New Italian Epic

New Italian Epic

Nouvelle épique italienne

Nouvelle épique italienne est une définition proposée par l’écrivain italien Wu Ming 1 (it) (Roberto Bui) pour circonscrire un ensemble d’œuvres littéraires écrites en Italie par différents auteurs – dont le collectif Wu Ming lui-même – à partir de 1993 et depuis la fin de la “Première République”.

Sommaire

La définition

Ce corpus de livres est décrit comme un ensemble de romans – en grande partie de romans historiques, mais pas seulement – et d’autres textes littéraires, qui auraient en commun diverses caractéristiques stylistiques, des thématiques récurrentes et un nature foncièrement allégorique. Il s’agirait d’un genre particulier de roman méta-historique, avec des traits spécifiques liés au contexte italien[1].

La définition a été élaborée par Wu Ming 1 en mars 2008, au cours des travaux de “Up Close & Personal”, un séminaire sur la Littérature italienne contemporaine qui a eu lieu à l’Université McGill de Montréal, au Canada.

Les jours suivants l’auteur a reproposé et discuté l’expression au cours de débats dans d’autres universités nord-américaines, dont le Massachussets Institute of Technology de Cambridge, au cours du programme d’étude comparative sur les médias dirigé par Henry Jenkins (en)[2].

C’est à partir de ces interventions que l’auteur a rédigé l’essai New Italian Epic. Mémorandum 1993-2008: Littérature narrative, point de vue oblique, retour vers le futur, écrit et publié sur le net au printemps de la même année[3]. Durant l’année 2008, l’expression a connu un vaste écho sur la toile, dans des colloques et des conférences, dans les journaux, dans la presse spécialisée et dans les émissions de radio[4].

L’expression “New Italian Epic” en langue anglaise[5] a aussi été proposée par Wu Ming 1 en Italie. Parfois on utilise l’acronyme NIE[6]

À la fin de l’été 2008, Wu Ming 1 a mis en ligne une version du mémorandum estampillée “2.0”, c’est à dire annotée et davantage développée, avec des réponses à certaines critiques et des approfondissements des points les plus controversés. Une version ultérieurement enrichie et mise à jour (la “3.0”) a été publiée sur papier en janvier 2009, dans la collection Stile Libero de Einaudi.

Le “mémorandum”

Le mémorandum a été pensé comme une “proposition ouverte, une esquisse de littérature comparée, un recueil de notes a garder sous les yeux, en mémoire et à utiliser”[7] et il propose de décrire de manière schématique un ensemble d’oeuvres écrites en Italie durant les quinze dernières années (1993-2008), en cherchant des liens de parenté inattendus ou, à l’inverse, en rompant des liens trop souvent tenus pour acquis[8].

Le mémorandum a aussi été décrit[9] comme un manifeste littéraire, en vertu du fait qu’il propose un classement. Selon l’auteur et d’autres participants au débat[10], il s’agit d’un document en forme de fascicules qui n’annonce pas un mouvement d’auteurs, mais décrit a posteriori un dialogue entre des livres déjà existant, en rapportant dans leurs grandes lignes les caractéristiques d’une série d’œuvres qui se positionnent au delà du Postmodernisme.

Caractéristiques du New italian Epic

La liste des caractéristiques du NIE établie dans le mémorandum contient sept occurrences, qui sont précédées par un préambule qui pose le cadre conceptuel. Ce préambule évoque des spécificités historiques et géographiques : dans cette partie du mémorandum l’auteur décrit dans ses grandes lignes le contexte social et culturel qui a vu émerger ces œuvres et auquel elles font référence de manière explicite ou allégorique.

