- Musée d'art de Joliette
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Le Musée d'art de Joliette est un musée situé à Joliette au Québec.
Histoire
L'idée d'un musée à Joliette
C'est vers 1885 que naît à Joliette l'idée d'un musée. Elle prend forme au Séminaire de Joliette avec des «collections d'histoire naturelle» et un «musée de souvenirs et d'objets rares et curieux».
Au Québec à cette époque, les collèges classiques deviennent, entre autres institutions, les foyers des premiers musées. Ils lient l'enseignement et le développement de la curiosité intellectuelle à l'accumulation et à la classification d'artefacts et de spécimens.
En 1925, le Musée ne compte pas moins de 10 000 spécimens. La présentation tant spectaculaire qu'éducative met en valeur les collections diverses: objets de curiosité, ossements, plantes, minéraux, monnaies, médailles, animaux naturalisés.
Un musée d'art
Parallèlement au musée d'histoire et de sciences naturelles, l'idée, cette fois, d'un musée d'art au Séminaire de Joliette se concrétise en 1943. Un comité se forme afin d'acquérir des œuvres dans le but d'éduquer les élèves et de sensibiliser le public de la région de Joliette à l'art et à l'histoire de l'art canadien.
À cette époque, l'enseignement des arts plastiques prend plusieurs formes. Dès 1931, le Séminaire organise des expositions de travaux des élèves de son Studio de dessin et de peinture. À partir de 1942, il ajoute la présentation d'expositions publiques de peinture «vivante» d'artistes contemporains de «chez nous».
Enseignement des arts plastiques, présentation d'expositions d'art contemporain et productions artistiques issues du séminaire de Joliette, tissent les bases de la collection du musée d'art.
La genèse d'une collection
Dès ses débuts, la collection du musée d'art se développe au rythme des présentations d'expositions d'art contemporain au Séminaire. Le coup d'envoi est donné en 1942 avec l'exposition des maîtres de la peinture moderne. La présentation de toiles de Paul-Émile Borduas, Marc-Aurèle Fortin, Louise Gadbois, John Lyman, Alfred Pellan et Goodridge Roberts entraîne un vif débat dans la presse locale. Ceux qui appuient ces artistes le font au nom de l'enseignement aux jeunes et de l'éducation du public. Ils défendent un art actuel qui peut transmettre à une «nation» un sentiment de fierté et un esprit critique et imaginatif.
Parmi les huit premières acquisitions de 1943, on retrouve des Fortin, Lefort, Masson et Borduas. Le Musée acquiert des œuvres de dix des treize artistes y exposant au cours des quatre années suivantes. Il compte plus de vingt cinq œuvres, en 1946, et près de deux cent, en 1960. Le Séminaire présente en moyenne quatre expositions par année.
Le Père Wilfrid Corbeil, c.s.v.
Animateur culturel, fervent de théâtre et de musique, enseignant, collectionneur, peintre, architecte, restaurateur, la carrière religieuse de Wilfrid Corbeil est indissociable de sa passion pour l'art. En plus d'enseigner au Studio de dessin et de peinture, à partir de 1930, il organise des expositions des travaux d'élèves et, dès 1942, des expositions d'art contemporain. L'année suivante, il participe activement à la formation du premier comité d'acquisitions du Musée. En 1946, il fonde «Le Retable», regroupement d'artistes intéressés au renouveau de l'art sacré. Le développement de la collection du musée est intimement lié à son œuvre et à ses passions.
Le Père Corbeil naît à Saint-Lin-des-Laurentides, le 20 mars 1893. Il est ordonné prêtre en 1918 et meurt en 1979, à l'âge de 86 ans.
Présence de l'art religieux européen, la collection Tisdell
En mai 1960, le Père Corbeil écrit dans L'Action Populaire que quelques œuvres de la collection d'art religieux européen de l'abbé Wilfrid Tisdell sont déjà arrivées au Séminaire. Plus de 150 œuvres et objets d'art du Moyen Âge et de la Renaissance, ainsi que des meubles anciens et des copies de grands maîtres, viennent enrichir et modifier le visage de la collection.
Le «nouveau» musée d'art du Séminaire de Joliette, inauguré le 18 mai 1961, rend la collection de plus en plus accessible. Le don Tisdell permet au Père Corbeil de poursuivre sa cause pour un art religieux actuel prenant comme modèle «la sévère beauté d'un art qui fut le moyen d'expression des plus grands siècles de la foi chrétienne».
