- Némésis (mythologie)
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Némésis
Pour les articles homonymes, voir Némésis (homonymie).Dans la mythologie grecque, Némésis (en grec ancien Νέμεσις / Némesis) est la déesse de la vengeance. Le nom de Némésis dérive du terme grec νείμειν, signifiant « le don de ce qui est dû ». La mythologie romaine en reprend un aspect sous la forme de Invidia, soit « l'indignation devant un avantage injuste[1] ».
Le substantif « némésis » est employé en français par antonomase pour désigner la colère ou la vengeance divine[2]. En anglais, il désigne un châtiment mérité et inéluctable[3], voire un fléau ou une malédiction[4]. Il peut également s'appliquer à une personne : un punisseur de torts ou un vengeur[5], ou bien un ennemi, un rival personnel[5].
Sommaire
Mythe
Elle est généralement donnée pour la fille de Nyx (la Nuit) seule[6] ou plus rarement de la Nuit et de l'Érèbe (Hygin et Cicéron), mais d'innombrables sources (Pausanias, Nonnos de Panopolis et Tzétzes) la présentent comme née d'Océan sans que le nom de sa mère (Téthys ?) ne soit mentionné par un seul de ces auteurs. Dans les textes et fragments orphiques, elle est généralement présentée sous le nom d'Adrastée et est donnée pour la fille née sans père de la Nécessité. Des traditions isolées la nomment néanmoins "fille de Zeus"" (Homerica Cypria, Fragment 8) sans mentionner le nom de sa mère, d'autres la prétendent née de Diké, la Justice personnifiée. Hésiode[7] l'associe étroitement à la déesse Aidos qui symbolise à la fois la Pudeur et le Respect et prétend que lorsque la Race de Fer aura remplacé celle des héros, Aidos et Némésis abandonneront définitivement l'humanité à son (triste) sort pour remonter dans l'Olympe.
Elle représente la justice distributive et le rythme du destin. Par exemple, elle châtie ceux qui vivent un excès de bonheur chez les mortels, ou l'orgueil excessif chez les rois. Elle fut aimée de Zeus et pour échapper à son étreinte, elle se transforma en oie ; mais lui se changea en cygne. Elle pondit un œuf qu'elle confia à Léda, et duquel naquit deux paires de jumeaux : Hélène et Clytemnestre ainsi que Castor et Pollux. Une tradition isolée prétend qu'elle engendra les Telchines de son union avec le Tartare (Bacchylide, Fragment 52).
Chez Homère, le seul sens dans lequel Némésis est utilisé est en tant que personnification d'une chose abstraite. Dans la Théogonie, Hésiode évoque « Némésis, fléau des hommes mortels[8] ». Némésis apparaît sous une forme encore plus concrète dans un fragment des Chants cypriens.
Némésis est l'exécutrice de la justice, la justice de Zeus, retransmise par Hermès selon l'organisation olympienne du monde, mais il est clair qu'elle lui a préexisté car ses images l'associent à plusieurs déesses qui sont des manifestations de l'ancienne Grande Déesse : Cybèle-Rhéa, Déméter et Artémis.
Némésis, en tant que principe opposé à la bonne fortune, a pu être associée à Tyché. Le mot Némésis, à l'origine, signifiait « qui dispense la fortune, ni bonne ni mauvaise, simplement dans la proportion due à chacun selon ses mérites » ; puis, le ressentiment provoqué par n'importe quelle perturbation de cette proportion. O. Gruppe (1906) et d'autres préfèrent relier le nom au « juste ressentiment ». Paul Mazon, dans sa traduction de Les Travaux et les Jours (Belles Lettres, éd. de 1977) propose le terme de Vergogne.
Dans les tragédies grecques, Némésis apparaît principalement comme vengeresse des crimes et celle qui punit l'hybris, et est alors apparentée à Até et aux Érinyes. Elle s'est parfois appelée Adrastée, voulant dire probablement « de qui on ne peut échapper » ; son épithète Érinys (« Implacable ») est particulièrement appliquée à Déméter et à Cybèle. C'est ainsi qu'au 48ème et dernier chant des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis, elle châtie l'orgueilleuse nymphe chasseresse Aura (Brise) à la prière d'Artémis, offensée par cette dernière. Toutefois, par souci de justice, elle punit Aura moins durement que la déesse ne l'aurait souhaité (elle prétendait voir l'imprudente jeune femme changée en statue de pierre).
Culte
Némésis était honorée dans un sanctuaire archaïque dans la zone de Rhamnus en Attique, où elle était une fille d'Océan. Elle y est alors appelée Rhamnusia, la déesse de Rhamnus. Pausanias remarqua sa statue iconique avec une couronne de cerfs et des petites Niké, fabriquée par Phidias après la bataille de Marathon (490 av. J.-C.) à partir d'un bloc de marbre de Paros que les Perses présomptueux avaient apporté avec eux, pour en faire une stèle commémorative après leur victoire qu'ils considéraient comme acquise.
Un festival appelé Nemeseia (identifié par certains avec le Genesia) a été tenu à Athènes. Son objet était d'éviter le némésis des morts, qui étaient censés avoir la puissance de punir la vie si leur culte avait été négligé de quelque façon (Sophocle, Électre).
À Smyrne il y avait deux manifestations de Némésis, plus apparentées à Aphrodite qu'à Artémis. Il est difficile d'expliquer la raison de cette dualité ; on suggère qu'ils représentent deux aspects de la déesse : l'aimable et l'implacable, ou les déesses de la vieille ville et celle de la nouvelle ville reconstruite par Alexandre le Grand.
À Rome, Némésis était révérée par les généraux victorieux, les gladiateurs dont elle était la patronne et figurait une des déités tutélaires du forage du sol (Nemesis campestris). Au IIIe siècle av. J.-C., il y a des indices d'un culte envers une Némésis-Fortuna toute puissante. Elle était révérée par une société appelée Nemesiaci.
Les premières représentations de Némésis ressemblaient à Aphrodite, qui elle-même porte parfois l'épithète Nemesis. Plus tard, comme déesse de la proportion et vengeresse des crimes, ses attributs sont une tige de mesure, une bride, une balance, une épée et un fléau et monte dans un chariot conduit par des griffons.
Sources
- Cicéron, De la nature des Dieux [détail des éditions] [lire en ligne] (3, 17).
- Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 223-224).
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (Préface).
- Nonnos de Panopolis, Dionysiaques [détail des éditions] [lire en ligne] (XLVIII, 375).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (VII, 5, 3).
- Sophocle, Électre [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 792).
- Stasinos, Chants cypriens [détail des éditions] [(en) lire en ligne].
- Tzétzes à Lycophron (88).
Notes
- ↑ (en) David Konstan, Keith Rutter, Envy, Spite and Jealousy: The Rivalrous Emotions in Ancient Greece, Edinburgh University Press, Edinburgh, 2003 (ISBN 0-7486-1603-9) [présentation en ligne].
- ↑ Trésor de la langue française, article « némésis ».
- ↑ Oxford English Dictionary, article « nemesis ».
- ↑ Wordnet, article « nemesis ».
- ↑ a et b Webster's 9th Collegiate Dictionary, article « nemesis ».
- ↑ Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (223-224).
- ↑ Hésiode, Les Travaux et les Jours [détail des éditions] [lire en ligne] (200).
- ↑ Théogonie (223) ; extrait de la traduction de Paul Mazon pour les Belles Lettres, 1928.
Voir aussi
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