre de Rilke joua un rôle important dans sa vie. Pierre Kahn écrivit de nombreux poèmes, d'une écriture moderne et incisive ( : un cri dans la main/sans appel/poutrelle d'ombre ramassée/blanche" p.15), sans concession (" : serait-ce donc enfin porté/au rythme de l'incendie/sans arrêt" p. 26). Son recueil le gribouilleur sur le cadastre, publié en 1987, témoigne de cette écriture ouverte sur les blessures de la vie autant que sur les plaisirs des sens et de l'imaginaire. Pierre Kahn fut, également, un fin cuisinier, connu et apprécié, dans ses entourages proches, notamment familial, pour son poulet à l'estragon et son poulet au curry.
Bibliographie
- Article Le symptôme dans la culture L'homophilie, un symptôme de la psychanalyse ? dans Che Vuoi ?, Numéro 16 : le symptôme, Éditions L'Harmattan
- Article "La mort dans les yeux - Questions à Jean-Pierre Vernant", in revue Espaces journal de psychanalystes, D'une illusion, des illusions., n°13-14 printemps 86, sl, 1986
- Le gribouilleur sur le cadastre, éditions de l'Éclat, Montpellier, 1987 (il s'agit d'un recueil de poèmes)
- Article "Frère et sœur, dans le secret du futur antérieur", in revue Espaces pour la psychanalyse, Filles et garçons, n°17, Éditions de l'Interligne, Paris, 1990
- Article "Evidence et énigmes de la violence pour le psychanalyste", in revue Psychanalystes, revue du Collège de Psychanalystes, Violences et subjectivation, n°45, Paris, 1992
Catégories :- Psychanalyste français
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