- Archimandrite Sophrony
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Archimandrite Sophrony Le Père Sophrony en 1976.Nom de naissance Sergueï Simeonovitch Sakharov Surnom Starets Sophrony
Père SophronyNaissance 23 septembre 1896
Moscou, RussieDécès 11 juillet 1993 (à 96 ans)
Tolleshunt Knights, AngleterreNationalité Anglais Pays de résidence Grèce
France
Royaume-UniProfession Moine orthodoxe Activité principale Directeur spirituel, théologien et écrivain Formation Monastère Saint-Panteleimon, République monastique du Mont Athos Compléments - Principal disciple de Silouane de l'Athos (entre 1930 et 1938) et diffuseur de son œuvre spirituelle.
- Fondateur de la Communauté de Saint-Jean-Baptiste en Angleterre en 1959.
L'archimandrite Sophrony, de son nom de naissance Sergueï Simeonovitch Sakharov, né le 23 septembre 1896 à Moscou en Russie et décédé le 11 juillet 1993 à Tolleshunt Knights près de Maldon dans le comté d'Essex en Angleterre, était un moine et théologien orthodoxe. Le titre honorifique d'archimandrite indique sa fonction d'abbé au sein de l'Église orthodoxe. Il fut le disciple et biographe de saint Silouane du mont Athos, dont il contribua à faire connaître et rayonner l'enseignement, et fonda en 1959 le monastère de la Communauté de Saint-Jean-Baptiste, une communauté monastique orthodoxe pour hommes et femmes, en Angleterre.
Sommaire
Biographie
Enfance à Moscou
Sergueï Simeonovitch Sakharov naît le 23 septembre 1896 dans une famille orthodoxe à Moscou. Enfant, il prie tous les jours ; il se rappela plus tard qu'il était alors capable de prier quarante cinq minutes dans le calme. Enfant déjà, Sergueï fit l'expérience de la "Lumière incréée" de Dieu. Il lisait beaucoup, particulièrement la grande littérature russe comme Gogol, Tourgueniev, Tolstoï, Dostoïevski et Pouchkine.
Doué d'un grand talent artistique, Sergueï fit des études à l'académie des Arts entre 1915 et 1917, et ensuite à l'École de peinture, sculpture et architecture de Moscou entre 1920 et 1921. Il considérait l'art comme un moyen "quasi-mystique" pour "découvrir l'éternelle beauté", "rompre avec la réalité présente... vers de nouveaux horizons de l'être."[réf. souhaitée] Plus tard, cela l'aidera à différencier la lumière intellectuelle de l'homme de la Lumière incréée de Dieu.
C'est à cette période, lors de ses études à l'École de Moscou, que Sergueï s'éloigna du christianisme. Il voyait alors dans l'amour évangélique une forme de "sentimentalité", quelque chose de "psychique"[réf. souhaitée] et non pas spirituel. Il se détourna de l'Orthodoxie de sa jeunesse pour se tourner vers les religions mystiques de l'Inde, fondées sur un Absolu impersonnel. Il pratique alors une forme de méditation orientale tout en se consacrant à sa passion, la peinture.
En 1921, Sergueï quitta la Russie, en partie pour continuer sa carrière artistique en Europe de l'Ouest, et en partie parce qu'il n'adhérait pas à la révolution bolchévique. Après avoir séjourné dans un premier temps en Italie, il se rendit à Berlin et s'installa finalement à Paris en 1922.
Paris, France
Arrivé à Paris en 1922, Sergueï a rapidement l'occasion de faire plusieurs expositions de ses travaux artistiques, dans les lieux prestigieux comme le Salon d'Automne ou le Salon des tuileries. Cependant, la peinture ne le satisfaisait pas. Même si celle-ci lui procurait des "instants de fines jouissances"[1], il devenait de plus en plus conscient et frustré de son incapacité à exprimer la beauté qu'il percevait pourtant. Il devenait par ailleurs de plus en plus conscient de l'inaptitude de toute connaissance rationnelle à fournir des réponses au problème de la mort.
En 1924, Sergueï réalisa que le précepte du Christ d'aimer Dieu de tout son être n'était pas en premier lieu de caractère moral ou psychologique, mais ontologique ; que cet amour total était la seule voie pour se relier à Dieu ; et que l'amour est, nécessairement, par définition, une relation personnelle.
