- Nicolas jarry (calligraphe)
-
Nicolas Jarry (calligraphe)
Nicolas Jarry, né vers 1615 et mort en 1666, est un maître écrivain français.
Sommaire
Biographie
Jarry fut sans doute le plus célèbre maître écrivain de son temps. Quelques actes ont été retrouvés sur lui et sur sa famille, ainsi que des reçus de gages en 1664 et 1666. Il a baptisé un fils en 1635 et décède en 1666. Il a été au service du roi Louis XIV, et fut reçu en 1640 dans la Communauté des maître écrivains du faubourg Saint-Germain.
Par ailleurs, Nicolas Jarry tint entre 1635 environ et 1666 la charge de noteur de la chapelle de sa Majesté, qui consistait à copier et prendre soin des livres de musique manuscrits de la chapelle du roi, mais qu'on suppose à cette époque être purement honorifique. Il recevait néanmoins 30 livres par an pour cet office. On ne pourtant connaît aucun manuscrit qui puisse être associé stricto sensu à cette charge. Jarry fit tardivement mention de cette charge de noteur après sa signature, sur quelques manuscrits relatifs à la messe ou aux offices de l'église, dans les années 1659-1664. Cette même charge de noteur fut brièvement revendiquée en 1668 par Jean Jarry, probablement un fils, mais sans succès ; elle passa en fait dans les mains de Robert III Ballard, imprimeur-libraire en musique, puis de ses descendants jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.
On connaît un disciple de Jarry en la personne du maître écrivain Charles Gilbert.
Oeuvres
Sa production, très prisée à l'époque et toujours très recherchée des bibliophiles, consiste surtout en livres de liturgie et de de dévotion. S'y trouve notamment plusieurs copies de la Preparatio ad missam, un Psautier de Jesus, des Offices de la Vierge Marie, des Heures de Notre-Dame, Benedictiones pontificales, etc. Ses livres étaient souvent ornés d'un frontispice gouaché et de bordures dorées ; ils sont généralement écrits sur vélin et en petit format. Jarry excellait dans la copie des caractères romains et italiques, modèles plus proches de la typographie que de la calligraphie et, de fait, malaisés à reproduire.
Les dédicataires de ses oeuvres sont des notables de haut rang, tels Dominique Séguier, Gaston d'Orléans, le cardinal de Richelieu, Louis XIV, Anne d'Autriche, Nicolas Fouquet...
Jarry a également copié des pièces profanes : livres de poésie française ou italienne, éloges, tels La prigione di Filindo il Constante, Le Temple de la Gloire de René de Bruc de Montplaisir, ou Adonis de la Fontaine, les pièces de Tristan L'Hermite. Son manuscrit le plus prestigieux est sans doute La Guirlande de Julie, un recueil de poésies (des madrigaux) que le duc de Montausier offrit à Julie d'Angennes, dans le cadre du salon littéraire tenu par sa mère, la marquise de Rambouillet. Cette oeuvre est connue en plusieurs copies plus ou moins élaborées.
En matière de musique polyphonique, on ne connaît que deux manuscrits de la main de Jarry : d'une part, le motet à deux chœurs Angeli, archangeli de Jean Veillot, copié sur vélin, signé et daté de 1644 (Paris, BNF (Mss.)), et un recueil de vingt-trois airs à deux voix intitulé Airs nouveaux de la Cour, également signé, copié sur vélin à l'intention probablement d'un membre de la famille Painel-Marcel (Washington, Library of Congress). Jarry utilise dans ces deux pièces une graphie en fer-de-lance similaire aux caractères typographiques.
C'est un maître écrivain dont la production est très soignée et particulièrement abondante (plus d'une trentaine de livres) compte tenu de la courte durée de son exercice.
Réception
Ses manuscrits ont été collectionnés avec avidité, et certains qui ne sont pas signés du maître écrivain lui ont parfois été attribués à tort. On en a repéré environ une centaine ; ceux qui sont datés se situent entre 1633 et 1664. Les plus grandes collections bibliophiliques en ont possédé :
- la collection Smith-Lesouëf (3 livres), maintenant à la Bibliothèque nationale de France,
- la collection Hutton (2 livres),
- la collection Rothschild (2 livres), maintenant à la Bibliothèque nationale de France (Mss.),
- la collection Wing (2 livres), maintenant à la Newberry Library, Chicago,
- la collection Yemeniz,
- la collection John M. Schiff (De Ricci II p. 1818-1819),
- la Bibliothèque Mazarine (3 livres : Ms. 2211, 2212, 2213), voir Calames,
- la collection Dutuit (maintenant au Petit Palais à Paris),
- la collection Beinecke, à Yale University Library, New Haven (CN),
- le Victoria & Albert Museum, (un manuscrit de L'Office de la Vierge)
- et surtout la collection d'Armand Cignongne, achetée en bloc par le duc d'Aumale, maintenant conservée à la Bibliothèque du Musée Condé à Chantilly. Cette seule bibliothèque en conserve une quinzaine. La liste est accessible via le catalogue Calames.
Bibliographie
- Laurent Guillo, Pierre I Ballard et Robert III Ballard, imprimeurs du roy pour la musique (1599-1673), Sprimont et Versailles : 2003. 2 vol. (voir vol. 1 p. 54-55).
- Comte Amédée de Caix de Saint-Amour, « Un document concernant Nicolas Jarry, célèbre calligraphe du XVIIe siècle », in Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris et l'Ile de France 44 (1917), p. 41-43.
- Baron Roger Portalis, Nicolas Jarry et la calligraphie au XVIIe siècle, H. Leclerc et P. Cornuau, 1896 [extrait du Bulletin du Bibliophile, 1896 et 1897].
- John William Bradley, A dictionary of miniaturists, illuminators, calligraphers and copyists, with references to their works and notices of their patrons, 1889, 3 vol. (voir vol. 2 p. 143-148).
Articles connexes
- Portail de la France du Grand Siècle (1598-1715)
Catégories : Maître écrivain | Décès en 1666 | Calligraphe français
Wikimedia Foundation. 2010.