Médée (Corneille)

Médée (Corneille)
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Médée est la première tragédie de Pierre Corneille écrite en cinq actes et en alexandrins, créée en 1635 au théâtre du Marais. Son sujet est emprunté à la tragédie du même nom de Sénèque, et la pièce comporte des passages directement traduits du latin.

Argument

L'héroïne de la pièce est la magicienne Médée, qui, répudiée par Jason après lui avoir donné deux enfants, accomplit sa vengeance en empoisonnant la nouvelle épouse de Jason, Créuse, et en égorgeant ses propres enfants. Le dernier acte se termine sur la fuite de Médée sur un char tiré par deux dragons et sur le suicide de Jason.

Médée incarne depuis l’Antiquité l’effet dévastateur de la passion de vengeance.

La première tragédie de Corneille, créée en 1635 est encore fortement marquée par le goût baroque de l’excès. Par ailleurs, et cela n’est pas pour surprendre, le jeune auteur, bon latiniste, se tourne vers la mythologie, empruntée aux Anciens, non sans se mettre à l’école de ses prédécesseurs modernes. Toute la tragédie est centrée sur la vengeance, l’influence grandissante de cette terrible passion dans l’âme de Médée, ses effets dévastateurs.

Parmi les femmes excessives, la Médée de Corneille occupe l’un des premiers rangs pour ce qui est de la vigueur. Il peut être éclairant de la comparer à ses modèles antiques, pour l’essentiel à la Médée d’Euripide et à celle de Sénèque. Sa décision de vengeance intervient tard, après un conflit intérieur, comme le seul moyen qui lui reste de donner libre cours à sa passion, quelle qu’elle soit. Si l’offense qu’elle a subie mérite une revanche, la vengeance qu’elle exerce est excessive à cause de « l’intensité de la passion qui la possède ».

La Médée de Sénèque s’abandonne dès les premières scènes à la passion de vengeance, que le Latin considère comme entièrement criminelle – dans son traité De la Colère, il décrit ce que peut être le théâtre de la vengeance : Il faut montrer sa rage effrénée et foudroyante, il faut lui rendre ses apprêts habituels garrots, croix, feux allumés autour des corps empalés. Chez lui, le tragique réside dans le « spectacle des souffrances » qu’infligent à l’homme toutes les circonstances malheureuses de la vie. Mais l’homme possède le moyen d’atténuer les ravages des passions humaines en les maîtrisant, par l’exercice de la raison, par l’application de la doctrine stoïcienne. Ainsi, lorsque le protagoniste dans les tragédies de Sénèque « révèle une passion en réduisant au silence la voix de la raison », l’auteur montre la passion qui monte sans cesse jusqu’à atteindre son paroxysme et éclater « au point culminant de la pièce contre la victime impuissante ». C’est ainsi qu’il cherche à inspirer à son public « l’horreur des passions », et particulièrement, dans la Médée, celle de la passion vindicative, dans un but moralisateur.

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