Le chanoine Wilfrid Antony Tisdell
Wilfrid Antony Tisdell, né au Massachusetts en 1890, arrive à Joliette en 1915 pour compléter ses études de philosophie et de théologie. En 1920, il est ordonné prêtre par l'évêque de Joliette, Mgr Forbes. C'est à cette époque qu'il se lie d'amitié avec le Père Corbeil. En 1922, l'abbé Tisdell devient vicaire, puis curé à Wichendon, Mass. et ce jusqu'en 1961.
Pendant ce temps, il s'occupe de l'Association des Anciens du séminaire de Joliette de la Nouvelle Angleterre et constitue une imposante collection d'objets d'art. Voulant se départir de cette dernière, il choisit son alma mater où le Père Corbeil se charge de la mettre en valeur. En 1964, il est élevé au rang de chanoine d'honneur du chapitre de la cathédrale de Joliette, consacrant ainsi les liens étroits qu'il a développés avec la région. Le chanoine Tisdell se retire finalement à la résidence des Clercs de Saint Viateur de Joliette, en 1971, où il meurt, en 1975.
Une corporation laïque prend en charge le musée
En 1967, une corporation autonome est créée pour le Musée d'art de Joliette. La formation d'un conseil d'administration laïque vise à assurer le développement de cette institution. Au cours des années 1960, des réformes socio-culturelles importantes, suscitées par la Révolution tranquille, entraînent la désaffection des membres du clergé et des communautés religieuses. Leurs dirigeants cherchent des solutions au problème de la protection du patrimoine des églises et paroisses.
Les collections d'art religieux de plus en plus importantes posent des problèmes de logement et d'entretien aux Clercs de Saint-Viateur qui déménagent alors le musée au scolasticat, l'actuel Centre de réflexion chrétienne. La création, en région, de centres culturels dans le cadre du centenaire de la Confédération canadienne invite à penser à la construction d'un bâtiment autonome pour le Musée.
À la défense du patrimoine religieux québécois
Le Concile Vatican II (1962-1965), qui propose un rapprochement de l'Église catholique avec les autres religions, modifie les pratiques religieuses.
Afin de s'adapter aux réformes liturgiques, plusieurs églises se départissent des objets de culte et des œuvres décoratives qu'elles possèdent.
Le Père Corbeil, qui avait milité en faveur du renouveau de l'art sacré au cours des années 1940 et 1950, se porte alors à la défense du patrimoine religieux et acquiert plusieurs œuvres pour le Musée.
Un nouveau bâtiment accueille le dépôt des Clercs de Saint-Viateur
Au cours des années 1970, Wilfrid Corbeil réalise l'une de ses ambitions: la construction du Musée d'art de Joliette qu'il conçoit et dont il supervise les travaux.
Ce rêve devenu réalité était conditionnel au dépôt, pour 99 ans, de la collection des Clercs de Saint-Viateur. Ainsi en décembre 1975, la corporation accueille les collections du Séminaire de Joliette, Tisdell et Corbeil, et elle ouvre ses portes au public, le 25 janvier 1976.
En possession de plus de 700 œuvres, le musée se dote d'un équipement qui lui permet une visibilité accrue.
Après le décès du Père Corbeil, en 1979, la direction de l'institution est assurée par des laïcs qui poursuivent la mise en valeur de la collection et le travail de prospection qu'offrent les expositions temporaires d'artistes contemporains.
Le Musée grandit
En 1984, des travaux sont entrepris en vue de rendre l'édifice plus conforme aux normes de conservation des objets d'art.
En 1992, le Musée est agrandi et rénové. Il se dote de nouvelles salles d'exposition, ajoute des aires de service et améliore ses équipements, se donnant ainsi les moyens de mieux accomplir ses tâches de conservation, d'éducation, de recherche et de diffusion.
Depuis 1977, la loi fédérale, prévoyant des aménagements fiscaux pour les donations d'œuvres d'art aux institutions canadiennes, a drainé des dons de plus en plus nombreux vers le musée. Celui-ci, bien que ne disposant d'aucun budget d'acquisition, a donc pu accroître régulièrement ses collections. C'est ainsi que le musée grandit en diversifiant ses secteurs d'intérêt. Il s'ouvre à l'art religieux européen et québécois, de même qu'à l'art européen ancien, sans toutefois oublier les principes qui ont inspiré sa fondation.
L'intérêt des donateurs a été grandissant et a culminé par le don, en 1995, de la collection d'art contemporain de Me Maurice Forget, évaluée à plus de 1,1 million de dollars, et qui a constitué un exemple pour encore d'autres donateurs. L’intensité actuelle des activités d’exposition (sur place et itinérantes), des activités d’édition (papier et électronique) ainsi que des activités d’animation reflètent les nouvelles priorités du musée.