La clef de cette rencontre, Sergueï la trouva dans cette parole biblique, quand Dieu dit à Moïse qui lui demande son Nom : "Je suis Celui qui suis" (Exode 3:14). Cette révélation à Moïse est celle de l'Être absolu comme personne.
« Grand est le mot "Je". Il désigne la personne. Seule la personne vit réellement. Dieu est vivant parce que hypostasique. Le contenu de cette vie, c'est l'amour. Parce que Dieu dit "Je", l'homme peut dire "tu". Dans mon "je" et dans son "tu" se trouve tout l'Être : et ce monde et Dieu. Hors et au-delà de Lui, il n'y a rien. Si je suis en lui, alors moi aussi "je suis" ; mais si je suis hors de lui, je meurs.[réf. nécessaire] »
Le Grand et Saint samedi de cette année, la veille de Pâques, juste après la communion, Dieu le visite et lui donne la grâce d'expérimenter la Lumière incréée avec une force inégalée.
« Je la perçus comme une touche de l'éternité divine sur mon esprit. Douce, remplie de paix et d'amour, elle demeura avec moi pendant trois jours. [...] Je ressuscitai et, en moi et avec moi, le monde entier était ressuscité. Le seul véritable esclavage, c'est le péché. La seule véritable liberté, c'est la résurrection en Dieu.[réf. nécessaire] »
En conséquence de cette expérience, il s'éloigna de son travail artistique et de la peinture.
Sergueï devint par la suite d'un des premiers étudiants de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris. Il suivit les cours de Serge Boulgakov et de Nicolas Berdiaev. Cependant, même si ces grandes figures de l'Orthodoxie influencèrent Sergueï, ses réticences tant à l'égard de la sophiologie de Sergueï Boulgakov que de l'anti-ascétisme de Berdiaev limitèrent l'influence qu'ils eurent sur le futur archimandrite.
En 1925, découvrant que les études de théologie ne peuvent se suffirent à elles-mêmes[2], Sergueï quitte l'Institut et Paris pour devenir moine au Mont Athos.
Mont Athos, Grèce
Sergueï arriva au Mont Athos en 1926. Il entra au monastère orthodoxe russe Saint-Panteleimon avec l'intention d'apprendre l'art de la prière et l'attitude juste envers Dieu. Sergueï devint moine sous le nom de Sophrony. En 1930, Père Sophrony fut ordonné diacre orthodoxe par saint Nicolas (Velimirovic) de Jitcha et devint le disciple de saint Silouane l'Athonite, qui fut la plus importante et la plus longue influence que reçut Père Sophrony. Saint Silouane n'avait pas de système formel de théologie, mais sa vie exsudait la théologie. C'est cette théologie vivante que Père Sophrony approcha et, par la suite, systématisa pour en diffuser l'enseignement.
Entre 1932 et 1946, Père Sophrony échangea des lettres avec Père David Balfour, un catholique qui se convertit à l'Orthodoxie. Ces lettres révélèrent au Père Sophrony la connaissance de maints Pères de l'Église et forcèrent le Père Sophrony à articuler sa pensée théologique et à démontrer les différences entre l'Occident et l'Orient. Beaucoup des pensées postérieures de Père Sophrony proviennent des sujets abordés dans cette correspondance même.
Saint Silouane meurt le 24 septembre 1938. Suivant ses instructions, Père Sophrony quitte le monastère pour résider dans le désert athonite : d'abord au Skite de Karoulie, ensuite dans une caverne proche du monastère Saint-Paul.
« Là, dans la solitude, il connaît des instants de prière pure. Dans une telle prière, face à Face avec Dieu, sans images ni pensées distrayantes, l'intellect et le corps sont parfaitement unis au cœur ; l'esprit est entraîné dans l'infini immense, lumineux et sans nom de l'éternité divine, au-delà des limites de l'espace et du temps[3]. »
Son séjour dans le désert dura le temps de Seconde Guerre mondiale - de 1939 à 1945 - et se révéla être un temps d'intense prière dans laquelle il sent qu'il porte la prière du monde entier. Cette période affecta en partie la santé de Père Sophrony. Il réalise à ce moment l'interdépendance de tous les hommes.