Les sept caractéristiques repérées par Wu Ming 1 sont :

  • Le refus du ton détaché et “froidement ironique” qui prédomine dans le roman postmoderne[11]. Cette première caractéristique est définie dans le mémorandum comme condition sine qua non.
  • Le point de vue oblique ou le hasard de la perspective. L’expérimentation de points de vue inhabituels et inattendus. Le regard qui s’agrandit parfois de manière vertigineuse en incluant l’extrahumain comme partie intégrante de la narration. Selon Wu Ming 1, une motivation éthique et politique soutendrait ces expérimentations[12].
  • La complexité narrative liée à une attitude “pop” qui est souvent à l’origine du succès auprès du public. Selon Wu Ming 1, malgré leur complexité structurelle et thématique, beaucoup de ces romans sont devenus des best sellers. Par exemple Q de Luther Blissett, Romanzo criminale de Giancarlo De Cataldo, L’ottava vibrazione de Carlo Lucarelli (it), et surtout Gomorra de Roberto Saviano.
  • La narration d’histoires alternatives et “d’uchronies potentielles”. Ces narrations offrent une issue qui diverge de la réalité historique.
  • L’expérimentation linguistique dissimulée qui vise à subvertir “de l’intérieur” le registre de la prose[13].
  • Les objets narratifs non identifiés (appelés aussi UNO, Unidentified Narrative Objects). Beaucoup de textes du corpus examiné non seulement ne rentreraient dans aucun genre littéraire prédéfini, mais ils agrandiraient les frontières du domaine littéraire en englobant des éléments textuels qui produisent des effets “perturbants”. Parmi les livres cités dans le memorandum, Asce di guerra de Wu Ming, Sappiano le mie parole di sangue de Babsi Jones et le déjà cité Gomorra[14].
  • La Communauté et la transmédialité. Les textes du NIE ont comme caractéristique de souvent constituer des textes de base pour la création de dérivés de la part de la communauté des fans. Les dérivés ou spin-off sont souvent présents sur la toile, et concernent les différents médias (film, téléfilm, séries télé, bande dessinée, jeux vidéo, compositions musicales, sites internet).

À cette liste, des interventions d’autres écrivains et chercheurs[15] ainsi que des thématiques constantes présentes dans les textes du NIE se sont ajoutées dans la version 2.0 du mémorandum. Par exemple la “mort du Vieux”: de nombreux livres de la “nébuleuse” décrivent les conséquences de la disparition d’un père fondateur, d’une figure de référence qui représentait un monde aujourd’hui entré en crise ou qui a construit un monde mais n’a pas préparé ses successeurs à en gérer la crise. Une coïncidence a voulu que dans plusieurs livres ce personnage soit appelé par la simple antonomase “le Vieux”. Selon Wu Ming 1, le NIE construit sur ce mythologème[16] une grande allégorie de la phase historique actuelle[17]

Dans le mémorandum une réflexion sur l’allégorie suit le catalogue des caractéristiques du NIE. Elle débouche sur une exhortation à imaginer le futur et l’extinction de l’espèce humaine avec une approche que l’auteur définit “écocentrique” et décrit comme un “recours systématique” à la figure rhétorique du pathos fallacieux, c’est à dire l’attribution à des objets et des organismes dépourvus de conscience, de pensées et d’émotions semblables à celles des êtres humains.

Le débat dans les médias en 2008

Contributions et interventions d’autres écrivains

La parution du mémorandum a déclenché, à partir du mois d’avril 2008, une vaste discussion entre écrivains, mais aussi entre écrivains et lecteurs. Sur le net ou dans les pages de certains journaux (comme L'Unità, La Repubblica, Liberazione et Il Manifesto) presque tous les écrivains mentionnés par Wu Ming 1 ont pris position.

Dans La Repubblica Carlo Lucarelli (it) a interprété le mémorandum comme une invitation aux auteurs italiens à s’intéresser toujours davantage aux côtés obscurs de leur histoire nationale, et il a exhorté à son tour à se diriger vers une “nouvelle frontière qui n’est pas seulement physique (nouveaux contextes, nouveaux mondes à créer et à explorer), et qui n’est pas seulement narrative (nouvelles intrigues, nouvelles aventures, différentes techniques de montage, thèmes et émotions extrêmes) mais qui est aussi stylistique (mots nouveaux, nouvelles constructions, nouvelles constructions dans [...] des romans mutants)”[18]

Massimo Carlotto, dans Il Manifesto, a établi un lien entre la crise du roman policier italien et les tentatives de définir une nouvelle génération de romans[19]

