- Monologue du juste souffrant
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Texte de la littérature sapientale mésopotamienne. Il a été rédigé durant la seconde moitié du IIe millénaire avant J.-C., et était connu en Mésopotamie sous le titre ludlul bēl nēmeqi (du nom de son incipit, qui signifiait "Je loue le seigneur très sage"). Il s'agit d'une complainte adressée par un homme à son dieu, en l'occurrence Marduk, le grand dieu de Babylone.
Un homme qui dit avoir un comportement pieux, issu d'une famille noble, est tombé en disgrâce auprès de son roi, et subit les calomnies de ses rivaux, et les critiques de sa famille. Il ne comprend pas pourquoi cela lui arrive, car il a été toujours respectueux de son dieu, et que sa piété est irréprochable. L'idéal mésopotamien veut en effet que les dieux punissent les méchants, et récompensent les bons, ceux qui sont pieux. Le plaignant ne comprend donc pas ce qui lui arrive, puisqu'il est irréprochable. Il finit par aboutir à la conclusion que les voies des dieux sont impénétrables, et, même si l'attitude de son dieu est pour lui un mystère, il continue de lui faire confiance, et sa ferveur ne diminue pas. A la fin, Marduk finit par s'apitoyer sur le sort du Juste souffrant, et lui vient en aide. L'histoire se termine donc bien, et l'homme retrouve son rang passé.
Ce récit reste donc très fidèle à la morale mésopotamienne : on ne peut certes pas comprendre l'attitude des dieux, mais même si on trouve la situation injuste, il ne faut pas leur en vouloir, et il faut rester pieux (après tout, on ne connaît pas toutes nos erreurs). Si on fait confiance aux dieux, ils finissent par nous venir en aide. Ce texte peut être comparé au livre de Job dans l'Ancien Testament, qui fait à peu près les mêmes conclusions à partir d'une situation comparable à celle-ci.
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