« Lorsqu’on prie pour les hommes, le cœur perçoit souvent leur état spirituel ou psychique. Grâce à cela, le confesseur peut vivre leurs états intérieurs : le contentement et le bonheur dans l’amour, l’épuisement dû au surmenage, la crainte de malheurs menaçants, l’horreur du désespoir et ainsi de suite. En se souvenant devant le Seigneur de ceux qui sont malades, il se penche en esprit sur les lits de millions d’êtres humaines confrontés à chaque instant à la mort, plongés dans d’effroyables agonies. En portant attention sur les mourants, le prêtre entre naturellement en esprit dans l’au-delà ; il participe soit au calme abandon de l’âme à Dieu, soit à la frayeur devant l’inconnu qui frappe l’imagination avant même que ne se produise le départ de ce monde. Si le fait de se tenir au chevet d’une seule personne agonisante nous offre un spectacle bouleversant par le contraste avec notre représentation de l’homme premier-créé, la pensée de toute la souffrance sur terre dépasse ce que notre psychisme et même notre corps peuvent supporter. Pour le prêtre et le confesseur, c’est un seuil critique : que faire ? Faut-il fermer les yeux sur tout à la faveur d’un instinct d’autoconservation naturel à nous tous, ou, au contraire, faut-il aller plus loin ? Sans l’ascèse préalable d’un profond repentir reçu comme un don d’en haut, ce "plus loin" est inaccessible à l’homme. En réalité, il s’agit déjà de suivre le Christ au jardin de Gethsémani et au Golgotha, afin de vivre avec lui, par sa force, la tragédie du monde comme notre propre tragédie personnelle, afin d’embrasser en esprit, au-delà du temps et de l’espace et avec un amour compatissant, tout le genre humain enlisé dans des conflits sans issue. Le cœur de la tragédie universelle consiste en ce que nous avons oublié et même rejeté notre vocation originelle. Le funeste passion d’orgueil ne peut être surmontée que par un repentir total, grâce auquel la bénédiction de l’humilité du Christ descend sur l’homme, bénédiction qui fait de nous des enfants de notre Père céleste.[réf. nécessaire] »
« Voilà déjà de nombreuses années que je m’efforce de faire comprendre à ceux qui s’adressent à moi qu’ils doivent accueillir les épreuves qui les frappent non comme des événements survenant seulement dans les limites de leur existence individuelle, mais aussi comme une révélation de ce que toute l’humanité vit et a vécu durant les millénaires écoulés. Chaque expérience, que ce soit de la joie ou de la douleur, peut nous apporter une nouvelle connaissance, indispensable pour notre salut. Lorsque nous vivons en nous-mêmes toute la réalité humaine, toute l’histoire de l’humanité, nous brisons le cercle clos de notre "individualité", nous pénétrons dans les vastes espaces de la forme "hypostatique" de l’être, nous devenons vainqueurs de la mort et participants de l’infinité divine.[réf. nécessaire] »
C'est alors qu'il comprend que la parole du Christ : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même", révèle l'unité, la "communauté ontologique" du genre humain. Il affirmait, à la suite de saint Silouane, que celui qui ne possède pas l'amour des ennemis n'est pas encore orthodoxe, ne connaît pas encore "Dieu tel qu'Il est".
En 1941, l'archimandrite Sophrony fut ordonné prêtre. Il devint un père spirituel, un starets pour beaucoup de moines athonites.
Retour à Paris
Il y a plusieurs raisons possible au départ du Mont Athos du Starets Sophrony. Ce peut être le fait de la détérioration de sa santé, ou la publication des écrits de saint Silouane, ou peut-être encore du climat de méfiance vis-à-vis des russes (et plus généralement des slaves) au Mont Athos en cette période qu'est la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quoi qu'il en soit, le Starets Sophrony se sentit appelé à s'en aller en destination de Paris, pour laquelle Balfour l'aida à obtenir un passeport. Le Starets Sophrony s'installa dans la Maison Russe, une maison de retraite à Sainte-Geneviève-des-Bois, où il assistait le prêtre local et assumait la fonction de confesseur. Il subit une importante opération due à un ulcère à l'estomac.
L'année suivante, le Starets Sophrony produisit la première édition ronéotypée de Staretz Silouane. Dans ce texte, le Starets Sophrony expose les principes de la théologie de saint Silouane et en explique plusieurs concepts fondamentaux, parmi lesquels la prière pour le monde entier, "God-forsakenness" et l'idée que toute l'humanité est en interrelation.
