- Mémoires du comte de Comminge
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Mémoires du comte de Comminge Édition princepsAuteur Claudine Guérin de Tencin Genre Roman-mémoires Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur J. Néaulme Date de parution 1735 Les Mémoires du comte de Comminge sont un roman-mémoires publié sans nom d’auteur en 1735 par Claudine Guérin de Tencin chez Néaulme à Paris. C'est un des premiers romans français qui annonce le genre gothique.
Sommaire
Réception
Le succès des Mémoires du comte de Comminge fut immédiat, comme le prouve le fait qu’il fut réédité l’année même. Et pour une fois, la critique et le public apprécièrent de concert : ils furent unanimes à louer ses qualités littéraires. L’abbé Prévost, dans le Pour et contre, y loue la « vivacité », l’« élégance » et la « pureté » du style, assurant que le roman se fait lire « de tout le monde avec goût[1] », et le critique d’origine suisse La Harpe, dans son Lycée ou cours de littérature ancienne et moderne (1799), alla même jusqu’à la considérer comme le « pendant de la Princesse de Clèves[2] ». Le roman eut même une vogue européenne : très rapidement on en fit des traductions anglaise (1746), puis italienne (1754) et espagnole (1828) (Paris, Wincop). Il inspira également une héroïde au chevalier Dorat et une nouvelle à Madeleine-Angélique de Gomez. Pour Delandine, Mme de Tencin devrait servir de modèle. Et elle le fut, puisque sa nouvelle connut vers la fin du siècle cette forme populaire de la gloire que donnent les imitations et les contrefaçons. On l’adapta également au théâtre : Baculard d’Arnaud, par exemple, s’en inspira pour son drame gothique les Amans malheureux (1764).
On le voit, ce roman a été jugé digne d’être placé au nombre des chefs-d’œuvre de la littérature féminine du temps et son succès alla même croissant jusque vers le milieu du XIXe siècle, avec près d'une réédition tous les deux ans entre 1810 et 1840. Il fut, par ailleurs, encore souvent réédité entre 1860 et 1890 et sa gloire ne s’éteindra finalement qu’à l’aube du XXe siècle. C’est dire si le XIXe siècle le goûta encore énormément.
Le critique Villemain, dans son Tableau de la littérature française au XVIIIe siècle (1838) écrira même que Mme de Tencin est l’auteur de « quelques romans pleins de charme » parmi lesquels les Mémoires du comte de Comminge, représente certainement « le plus beau titre littéraire des femmes dans le XVIIIe siècle[3]. » Opinion partagée encore, quelque cent ans plus tard, par le critique Marcel Raymond. Avec plus de cinquante rééditions jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’ouvrage est resté très présent sur la scène du livre.
Après un purgatoire d’une cinquantaine d’années, il fut redécouvert dans les années 1960 et depuis, constamment réédité.
Notes et références
- Abbé Prévost, Le Pour et Contre, Paris, Didot, 20 vol., t. VII, p. 73-82.
- La Harpe, Lycée ou Cours de littérature ancienne et moderne, Paris, Agasse, An VII-XII, 16 vol., t. VII, p. 306.
- Villemain, Tableau de la littérature française au XVIIIe siècle, Paris, Didier, 1838, t. I, p. 261-2.
Bibliographie
- (en) Katharine Ann Jensen, « The Inheritance of Masculinity and the Limits of Heterosexual Revision: Tencin’s Les Mémoires du Comte de Comminge », Eighteenth-Century Life, mais 1992, n° 16 (2), p. 44-58.
- (en) Diane Duffrin Kelley, « Epiphanies: The Narrative Effect of the Woman’s Spying Gaze in Lafayette’s Princesse de Clèves and Tencin’s Mémoires du Comte de Comminge », Women in French Studies, 2006, n° 14, p. 27-36.
- M. Levy, « Une Nouvelle Source d’Anne Radcliffe: Les Mémoires du Comte de Comminge », Caliban, 1964, n° 1, p. 149-156.
- Patricia Louette, « Quelques aspects de la singularité féminine chez Mme de Tencin : Les coulisses de la vertu », Writers and Heroines: Essays on Women in French Literature, éd. et avant-propos Shirley Jones Day, intro. Annette Lavers, Berne, Peter Lang, 1999, p. 131-46.
- Marinella Mariani, « Un Roman d’amour de Madame de Tencin, les Mémoires du comte de Comminge », Quaderni di Filologia & Lingue Romanze, 1986, p. 101-150.
- (it) Franco Piva, « La sensibilité nei Mémoires du comte de Comminge di Mme de Tencin », La Sensibilité dans la littérature française au XVIIIe siècle, éd. et préf. Franco Piva, concl. Jean Sgard, Fasano, Schena, 1998, p. 141-62.
- (en) Lynn Ramey, « A Crisis of Category: Transvestism and Narration in Two Eighteenth-Century Novels », Proceedings of the Fourth Annual Graduate Student Conference in French and Comparative Literatures, 4-5 mars 1994, New York, Columbia UP, 1994, p. 72-77.
- Santé A. Viselli, « Violence et topique romanesque dans Les Lettres persanes, Les Mémoires du comte de Comminge, Le Masque de fer et L’Émigré », Violence et fiction jusqu’à la Révolution, éd. et intro. Martine Debaisieux et Gabrielle Verdier, Tübingen, Narr, 1998, p. 285-94.
- Thalmann Myriam, Etude sur "Les amants malheureux" de Baculard d'Arnaud : adaptation dramaturgique d'après "Les mémoires du Comte de Comminge" de Madame de Tencin, Fribourg, Université de Fribourg, 1994.
Édition moderne
Mémoires du comte de Comminge, Paris, Mercure de France, 1996 (ISBN 978-2-7152-1957-1).
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