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Monnaie de nécessité
Une monnaie de nécessité est un moyen de paiement, émis par un organisme public ou privé et qui, temporairement, remplace, dans un but utilitaire, le numéraire émis par l'État qui s'est raréfié.
On la trouve à toutes les époques, sous diverses appellations : monnaie de siège, ou obsidionale (par exemple : siège d'Anvers sous Napoléon Ier), monnaies de confiance (révolution française de 1789), bons et jetons de nécessité des chambres de commerce (1914 — 1926).
La période de 1914 à 1926 en France constitue l'âge d'or de la monnaie de nécessité. La première guerre mondiale ayant complètement désorganisé l'économie, le système du franc germinal basé sur une correspondance de la valeur de la monnaie à des réserves en métal (or et argent) s'étant effondré, toutes les pièces en argent (50 centimes, 1 franc, 2 francs) se trouvèrent avoir une valeur faciale inférieure à leur poids d'argent et furent systématiquement thésaurisées par les particuliers. L'État arrêta leur frappe. Mais le réflexe de thésaurisation induit par la guerre gagna aussi les petites monnaies en centimes malgré des émissions de 5, 10 et 25 centimes pour plus de 10 millions de francs entre à partir de 1917.
Afin de permettre les échanges quotidiens, l'État toléra l'utilisation d'une monnaie locale, émise par les chambres de commerce, les municipalités et certains commerçants particuliers avec la garantie d'un versement correspondant à la Banque de France. Ces monnaies prirent des formes diverses, les premières en carton, mais rapidement, la frappe de jeton se répandit à condition qu'ils portent la mention « Bon Pour » afin de les distinguer de la monnaie officielle. Frappés habituellement en aluminium, mais aussi en laiton, en zinc, ou en maillechort, ces jetons avaient des formes variées, rondes, carrées, octogonales et des valeurs de 5c, 10c, 20c, 25c, ou 50c, plus rarement 1 franc ou 2 francs. Plus de 12 000 types différents ont été répertoriés.
Les chambres de commerce territoriales (départementales ou infra-départementales) furent autorisées à émettre des bons imprimés, les billets de nécessité, pour des valeurs de 1 franc, 2 francs, 5 francs et 10 francs.
L'État lui-même, frappa de 1920 à 1927 trois divisionnaires nationaux en bronze d'aluminium « Bon Pour » 50c, 1 franc et 2 francs, au revers : Chambres de commerce et d'industrie de France. Il devait faire face à cette époque à une transition vers un monnayage en métaux vils mal acceptés par la population, habituée depuis des siècles à des divisionnaires en bronze et en argent. Dans les années qui suivirent, ces monnaies furent remboursées et la situation revint dans l'ordre, mais la stabilité monétaire n'était plus qu'un souvenir.
Les monnaies de nécessité et les monnaies-carton
Le 16 août 1914, le ministère des Finances toléra la frappe de petites monnaies pour pallier le manque de numéraire de cette époque, et de satisfaire les besoins. Peu après, le gouvernement autorisa les Chambres de Commerce, les villes, les communes, les associations de commerçants et même certains particuliers comme les bars, restaurants, etc. à émettre des jetons-monnaies ayant la mention « Bon Pour » afin ne pas usurper les monnaies émises officiellement par l'État Français. La réalité est pourtant tout autre, car ces monnaies ont fini par faire partie intégrante de la vie quotidienne des Français et par être reconnues comme de véritables pièces de monnaie. D'ailleurs, la loi du 29 avril 1921 protégea ces monnaies contre le faux monnayage.
Les monnaies de nécessités sont méconnues, car boudées des collectionneurs, bien qu'il en existe des milliers de types, de toutes formes et de tous métaux, offrant aux collectionneurs un large choix de thématique de collection. Cela s’explique également par leur faible diffusion, et leur faible qualité : fabriquées pour répondre à un besoin ponctuel, local, elles s’usent rapidement et deviennent illisibles ; les monnaies en carton noircissent ou se déchirent. Le souvenir de la période difficile qui leur est attaché n’a pas facilité non plus leur conservation, les Archives départementales n’en possédant souvent aucun ou de rares exemplaires.
Les monnaies-timbre
Les monnaies-timbre sont avant tout le lien entre la numismatique et la philatélie. Utilisées dans de nombreux pays, c'est dans les années 1920 qu'en France, ces monnaies ont connu leur apogée. Surtout lorsque la firme de Robert Binds-Hedler spécialisée dans le fer blanc à La Plaine Saint Denis inventa le fameux F.Y.P. « Fallait . Y . Penser ». Les sociétés profitèrent de cette invention pour émettre des milliers de monnaies-timbre publicitaires. On peut en dénombrer à ce jour au moins 600 différentes, avec deux grands types de fabrication : les monnaies-timbres avec une publicité polychrome ou les estampés. Les valeurs faciales sont généralement de : 5 centimes, 10 centimes, 15 centimes, 25 centimes, avec de nombreuses variétés de couleur. Aujourd'hui rares, la cote de ces monnaies-timbre flambe : si on pouvait trouver il y a 20 ans des monnaies-timbre pour 30 ou 50 Francs, aujourd'hui c'est entre 50 et 250 euros qu'on peut les trouver, et avec de grandes difficultés.
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