En 1950, le Starets Sophrony travaille avec Vladimir Lossky sur le Messager de l’Exarchat du Patriarche Russe en Europe Occidentale, ce qu'il fera jusqu'en 1957. Lossky influença la pensée du Starets Sophrony sur de nombreuses questions contemporaines tout en complétant les travaux du Starets Sophrony sur la pensée trinitaire et ses applications dans l'Église et l'humanité.
En 1952, le Starets Sophrony produisit une seconde édition du Staretz Silouan, qui apporta une grande renommée à la fois au Starets Silouane et Sophrony. En réaction à la critique de Lossky selon laquelle il ne trouvait aucune valeur théologique dans les œuvres du saint, le Starets Sophrony inclut une introduction théologique aux écrits de saint Silouane.
Essex, Angleterre
À partir de 1958, le Starets Sophrony avait à ses côtés un certain nombre de personnes à la recherche d'une vie monastique. Une propriété fut visitée à Tolleshunt Knights, Maldon, Essex, en Angleterre. L'année suivante, la Communauté de Saint-Jean-Baptiste était formée à cet endroit, sous la juridication (l'omophorion) du Metropolite Antoine de Souroge. Le monastère abrite ensemble moines et moniales, encore maintenant, et comprenait originellement six membres. En 1965, le monastère se plaça sous la juridiction (omophorion) du Patriarche œcuménique, ajoutant le titre de "Patriarche" à son nom. Plus tard, le Patriarche œcuménique éleva le monastère au titre de "Stavropégique".
« Le fondement spirituel du monastère Saint-Jean-Baptiste sera, bien sûr, l’enseignement de saint Silouane. Pas de recherche d’états mystiques particuliers, de contemplations sublimes, mais une vie simple, eucharistique, évangélique. À la suite du Christ, « partout où il va » (Ap 14:4). Si le but est clair – accomplir son salut, être déifié –, le moyen ne l’est pas moins : faire des commandements du Christ la loi unique et immuable de l’être. Pour le père Sophrony, très inspiré par saint Grégoire Palamas (XIVe s.), les commandements ne sont pas des normes éthiques, mais des « énergies divines ». Ils sont le reflet sur terre de la Vie éternelle : "En demeurant dans ses commandements, nous devenons organiquement pareils au Christ. Sa vie devient notre vie, sa conscience notre conscience, sa pensée notre pensée".[réf. nécessaire] »
« Ces commandements du Christ, qui ouvrent ici-bas la porte des cieux, le père Sophrony les condensera dans une seule formule, liturgique, qu’il ne cessera de répéter : "Efforcez-vous de passer votre journée sans péché". Sans péché, c’est-à-dire saintement. Sans blesser autrui, mais en se mettant à son service et en assumant ses éventuels manquements. Dans la conscience, tendue à l’extrême, de la présence permanente et invisible de Dieu, ici et maintenant : « Veillez à ce qu’il n’y ait rien d’impersonnel dans vos vies. Soyez attentifs à vivre comme si vous aviez à répondre de chaque mouvement de votre cœur et de votre intellect devant toute l’humanité. Que votre esprit demeure, jour et nuit, là où est le Christ ». Exigeante à l’extrême, cette attitude intérieure suppose une lutte sans répit contre les passions et leurs énergies cosmiques : les pensées. C’est à cette culture de l’esprit, véritable « science des sciences » pour laquelle on ne reçoit un diplôme que dans l’au-delà, que le père Sophrony, qui en était un maître, exhortait ses enfants spirituels[4]. »
En 1973, une traduction complète de la vie de saint Silouane est publiée sous le titre Moine du Mt Athos, suivie de la publication de Sagesse du Mt Athos, comprenant les écrits de saint Silouane. Le Starets Sophrony publia Sa vie est la mienne en 1977 et Voir Dieu tel qu'Il est en 1985. Tandis que l'Occident apprécie généralement son dernier livre - une autobiographie spirituelle ouverte et très franche -, les Russes sont généralement plus critiques à son endroit. Certaines de ces critiques étaient si piquantes, qu'accompagnées d'une maladie croissante, elles découragèrent le Starets Sophrony d'écrire à nouveau.
En 1987, le Starets Silouane, connu dans le monde orthodoxe à travers les œuvres du Père Sophrony, est canonisé par le Patriarche œcuménique de Constantinople.
