- Philippe de Tripoli
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Secretum Secretorum
Le Secretum secretorum, Secret des secrets, dit aussi Lettre à Alexandre, est un traité pseudo-aristotélicien médiéval, concernant l'occultisme, mais aussi la politique. Sous une forme qui tient de l'encyclopédie et du miroir des princes, il traite de sujets hétéroclites comme la politique, la morale, la physiognomonie, l'astrologie, l'alchimie, la médecine et les propriétés magiques des plantes, des pierres et des nombres. Il eut une importante influence en Europe pendant le haut Moyen-Âge. Selon Jeremiah Genest, ce livre est « the most popular book in the Middle Age, an encyclopedic reference work ».[1]
Sommaire
Composition
Une partie du Secret des secrets (Secretum secretorum) s'appelle Du régime de santé (De regimine sanitatis, autrement dit hygiène de vie). Le plan de la version la plus courante (version C) est le suivant :
- Table des matières.
- Premier prologue traitant des rapports entre Aristote et Alexandre et de la composition du traité, suivi des deux lettres échangées par le Stagirite et le conquérant après sa conquête de la Perse.
- Prologue de Yahyâ ibn al-Batrik, prétendu traducteur, rappelant les circonstances de la découverte du livre et les étapes de sa traduction.
- Chapitres de morale.
- Chapitres d’hygiène.
- Extraits des chapitres sur la justice.
- Extraits des chapitres sur le gouvernement.
- Physiognomonie.
Histoire : attribution et traductions
Le livre se présente - de façon fausse, pseudépigraphique - comme une lettre d'Aristote à Alexandre le Grand, qui fut son disciple en Macédoine de 343 à 341 av. J.-C., et qui vient de vaincre Darius III.
En réalité, le Secret des secrets est traduit d'un texte arabe du Xe siècle le Kitâb sirr al-'asrâr. Certains historiens, dont J. Ruska (Al-Razi's Buch Geheimnis der Geheimnisse, 1937, rééd. 1973) lui donnent pour auteur Abû Bakr al-Râzî (865-925). D'autres ont proposé Yuhannâ ibn al-Bitrîq, vers 941.
Il se diffuse en Europe en deux traductions latines, une brève, une longue. La version brève n vers 1145 par Jean de Séville (Johannes Hispalensis), De Regimine sanitatis ou Epistula Alexandro de dieta servanda, La version longue vers 1220 par Philippe de Tripoli (identifié par Haskins à un Philippe chanoine de Tripoli, cité dans les registres de Grégoire IX et Innocent IV[2]
Le Secretum secretorum a été traduit dans de nombreuses langues vernaculaires. C'est cette dernière qui est principalement diffusée, notamment au XVe siècle. Le texte est plus ou moins modifié au cours des traductions successives. Pierre d'Abernon vers 1287 en fait une version versifiée et largement remaniée.
Il est commenté par Albert le Grand et Roger Bacon, et inspire des traité encyclopédiques comme le Placides et Timeo ou le Livre de Sidrac.
Dans une des versions élargies du XIIIe siècle on trouve des considérations alchimiques dont la fameuse Table d'émeraude (Tabula smaragdina).
Notes et références
Bibliographie
Le texte et ses versions
- rédaction courte : De regimine sanitatis, ou Epistula Alexandro de dieta servanda, traduction partielle en latin Jean de Séville (v. 1145) : J. Brinckmann, Die apokryphen Gesundheitsregeln des Aristoteles für Alexander den Grossen, Leipzig, 1914.
- rédaction longue (la plus courante) : Secretum secretorum, traduction en latin Philippe de Tripoli (1243 ?) : Secretum secretorum Aristotelis ad Alexandrum Magnum, Cambridge (Mass.), Omnisys, 1990, 153 p., reprint de l’édi. Venise 1555.
- rédaction tardive : par Engelbert d’Admont (vers 1287).
- trad. fr. de la rédaction longue version C (XV° s.), apud L’instruction d’un jeune prince [de Guillebert de Lannoy]. Le Secret des Secrets. Les Enseignements de Saint Louis à sa fille Isabelle, Paris, Antoine Vérard, 1497. Trad. en ligne [2]
- traductions anglaises : Secretum secretorum. Nine English Versions, édi. par M. Manzalaoui, Oxford, Oxford University Press, coll. « Early English Text Society. Original Series », n° 276, 1977, 631 p.
Les commentaires sur le texte
- Roger Bacon, Secretum secretorum cum Glossis et Notulis (Le Secret des secrets, avec gloses et notes) (1275-1280), R. Steele édi. : Opera hactenus inedita Rogeri Baconis, Oxford, Clarendon Press, 1909-1940, t. 5, 1920, p. 1-172.
Les études sur le texte
- Françoise Fery-Hue, "Secret des secrets", in G. Hasenohr et M Zink (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le Moyen Âge, Le livre de poche, 1992, p. 1366-1370.
- G. Grignaschi, L'origine et les métamorphoses du Sirr al'asrâr (Secretum secretorum)", Archives d'histoire doctrinale et littéraire du MOyen Âge, n° 43 (1976), p. 7-112.
- D. Lorée, "Le statut du Secret des secrets dans la diffusion encyclopédique du Moyen Âge", in Encyclopédies médiévales. Discours et savoirs, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1998, p. 155-171.
- Steven J. Williams The Secret of Secrets: The Scholarly Career of a Pseudo-Aristotelian Text in the Latin Middle Ages University of Michigan Press, 2003
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- le texte d'après le manuscrit Baltimore du XV° s
- présentation du Secretum Secretorum par Denis Lorée
- (en) version anglaise imprimé de Robert Copland 1528 (Cambridge University Library).
- manuscrit du XIII°
- exemplaire de la bibliothèque nationale (Manuscrits occidentaux, inv. Latin 11118 vers 1220)
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