- Arbogast (général romain)
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Arbogast ( ? – 394) fut un officier des armées romaines sous Théodose Ier et Valentinien II. Il est d’origine franque, neveu de Richomer, consul en 384, également franc et tous deux intégrés dans l’Empire romain.
Sommaire
Biographie
Selon la chronique de Jean II, patriarche d’Antioche de 631 à 648, Arbogast est le fils de Bauto et le neveu de Richomer[1],[2]. Ce témoignage plutôt tardif tend à faire consensus parmi les historiens, et Jean-Pierre Poly, sur la base de l’onomastique propose de voir en Baudo un proche parent du prince chamave Nebigast, capturé par Charietto en 358, et qui pourrait être un frère de Bauto. Poly propose d’ailleurs de voir en Baudo le diminutif du prénom Baudogast[3]. Du témoignage de Jean d’Antioche, Christian Settipani estime que Baudo a épousé une sœur de Richomer[2]. Mais dernièrement Gilles Constable et Michel Rouche (Auctoritas), qui ont repris les travaux de Zöllner et Heinzelmann, conjecture qu'Arbogast ou Arogast, pourrait être un exilé barbare franc de race transrhénane, otage de Julien, et fils de Nebigast roi des Chamaves.
Il serait devenu ensuite comte militaire et lieutenant de son parent Flavius Bauto, maître de la milice en 380 et consul en 385. Il aurait commencé à résider à Bodegem, sur le domaine de Bauto son protecteur, une des 3 préfectures létiques de Belgique dont Bauto avait la tenure fiscale, et qui porte son nom comme c'était l'usage.
Deux ans après la bataille d’Andrinople où le césar Valens est tué, l’empereur Gratien envoie Bauto et son adjoint Arbogast en Orient avec des troupes afin d’aider le césar Théodose Ier et Richomer à lutter contre les Wisigoths. Des succès rapides permettent de rétablir la situation et attire sur les trois francs l’estime de Théodose[4].
En 388, Richomer et Arbogast commandent l’armée de Théodose Ier qui affronte l'usurpateur Maxime. Envoyé en Gaule après la défaite de Maxime, Arbogast capture et exécute son fils Victor. Théodose met le jeune Valentinien, âgé alors d'à peine vingt ans, sous la protection d’Arbogast, tandis que lui-même séjourne à Milan de 388 à 391, puis repart à Constantinople. En 388, Arbogast repousse une invasion de Francs commandés par Gennobaud, Marcomer et Sunnon[5],[6].
En 392, Arbogast doit passer en Gaule avec Valentinien, pour une expédition punitive afin de contrer les attaques de pillards francs. En mai 392, Valentinien reçoit à Vienne l’appel à l’aide d’Ambroise de Milan, car l’Italie est sous la menace d'une invasion venue de Pannonie. Valentinien veut intervenir mais Arbogast s’oppose à toute sortie de Gaule. Les deux personnalités s’opposent totalement, entre le militaire aguerri, barbare et païen, et le jeune empereur, dévot ascétique. Le 14 mai 392, Valentinien présente une lettre de renvoi à Arbogast, qui furieux la déchire, déclarant « tu ne m’as pas donné mon commandement, tu ne pourras pas non plus me l’enlever »[7]. Le lendemain 15 mai de cette altercation, l’empereur est trouvé mort[8],[9],[10],[11].
Deux versions circulent sur la raison de sa mort : ou bien il aurait été tué par un assassin d’Arbogast lors d’une séance d’exercice devant les mur de Vienne, ou bien, il se serait pendu, thèse accréditée par Théodose lorsqu’il en est informé à Constantinople.
Plusieurs mois s’écoulent, pendant lesquels Théodose et son fils Arcadius règnent sur tout l’Empire, tandis que Arbogast observe ses adversaires politiques à Constantinople. Lorsque le préfet du prétoire Tatianos, païen comme lui est remplacé par son adversaire le chrétien Rufin, Arbogast se décide à usurper le titre impérial en août 392. Comme son origine barbare lui interdit l’accès au trône, il proclame empereur Eugène, un haut fonctionnaire recommandé par Richomer[12],[9],[10],[11].