Événements entourant sa mort
Le monastère a été informé que la seule manière par laquelle il pourrait être autorisé à enterrer des personnes sur son domaine était de bâtir une crypte souterraine que le monastère commença à construire, et à propos de laquelle le Starets Sophrony affirmait qu'il ne naîtrait pas au ciel (ne mourra pas) tant qu'elle ne serait pas achevée. Par la suite, la date d'achèvement des travaux ayant été prévue pour le 12 juillet 1993, le Starets Sophrony déclara qu'il "sera prêt" ("would be ready"), et mourut la veille, le 11 juillet ; et le 14 eurent lieu ses funérailles et son enterrement, à laquelle assistèrent des moines venus du monde entier. Lors de la mort du Père Sophrony, il y avait 25 moines dans le monastère, un nombre qui est demeuré identique depuis lors.
Mère Elisabeth, la plus ancienne nonne, décèda peu après, le 24 juillet 1993, en conformité avec la parole du Starets Sophrony, selon laquelle « il naîtrait au Ciel en premier et qu'elle le suivrait de peu ».
La prière, expérience de l'éternité, un livre contenant les écrits du Starets Sophrony sur la prière et particulièrement sur la Prière de Jésus, fut publié de façon posthume.
Citations
« Le monde ne connaît rien de plus grand que la vocation de chrétien. Mais plus le but est élevé, plus sa réalisation est difficile. »[réf. nécessaire]
« Pour l'Église orthodoxe, le salut de l'homme est sa déification. »[réf. nécessaire]
« Aujourd'hui, il est impossible d'imposer totalement les règles de l'Église. Comme vous êtes tous différents les uns des autres, fixez le jeûne pour vous-mêmes. »[réf. nécessaire]
« Au monastère Saint Pantéléimon, il m'est arrivé une fois d'avoir jusqu'à quatorze fonctions en même temps. J'en ai parlé à mon père spirituel : "Je n'arrive pas à accomplir ma tâche : j'ai quatorze travaux !" Il m'a répondu : "Tu as tort, tu n'as qu'une tâche." - "Mais non, Père, ai-je répliqué, j'en ai quatorze !" - "Mais non, dit-il encore, tu ne fais qu'une chose à la fois. Alors fais-la bien et passe à la suivante..." »[réf. nécessaire]
« Le but que nous donnons à notre vie imprègne toutes nos activités. [...] Si le salut en Christ est l'unique but de notre vie, tout ce que nous faisons devient acte de prière, liturgique. »[réf. nécessaire]
« Dans la vie, il n'y a rien de banal, de petit, d'insignifiant. »[réf. nécessaire]
« Je ne connais pas de Christ grec, russe, anglais, arabe... Le Christ, pour moi, est tout, l'Être supracosmique. »[réf. nécessaire]
« L'amour du Christ, en tant que force divine, comme don du Saint-Esprit, de l'unique Esprit qui agit en tous, établit ontologiquement les liens de l'unité ; l'amour s'assimile la vie de l'être aimé. »[5]
« Le véritable amoureux sait à quel point il est libéré de l'obsession sexuelle, et c'est là le test bien connu de l'authenticité de son amour. »[5]
« Le christianisme n'est pas une philosophie, ce n'est pas un « enseignement » (doctrine), mais la vie, et tous les entretiens du Starets [Silouane] et tous ses écrits sont un témoignage de cette vie. »[6]
« Le commandement du Christ est l'expression du bien absolu. »[6]
« Conceptualiser Dieu, c'est renverser la hiérarchie véritable de l'existence, en subordonnant l'Incréé au créé, le Modèle à l'image, c'est introduire l'image dans le modèle et, tôt ou tard, la substituer au Modèle en réduisant l'Être divin aux dimensions de sa ressemblance. »[6]
« Le monde ne se suffit pas à lui-même ; il n'est pas créé en vue de lui-même, mais en fonction de la transfiguration finale et de la déification de la créature par la connaissance du Créateur. »[7]
« Le désespoir est pire que tout, c'est un blasphème contre Dieu, comme s'il n'était pas capable de nous sauver ou que la mesure de nos péchés puisse dépasser la mesure de la miséricorde de Dieu. »[7]
« [I]l n'existe pas de signe extérieur permettant de distinguer de manière irréfutable où est la vraie Église. »[8]
« [Q]uand l'homme est introduit par l'action de Dieu dans le monde de la Lumière incréée, son émerveillement devant Dieu est indicible, et il ne peut trouver ni paroles, ni images, ni soupirs pour exprimer sa gratitude. »[8]