Valerio Evangelisti, dans un long article dans L'Unità, a décrit les différentes façons dont il est possible d’atteindre un résultat poétique qu’il a défini “maximaliste”: “Parler au moyen de systèmes, de cadres historico-géographiques, de visions de société entières, élans cosmiques. On peut avoir recours aux formes narratives du roman d’aventure, pour atteindre ce but: pousser à la réflexion, de manière réaliste ou métaphorique, sur la perception collective d’un quotidien aliéné. Voilà ce que les auteurs du New Italian Epic cherchent à faire [...]”[20]

Marcello Fois, lors d’une présentation de son œuvre en France, a défini le NIE comme le dernier développement d’une tendance à réinvestir la littérature populaire, en ignorant les diktats et les prescriptions de la critique, une tendance commencée dans les années quatre-vingt-dix par certains auteurs (comme ceux réunis dans le groupe 13). Selon Fois, la première phase aurait consisté “à se libérer de la pudeur de faire de la littérature de genre, sans prêter attention aux critiques; la seconde phase – plus récente – concerne la thématique. On s’est débarrassé de la pudeur de parler à l’Italie d’aujourd’hui. On a fait référence à la situation actuelle de l’Italie par le biais détourné du roman historique.”[21]

Girolamo De Michele, auteur de romans noirs et historien de la philosophie, est intervenu plusieurs fois, sur le net ou dans les pages de Liberazione, en proposant des parallèles entre la poétique du roman noir, le New Italian Epic, le néoréalisme et la pensée de Gilles Deleuze[22]

Dans son intervention dans Il Manifesto, Tommaso Pincio a exprimé sa perplexité au sujet de l’expression “objets narratifs non-identifiés”, tout en interprétant le mémorandum sur le NIE comme le signal de l’acquisition d’une position centrale de la forme-roman dans la production culturelle italienne, après une longue période durant laquelle la critique l’avait regardée d’un mauvais œil[23]

Par la suite, d’autres auteurs sont intervenus de plusieurs manières et sur différents médias : Giuseppe Genna (it), Antonio Scurati (it), Vanni Santoni (it), Simone Sarasso, Alessandro Bertante, Letizia Muratori, Giovanni Maria Bellu, Alan D. Altieri (it), Valter Binaghi (it), Kai Zen (it), JP Rossano et d’autres écrivains[24]

Certaines caractéristiques générales du débat

L’approfondissement de la question relative à la redécouverte de l’engagement et au code éthique de la littérature prise en examen, est un trait commun aux interventions parues dans la presse. Les questions stylistiques affrontées dans le mémorandum et le fait qu’en son sein une dimension visionaire de la lecture soit analysée, ont en revanche suscité moins de remarques de caractère critique.

Ces remarques sont par contre à la base d’une longue série d’interventions recueillies dans la section consacrée au New Italien Epic de la revue en ligne Carmilla. Les aspects spécifiques traités dans les interventions successives au mémorandum sont la question de l’épique, de la tradition, de la transmédialité et du rapport avec le réalisme.

Ce dernier aspect est au centre d’un débat parallèle lancé par un article de Giancarlo De Cataldo paru dans La Repubblica[25], dans lequel l’écrivain, reprenant et assimilant les positions qui ont suivi le mémorandum, proposait la définition de “néo-néoréalisme” pour définir des oeuvres récentes, aussi bien littéraires que cinématographiques.

La question du réalisme dans la littérature italienne contemporaine est au cœur de textes qui ne sont pas mentionnés dans le mémorandum, et dans lesquels on ne retrouve pas les caractéristiques principales de la taxonomie proposée par Wu Ming 1, exception faite de Gomorra de Roberto Saviano. Dans le memorandum, ce dernier est traité comme un “objet narratif non-identifié” dont les caractéristiques transcendent le niveau de lecture le plus immédiat et creusent la question du point de vue et du je narrateur. Dans une série d’articles parus dans l’édition télématique de La Repubblica, le journaliste Dario Olivero a défini le NIE comme “le plus important courant culturel dont l’Italie se souvienne depuis le Néoréalisme.”[26]

Critiques négatives

La critique littéraire Carla Benedetti, journaliste à l’hebdomadaire L'espresso et enseignante à l’université de Pise, déclare dans les pages du quotidien de droite Libero: “[Le New Italian Epic] est une sottise. Il s’agit seulement d’autopropagande[27]”.

En janvier 2009 le collectif Wu Ming utilise cette même phrase comme accroche pour la sortie en librairie de New Italian Epic[28].

