Personnalites et SIDA

Photographie du AIDS quilt, à Washington, mémorial représentant les personnes mortes du SIDA, dont de nombreuses personnalités

Le SIDA, handicapant physiquement et socialement, a toujours eu un impact important sur la biographie de personnes en vue dans les médias et atteintes par cette maladie. De manière générale, touchées ou non par le virus, de nombreuses personnalités s'impliquent dans la lutte contre le SIDA, au travers de campagnes menées par des associations ou des institutions comme l'Onusida ou le Pnud.

Médias, célébrités et SIDA

Randal Tobias, subissant publiquement le test VIH en Éthiopie, pour lutter contre la stigmatisation attachée à cette pratique

Rock Hudson, première personnalité publique à faire connaître sa maladie lorsqu'il fut hospitalisé à Paris en 1985, créa un choc parmi le public. Annonçant sa maladie par le biais de son agent de presse, il espérait ainsi lutter contre la stigmatisation subie par les porteurs de cette maladie^[1]. Plus tard, une de ses proches, Elizabeth Taylor, s'impliqua dans la lutte contre le SIDA, créant une fondation dédiée à la recherche.

L'une des toutes premières célébrités mortes du sida, Klaus Nomi, devint un symbole des dangers de cette maladie, comme le furent également John C. Holmes, Jorge Donn, Héctor Lavoe, ou encore Freddie Mercury (un concert en son hommage le 20 avril 1992 servit à récolter des fonds pour la lutte contre le Sida). D'autres personnalités atteintes par le sida, à l'image d'Arthur Ashe choisirent de s'impliquer dans la lutte contre cette maladie, témoignant sans hésitations, comme le fit Guy Hocquenghem à son époque. Ainsi Cleews Vellay, déclarant sa maladie à une époque où elle était encore stigmatisée socialement, permit le recul des préjugés. Des artistes ou des intellectuels atteints par cette maladie en firent également un sujet important ou central de leurs œuvres, à l'image de Cyril Collard, de Michel Foucault, de Hervé Guibert, de Keith Haring. D'autres, sans s'impliquer dans la lutte contre cette maladie (ignorant parfois pendant longtemps qu'ils en étaient atteint), firent le choix de la déclarer ouvertement au grand public, comme Eazy-E, tandis que d'autres (Isaac Asimov, conseillé par ses médecins, ou Fela) choisirent de leur côté de la cacher, à cause de la stigmatisation sociale qui y était associée (vue comme une "maladie d'homosexuel ou de toxicomane" voire comme un "châtiment divin"), ou de simplement la nier (Rudolf Noureev,...), leurs proches finissant par dévoiler les raisons de leurs morts. Nelson Mandela annoncera ainsi la mort de son fils en janvier 2005 des suites du SIDA, annonce qui fut pour lui une façon de lutter contre ce tabou qui exclut de la société de nombreuses personnes infectées^[2].

Aux États-unis, l'évocation de la séropositivité de célébrités est notamment un moyen de lutte et de communication lors des campagnes d'informations antisida ("Aids does not discriminate" : le SIDA ne fait pas de distinction), tout comme l'existence de nombreux mémoriaux dédiés aux victimes du SIDA (mais pas uniquement des personnalités). Le directeur de l'Onusida, Peter Piot, avait également déclaré dans une interview donnée en 1999 ^[3] que si toutes les personnalités infectées par le VIH rendaient le fait public, cela aurait un immense impact sur la lutte contre le SIDA en appuyant les campagnes d'information.

Quelques biographies de personnalités décédées des suites du sida

Les personnes listées ici ou leurs proches ont déclaré publiquement leur infection par le sida.