« Ce n'est que par l'épreuve qu'une action reçoit sa valeur éternelle. »[8]
« Quand les saints Pères traduisent en paroles leur expérience, cela ne prend pas le caractère de constructions scolastiques, mais c'est une âme qui se révèle. »[8]
« La grâce vient et se retire selon la volonté de Dieu, qui est absolument libre et au-delà de toute contrainte. »[9]
« L'expérience chrétienne de la communion surnaturelle avec Dieu dépend essentiellement du Vouloir d'un Autre et se distingue des voies intellectives en ce qu'elle est toujours vécue comme une grâce. »[10]
« Dieu se manifeste dans la Lumière et comme Lumière.»[11]
« La Lumière incréée, comme le soleil, éclaire le monde spirituel et permet de voir les invisibles voies spirituelles. »[11]
« Si chaque personne-hypostase humaine, créée à l'image des Hypostases divines absolues, est capable de contenir en elle la plénitude de l'existence humaine, comme chaque Hypostase divine est porteuse de toute la plénitude de l'Être divin - et c'est là le sens profond du second commandement - alors chacun de nous entreprendra la lutte contre le mal, contre le mal cosmique, en commençant par soi-même. »[11]
« Le mal n'est pas une réalité ayant sa propre essence, mais une résistance de la créature libre à l'Être principiel, à Dieu. »[12]
« La crucifiante ascèse de l'obéissance au frère affine également en nous la capacité de percevoir plus profondément la volonté de Dieu. Hors de la culture chrétienne de l'obéissance, le principe hypostatique ne se développe pas dans les hommes, et ils restent sourds et aveugles à la Révélation divine qui nous a été donnée par l'Incarnation du Logos qui manifesta sur le plan historique notre image prééternelle. »[13]
« Les passions sont des « possessions » à divers degrés d'intensité. »[14]
« L'essence du péché n'est pas la transgression d'une norme éthique, mais un éloignement de la vie éternelle et divine pour laquelle l'homme est créé et à laquelle il est naturellement - c'est-à-dire conformément à sa nature - appelé. »[14]
« Il n'y a pas de péché impardonnable, hormis celui dont on ne se repent pas. »[14]
« Le véritable christianisme n'est presque pas prêché dans le monde, car cette prédication excède les forces de l'homme. »[14]
« La notion de sainteté est de nature non pas éthique, mais ontologique. Saint n'est pas celui qui a atteint un degré élevé dans le domaine de la morale humaine ou dans une vie d'ascèse et même de prière (les pharisiens aussi jeûnaient et disaient de « longues prières »), mais celui qui porte en lui le Saint-Esprit. »[15]
« Le salut consiste à recevoir une vie identique à celle de Dieu. »[15]
« Dieu a discerné d'avance que Syméon - par la suite le moine du grand habit Silouane - ne consulterait ni la chair ni le sang, mais qu'il passerait sa vie dans un effort ascétique digne de la grandeur du don qu'il recevrait, et c'est pourquoi il l'a appelé à cette vie extraordinaire qui fut la sienne. »[15]
« Il nous vient à l'esprit qu'en la personne du Starets Silouane la providence divine a donné au monde un nouvel exemple et un nouveau témoignage de l'amour infini de Dieu afin que, par Silouane, les hommes paralysés par le désespoir reprennent courage [...]. »[15]
« [L]a dynamique de la vie divine est la plénitude de l'existence qui est sans commencement et sans fin, excluant tout processus théogonique. »[16]
« La théologie véritable n'est pas conjecture, postulat, déduction, ni résultat de recherches quelconques, mais le récit de la réalité à laquelle l'homme a eu accès sous l'action du Saint-Esprit. »[16]
« Un moine-ascète n'est pas théologien dans l'acception académique de ce mot, mais en ce sens que, par la prière pure, Dieu le rend digne de la vraie contemplation. »[16]
« Par son Essence, Dieu est supra-cosmique, transcendant au monde; mais, par son Acte, il demeure dans le monde, il est immanent au monde. L'absolue transcendance de l’Être divin n'est aucunement affectée par son incessante action dans le monde. »[16]