Le journaliste culturel, poète et écrivain, Paolo di Stefano, journaliste au Corriere della sera écrit :

« “Pour démontrer comment la “New Epic” est vraiment “very new”, les Wu Ming oublient les générations les plus proches. Comme si l’”Epic” s’était malaugureusement interrompue dans les années 50, mais un demi-siècle plus tard, pour votre plus grande chance, les sauveurs de la Patrie sont arrivés: c’est à dire Nous. [...] Un doute subsiste: le manifeste des Wu Ming n’aurait-il pas été suggéré par une intention promotionnalo-studieuse plutôt que par un authentique élan d’(auto) critique littéraire[29] .” »


Le critique et écrivain Marco Belpoliti, journaliste au quotidien La Stampa et à l’hebdomadaire L’Espresso, écrit : “Dans un spot journalistique, toujours dans la Repubblica, les Wu Ming s’encensaient en parlant d’eux-mêmes et de leurs collègues en utilisant la définition new italian epic, élaborée aux Etats Unis. Une belle formule qui ne veut pourtant rien dire”[30]

Franco Cordelli, critique, écrivain et dirigeant de la RAI, écrit :

« “La New Italian Epic... Mais aussi, pourquoi pas, la néo-affreusité, le néo-exotisme, qui concerne les mêmes noms, de De Cataldo à Saviano, de Lucarelli à Genna: des histoires pleines de crimes, de criminels, de peurs, de frissons, de malades, de malades en phase terminale et de couleurs locales. Sa raison d’être, pour ainsi dire, n’est pas le bien-être, ni la peur incombente de son affaiblissement. C’est la saturation du discours “de gauche”, c’est-à-dire du discours culturel. Il véhicule des valeurs partagées (Liberté, égalité, fraternité) qui avec le temps deviennent communes, c’est à dire des lieux communs. Voilà, alors, la réaction, typiquement agressive, “de droite”; voilà le discours, qui en devient romanesque, et qui tend à formuler un nouvel imaginaire, le discours qui exhibe la diversité, la rareté, l’exception, l’excentricité, la morbosité. L’individualisme en somme comme valeur de différenciation de la norme, comme nouvelle valeur, avec un soupçon d’exhibition, c’est à dire de complaisance qui en devenant absolu porte en son sein et détruit ainsi en même temps sa propre qualité[31] »


Le débat dans le monde accadémique

L’expression “New italian Epic” et le corpus d’œuvres auxquelles elle fait référence ont été discutés pour la première fois en mars 2008 au cours du séminaire sur la littérature italienne contemporaine “Up Close & Personal” organisé par le Department of Italian Studies[32] de l’université McGill de Montréal, auquel ont participé des italianistes de toute l’Amérique du nord.

En octobre 2008, une table ronde a réuni à l’Institute of Germanic and Romance Studies de l’Université de Londres les écrivains Wu Ming 1, Vanni Santoni et Gregorio Margini du groupe Scrittura Industriale Collettiva, et certains chercheurs et spécialistes venant de différents pays (dont la chercheuse hollandaise Monica Jansen, professeur à l’Université d’Anvers et auteure du livre Il dibattito sul postmoderno in Italia[33]). Par la suite ces participants ont formé un groupe de recherche sur le NIE. Ce groupe de recherche propose d’approfondir la thématique en vue de la Conférence bisannuelle de la Society for Italian Studies [34], dans le cadre de laquelle elle organise deux sessions. L’IGRS accepte de publier les actes des conférences londoniennes dans un numéro monographique du "Journal of Romance Studies"[35]

Une table ronde intitulée “Le roman épique italien”[36] est aussi organisée à l’Université de Provence de Aix-en-Provence par la revue Cahiers d’études romanes.