Après de vaines tentatives de conciliation avec Théodose, Arbogast s’organise pour le conflit. Il assure la paix sur le limes du Rhin, et passe en Italie avec des contingents de fédérés francs et alamans. Si l’évêque Ambroise de Milan manifeste une neutralité plus que distante, l’aristocratie romaine païenne est enthousiaste, car elle préfère un chrétien modéré comme Eugène à Théodose, qui a multiplié les mesures et les confiscations anti-païennes. Le sénateur Nicomaque Flavien anime à Rome une violente réaction païenne, les cérémonies en l’honneur des dieux antiques reprennent.
La bataille décisive avec l’armée réunie par Théodose Ier a lieu près d'Aquilée, à la Rivière froide. Arbogast est vainqueur le premier jour, mais la trahison de groupes francs entraîne sa défaite le lendemain, et le réduit à se donner la mort (394)[12],[9],[10].
Comme il fut autoritaire, païen, germain, usurpateur, et battu, les chroniqueurs antiques et les historiens qui les relayèrent en font un personnage négatif.
Généalogie
Hypothèse classique Hypothèse
de Constable et RoucheN
roi des ChamavesTeutomer
général francN
roi des ChamavesTeutomer
général francNebigast
prince chamave
(358)Baudo
consul (385)
(† 388)Ne Richomer
consul (384)
(† 393)Baudo
consul (385)
(† 388)Nebigast
prince chamave
(358)Ne Richomer
consul (384)
(† 393)Arcadius
empereur
(395-408)Eudoxie Aellia
(† 404)Arbogast
général
(† 394)Théodomir
roi franc
(† 420)Arcadius
empereur
(395-408)Eudoxie Aellia
(† 404)Arbogast
général
(† 394)Théodomir
roi franc
(† 420)Théodose II
empereur
(408-410)N Théodose II
empereur
(408-410)N Arigius Arigius Arbogast
comte de Trèves
(..471-480)Arbogast
comte de Trèves
(..471-480)Notes et références
- Werner 1984, p. 298.
- Settipani 1996, p. 28.
- Poly 1993.
- Werner 1984, p. 297-298.
- Kurth 1896, p. 106-109.
- Werner 1984, p. 299.
- Zosime, Histoire nouvelle, IV, LIII, 2-3
- Kurth 1896, p. 108-109.
- Rouche 1996, p. 82.
- Werner 1984, p. 299-300.
- Riché et Périn 1996, p. 42, notice « Arbogast Ier ».
- Kurth 1896, p. 109.
Annexes
Sources primaires
- Zosime, Histoire nouvelle, IV, LIII, 2-3.
Sources secondaires
- Godefroid Kurth, Clovis, le fondateur, Éditions Tallandier, 1896 (réimpr. 2000) (ISBN 2-235-02266-9).
- Roger Remondon, La crise de l’Empire romain, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes », 1964 (réimpr. 1970)
- Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, 1974 (ISBN 2-02-002677-5)
- Karl Ferdinand Werner, Les Origines, avant l'an mil [détail des éditions].
- Jean Pierre Poly, « La corde au cou. Les Francs, la France et la loi salique », dans Genèse de l'état moderne en Méditerranée, Rome, 1993, p. 287-320
- François Zosso et Christian Zingg, Les Empereurs romains, édition Errance, 1995 (ISBN 2877722260).
- Pierre Riché et Patrick Périn, Dictionnaire des Francs - Les temps Mérovingiens, Bartillat, 1996, 370 p. (ISBN 2-84-100008-7)
- Christian Settipani, « Clovis, un roi sans ancêtre ? », dans Gé-Magazine, no 153, octobre 1996 .
- Michel Rouche, Clovis, Éditions Fayard, 1996 (ISBN 2-213-59632-8).
Articles connexes
- Jean-Pons-Guillaume Viennet en a fait le héros de sa tragédie d'Arbogaste, 1841.
- le général vandale Stilicon
- Antiquité tardive
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