- Navette spatiale Bourane
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Navette spatiale Bourane
Le programme de vaisseau spatial réutilisable soviétique Bourane, Buran dans la transcription anglaise, (« Бура́н » qui signifie « tempête de neige » en russe) a été lancé en 1976 en réponse au programme américain de navettes spatiales. Les dirigeants soviétiques, qui étaient persuadés que le programme de navettes spatiales américaine serait utilisée à des fins militaires, ont voulu disposer d'un engin équivalent afin de maintenir l’équilibre des puissances durant la guerre froide. Ce projet a été le plus important et le plus coûteux de l’histoire de l’exploration spatiale soviétique.
Sommaire
Les caractéristiques de Bourane
La construction de 5 navettes Bourane a été lancée dont 1 seule a volé. Un deuxième exemplaire a été achevé tandis que la construction des 3 autres était en cours lorsque le programme a été arrêté. De nombreux autres modèles ont été construits pour la mise au point de Bourane dont 1 exemplaire doté de 4 réacteurs d'avion qui a permis de tester son comportement en vol subsonique. Tout comme les premiers essais des navettes américaine, les pilotes disposaient de sièges éjectables. La cabine pressurisée comporte 4 places pour les pilotes et 6 places passager. Contrairement à la navette américaine, Bourane ne joue aucun rôle dans la mise sur orbite : elle est propulsée par une fusée Energya consituée d'un étage central entouré d'un fagot de fusées d'appoint dont le nombre peut être modifié en fonction de la charge à mettre sur orbite. La fusée Energya permet de lancer sans la navette une charge utile de 120 tonnes.
Développement de Bourane
Le développement du programme Bourane commence au début des années 1970 en réponse au programme de navettes spatiales des États-Unis. Bien que les ingénieurs eussent préféré un véhicule plus petit et plus léger avec un corps portant, les Soviétiques firent pression pour concevoir une navette de la même taille que les Américains et s'inspirant fortement de ceux-ci.
La construction de la navette a débuté en 1980 et, en 1984, l'unique et premier modèle est sorti des usines. En 1983 eut lieu le test d’un modèle réduit. Mais comme le projet prenait constamment du retard, par manque de fonds et surtout suite à des opérations infructueuses, le programme de la navette Bourane fut abandonnée. Vingt-quatre vols d’essais ont eu lieu avec le premier modèle complet avant que la navette soit déclarée apte au service.
L’Antonov 225 a servi à transporter Bourane de son site de construction jusqu'à son site de lancement, tenant le même rôle que le 747 modifié (Shuttle Carrier Aircraft) utilisé par les navettes spatiales américaines.
Le premier vol
Le premier vol de la fusée Energya s'est fait avec une charge militaire Polius de 80 tonnes. Si la fusée a accompli correctement sa tache, le système de guidage de Polius n'a pas fonctionné correctement et il s'est abimé dans l'Océan Pacifique.
Le seul et unique vol orbital (en mode automatique) de la navette a eu lieu le 15 novembre 1988 à 03h00 UTC dans des conditions météo défavorables. L’orbiteur a été mis en orbite par une fusée Energia. Le système de support de vie n’était pas installé et il n’y avait aucun logiciel d’interface homme-machine.
La navette a fait deux fois le tour de la Terre avant de revenir et d’effectuer un impressionnant atterrissage en mode automatique sur l’aérodrome de Baïkonour. Elle a aussi démontré la possibilité d’utiliser une navette pour des missions non habitées.
Une partie de la mission a été retransmise à la télévision, mais pas le décollage, ce qui a provoqué des spéculations sur une possible supercherie. Finalement, la vidéo du lancement a été rendue publique[1].
Fin du programme
Le projet a été abandonné après son premier vol faute d’argent et du fait de la situation politique en URSS. Les deux autres navettes qui devaient être livrées en 1990 et 1992 n’ont jamais été achevées et le projet a officiellement pris fin en 1993.
Bourane devait servir de lien avec la station Mir, qui a été lancée en 1986 et qui est restée en service jusqu’en 2001. Le module d’arrimage Mir-Bourane qui devait être utilisé pour les rendez-vous spatiaux a finalement été modifié pour servir à la connexion avec la navette américaine.
Les deux navettes assemblées 1.01 (Bourane) et 1.02 (Ptichka) et tout le reste du projet sont désormais la propriété de la république du Kazakhstan. Le 12 mai 2002, le toit du hangar abritant la navette 1.01 (la seule ayant fait un vol orbital) et le lanceur Energia sur lequel elle était montée s’est effondré suite à un mauvais entretien. L’accident a totalement détruit l’engin et tué huit ouvriers. (Photo du hangar effondré et Photo du pare-brise avant droit dans les décombres).
Bourane 2.01 et 2.02 (cette deuxième série avait un poste de pilotage modifié) n’ont jamais quitté leur usine de Touchino où elles sont dans un piètre état. Des morceaux de ces véhicules ont été vendus sur Internet.
L’orbiteur 2.03 partiellement assemblé a finalement été démantelé quand le programme a pris fin et n’existe plus aujourd’hui.
En plus des cinq engins de « production » il y avait huit véhicules de test utilisés pour les essais statiques, atmosphériques, d’intégration et l’entraînement des équipages. Ces engins avaient les numéros de série suivants :
- OK-ML (plus tard OK-ML-1) - tests statiques actuellement à Baïkonour
- OK-GLI - Tests atmosphériques, équivalent de l’orbiteur américain Enterprise
- OK-KS - Tests d’intégration des systèmes, actuellement à l’usine Energiya
- OK-MT - Maquette d’ingénierie actuellement à Baïkonour
- OK-??? - Tests statiques ???
- OK-TVI - Tests de résistances aux conditions spatiales ???
- OK-??? - Tests statiques ???
- OK-TVA - Tests statiques actuellement au parc Gorki à Moscou
Le véhicule OK-GLI a été équipé de quatre réacteurs avec un réservoir de carburant occupant un quart de la baie cargo de la navette. Ainsi, Bourane pouvait décoller par ses propres moyens, contrairement au véhicule américain de test « Enterprise », qui est largué depuis un avion porteur[2].
Après l’annulation du programme, le véhicule OK-GLI a été stocké dans la base aérienne Joukovski près de Moscou et acheté par une entreprise australienne « Buran Space corporation ». Il a été transporté à Sydney en Australie via Göteborg en Suède. Arrivée le 9 février 2000 la navette a été exposée comme attraction touristique pendant quelques années sur Darling Harbour. Les visiteurs pouvaient marcher dans le véhicule et une tournée des villes australiennes et d’Asie était planifiée. Suite à la faillite du propriétaire, le véhicule a été abandonné à l’air libre où il a subi de nombreuses dégradations. La navette OK-GLI a été retrouvée en septembre 2004 à Bahreïn par une équipe allemande et a été achetée par le Sinsheim Auto & Technik Museum qui a entrepris de le transférer dans son musée en 2008.
Notes et références
Liens externes
- (ru) (en) Site officiel
- (fr) Site détaillé sur la structure et le fonctionnement de Bourane
- (fr) Capcomespace : page consacrée à la navette Bourane
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Catégorie : Bourane
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