Par date :

• Patrick Cowley, compositeur disco, fut l'un des premiers artistes américain à succomber du SIDA à l'âge de 32 ans. Décédé du sida en 1982
• Klaus Nomi, chanteur allemand et icône de la scène New-Wave en 1980. Décédé du sida en 1983
• Michel Foucault, philosophe français. dont la mort des suites du SIDA entraîna la création de la première association française de lutte contre la maladie, AIDES^[4]. Décédé du sida en 1984
• Rock Hudson, acteur américain, dont l'annonce du décès des suites du SIDA attira l'attention du public américain sur cette maladie, puisqu'il est la première personnalité au monde à faire connaitre sa maladie. Décédé du sida en 1985
• Copi, dessinateur et homme de théatre. Il l’une des figures de proue du mouvement gay. Décédé du sida en 1987
• Liberace, pianiste américain extravageant, spécialisé dans la virtuosité démonstrative. Décédé du sida en 1987
• Daniel Varsano, pianiste classique, décédé du sida en 1988
• Sylvester, chanteur disco, il interprétera le fabuleux You Make Me Feel, il nous quitta un an après son compagnon Rick. Décédé du sida en 1988
• Guy Hocquenghem, intellectuel et auteur homosexuel engagé qui consacrera un ouvrage partiellement autobiographique, Ève, à ce sujet. Restant discret à propos de sa maladie, il n'hésitait pas cependant à en faire état. Décédé du sida en 1988
• John C. Holmes, acteur pornographique qui continua à tourner sans préservatifs après avoir appris qu'il était atteint du SIDA, les origines de la maladie restant un sujet de débats. Le documentaire Wadd: The Life and Times of John C. Holmes évoque notamment la maladie de l'acteur. Décédé du sida en 1988
• Youri Egorov, pianiste classique, décédé 1988
• Jean-Paul Aron, écrivain, essayiste, neveu de Raymond Aron, déclara publiquement dans un entretien sa séropositivité et publia un livre intitulé "Mon Sida"^[5]. Décédé en 1989.
• Robert Mapplethorpe, photographe américain, celui-ci avait choqué l'opinion par l'homo-érotisme provocateur de ses clichés. Décédé du sida en 1989
• Bernard-Marie Koltès, un des dramaturges français les plus joués dans le monde, auteur du Retour au désert et de Roberto Zucco. Décédé en 1989
• Rémi Laurent, acteur français, il interprétera le fils d' Ugo Tognazzi, dans la Cage aux folles. Décédé du sida en 1989
• Scott Ross, claveciniste classique, décédé du sida 1989.
• Hervé Guibert, écrivain qui plaça le sida au cœur de son œuvre, et qui dévoila sa maladie en 1990 dans l'ouvrage A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie. Décédé du sida en 1991
• Keith Haring, qui apprit sa maladie en 1988. L'année suivante, il fonda la Fondation Keith Haring, destinée à la lutte contre le SIDA, en finançant des organisations et des programmes de lutte contre cette maladie. Il devint ainsi une des personnalités les plus engagées de cette cause, réalisant par ailleurs de nombreuses œuvres destinées aux campagnes anti-SIDA. Décédé du sida en 1990
• Roy Halston Frowick, connu sous le nom Halston est un créateur de mode américain, icône au milieu des années 1970. Décédé du sida en 1990
• Jacques Demy, réalisateur français, Les Demoiselles de Rochefort, et Les Parapluies de Cherbourg, propos recueillis dans l’interview d'Agnès Varda, son épouse, dans le journal TETU'’. Décédé en 1990
• Freddie Mercury, célèbre chanteur de rock lyrique et leader du groupe Queen, devint l'un des plus célèbres symboles des dangers de la maladie, auxquels nombreux hommages furent rendus au travers de nombreux spectacles, dont les fonds furent reversés à la lutte contre le SIDA. Décédé du sida en 1991
• Brad Davis, acteur américain, connu en particulier pour son interprétation du personnage de Billy Hayes dans le film "Midnight Express", en 1978. Décédé en 1991.
• Jorge Donn, célèbre danseur dont la maladie était connue des gens de son milieu. L'annonce de sa mort en 1992 restera pudique, expliquant son décès des suites "d'une longue maladie" ^[6]. Maurice Béjart organisa par la suite un ballet, Le presbytère’’, en hommage à lui et à Freddie Mercury, dont les fonds furent reversés à la fondation Farha pour la lutte contre le SIDA. Décédé du sida en 1992