Le Père Corbeil avait imaginé un musée qui puise aux sources des grandes traditions artistiques tout en favorisant l'art actuel. Le musée d'aujourd'hui poursuit ce rêve.
Les directeurs du MAJ
- 1967-1976 Père Wilfrid Corbeil, c.s.v., o.c.
- 1976-1981 Jacques Toupin
- 1981-1986 Bernard Schaller
- 1987-1994 Michel Perron
- 1994-2005 France Gascon
- 2006- Gaëtane Verna
Le MAJ, c'est quoi ?
Mandat
Doté de huit salles d'exposition, le Musée d’art de Joliette (MAJ) abrite de riches collections de peintures, sculptures, estampes, photographies et autres précieuses pièces du XIIe siècle à nos jours. Il se consacre à la diffusion, la conservation et la mise en valeur des arts visuels. L'art québécois, canadien, américain et européen, incluant un important corpus d'art contemporain international, sont les jalons de la collection au moyen desquels sont élaborées les expositions permanentes et temporaires ainsi que de nombreuses activités pédagogiques.
Considéré comme le plus important musée d'art en dehors de Québec et de Montréal le Musée offre également une programmation variée d'expositions temporaires, accompagnées d'activités culturelles et éducatives destinées à un public de tous âges.
La collection d'art sacré
L'art sacré est l'un des plus prestigieux volets de la collection du musée. Il couvre la période du Moyen Âge au XXe siècle et renferme certaines œuvres européennes datant même du XIIe siècle. Une telle collection est exceptionnelle et unique en son genre. Une présentation mêlant sculptures, tableaux, orfèvrerie et mobilier religieux met en parallèle les œuvres d'artistes européens et québécois.
L'art canadien
La collection du Musée offre également une vision complète de l'art québécois et canadien couvrant un vaste champ de disciplines artistiques, de la peinture à la sculpture, en passant par la photographie, l'installation et les nouveaux médias. On y retrouve de nombreuses œuvres d'artistes canadiens parmi les plus représentés dans les institutions muséales, notamment celles de Dominique Blain, Paul-Émile Borduas, Geneviève Cadieux, Emily Carr, Marc-Aurèle Fortin, Adrien Hébert, Alfred Laliberté, Jean-Paul Riopelle, Gabor Szilasi, Michael Snow et Claude Tousignant. Le MAJ contribue également à l'essor de la création contemporaine par son programme actif d'édition de catalogue d'exposition.
Regard international
Depuis le début, l'un des axes de collectionnement du Musée s'articule autour de figures majeures de la scène artistique internationale, telles qu'Alighiero e Boetti, Arman, Joseph Beuys, William Klein, Eadweard Muybridge, Auguste Rodin, Niki de Saint-Phalle, Kiki Smith et Antoni Tapiès. De ce fait, la production d'expositions itinérantes assure au Musée une diffusion et un rayonnement de niveau national et international. Depuis de nombreuses années nous avons entre autres mis en circulation les exposition de Jérôme Fortin, Clara Gutsche, Raymonde April et Serge Murphy, qui ont voyagé au Canada, en Europe et en Asie.
Programme éducatif
Le MAJ organise des activités éducatives destinées aux groupes scolaires, qui comprennent des visites guidées et des ateliers de création. Des parcours commentés et des conférences sur l'histoire de l'art sont en outre proposés à tous les publics, en plus de la formation qui est dispensée à notre équipe de 25 guides-bénévoles.
L'action culturelle
Le MAJ est un lieu d'expression, de réflexion, d'exploration et de partage pour la collectivité lanaudoise. Il accueille depuis 1999 les répétitions du chœur du Musée d'art de Joliette et plusieurs concerts tout au long de l'année. Il collabore régulièrement avec les étudiants du Cégep régional de Lanaudière et avec les organismes locaux qui organisent des évènements communautaires et culturels.
Les expositions
2000
- 22 octobre - 21 janvier 2001
Carol Wainio. Les Registres du contemporain.
- 22 octobre - 21 janvier 2001
Les Éditions Roselin. Intimité poétiques.
- 13 août - 1er octobre
Firestone. Une légende, un centenaire, une célébration.
- 28 mai - 1er octobre
Une expérience de l'art du siècle. 30 janvier - 9 avril L'univers de Saint-Denys Garneau
2001
- 26 juin - 2 septembre
La relève lanaudoise, édition 2001
- 26 juin - 7 avril
Liens externes
Catégories :- Musée québécois
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