« La science et la philosophie se posent la question : "QU'est-ce que la vérité ?", alors qu'une conscience authentiquement chrétienne est toujours orientée vers la vérité personnelle : "QUI est la vérité?". »[17]
« Lorsque nous nous repentons, nous condamnant résolument devant Dieu et les hommes, nous sommes purifiés intérieurement. L'eau dans le verre retrouve sa pureté en passant par le filtre du repentir. Ainsi, quand je me confesse, je m'accuse de tout mal, car il n'est aucun péché au monde que je n'aie commis, ne serait-ce qu'en pensée et pour une fraction de seconde. La possibilité même de tels mouvements de mon esprit révèle clairement mon état de péché. Qui peut être tout à fait certain d'être libre du pouvoir des pensées passionnelles ? Et si, pour un bref instant, j'ai été sous l'emprise d'une pensée mauvaise, qu'est-ce qui m'assure que cet instant ne se transformera pas en éternité ? Aussi devons-nous confesser continuellement nos péchés de crainte de les emporter avec nous dans la mort. »[18]
« Tout ce que vous faites, tout votre travail, tout cela peut contribuer à votre salut. Cela dépend de vous, de la manière dont vous l'accomplissez. L'histoire est pleine de moines qui sont devenus de grands saints alors qu'ils travaillaient dans les cuisines ou au lavoir. Le chemin du salut consiste à travailler sans passion, dans la prière. »[19]
« L'esprit humain aspire à la connaissance – mais la connaissance entière, intégrale. Rien ne saurait détruire notre aspiration à vouloir connaître, et, naturellement, notre désir ultime c'est la connaissance de l'Être Primordial, ou Celui ou Ce qui est. Tout au long des siècles, l'homme a rendu instinctivement hommage à cet Être Premier. Nos pères et nos ancêtres L'ont vénéré de différentes manières car ils ne Le connaissaient pas comme étant "Celui Qui Est" (1 Jean 3,2). Certains – et ils devaient sûrement être parmi les plus élevés en sagesse – ont élevé "un autel avec l'inscription 'au dieu inconnu' (Actes 17,23)." Même de nos jours, nous nous voyons sans cesse rappeler que la raison seule, per se, ne pourrait pas nous faire franchir le seuil vers "l'Inconnu." Dieu est notre seul moyen d'accès à cette connaissance suprême, s'Il veut Se révéler. »[20]
« Nous ne nous occuperons pas de ce que les gens pensent de nous, ni comment ils nous traitent. Nous cesseront d'avoir peur de tomber en disgrâce. Nous aimerons notre prochain sans penser à comment lui pourrait nous aimer. Le Christ nous a donné le Commandement d'aimer autrui, mais n'a pas dit que le fait qu'ils nous aiment ou non serait une condition pour notre Salut. Et de fait, nous pouvons être tout à fait détestés pour question d'indépendance d'esprit. En ces jours, il est essentiel d'être capables de nous protéger nous-mêmes de l'influence de ceux avec qui nous entrons en contact. Autrement, nous risquons de perdre en même temps la Foi et la prière. Que le monde nous rejette seulement comme indignes d'attention, confiance ou respect – cela n'aura aucune espèce d'importance, pourvu que le Seigneur nous accepte. Et vice-versa : cela ne nous rapportera rien si le monde entier pense du bien de nous, et chante nos louanges, si le Seigneur refuse de demeurer en nous. Ceci n'est qu'une toute petite facette de cette liberté dont le Christ voulait parler quand Il a dit "Vous connaîtrez la liberté, et la liberté vous libérera" Jean 8,32). Notre seul souci sera de continuer selon la parole du Christ, devenir Ses disciples et cesser d'être serviteurs du péché. »[21]
Bibliographie
Littérature primaire[22]
- Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, Moine du Mont-Athos : Vie - Doctrine - Écrits, Éditions Présence, 1995 [1973] ; réédition : Saint Silouane l'Athonite (1866-1938). Vie, doctrine et écrits, Éditions du Cerf, collection « Patrimoines - Orthodoxie », 2010, ISBN 2-204-09145-6.
- Archimandrite Sophrony, Sa vie est la mienne, Éditions du Cerf, collection « Témoins spirituels d'aujourd'hui », 1981 [1977], ISBN 2-204-01727-2.