Notes et références

  1. Cfr. C. Boscolo, "Scardinare il Postmoderno. Etica e metastoria nel New Italian Epic", www.carmillaonline.com, 29/04/2008.
  2. Cfr. La section podcast du Comparative Media Studies Program, MIT, Cambridge, MA
  3. Texte de l’essai publié sur le site Carmilla on line, appelé aussi "memorandum sur le New Italian Epic"
  4. Pour une vision globale du débat sur la toile, cf. la section "New Italian Epic" sur le site carmillaonline.com ; des articles sur le New Italian Epic ont été publiés dans différents quotidiens ainsi que dans des revues littéraires comme Atelier, Tabard et Materiali; L’émission de Radio 3 "Fahrenheit" a consacré deux débats sur ce sujet les 14/05/2008 et 11/06/2008.
  5. L’auteur en a expliqué la raison dans une interview : "en anglais, parce que je m’adressais à un auditoire hétérogène et multinational, et aussi parce que cela amène l’idée du détachement minimum nécessaire pour comprendre ce qui se passe dans la culture italienne. Il faut sortir un peu de soi, du champ perceptif habituel et partagé, et prendre de la hauteur (même s’il ne s’agit que d’une petite colline), pour voir le fourmillement de personnes, de choses, d’informations.” Interview pour la revue “Loop: culture, linguaggi e conflitti dentro l'apocalisse”, n.0, décembre 2008
  6. La déclinaison la plus commune de l’acronyme est au masculin (“le NIE”), mais elle est aussi parfois utilisée au féminin (la NIE”). Dans la presse italienne et dans certaines publications françaises on trouve différentes références au NIE comme “Nouvelle épique italienne”, ou bien “nouvelle écriture épique”.
  7. Cf. Introduction à l’édition 2.0 de New Italian Epic, septembre 2008, p.1.
  8. Cfr. Le paragraphe "La nébuleuse", in New Italian Epic., cit., p. 7 de la version en format pdf.
  9. Paolo Di Stefano, «Ecco il manifesto della 'Nuova Epica'», Corriere della sera, 13 mai 2008, p.38.
  10. Cfr. apostille III (Œuvres), New Italian Epic, cit., p. 7 de la version en format pdf ; G. Pispisa, Riflessioni sul New Italian Epic, carmillaonline.com, 1 septembre 2008 ; M. Amici, Il fronte davanti agli occhi, intervention à la conférence "The Italian Perspective on Metahistorical Fiction : The New Italian Epic", Institute of Germanic and Romance Studies, University of London, UK, 2 octobre 2008.
  11. ”Les oeuvres du New Italian Epic ne manquent pas d’humour, mais elles rejettent le ton détaché et froidement ironique typique du pastiche postmoderniste. C’est [...] cette forme particulière d’ironie dont je remarque l’abus qui perdure : l’ironie forcée, voilée et privée d’affectivité, typique du postmodernisme dans sa phase terminale.” New Italian Epic 2.0, septembre 2008, p. 13.
  12. «L’adoption de points de vue "inusités", si elle est motivée et si elle n’est pas réduite à un simple jeu, constitue une prise de position éthique inévitable. Nous sommes intoxiqués par l’adoption de points de vue normaux, prescrits, mis au point pour nous par l’idéologie des dominants. Il faut impérativement se dépurer, chercher à voir le monde de différentes façons, en se surprenant soi-même. » New Italian Epic 2.0, septembre 2008, p. 14.
  13. « Il y a beaucoup d’expérimentation stylistique et linguistique au sein du NIE, mais dans la plupart des cas elle est “canalisée” dans le récit, elle améliore la narration. Il y a ceux qui font des vers, ceux qui inventent des idiomes et des idiolectes, ceux qui fracturent la syntaxe, ceux qui utilisent de manière obsessionnelle des figures rhétoriques désuètes [...] ceux qui “amputent” certains éléments que l’on retient indispensables à tort (par exemple les pronoms personnels compléments). Mais tout cela correspond à des exigences expressives précises, et n’a pas pour but de créer “la belle page”, ou la phrase qui crierait au monde “regardez comme je suis bien écrite!” Wu Ming 1, interview pour la revue Loop, cit.
