- Picasso à Vallauris
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En 1948, Picasso s’installe à Vallauris, où il demeure jusqu’en 1955. Durant ces années, Picasso réalise de nombreuses sculptures et peintures dont La Guerre et la Paix, une des œuvres majeures de cette période. Il se lance également dans une intense production céramique, renouvelant et bouleversant profondément le langage créatif dans ce domaine.
Sommaire
Picasso céramiste
C’est en 1946, en visitant l’exposition annuelle des potiers de Vallauris, au hasard d’une rencontre avec Suzanne et Georges Ramié, propriétaires d’une fabrique de céramique, l’atelier Madoura, que Picasso, curieux de tout, réalise ses premiers essais de céramique. Il décide alors de se consacrer à cette activité qui lui offre de nouvelles perspectives de création grâce à la plasticité de la terre et à la magie de la cuisson au four, qui révèle les coloris éclatants de l’émail et la brillance des vernis.
La céramique a toujours accompagné l'œuvre de Picasso, originaire de Malaga, important centre potier hispano-mauresque. Ses recherches sont cependant restées confidentielles jusqu'à son installation à Vallauris.
Sa pratique est peu orthodoxe. Picasso — sculpteur — façonne dans la glaise faunes et nymphes, coule la terre comme on le fait du bronze, décore inlassablement plats et assiettes de ses thèmes favoris (corrida, femme, chouette, chèvre…), utilise les supports les plus imprévus (fragments de pignates, casettes, matériel d’enfournement ou briques cassées), invente les pâtes blanches qui sont des céramiques non émaillées décorées d’éléments en relief. La céramique n’est nullement pour Picasso un art mineur.
Dans l'atelier Madoura, il utilise les talents du potier Jules Agard pour tourner et cuire les pièces issues de son imagination. Ces créations, souvent dessinées au préalable par Picasso, représentent pour Jules Agard des défis techniques[1]. La dimension des pièces, le déséquilibre de leurs assemblages sont à priori incompatibles avec la terre, sa souplesse et sa cuisson. Les réalisations d'Agard sont retouchées, encore fraîches, par Picasso qui déforme une panse ou un col, ajoutant à l'adresse du potier la touche expressive du sculpteur.
Durant une vingtaine d’années, Picasso réalise quatre mille œuvres originales. Selon son souhait, certaines céramiques seront fabriquées à plusieurs exemplaires et Madoura aura l’exclusivité de la diffusion. Ce faisant, il a voulu que ces céramiques éditées aient un usage quotidien ainsi qu’il s’en ouvre à André Malraux :
- « J’ai fait des assiettes, on peut manger dedans. »
La linogravure
Une autre technique retient également son attention, la linogravure, qu’il a pratiquée avec l’imprimeur Hidalgo Arnera (1922-2007) et, à partir de 1963, avec Aldo et Piero Crommelynck. Les premières œuvres sont réalisées pour les affiches des courses de taureaux ou celles des expositions céramiques de la ville. Il en fait rapidement un moyen d’expression à part entière en mettant l’accent sur les couleurs.
L'influence de Picasso
L'exceptionnelle renommée de Picasso produit un effet d'attraction autour de la petite cité de Vallauris. De nombreux créateurs viennent s'installer dans la ville ou ses alentours et s'initient à la céramique. Cet engouement et le rôle central de Picasso expliquent le renouveau de la céramique de Vallauris dans les années 1950, que l'on présente comme l'âge d’or de Vallauris.
Mort en 1973, Picasso reste citoyen d’honneur de la ville.
Note
- En 1921, Jules Agard est tourneur chez les Clergue qui dirigeaient alors la fabrique Jérôme Massier. Il entre chez Madoura et devient un des tourneurs qui assistent Pablo Picasso. Jules Agard produira de son côté, à partir de 1970, une importante création personnelle de poteries zoomophes, aux formes douces et oniriques, à décor d'engobes colorés.
Liens
Articles connexes
Lien externe et source
- Picasso, des œuvres et des lieux sur le site de Vallauris-Golfe-Juan.
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