- Archimandrite Sophrony, Voir Dieu tel qu'Il est, Éditions Labor et Fides, collection « Perspective orthodoxe », 1984 (Extraits sur Google Books) et 1988, ISBN 978-2-8309-0005-7 ; réédition : Éditions du Cerf, 2004, ISBN 2-204-07572-8.
- Archimandrite Sophrony, La félicité de connaître la voie : Des principes en Orthodoxie, Éditions Labor et Fides, collection « Perspective orthodoxe », 1988, ISBN 978-2-8309-0124-5.
- Archimandrite Sophrony, De Vie et d'Esprit. Aphorismes spirituels, Éditions du Cerf, collection « Le Sel de la Terre », 1995 [1992], ISBN 2-940-04201-2.
- Archimandrite Sophrony, La prière, expérience de l'éternité, Éditions du Cerf, collection « Le Sel de la Terre », 2004 [1998], ISBN 2-204-07667-8.
Littérature secondaire
- "L'Archimandrite Sophrony", Buisson ardent. Cahiers Saint-Silouane l'Athonite, Numéro 10, Éditions du Cerf, collection « Le Sel de la Terre », 2004, ISBN 2-940-04237-3.
- "Disciple de saint Silouane : L'archimandrite Sophrony (1896-1993) - un moine athonite en Occident", Contacts. Revue française de l'Orthodoxie, 57e Année, No. 209, Janvier-Mars 2005, ISSN 0045-8325. (Sommaire)
- Maxime Egger, "Archimandrite Sophrony - Moine pour le monde" in Archimandrite Sophrony, La prière, expérience de l'éternité, Éditions du Cerf, collection « Le Sel de la Terre », 2004 [1998], ISBN 2-204-07667-8. (Extrait)
- Nicholas Sakharov, J'aime donc je suis. Le legs théologique de l'archimandrite Sophrony, Éditions du Cerf, collection « Théologies », 2005 [2003], ISBN 2-204-07904-9. (Recension)
Références
- Citation de Sophrony, in "Archimandrite Sophrony - Moine pour le monde", introduction de Maxime Egger à La prière, expérience de l'éternité, Éditions du Cerf, p. 8
- « La théologie académique ne suffit pas au salut. Lisez surtout les Pères ascétiques. Vous y apprendrez la vraie théologie, l'attitude de l'intellect et du cœur quand il s'agit de Dieu », De Vie et d'Esprit, Éditions du Cerf, p. 38
- Introduction de Maxime Egger à La prière, expérience de l'éternité, Éditions du Cerf, p. 14
- Introduction de Maxime Egger à La prière, expérience de l'éternité, Éditions du Cerf
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- Pages Saint-Silouane l'Athonite et Archimandrite Sophrony et Archimandrite Sophrony - Editions du Cerf. Consulté le 8 juin 2010 Sources principales :
Liens externes
- Page d'introduction sur Saint Silouane l'Athonite et Archimandrite Sophrony sur le site des Pages Orthodoxes La Transfiguration
- Page sur le site OneLittleAngel.com
- Article sur le site du mensuel français Feu et lumière (Janvier 2008)
- (en)(ru)(fr) Quelques écrits du Père Sophrony ou le concernant, en plusieurs langues
- Podcast "Amis de Dieu : Archimandrite Sophrony" de Radio Vatican
Textes de Sophrony
- "Le caractère universel de la prière de Jésus"
- "La paternité spirituelle : Notes d'un père spirituel athonite"
- "De la prière dite avec douleur et par laquelle l'homme naît à l'Éternité"
- "Dieu est amour"
- Homélie du Père Sophrony
- Prières du bienheureux archimandrite Sophrony
- Aphorismes tirés du livre De Vie et d'Esprit
- Extrait portant sur la "Lumière incréée" tiré du livre Voir Dieu tel qu'Il est
- "De la sainte Tradition et de l'Écriture", extrait du livre Starets Silouane, Moine du Mont-Athos
- La crainte de Dieu, extrait de Voir Dieu tel qu'Il est
- Extraits de De Vie et d'Esprit
- Citations de l'archimandrite Sophrony
- Transcription du livre La prière, l'expérience de l'éternité en format PDF
- Homélie du Père Sophrony, "Mieux organiser ou faire patience ?", 1 2 3 4 5 6 7 8 9
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