- Navires noirs
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Les navires noirs ou vaisseaux noirs (黒船, kurofune?) était le nom donné aux bateaux à vapeur occidentaux par les Japonais au XIXe siècle. Ce nom désigne aussi plus précisément la flotte du commodore américain Matthew Perry, composée de quatre canonniers (le Mississippi, le Plymouth, le Saratoga et le Susquehanna), qui accosta au port d’Uraga le 8 juillet 1853. Cette force armée, utilisée comme une menace, est considérée comme l’un des facteurs ayant entraîné l’ouverture du Japon à l’Occident.
Sommaire
L'origine du terme
La couleur noire ferait allusion à la coque badigeonnée au goudron et, peut-être, à la fumée émise par la chaudière au charbon des navires américains.[réf. nécessaire]
La diplomatie par la menace maritime
Désirant mettre fin à la politique isolationniste (Sakoku) en vigueur au Japon depuis l’ère Edo, le gouvernement américain charge en 1853 le commodore Perry de porter une lettre du président Fillmore et de négocier un traité commercial avec le Japon. Le 8 juillet 1853, ce dernier aborda une première fois les côtes japonaises au large d’Uraga, dans la baie d’Edo. Les représentants du Shôgun qu’il rencontre refusent cependant de porter son message et lui demandent de se rendre à Nagasaki, seul port nippon ouvert au commerce occidental à l’époque.
Perry refuse alors de quitter les lieux, et utilise la menace de la force pour contraindre à la négociation. Mettant en œuvre une stratégie relevant de la politique de la canonnière, il dispose sa flotte, armée de canons paixhans, de manière à pouvoir viser la ville d’Uraga et les embarcations japonaises. Il complète cette manœuvre en envoyant, sous couvert de drapeau blanc, une lettre d’intimidation déclarant la victoire certaine des forces américaines si les Japonais choisissaient le combat. Cette démonstration de la puissance navale, technologique et militaire occidentale fit une impression telle que le 14 juillet 1853, les délégués nippons acceptèrent la requête de Matthew Perry. C’est l’année suivante, en février 1854, que Perry retourna au Japon avec deux fois plus de navires, escadre constituée cette fois-ci d’autant de bâtiments américains qu’européens (britanniques, français, néerlandais et russes), pour concrétiser les engagements japonais. Le 31 mars 1854, il signe avec le Shôgunat japonais la convention de Kanagawa qui autorise les navires américains à entrer dans les ports nippons et ouvre la porte à des relations diplomatiques pérennes. Cet épisode marque le début de l’ouverture (commerciale et culturelle) du Japon à l'[Occident]], qui se confirmera avec la signature du Traité d'amitié et de commerce le 29 juillet 1858 et de documents similaires avec les autres puissances occidentales dans les années suivantes. Cet épisode est un des facteurs explicatifs du Bakumatsu.
Réactions au Japon
Un kyōka (un poème comique, semblable à un waka de cinq lignes) célèbre décrit la surprise et la confusion engendrées par l’arrivée de ces navires :
泰平の Taihei no 眠りを覚ます Nemuri o samasu 上喜撰 Jōkisen たった四杯で Tatta shihai de 夜も眠れず Yoru mo nemurezu Ce poème multiplie les jeux de mots (掛詞, kakekotoba?, « mots pivots »). Taihei (泰平?) signifie « tranquille », Jōkisen (上喜撰?) est le nom d’un thé vert à forte teneur en caféine et shihai (四杯?) signifie « quatre tasses ». Une traduction littérale du poème pourrait alors être :
- Tiré
- D’un sommeil paisible
- Par le thé Jokisen
- Quatre tasses suffisent
- Empêchent de fermer l’œil de la nuit
Mais la lecture des mots pivots permettent d’entrevoir une traduction alternative. Taihei peut renvoyer à l’« Océan Pacifique » (太平), jōkisen signifie aussi « bateau à vapeur » (蒸気船) et shihai peut vouloir dire « quatre vaisseaux ». Le poème prend alors une signification cachée :- Les bateaux à vapeur
- Brisent le sommeil paisible
- Du pacifique
- Quatre vaisseaux suffisent
- Empêchent de fermer l’œil de la nuit
Les vaisseaux noirs furent aussi popularisés par une série d’estampes largement diffusées.[réf. nécessaire]Postérité du terme
L’expression « navires noires » (Kurofune) sera par la suite utilisée au Japon pour désigner une menace liée à la technologie occidentale.[réf. nécessaire]
Commémorations
La mémoire de cet événement est annuellement rappelée la troisième semaine de mai à Shimoda, lors de la « Kurofune Matsuri »[1]. Ce festival consiste en une reconstitution historique costumée de la ville sous la période Edo, agrémentée d’une parade, d’une mise en scène comique de la signature du traité, d’une cérémonie de commémoration, d’un spectacle pyrotechnique et de joutes sportives[2].
Autres inspirations
« Navires noirs » (Kurofune) est aussi le nom du premier opéra composé par Kosaku Yamada joué pour la première fois en 1940[3]. Le livret raconte l’histoire de Tojin Okichi, une geisha prise dans l’effervescence du shôgunat de Tokugawa[4].
Voir aussi
Articles connexes
- Sakoku, littéralement « fermeture du pays »
- Matthew Perry
- politique de la canonnière
- Convention de Kanagawa
- Traité d'amitié et de commerce États-Unis-Japon de 1858
- Bakumatsu
Notes
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Black Ships » (voir la liste des auteurs)
- (en) William Gerald Beasley, The Perry mission to Japan, 1853 - 1854, Midsomer Norton, Bookcraft, 2002 [lire en ligne]
- (en) Matthew Calbraith Perry, Narrative of the expedition of an American Squadron to the China Seas and Japan, 1856, New York, D. Appleton and Company, 1856 [lire en ligne] [digitized by University of Hong Kong Libraries, Digital Initiatives, "China Through Western Eyes." ]
- (en) Bayard Taylor, A visit to India, China, and Japan in the year 1853, New York, G.P. Putnam’s sons, 1855 [lire en ligne] [digitized by University of Hong Kong Libraries, Digital Initiatives, "China Through Western Eyes." ]
- (en) Site du musée de l’histoire de l’US Navy
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