Pallium (Antiquité)

 Cet article concerne un vêtement de l'Antiquité grecque. Pour le vêtement liturgique, voir Pallium.

Dans l'Antiquité, le pallium était le nom latin du vêtement hellène dont le nom grec était himation. Il consistait en une large bande d'étoffe rectangulaire qui se drapait autour du corps et reposait sur le bras gauche.

Le terme s'est plus tard éloigné de ce premier sens pour désigner un ornement liturgique catholique qui n'a plus rien avoir avec l'antique habit drapé et a pris un sens tout à fait particulier (comme c'est le cas de beaucoup de mots du vocabulaire latin chrétien).

Utilisation

Le pallium est à l'origine le mot latin qui désigne l'himation, manteau national des Grecs. C'est le sens qu'il a dans les écrits des écrivains latins antiques.

Missionnaire bouddhiste allant convertir la Chine et traversant le Fleuve Bleu sur un roseau. Il est revêtu du pallium des philosophes grecs.

Tenzin Gyatso, le 14e Dalai Lama, accompagné d'un disciple. Ils sont revêtus de l'himation ou pallium, transmis à travers la civilisation gréco-bouddhique.

Saint Paul revêtu de la tunica et du pallium des philosophes, représentation antique.

Il s'agissait du vêtement national grec dont les statues des grands orateurs attiques nous ont conservé les modèles.

C'est pour ce motif que les comédies latines à caractère grec sont appelées fabulae palliatae à l'opposé des fabulae togatae.

Le pallium ou himation se portait au dessus de la tunique, il pouvait avoir diverses couleurs, comme l'ocre (pallium luteum).

À l'époque "classique", il s'était sans doute porté directement sur la peau, et la statuaire grecque a conservé à des fins esthétiques cette représentation alors même lorsque l'usage avait disparu dans la pratique.

Par la suite, à Rome, le pallium devint le vêtement typique des philosophes d'où l'expression "ad pallium reverti", comme dit Ammien Marcellin, qui signifie « retourner à la pratique de la philosophie ».

D'abord porté par les partisans de la culture grecque, par les philosophes, les pédagogues et les amateurs d'art, comme nous le rapporte Tite Live (XXIX, 10), vu son caractère plus pratique que la toge solennelle, il fut bientôt porté par toutes les couches de la population au point qu'Auguste ait même essayé, mais sans succès devant les réactions traditionnalistes du Sénat, de la faire porter à la place de la toge, comme le rappelle Suétone (Vie d'Auguste, 40). Valère Maxime (VI, 9, ext. 1) témoigne qu'il était porté tant dans la rue que dans les banquets. Apulée nous décrit même la manière correcte de le porter (Apulée, Métamorphoses, XI, 3).

En s'en référant à Matthieu (V, 40) c'était l'habit des premiers disciples : "et ei, qui vult tecum iudicio contendere, et tunicam tuam tollere, dimitte ei et pallium ": "et à celui qui veut aller en justice contre toi et t'enlever jusqu'à ta chemise, eh bien ! donne lui même ton pallium " (éd. Nestle-Aland, p. 11) (le grec emploie le mot himation).

Dans les représentations antiques du Christ, dans les catacombes ou trônant en gloire, c'est le pallium qu'il porte.

D'ailleurs, Tertullien lui-même, le grand propagandiste chrétien, a écrit un célèbre traité intitulé De Pallio, souvent traduit sous le simple titre Du Manteau, ce qui masque en partie le but et le sens du livre, alors qu'on devrait plutôt dire Du Pallium, car c'est du sens symbolique de ce manteau, opposé à la toga, qu'il s'agit. Il a en effet abandonné la toge du citoyen romain pour revêtir l'habit spirituel tant des philosophes que des premiers chrétiens, et même dans les provinces afghanes de l'empire gréco-bouddhique, celui des sages bouddhistes (voir les statues gréco-bouddhiques), qui ont transmis jusqu'au XXI^e siècle l'usage de l'himation ou pallium comme vêtement du sage : l'habit du dalaï lama n'étant autre que le pallium transmis jusqu'à nous à travers une longue histoire !

Gaston Boissier écrit à propos de Tertullien, "Je suppose qu'en se distinguant des autres par le costume, il s'engageait à se séparer d'eux pour mieux se conduire" (p. 242 de La fin du paganisme) et il ajoute: "À douze ans, Marc-Aurèle prit l'habit de philosophe, ce qui surprit beaucoup chez un héritier de l'empire; d'autant plus qu'en se couvrant du pallium il se mit à vivre d'une façon plus austère et à coucher sur la dure" (ibidem p. 244)

Comme le dit Albert Thibaudet dans son Socrate, "Le manteau philosophique, comme le froc du moine, nous paraît une protestation contre la cité humaine, une manière de se tenir hors de ses cadres et de son être"^[1].

D'ailleurs, c'est à Socrate lui-même qu'Albert Thibaudet attribuait l'origine de cet usage du pallium ou tribon : "Socrate, qui a fixé une partie du genre de vie des philosophes antiques, leur a donné leur uniforme, le tribon"^[1].

Signalons que le mot "tribôn" désigne en grec le pallium philosophique fait d'un tissu usagé, ce qui est conservé dans la tradition du "kesa" bouddhique.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

• Gréco-bouddhisme

Bibliographie

• Gaston Boissier,Le traité du manteau de Tertullien, Revue des Deux Mondes 94.5 (1889) pp. 50-78.
• Gaston Boissier (1823-1908), La fin du paganisme, tome premier, Paris, Hachette, 1930 (voir: livre troisième, chapitre I, "Le traité du manteau de Tertullien" page 221 à 259.
• M. Bieber, Entwicklungsgeschichte der griechichen Tracht, seconde édition, 1967.
• Alanus Van Dievoet, "De pallio Dalaei Lamae", dans, Melissa, Bruxelles, n° 146, 2008, p.16.
• Voir l'ancienne iconographie chrétienne concernant le pallium ou himation du Christ.
• Voir les premières représentations de Bouddha dans l'art gréco-bouddhique en ce qui concerne le port du pallium à l'époque gréco-bouddhique et sa transmission jusqu'à nos jours. Les bouddhistes lui on donné le nom de kesa, c'est à dire de couleur terre : pallium luteum.

Liens externes

• Article de Gaston Boissier sur le traité "Du Pallium" de Tertullien