  14. « Il s’agit de livres qui aujourd’hui apparaissent perturbants, et en apparence extérieurs ou excentrique par rapport à l’idée consolidée du roman, mais que nous appellerons probablement et sans retenue “romans” dans le futur. Aujourd’hui on a beaucoup de pudeur à appeler “roman” Gomorra, d’une part parce qu’on a peur de lui enlever de sa puissance testimoniale et de dénonciation, d’autre part parce que comme roman... on dirait qu’il ne fonctionne pas, on ne sait ni où il commence ni où il finit, on ne sait pas comment le prendre, il y a des éléments journalistiques et des éléments littéraires, mais qu’est qui est journalistique, et qu’est-ce qui est littéraire ? Je pense que cette pudeur et ces balbutiements disparaitront avec le temps.», Wu Ming 1, interview pour la revue Loop, cit.
  15. Cf. Par exemple comment le sociologue Claudio Coletta décrit et traite la figure du "Survivant" dans les œuvres du NIE : C. Coletta, Storie di sopravvissuti, carmillaonline.com, 10 décembre 2008.
  16. Un terme utilisé par le mythologue Károly Kerényi : un mythologème est une « accumulation » de « matériaux mythiques », un ensemble de récits connus autour d’un thème qui s’est formé dans le temps, un sujet, un récit-type. Un tel matériau est modelé de nouveau sans cesse, re-raconté, modifié, en littérature, dans le monde du spectacle, dans la vie quotidienne.
  17. cfr. Wu Ming 1, New Italian Epic 2.0, cit.; Wu Ming 1, “Noi dobbiamo essere i genitori”, intervention all'IGRS de l’University of London, 2 octobre 2008.
  18. C. Lucarelli, "Noi scrittori della nuova epica", La Repubblica, 6 mai 2008.
  19. M.Carlotto, "Legalità d'evasione", Il Manifesto, 13 juin 2008.
  20. V. Evangelisti, "Literary Opera", L'Unità, 6 mai 2008.
  21. Interview de Marcello Fois par Stefano Palombari, L'Italie à Paris, 24 octobre 2008.
  22. Cf. Par exemple G. De Michele, "Neorealismo ed epica. Una risposta ai critici letterari (e agli altri)", sur carmillaonline.com, 23 juin 2008.
  23. T. Pincio, "Il what if all'italiana", Il Manifesto, 30 août 2008.
  24. Cf. la section "New Italian Epic" du site carmillaonline.com, cit., qui rassemble et signale des liens vers des interventions parues ailleurs.
  25. G. De Cataldo, "Raccontare l'Italia senza avere paura di sporcarsi le mani", La Repubblica, 8 juin 2008, p.36.
  26. "Au début il y eut Pétrole de Pasolini. La première tentative organisée d’écrire un roman sur l’obscurité: Mattei, l'Eni, Cefis, la stratégie de la tension, l'Italie. Maintenant nous en sommes à Saviano, avec une accélération impressionnante dans les dernières années. Lucarelli, Siti, De Cataldo, Evangelisti, Wu Ming. Beaucoup partirent du roman noir en suivant l’idée de Sciascia et du roman policier américain: utiliser le genre policier comme grille de la réalité. Ils sont arrivés bien au-delà, c’est à dire au courant culturel le plus important dont l’Italie se souvienne depuis le Néoréalisme. Un nom a même été donné à ce phénomène: New Italian Epic.", D. Olivero, "Libri, il romanzo politico: quattro passi nel New Italian Epic", repubblica.it, 18 décembre 2008.
  27. F. Borgonovo, « La rinascita dell'epica italiana? E' solo autopromozione », Libero, 1 juin 2008, p.28.
  28. Cfr. Giap n.5, IXa serie, janvier 2009.
  29. Paolo Di Stefano, «Ecco il manifesto della 'Nuova Epica'», cit. Dans la version "2.0" du memorandum, Wu Ming 1 utilise cet article de Di Stefano come unique exemple et emblème de la méprise de la part d’une “caste de médiateurs” qui se consacre à "chipoter sur les introductions des discours pour ne pas peiner sur les discours eux-mêmes " (Cfr. NIE 2.0, p. 10).
  30. M. Belpoliti, «La nuova moda del neorealismo non spiega la realtà», La Stampa, 7 août 2008.
  31. F. Cordelli, «Destra eccentrica», Corriere della sera du 4 juin 2008, p.39.
  32. Department of Italian Studies
  33. M. Jansen, Il dibattito sul postmoderno in Italia. In bilico tra dialettica e ambiguità, Cesati, Firenze 2002
  34. Biennial Conference of the Society for Italian Studies, Royal Holloway University of London
  35. Site du "Journal of Romance Studies".
  36. Site officiel du Centre Aixois d'Études romanes


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