- Mère Myriam
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Mère Myriam, de son vrai nom Tünde Szentes de Madefalna de Kibaczon, née à Budapest en 1949, est une religieuse catholique hongroise qui fonda en France la communauté des « Petites Sœurs de l'Immaculée », ensuite nommées « Petites Sœurs d'Israël, Filles de l'Immaculée », puis « Sœurs mariales d'Israël et de Saint-Jean »[1]. Cette communauté fut dissoute en mars 2005 par l'Église catholique romaine.
Sommaire
Tünde Szentes
Tünde Szentes appartient par son père à une lignée d'aristocrates de Transylvanie. Sa mère, d'origine juive, s'est convertie au christianisme. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a secondé Raoul Wallenberg dans son action pour sauver les Juifs de Hongrie[1].
Tünde Szentes passe ses premières années à Budapest. Après avoir étudié le piano, elle souhaite poursuivre sa formation au Conservatoire de musique de Paris et, au bout de trois ans d'attente, elle réussit à quitter la Hongrie en 1968 grâce à un haut fonctionnaire de l'UNESCO.
En France, elle fait la connaissance du père Marie-Dominique Philippe lors d'une retraite à Poissy, dans l'un des Foyers de Charité fondés à l'initiative de Marthe Robin[1]. Elle rencontrera Marthe Robin quelques années plus tard, en 1974, lors d'une retraite à Châteauneuf-de-Galaure, et se rendra souvent chez elle pour solliciter ses conseils[2].
Le père Philippe lui suggère de s'inscrire à l'université de Fribourg, en Suisse, où il enseigne la philosophie. Il lui fait obtenir deux bourses d'études, l'une de l'université et l'autre du canton de Fribourg. En 1973, Tünde Szentes s'installe donc en Suisse, où elle restera sept ans. Elle y étudiera plus particulièrement l'œuvre d'Aristote et de Thomas d'Aquin, et présentera deux thèses de doctorat proposant une alternative intellectuelle au marxisme. Elle travaille également comme secrétaire de rédaction pour le père Philippe[1].
La découverte de l'œuvre de Maximilien Kolbe l'incite à entrer à la « Milice de l'Immaculée », mouvement d'évangélisation créé par le père Kolbe. Elle en devient bientôt l'un des porte-parole[1]. Puis, en 1982, elle fonde la communauté des « Petites Sœurs de l'Immaculée ».
Mère Myriam
En 1982, son nom de religieuse est « mère Catherine-Marie ». Cependant, la même année, elle effectue un pèlerinage en Israël avec le père Philippe. Ce pèlerinage, ajouté au fait qu'elle apprend seulement à cette date l'ascendance juive de sa mère, lui permet de mieux prendre en compte les origines juives du christianisme[1]. Elle devient alors « mère Myriam » et les « Petites Sœurs de l'Immaculée » s'appellent désormais les « Petites Sœurs d'Israël, Filles de l'Immaculée ». Lors d'incidents antisémites à Chalon-sur-Saône, elle prend la défense de la communauté juive[1].
D'abord située dans le diocèse d'Autun, la communauté de mère Myriam s'installe ensuite dans le diocèse de Lyon.
Dès 1986, plusieurs familles dénoncent de graves dérives sectaires, voire des maltraitances physiques et des « sévices corporels » qu'exercerait mère Myriam envers les religieuses. L'année suivante, l'officialité (le tribunal ecclésiastique) de Lyon conclut à une « étroite dépendance » des religieuses envers leur supérieure. Celle-ci entame peu après une grève de la faim devant l'archevêché de Lyon[3]. À la suite de cela, le cardinal Decourtray, archevêque de Lyon, renouvelle l'agrément de la communauté. Puis, en 1991, un jugement en appel annule le premier. Quelques jours avant sa mort, en 1994, le cardinal Decourtray accorde à la communauté le statut d'« association privée de fidèles ». En 1995, cette association devient une « nouvelle branche » de la communauté Saint Jean[4], dirigée par le père Philippe, qui en est nommé le « conseiller »[5]. Quatre ans plus tard, mère Myriam obtient d'un évêque slovaque la reconnaissance de sa communauté en tant qu'« institut de vie consacrée ».
Cependant, diverses associations de lutte contre les sectes ainsi que les médias continuent à dénoncer les agissements de mère Myriam, depuis les violences physiques et psychiques jusqu'à ses méthodes de recrutement en France, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie. Un scandale a lieu en 1998 lorsque mère Myriam et le père Philippe veulent emmener une jeune fille contre le gré de ses parents[3].
La communauté est ensuite dissoute par la hiérarchie catholique[6], selon un décret pris le 15 mars 2005 par le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon[7]. D'après les autorités diocésaines, il s'agit là d'une « mesure grave et rare », justifiée par plusieurs raisons : le « comportement de la responsable du groupe », le « manque de liberté », les « violences invoquées à plusieurs reprises par les familles des religieuses » et « par des associations de lutte contre les dérives sectaires », ainsi que le « charisme mal défini de la communauté »[8].
Il a été reproché au père Philippe de ne pas s'être assez désolidarisé de mère Myriam[9].
Articles connexes
Notes
- Olivier Landron, Les Communautés nouvelles, éd. du Cerf, 2004, p. 22 sqq. Texte en ligne, p. 22 sqq
- Olivier Landron, Les Communautés nouvelles, éd. du Cerf 2004, page 124. Texte en ligne, p. 124 sqq.
- Enquête sur des dérives sectaires au sein de l'Eglise catholique, Le Monde, 27 janvier 2001.
- L'une de ses trois branches féminines.
- Dérives sectaires » dans l'Eglise catholique, Le Monde, 22 février 2001 Extraits sur le site Antisectes. «
- Le Bien public, 20 mars 2005.
- Sœurs mariales : quitter l'habit avant les monastères, Le Progrès, 6 avril 2005, sur le site Prevensectes.
- Infocatho, 23 mars 2005.
- Eucharistie Miséricordieuse
Bibliographie
- Mère Myriam, Petite Sœur juive de l'Immaculée, Propos recueillis par Emmanuel Haymann, Éditions Favre, Suisse, 1985
Lien externe
Catégories :- Religieuse catholique
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