• Peter Allen, compositeur et chanteur. En 1967 il deviendra le mari de Liza Minnelli, il fera son coming out puis divorcera de celle-ci en 1974. Décédé du sida en 1992
• Isaac Asimov, contaminé par transfusion sanguine et mort en 1992 de cette maladie, la garda secrète sur les conseils de ses médecins. Ils la tinrent secrète jusqu'en 2002. Après leur mort, la veuve d'Asimov, déclarant avoir été en désaccord avec eux, rendit la maladie publique^[7]. Décédé en 1992.
• Anthony Perkins, acteur américain et chanteur également, connu pour avoir incarné le célèbre Norman Bates dans le film Psycho d'Alfred Hitchcock. Décédé du sida en 1992
• Cyril Collard, réalisateur dont le sida est au centre de l'œuvre, et qui réalisa notamment le film autobiographique Les Nuits fauves sur ce thème. Décédé du sida en 1993
• Héctor Lavoe, chanteur de salsa, attira l'attention sur le fait que les usagers de drogues, particulièrement les classes sociales défavorisées comme les latinos y étaient exposés ^[8]. Après sa mort, sa maison de disque, Fania, versa les bénéfices rapportés par ses disques à sa famille et à l'association de lutte contre le SIDA Hispanic AIDS forum. Décédé du sida en 1993
• Arthur Ashe, contaminé par transfusion sanguine, et qui garda sa maladie privée jusqu'au 8 avril 1992, alors que le journal USA Today était sur le point de la révéler. Il devint par la suite un défenseur et militant des droits des malades de cette maladie à travers le monde. Décédé du sida en 1993
• Cleews Vellay, qui fut un militant de la cause homosexuelle et des malades du SIDA, et qui fut un des tous premiers à rendre sa maladie publique, au cours du 1^er Sidaction. Décédé du sida en 1994
• Eazy-E, rappeur américain qui fut admis à l'hôpital pour ce qu'il croyait être une bronchite. On lui diagnostica le SIDA, et il rendit sa maladie publique presque immédiatement. Décédé du sida en 1995
• Fela Kuti, chanteur, saxophoniste, chef d'orchestre et homme politique nigérian dont la famille dévoila la maladie le lendemain de son décès, pour lutter contre le tabou lié à cette maladie ^[9]. L'annonce créa un choc au Nigéria, où la maladie était perçue comme une spécificité de "l'homme blanc". Décédé du sida en 1997
• Rudolf Noureev, danseur étoile. Décédé du sida en 1993
• Jermaine Stewart, chanteur dans les années 80, interpréte du fameux hit We Don't Have To Take Our Clothes Off. Décédé du sida en 1997
• Didier Derlich, astrologue et voyant médiatique décédé le 4 août 2000.
• Ofra Haza, chanteuse israélienne surnommée la petite princesse d'Israël. On dissimula la cause du décès mais quelques années plus tard on sut qu'elle mourut des suites du Sida. Décédée du sida en 2000
• Gia Marie Carangi (29 janvier 1960, Philadelphie- 18 novembre 1986, Philadelphie) était une mannequin américaine de la fin des années 1970 au début des années 1980. Après être devenue dépendante à la drogue, sa carrière de mannequin déclina rapidement. Elle devint plus tard infectée par le SIDA et mourut de cette maladie à Philadelphie à l’âge de 26 ans.

Voir aussi

Liens internes

• Discrimination des porteurs du VIH
• la catégorie Personnalité engagée dans la lutte contre le SIDA
• (en) L'article personnalités séropositives
• Deux mémoriaux dédiés aux victimes du SIDA, aux États-Unis : le AIDS Memorial Grove et le NAMES Project AIDS Memorial Quilt

Liens externes

• (fr) En France, pas de panique pour l'instant, article de la Presse du 3 juin 1989, à propos de la façon dont les médias français traitent de la séropositivité chez les personnalités
• (en) Artists with aids : mémorial et banque de données sur les artistes atteints du SIDA
• (en) The Aids Memorial Quilt : Mémorial dédié à la lutte contre le SIDA

Références

• Les écrivains sacrifiés des années sida, de Jean-Luc Maxence
• Life Sentences: Writers, Artists, and AIDS, Thomas Avena

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